De base je ne suis pas un fan de Brian Eno, sa période Roxy Music est sympathique mais ne m'enthousiasme pas outre mesure, je n'ai jamais accroché à sa musique ambient, et ses dernières productions chez Coldplay et U2 sont à s'arracher les cheveux ( d'ailleurs il n'a pas attendu pour le faire lui même !). Mais c'était sans compter sur la discographie d'une variété et d'une singularité hors norme de l'anglais. Il aura donc fallu une ouverture sur mon pêcher mignon, le krautrock, pour que l'artiste me cueille dans son panier bien garni de ses amateurs. J'ai d'ailleurs trouvé une place de choix, quoi qu'un peu enfumée, entre les deux membres d'MGMT et d'Alexandre.
L'origine de cet album date de 1977, fruit d'une collaboration entre Brian Eno, ayant quitté Roxy Music bien avant, en 1973, et gravitant alors ( comme tout le reste de sa carrière ) entre pop et musique expérimentale, et le duo du groupe de krautrock allemand Cluster, Hans-Joachim Roedelius et Dieter Moebius ( avec leur prénom vous ne douterez plus de leur origine ! ). Ils font en trois semaines une série d'enregistrements dans le studio allemand du producteur autrichien Conny Plank, grand personnage de la musique Krautrock et New Wave, ayant travaillé avec kraftwerk, Neu!, Can, Ultravox, DEVO, Echo And The Bunnymen, Nina Hagen, Killing Joke ou même Les Rita Mitsouko et Scorpions. Ils en sortent alors deux albums sur le label Sky Records, l'un sobrement appelé Clester&Eno en 1977 et l'autre After the Heat en 1978. Le premier uniquement instrumental, plus expérimental, ambiant et froid, le deuxième plus mélodique, avec des instruments plus traditionnels et avec la voix de Eno sur les trois derniers titres.
Conny Plank |
Eno, Moebius & Roedelius |
Je vous parle donc du deuxième et meilleur à mon sens, même si le premier est vraiment excellent. Il s'y mélange alors dans une harmonie parfaite l'univers des 3 personnes, certains morceaux sont plus Eno, avec des mélodies plus pop et ces bidouillages de sons bizarroïdes, d'autres plus Cluster, minimalistes et électroniques. C'est une osmose de psychédélisme 70's et de synthés 80's, un pont entre le krautrock et la New Wave. Serte ces synthés sonnent vieux, mais on l'oublie dans la profondeur de l'ébauche de musique ambient, inspirant la plénitude.
Finalement, si cet album a su me convaincre moi et beaucoup de personnes, c'est peut être qu'il a enfin réussi à trouver l'équilibre entre la pop et la musique expérimentale, à rendre accessible l'inaccessible, palpable l'impalpable, rythmé le paisible, simple le subtile.
Eno Moebius Roedelius - After The Heat ( Deezer )
Eno Moebius Roedelius - After The Heat ( Spotify )
Etienne
J'adore cette période des must, notamment ce Cluster & Eno que tu cites (et que je préfere). Moi c'est ma came..tte façon c'est 70's, ça peut pas être mauvais ;D
RépondreSupprimerSa dernière collaboration vient de tomber, pas encore écouté, mais je vais me ruer dessus, c'est Eno & Hyde chez Warp.
Je ne connais pas assez Cluster & Eno pour le comparer, mais ça ne serait tarder si il est encore meilleur !
SupprimerPour ce qui est des 70's je crois qu'on partage le même avis caricatural, c'est vraiment ma décennie musicale préférée !
Pour la dernière collaboration je ne sais aps c que ça vaut. Le single m'avais parut très bon. Mais en même temps la critique a été plutôt sévère à son égard. Mais étant donné que je ne voue pas de culte à sa personne, mon seuil de tolérance est beaucoup plus bas, car sans attente idyllique.
enfin tu me diras je l'ai fait dans l'article, mais il faut dire que j'ai beaucoup plus écouté celui ci que le premier.
Supprimeroui je me suis bien douté que beaucoup de monde appréciait ces albums, du coup ça ne fait jamais de mal de se les remettre un petit coup.
RépondreSupprimerOui je n'ai pas cité les collaboration avec Bowie car je parlais uniquement de son travail récent qui est plus que douteux, entachant pour moi la vision que j'ai du producteur et du musicien. Mais c'est clair que ce qu'il a fait avec Bowie est légendaire.
J'ai vraiment beaucoup de choses à découvrir, mais c'est qui est intéressant et passionnant, c'est que je suis dans une période où je ne connais pas grand chose et où j'ai tout à découvrir. Je profite de ce moment de grâce et de virginité musical !
( merci pour la correction, elle a été effectuée ;)
Et qu'as tu pensé de son dernier alors ?
RépondreSupprimerJe pense qu'étant donné la variété de la discographie du bonhomme, chacun peut y trouver son bonheur. Ce qui est assez passionnant chez lui.
Bonjour,
RépondreSupprimerÇa fait plaisir de voir que ces albums ressortent et sont "encore" dignes d'être chroniqués - Eno, comme pour Charlu, c'est un peu ma dope également.
Ses albums "solo" ou en partenariat, ses productions et bien sur Roxy que j'ai toujours sous le coude... une addiction inexplicable mais permanente.
Ses collaborations avec le guitariste Phil Manzanera - pour revenir à la sphère Roxy - sont d'ailleurs des petites pépites à mon goût - genre entre deux qui est un plaisir.
Pour revenir à cet album (tout comme le Cluster and Eno) - je l'ai en vinyle et l'écoute sous ce support est captivante, un son assez "chaud" finalement alors qu'on leur prêtait une relative "froideur".
Eno est un cosmopolite, un kaléidoscope musical , un touche à tout à la fois intellectuel et épicurien qui cherche et trouve.
Il est expérimentateur mais reste fondamentalement attaché au rock, à la pop.
Il arrive à te faire voyager avec du son et parfois peu de musique au sens sonorités identifiées en culture musicale de base (notes, harmonie, mélodie, rythme, pulse...).
C'est un axiome assez unique d'autant que le format "pop" est toujours malgré tout présent chez lui, à savoir pas de déviance électro-acoustique venue de la culture classique ou dite "sérieuse", mais toujours des avancées qui mènent vers un bien être à leur écoute.
Bref, tu auras compris je suis inconditionnel de l'artiste depuis... le premier Roxy...
En parallèle il m'a embarqué dès ses ambient vers un autre agent de voyage, Harold Budd et cette semaine je n'ai pas réussi à quitter Jane, son dernier...
L'ambient a parfois cette faculté de te ressourcer et de t'apporter, par l'axe uniquement sonore, un bien être unique et Jane, chaque soir, au retour en voiture, après une journée de sons plus ou moins agressifs, de musiques diverses et donc de boulot, avec la lune, les étoiles ou le soleil couchant c'est pure magie...
Si ensuite tu as le réflexe de le sortir de l'autoradio pour le mettre en soirée, avant de te coucher, d'emplir l'atmosphère de ce confort musical ambiant, alors... le mot ressource n'est pas vain.
Bravo pour cette remise en avant - je ne vais pas te dire que je vais le ressortir, car chez moi, Eno et toute sa musique c'est quasi quotidien...
A bientôt.
J'imagine très bien à ta description, ce que ça peut faire d'écouter l'album en vinyle, et c'est très excitant. c'est vrai que l'on oublie souvent que les productions étaient faites pour être écoutées sur un format vinyle et que le son en est différent. De la même façon que les prods sont optimisées pour le numérique aujourd'hui.
SupprimerIl y a tant à découvrir sur ce personnage aux facettes si multiples que j'en suis un peu perdu !
L'ambient je connais peu, et c'est dommage. Pourtant j'écoute assez souvent de l'électro minimaliste, qui n'est pas si éloignée que ça à l'oreille. Même si le but est différent, l'effet et les sonorités sont parfois assez proches. Mais après c'est une question d'habitude malheureusement.