Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes
Affichage des articles dont le libellé est Japon. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Japon. Afficher tous les articles

mardi 24 mars 2020

Mode & Musique




     David Bowie est indissociable de ses nombreux personnages, marquant chacune de ses périodes artistiques. Mettant en valeur de façon constante ses traits androgynes, ses yeux vairons et sa chevelure rousse, ils ont contribué à la célébrité du chanteur. Comment, ne pas se rappeler de son costume Union Jack, conçu par Alexander McQueen ou plus emblématique encore son personnage de Ziggy Stardust, avec son costume futuriste matelassé d'arlequin et ses chaussures plateforme orange créées par le couturier japonnais Kansai Yamamoto au début des années soixante dix. Un autre costume emblématique de cette période mérite de s'attarder.


Il s'agit de cette célèbre combinaison rayée conçue pour la tournée de l'album Aladdin Sane (février 1972 à juillet 1973). Elle s'inspire d'une combinaison de la collection 1971 Kansai Yamamoto.





     La combinaison est de PVC noir et étonne, même aujourd'hui, par sa coupe futuriste avec ses hanches extra larges. Un effet de distorsion est créé par un ensemble de tuyaux structurant la silhouette horizontalement et de façon parfaitement symétrique. Ces tuyaux créent par ailleurs un effet matelassé au PVC tout en lui donnant son volume. Partant du sternum et des genoux, ces lignes géométriques et paraboliques évoquent autant des ondes sonores que les rainures d'un disque vinyle. Elles donnent une sensation de puissance et de solidité à la fine carrure de David Bowie, tout en affirmant son caractère asexué. La couleur flamboyante de sa chevelure rousse en mulet est rappelée par ces emblématiques bottes rouge-orange sur plateforme. Bottes que l'on retrouve portées par Kate Moss comme clin d'oeil dans le British Vogue en 2003.




     C'est en 1971, lors de la présentation de sa première collection à Londres, que David Bowie découvre le travail de Kansai Yamamoto. Ce dernier s'inspire des costumes du Kabuki (歌舞伎 : /ka  chant, /bu danse, /ki habileté technique), une forme épique et dramatique de théâtre traditionnel japonais, en les revisitant de manière totalement futuriste. Le premier costume qu'il lui acheta fut le "Woodlands Animal", pour son personnage Ziggy Stardust en 1972 et s'en suivi 9 autres costumes de scène. La combinaison en PVC de Bowie s'inspire probablement d'une autre combinaison de la première collection 1971 de Kansai Yamamoto

      Avec ses costumes et maquillages, David Bowie n'a cessé de remettre en cause la notion de genre. Même si le concept est ancien, il fait figure de précurseur dans la mode. Aujourd'hui des créateurs comme Vivienne Westwood présentent des défilés mixtes.

Etienne



vendredi 10 août 2018

Les Chansons de l'été : Your Song Is Good - On (2017)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Le groupe de ska japonais Your Song Is Good (ou YSIG) est actif depuis 1998 et continue de nous régaler avec des pépites comme ce "On" issu d'Extended (2017), entre disco-funk, jazz, reggae au parfums ska et dub, et pop-rock. Un vrai délice du genre, absolument génial que je vous recommande vivement ! 

Alex

dimanche 1 octobre 2017

Jazz 2017 : Eric Shaefer & Nubya Garcia


Eric Schaefer, Kazutoki Umezu, Naoko Kikuchi, John Eckhardt - Kyoto Mon Amour (2017)

  J'avais été bluffé par le précédent disque d'Eric Schaefer avec ses Shredz,  que j'avais classé parmi mes albums préférés de l'année 2016. J'attendais donc avec impatience la prochaine sortie du jazzman allemand. Le batteur et compositeur s'entoure ici de Kazutoki Umezu à la clarinette, Naoko Kikuchi au koto, et John Eckhardt à la basse, pour un album qu'il a voulu comme un pont entre les musiques occidentales et asiatiques après plusieurs séjours marquants au Japon et en Corée. 

De g. à dte : N.Kikuchi, K.Umezu, E.Schaefer & J.Eckhardt

  Qu'il soit dans un registre plus jazz, entre piques free et cool presque champêtre accentué par la magnifique clarinette d'Umezu, au rendu inédit grâce à l'utilisation du koto japonais ("Shoshu-San", composée par Shaefer ou "Hiei-Zan Nightfall"), ou dans un registre mêlant presque pop-folk et jazz ("Kussa Karu Otome", composée par Hiromu Handa, le grand joueur de koto, qui pourrait ravir plus d'un admirateur de Radiohead, tout comme "Ticket To Osaka"), le line-up émerveille. "Kansai Two-Face" fait presque le pont entre le son de ce disque et le jazz-rock avec son rythme enlevé et son tranchant bienvenu. Un superbe morceau.

  Le Japon rencontre le jazz plein de velours des 80's sur "Santoka's Walk" pour un résultat évidemment très cinématographique, alors que "Hiroshima Mon Amour" est quant à lui une reprise du thème de Georges Delerue & Giovanni Fusco pour le film du même nom. Ce qui est fou, c'est qu'à la première écoute de la version de Schaefer & ses acolytes, j'étais persuadé d'avoir entendu un piano, alors qu'il n'y en a pas. Mais le jeu collectif et tous les différents instruments font comme apparaître en filigrane un son de piano fantôme et compensent tout à fait son absence, pour une reprise magistrale de ce grand thème.


  Sur un disque de Schaefer, on s'attend à du free dissonant et en même temps assez fantastique dans le sens où il reste assez accessible et joue parfois de l'exagération pour créer des climats évoquant davantage des peurs d'enfants qu'une tension adulte ("Tengu"), avec un côté presque fantaisiste, un côté conte merveilleux. Cette tension est par contre palpable sur "Rokudan", qui utilise bien l'aspect mystérieux de la musique orientale. La petite touche de folie est aussi audible sur "Tohoku", composée par Umezu, où le groupe utilise le koto comme une mandoline italienne pour une belle ballade romantique riche en saccharine, qui peut à mon avis s'écouter au premier degré qu'au second voire au troisième. A la différence de "Shadow In The Woods", qui navigue en eaux troubles entre le romantique et le dissonant pour un résultat doux-amer subtil et magnifique. 
  Et pour conclure ce disque, un bonus ! C'est une reprise de la "Pavane de La Belle Au Bois Dormant" de Maurice Ravel qui fait la part belle au koto de Kikuchi. 

  C'est donc un merveilleux disque de jazz, qui peut cependant être apprécié par des néophytes grâce à son accessibilité, et qui ravira les amateurs par son côté relativement inédit, même si les mariages entre jazz et musiques japonaises ont déjà donné de beaux résultats, celui-ci a vraiment une âme propre.


Nubya Garcia - Nubya's 5ive (2017)

  La jeune londonienne est déjà une grande du saxophone et du jazz en général. Et ce, bien qu'elle ne se définisse que comme une "artiste influencée par le jazz" (cf l'article de l'excellent webzine Djam), rejetant toute forme d'élitisme ou de rejet des non connaisseurs. Elle est d'ailleurs autant influencée par le jazz modal que par les rythmes éthiopiens ou les beats hip-hop hérités de J Dilla ou des disques nu-soul de Lauryn Hill ou Erykah Badu ("Lost Kingdoms"). La musique caribéenne que ses parents écoutaient l'a également profondément marquée, et notamment les fanfares, influence marquante de "Hold", et des carnavals sur "Fly Free", qui incorpore subtilement cette influence lointaine (écoutez les percussions et le piano) dans un jazz très classe et classique, assez new-yorkais du côté du saxophone.


  La fin d'album est une magnifique leçon de jazz, entre l'ample et intense "Contemplation" et le classieux et syncopé "Red Sun". Avec en bonus une version alternative de "Hold" pleine d'urgence : entre percus caribéennes tapageuses et au saxophone tranchant. 

  Déjà une figure de la riche scène londonienne de jazz, aux côtés de monuments comme Shabaka Hutchings, Garcia est une artiste versatile et ouverte, elle a déjà collaboré avec de nombreux jazzmen, ainsi qu'avec le groupe de post-punk électronique Polar Bear entre autres divagations hors du champ jazz, et prévoit que son prochain album exploitera lourdement les effets électroniques. 



  Bref, après ce chef-d'oeuvre inaugural, Garcia est une artiste cruciale, à suivre absolument. Et en attendant ses exploits futurs, (re)découvrez ce Nubya's 5ive par là !

Line-up :
Nubya Garcia (saxophone)Joe Armon-Jones (Piano)Moses Boyd (batterie)Daniel Casimir (basse)Femi Koloeso (batterie)Sheila Maurice-Grey (trompette) and Theon Cross (Tuba)



Alex


mercredi 20 septembre 2017

L'électro-pop apaisée made in 2017 de Cigarettes After Sex, Hot Sugar, Cornelius, & Dâm-Funk

Cornelius

  Ca ne vous aura pas échappé, l'électronique "chill" est une tendance lourde ces dernières années, du domaine purement électro à la pop en passant par le jazz ou le rap. Retour aux BO italiennes des 70's ? A la pop lounge du début des années 2000 (Air...) ? Probablement une réponse à un système qui fait de nous des êtres sursaturé d'informations, forcés à aller toujours plus vite, mais on ne va pas faire de la psychologie du dimanche ou de la sociologie de plateau télé ici. On va plutôt parler de 4 disques merveilleux qui font naviguer nos tympans en eaux calmes avec maestria.


Cornelius - Mellow Waves (2017)

  Commençons par le maître du genre, le japonais Cornelius, dont on a déjà parlé sur ce blog puisque j'ai fait de l'intro de l'album, "If You're Here", un de mes morceaux de l'été. Sa musique est subtile comme du Air, nuancée comme du Radiohead, douce-amère et drôle comme du Beck, et s'autorise des sorties rock ("Sometime Someplace"), minimalistes ("Surfing On My Mind Wave Pt.2"), dancehall ("Helix Spiral"), avec toujours ce soupçon de folk, de jazz et une électronique maîtrisée, discrète mais audible, texturée mais pas clinquante. Un très bel exemple de ce qu'on peut réussir à merveille dans le genre. Ce superbe album à la pochette sexuelle est à écouter ici.

  Mais comme on va le voir, malgré un vécu mois long, les petits nouveaux peuvent aussi se fendre d'un disque tout en retenue. Car on va évoquer le cas de Cigarettes After Sex, qui partagent avec Cornelius un traitement de la voix assez personnel et addictif. 



Cigarettes After Sex - Cigarettes After Sex (2017)

  Comme du shoegaze avec une voix en avant, comme des The xx sans le silence, comme du trip-hop sans les rythmiques ("Opera House"), la musique des Cigarettes After Sex intrigue. D'abord grâce à cette voix, comme on l'a dit, légèrement modifiée. Un poil boostée dans les graves, un poil saturée, un peu de reverb quant il faut... Et ce, toujours bien dosé. Et puis le plus important suit : les mélodies vocales. Bien mises en avant par un accompagnement musical qui sait calmer le jeu pile au moment où la voix déboule, chacun laissant la place à l'autre dans un échange permanent chant - musique (c'est criant sur les très belles "K" et "Sunsetz").

  Le seul défaut de ce disque, s'il fallait en trouver un, c'est qu'à l'instar d'un LP de Lana Del Rey (dont ils partagent l'esthétique rétro référencée : cf le titre d'un morceau comme "John Wayne"), le rythme lent et homogène tout au long du disque et le son éthéré peuvent captiver lors d'une écoute et lasser lors d'une autre plus distraite ou d'une humeur incompatible. C'est surtout vrai pour les morceaux un peu plus faibles comme "Each Time You Fall In Love", "Truly". Mais là encore, ce défaut peut être une qualité, forçant l'esprit au calme, au ralentissement, et ça marche toujours avec des morceaux comme "Flash", relecture moderne d'un post-punk au léger parfum americana, comme une reprise de Chris Isaak par les xx ou Beach House. Ou comme sur "Sweet", dont le refrain un poil psyché folk (ces guitares carillonnantes) émerveille. 

  Bref, le disque n'est pas parfait, mais il est tout de même très très bon. Une vraie démarche, un son personnel, à contre courant de ce qui marche a priori (même si des précédents comme Cornelius, les Young Marble Giants, les xx, ou Lana ont montré que ça pouvait prendre), c'est tout ce qu'on peut espérer d'un jeune groupe, et c'est largement atteint ici. Et on va encore en écouter deux autres exemples ci-dessous.
A écouter par là.



Hot Sugar - The Melody Of Dust (2017)

  Je ne connaissais pas du tout Nick Koenig, qui produit de la musique sous le nom de Hot Sugar depuis 2011. Enfin, si, je connaissais le morceau "Sleep", qu'il avait produit pour l'excellent album Undun de The Roots, sans savoir que ça venait d'un membre extérieur au groupe. Pas totalement un débutant donc, il a développé un vrai son et une technique à lui ("associative music", en gros un énorme travail de sampling pour arriver à des sons inédits),  depuis son adolescence, et il a déjà publié un album, des EP, produit pour des rappeurs et pour des documentaires.

The Roots & Hot Sugar - Sleep (2011)

  Bref, son deuxième long format, The Melody Of Dust, est une merveille de pop électronique dans lequel la science du son de Hot Sugar sert des mélodies limpides, touchantes et attachantes. Et ça donne forcément un résultat assez inédit et immédiatement appréciable, dès l'introductif "Frosted Glass". Dans lequel on entend bien sa démarche : mêler instruments, samples, field recording, filtres, bref comme il le dit lui même "capturer un son tel un photographe immortalisant une belle image", pour servir une mélodie. 

  Mais il ne sort pas de nulle part. On entend des échos post-dubstep à chercher chez SBTRKT ou James Blake dans la rythmique puissante de "Plasma" ou "Nausea", servant à appuyer ces mélodies liquides, insaisissables, cachées entre deux nappes de voix trafiquées et jouées au synthé (façon Soft Hair). Et qui font la beauté des chef-d'oeuvres que sont "For The Bird", "Coffin in the Clouds"à la prod presque trap, l'excellente "i first heard the melody within the womb", dont le titre résume bien la démarche sonore du bonhomme,  et surtout ma préférée, la renversante et hyper bien nommée (c'est drôle, et poétique) "The Life Of A Goldfish".

  Certes, parfois on peut avoir l'impression d'une répétition dans les rythmes, les structures ou les sons, mais le projet est tellement unique en lui-même qu'il serait malhonnête de demander à l'artiste de ne pas exploiter ce terrain vierge à fond avant de passer à autre chose. De même, une certaine grandiloquence pointe parfois son nez, mais elle ne fait que mieux mettre en valeur des douceurs comme la comptine oblique "Death Is The Ultimate Reward".

  Vous l'aurez compris, ce LP est singulier, il vaut vraiment le détour, ne serait-ce que pour "The Life Of A Goldfish" et vous auriez tort de vous en priver. 


Dâm-Funk - Architecture EP (2017)

  Dâm-Funk est autre musicien que j'adore, ayant fait ses preuves en renouvelant considérablement l'électrofunk avec une intégrité, une vision et un talent rares. Ce dernier EP, plus froid, plus house voire un chouia techno, illustre magnifiquement son thème architectural avec des morceaux de house / funk constructiviste comme l'obsédante "Break Out" et la nostalgique, tranquille mais musclée "Your House", et sait s'en écarter avec la mélancolique et sensuelle "Hazy Stomp" aux percus discrètes mais futées planquées derrière la beauté aguicheuse des synthés. 

  Un magnifique EP trois titres, parmi les meilleurs de l'année, qui offre également repos et apaisement en faisant appel à la sensualité et à intelligence de son auditeur. Une magnifique oeuvre d'art dans laquelle on ressent toute la grandeur d'âme de l'artiste. A écouter absolument là !

Alex



  

mercredi 9 août 2017

Les Chansons de l'été 2017 #1 : Cornelius - If You're Here (2017)

Cornelius - If You're Here (Clip, 2017)

  Dans "Les Chansons de l'été", nous évoquerons les morceaux, anciens ou récents, ayant marqué notre été 2017. Pour cette première, je vous propose de découvrir le titre introductif du dernier album, Mellow Waves, de l'artiste pop japonais Cornelius.

  "If You're Here" démarre sur une batterie minimaliste au jeu espacé, vite rejointe par un clavier doux presque soul-jazz, puis d'autres, plus bourdonnants, plus proches du synthé basse, qui servent de tapis au chant discret (en japonais) de Cornelius, dont l'utilisation de la voix et l'instrumentation façon easy listening le rapprochent de groupes comme Air

Air - Cherry Blossom Girl


  Cette voix, légèrement trafiquée, sonne très japonais tant elle rappelle toutes cette culture des voix modifiées que l'on retrouve dans la pop de l'archipel, jusque dans des jeux de Nintendo comme Animal Crossing

"K.K. Swing" issu de la BO du jeu Animal Crossing


  L'orchestration, mêlant acoustique, électrique (magnifique soli de guitare discrets et mélodiques), synthétique et électronique, sur des rythmes syncopés avec une orchestration dosée habilement entre minimalisme et luxuriance, rapproche son travail de celui de Radiohead sur les deux albums "apaisés" du groupe que sont In Rainbows (2007) et A Moon Shaped Pool (2016). 

Radiohead - House Of Cards (issu de In Rainbows, 2007)


  Cornelius propose finalement une pop moderne à la démarche proche de celle du krautrock le plus rêveur et le plus mélodique, celui d'Eno & Harmonia, qui n'hésitait pas à emprunter des idées à l'électronique, au rock, au funk ou au jazz pour les appliquer à une musique pop futuriste, sophistiquée, intriquée mais accessible, une musique de grands espaces et d'introspection, contemplative mais pas stérile. 


Harmonia & Eno - Welcome (1976)


  C'est sur tous ces équilibres délicats que se joue la grandeur du dernier album de Cornelius, dont nous reparlerons bientôt ici, et en particulier le sel et la beauté singulière de cette merveilleuse chanson qui aura marqué mon été.

Alex



jeudi 19 juin 2014

So Inagawa - Logo Queen ( 2013 )

J'aimerais vous emmener, via ce blog, et cela fait un moment que j'en rêve, dans un univers que j'adore, la DEEP-HOUSE. Je profite donc de la mise en ligne toute récente sur youtube d'un somptueux EP sorti il y a maintenant plus d'un an pour vous faire découvrir, redécouvrir ou nourrir votre passion pour ce genre singulier.




     Tout d'abord ce que j'aime dans la deep-house c'est la simplicité : la base de tout morceau qui se respect c'est une boucle rythmique : ce peut être un sample ou une boite à rythme le plus souvent, constitué d'une grosse caisse et de kicks. Puis par dessus se dépose en fines lamelles successives une boucle de guitare basse en infra basses inspirée de la disco ou du funk. L'intro, toujours en boucle, dure alors plusieurs minutes, augmentant progressivement en intensité, par de subtiles variantes de production. Le but c'est d'être imprégné, imbibé, de rentrer en transe, pour que chaque nouvelle variation se vive comme un tremblement de terre, savourant chaque instrument, chaque sonorité. Puis vient une boucle de synthé parfois mélodique, mais cela reste très simple : la montée continue irrémédiablement. S'ajoute ensuite un sample de voix, arrivant juste au moment où il fallait, ni avant, ni après et repartant aussi subitement qu'il est arrivé. Cette voix, dont on ne saurait dire si elle chantée ou  parlée, est parcourue et instrumentalisée par des retouches sonores diverses, l’éloignant de sa fonction habituelle. Il n'est d'ailleurs pas permis de parler de chanson ici, ou bien par abus de langage, mais bien de morceau, de titre, de track ... Tout est ainsi réuni, nous sommes au firmament ! Et le morceau dure à n'en plus finir, on ne voudrait pas qu'il s'arrête, qu'il essouffle, mais heureusement une nouvelle variation nous fait découvrir un niveau supérieur. Puis progressivement la descente s'opère et nous atterrissons dans notre fauteuil, de salon, de voiture, de train, de bureau, mais une seule obsession demeure, celle de remettre, encore, encore et encore le morceau. 

     Finalement cette simplicité et cette presque neutralité nous permettent de nous faire voyager en stimulant notre imagination, comme une page quasiment blanche où tout reste à écrire. On se rapproche de l'ambient music, mais avec le rythme en plus. Et c'est cette même simplicité qui lui permet de s'adapter à toute situation, à toute personne, et d'amplifier toutes nos émotions. Ainsi sur cette musique nous pouvons tout faire : danser, pleurer, s'exalter, se détendre, ... 
     Et malgré cette si précieuse simplicité, des artistes créent tous les jours de nouveau morceaux et ce depuis les 90's.
 



     Pour cet EP, format roi dans le monde de la House music, la deep-house se décline en son versant minimaliste et nous provient du Japon avec le DJ So Inagawa, du nom d'un clan de yakuza, où il est signé sur label tokyoïte Cabaret Recording, constitué depuis 2013 par ce même artiste et son ami Dj Masda ( non non pas de pub pour une marque de voiture, ne vous inquiétez pas ). Le nom de l'EP porte lui le nom du morceau de la face A et single, c'est une tradition. Évidement le trois titres n'est disponible que sur format vinyle, c'est là aussi une tradition ( dans le genre tradition il y a aussi les photos de mannequins en bikini, mais pas un trace ici.; dommage diront certains ... ). Il faut dire que les artistes vivent de leurs Dj sets et leurs performances lives, plus que de leurs ventes. C'est peut être un moyen pour eux d'échapper à la corruption des chiffres et de rester underground à l'image du genre. 





     La première piste et single c'est Logo Queen ( hommage aux drag queen emblématiques du mouvement house ? ). Il est ultra 90's et très typé Détroit House dans son caractère ténébreux, tout en restant groovy, la passe y étant pour beaucoup. 
  Le deuxième morceau, Scann Runner, est plus ambiant et grâce à ses rythmes et instruments, il m'évoque une musique simili africaine. Mais les rythmes n'en démordent pas et nous restons captivés par ce qui se déroule dans nos oreilles. 
  Selfless State, le troisième titre, est lui plus dynamique, plus chill, plus cristallin et pour ma part me donne une banane d'enfer à la sortie de l'écoute de cet EP et m'oblige à relancer la machine une nouvelle fois.
Pour écouter :

J'espère avoir pu vous transmettre un peu de ma passion pour ce genre via ce somptueux EP. N'hésitez pas à lâcher un petit comm' :) Ou partager un morceau deep house de chevet !


Etienne

 

vendredi 21 février 2014

Revep - Alva Noto & Ryuichi Sakamoto ( 2005 )

     Pour continuer dans cette lignée de musique éthérée sur la quelle, il faut bien dire, je psychose en ce moment, je vous propose de décliner l'exercice de style à l'électro minimaliste, avec le pianiste japonais Ryuichi Sakamoto ( clavier du Yellow Magic Orchestra ) et Carsen Nicola, aka Alva Noto, artiste électronique allemand. Revep ( ou Reve Ep ? ) est la troisième des cinq productions du duo.




     Je vais aller droit au but : c'est EP est SUBLIME. D'un minimalisme franc et déconcertant, il ne s'embarrasse ni de compositions, ni d'instrumentation complexes, ni même de voix, 3 titres suffissent, la messe est dite. Les deux musiciens nous laissent seulement apprécier le bruit, la profondeur, la clarté de la musique. La poésie de l'oeuvre est somptueuse et envoûtante, rivalisant avec celle d'Aphex Twin, dont la construction semble se rapprocher. 
     Se crée alors entre les deux hommes, les deux cultures, les deux styles, une symbiose passionnelle, orbitale, mais aussi labile. 
     Ce caractère anarchique est fascinant, comme ci l'on avait à faire à une machine défaillante, au bord de la mort, essayant de copier la nature, représentée par le piano.

     Le premier morceau, Siisx, est peut être le meilleur avec ce fragile équilibre, ces notes impalpables, cette profondeur, presque un travail dans l'espace avec ses points de fuites et lignes d'horizon. La douceur de l'œuvre est à son apogée, et le temps semble suspendu, tout le reste paraissant superflu.
    Puis vient Mur, plus grave, plus mélancolique, le piano se fait accord, le kick est agressif, presque violent comparé à ce dernier. 
   L'EP se termine par Ax Mr. L. où l'anarchie semble dominer, un goût d' "error 404" dans les oreilles, pour finalement se structurer, avant une fin brutale, inexpliquée, tout comme cette musique.






















Alva Noto & Ryuichi Sakamoto - Revep ( Deezer )
Alva Noto & Ryuichi Sakamoto - Revep ( Spotify )

Etienne
 


L'avis complémentaire d'Alex :

  
   Magnifique ! Ce "duel", piano - électronique, cet espèce de pingpong électroacoustique, est absolument génial. Un EP très poétique, exigeant musicalement mais qui reste accessible au commun des mortels. Ma préférence va également à "Siisx", mais tout l'EP est excellent. Gentes dames, gentlemen, foncez l'écouter !
 
Alexandre