Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

mardi 6 novembre 2018

Handbraekes - #3 EP (2018)


  Handbraekes est un duo formé de notre chouchou Mr Oizo et de l'allemand Boyz Noise, et cet EP est le troisième sous ce nom (d'où ce titre), avec toujours ce visuel automobile et phallique. Et c'est une petite bombe déviante comme on aime.

  "Discow" est un hommage débile et magnifique à la French Touch. Ultra répétitive, filtrée à mort, c'est un genre de house hédoniste très proche de ce que faisaient Thomas Bangalter et DJ Falcon sous le nom de Together, des labels Roulé et Crydamoure, et même plus simplement les Daft Punk avec "One More Time". Cette musique, hédoniste et universelle, garde son pouvoir de séduction en mariant une insouciance pop avec une certaine mélancolie sous-jacente. L'orthographe (et la répétition) évoquent également le "Moscow Discow" de Telex, et sans doute pas de manière innocente, puisque ce dernier était également un monument de dance fun et dense à la fois.

  On a ensuite "All Night Long", un gros banger bien Mr Oizo additionné de sample de soul flitré façon French Touch, de house violente à la Homework et de grognements sexuels évidemment. Puis vient un banger encore plus WTF et encore plus violent, j'ai nommé "Intertwo". On oscille là entre folie façon Oizo, rythmique quasi-reggeaton hyper métallique, et acid house énervée et saturée (on pensera au "On Sight" de Kanye West, produit par les Daft, mais aussi aux travaux de Brodinsky ou Gesaffelstein). L'enchaînement de ces trois premiers morceaux est une déflagration salutaire, une bonne claque dont on a du mal à se remettre. 

L'EP en entier, sur Youtube

  Heureusement, "Citroën" est plus calme, et consiste à caser une fausse pub déclamée par très belle une voix féminine, en allemand (on en profite pour emmerder copieusement une deuxième fois cette semaine les rageux qui crachent sur la langue allemande) sur des accords de clavier géniaux et un beat un poil haché façon trap mais néanmoins un peu funky (bonne ligne de basse). Complètement décalé, l'exercice de style passe bien. De même que "Jumpma", qui s'inspire du hip-hop et ressemble à un exercice de déconstruction de l'EDM en utilisant un sample de voix bouclé jusqu'à la nausée, et "Bangyou" qui fait de même avec un sample répété ad nauseum jusqu'à ce que la joie dance qu'il contenait révèle son côté tragique et profondément triste, tout en créant une tension qui ne sera -de façon malicieuse- jamais résolue par un gros drop que l'auditeur attend pourtant. 

  Cet EP inattendu est donc très réussi, avec une première partie incroyable entre nostalgie de la French Touch et gros bangers qui tabassent, et une deuxième partie plus conceptuelle poussant la déstructuration de la musique à son paroxysme. Un très, très bon boulot tant sur le fond que la forme. 

Ecouter sur Spotify ou Deezer ou Youtube

Alex


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