Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

mercredi 31 août 2016

Anna Wise - The Feminine Act 1 (EP) (2016)



  Cet excellent EP de la chanteuse et productrice Anna Wise, qui commence à monter suite à des collaborations notamment avec Kendrick Lamar, est introduit par "The Feminine" qui permet de dérouler "Precious Possession", ses synthés et ses voix à la James Blake, puis une ambiance plus rnb et très douce. Le morceau est magnifique, la voix cristalline. On est conquis d'emblée. 

  Un court interlude permet de faire la transition avec "BitchSlut", qui démarre entre rnb électro radiophonique, pop à la Lorde et rnb plus alternatif, psychédélique et électronique. Le refrain psyché et jazzy enfonce le clou, ce morceau est une bombe qui s'impose sans grossir les traits (ce rôle est rempli avec brio par le clip qui parodie l'imagerie dégradante autour des femmes dans les clips pop et hip-hop depuis au moins 25 ans). Vous l'aurez compris, ce n'est pas le genre de la maison, ici dans les paroles, les titres de chanson, et l'attitude, on parle féminisme, et émancipation.

  "Decrease My Waist, Increase My Wage" est une autre excellente pop song, suivie d'un interlude vocal, "Girl, Mother Crone", qui démontre la très bonne construction de l'EP comme un tout et non pas une suite de chansons sans homogénéité. On finit avec le magnifiquement funky "Go" qui rappelle parfois les travaux de Nao et AK Paul

  Bref, c'est pour le moment mon EP de l'année (à la magnifique pochette, au passage), et j'ai hâte de l'entendre sur un plus long format encore. Anna Wise est une chanteuse et compositrice surdouée, avec un style unique, doublée d'une productrice brillante. A écouter ici !

Bonne écoute, merci pour votre lecture et vos commentaires

Alexandre

lundi 29 août 2016

Les Reprises du Jour : At Your Best (You Are Love), The Isley Brothers (1976), par Aaliyah (1994) puis Frank Ocean (2016)


  Notre voyage commence en 1976, chez les golden boys de la soul, les Isley Brothers, avec ce magnifique titre original. Qui a une parenté certaine avec les meilleurs titres de Marvin Gaye, au hasard. Une magnifique ballade d'une pureté folle, de la part d'un groupe qu'on pourrait presque qualifier de Beatles soul tant leur influence est énorme. Presque aucun album de rnb, de hip-hop, d'électronique ou de soul/funk moderne ne sort sans un sample ou une reprise des Isley Brothers, ils doivent talonner James Brown dans le genre. Ils ont, par leur musicalité incroyable, leur sensibilité à fleur de peau et leur génie des arrangements, conquis des générations et des générations. Et c'est ce qu'on va pouvoir vérifier par la suite, puisque cette chanson fut reprise en 1994 par la divine chanteuse de rnb Aaliyah, sur son premier album, Age Ain't Nothing But A Number.



  La production de R Kelly est bien de son époque mais sobre et délicate, mais ayant pris du cachet plutôt que du plomb dans l'aile (comme les naufrages kitsch de Carey par exemple). Et la voix d'Aaliyah douce comme du velours. C'est d'ailleurs cette version qui inspira celle de Frank Ocean en 2015, qui la retravaillera en 2016 une première fois dans une version très dépouillée (écoutable ici), puis plus travaillée avec des cordes de Jonny Greenwood (de Radiohead) jouées par le London Symphonic Orchestra et une production plus léchée mais toujours aussi sobre, et qui figure sur l'album Endless (écoutable ici, la reprise se situant après 1 min de vidéo). Et qui vous coupera le souffle. Car vocalement, on atteint des sommets d'expressivité, on est là encore chez le meilleur de Marvin Gaye, version 2016, avec juste ce qu'il faut de musique pour souligner toute la beauté et la sensibilité de ce chant divin. Rien à ajouter de plus, c'est une merveille.

alex




vendredi 26 août 2016

The Human League - Don't You Want Me (Single, 1981)


  Jolie découverte pour ma part, merci au film "Le Nouveau" (un excellent film, assez réaliste, et que je vous recommande, sur la période du collège). Y'a tout, des synthés disco house introductifs (et des synthés très débuts de Depeche Mode à la fin), un chant de cronner eighties bien dans son époque (comme chez Gary Numan ou Japan) réminiscent d'une certaine idée du glam (défendue par Bowie et Roxy Music, inspirations évidentes), et surtout, surtout une bonne pop song accrocheuse et bien foutue (l'arrivée du chant féminin bravache est irrésistible).

  Bref, j'adore ce morceau. Et le clip est très bien, très d'époque mais avec un esthétisme plus sobre que certains délires kitschouilles qui suivront, et l'ambiance colle parfaitement au morceau. Du tout bon !

Alex

lundi 22 août 2016

Radiation City - Synesthetica (2016)



  Encore un jeune groupe que je ne connaissais pas et n'avais pas vu venir qui a illuminé mon année 2016. Ça commence par une rythmique irrésistiblement groovy, une basse qui ne l'est pas moins et les guitares de cet ex groupe garage introduisent "Oil Show". Les arrangements sont denses, généreux, ludiques, variés et inspirés, comme chez le MGMT de Congratulations, et chez ABBA, auquel le groupe fait penser tant pas le chant majoritairement féminin (mais pas que) et les refrains immédiats. Rock, Pop, et un chant jazzy / soul rappelant les crooners de l'avant-guerre et les chanteuses de variété de l'époque se mêlent à des influences venant de tous les continents dans une pop song ultra efficace. Un modèle du genre qui sera décliné dans sa perfection sur tout l'album, du synthétique et lascif "Juicy" au groove poignant de "Butter" et sa mélodie douce-amère pour commencer. Avec toujours ce chant féminin merveilleux

  Mais le chant masculin a aussi son heure de gloire lors des questions-réponses avec la chanteuse sur "Come Ang Go" qui commence comme une pop song folky vaguement psychédélique et vire en manège pop sur le refrain irrésistible, à la manière des premiers Family Of The Year. Le ton se fera disco-Rock (qui a dit Blondie ?) sur "Milky White", pour un résultat tout aussi enthousiasmant.



  Un autre tube synthético-pop, "Sugar Broom", qui sonne comme la version toute personnelle de Radiation City du néo-psychédélisme porté par Tame Impala et Melody's Echo Chamber notamment, avec des échos dub par-ci par-là. Une des chansons les plus marquantes de cet album qui ne compte que des chansons marquantes.

  La diversité des tempos et des influences se manifeste avec le tango modernisé de "Separate", et son ambiance aussi vénéneuse et mystérieuse que sexuellement chargée, avec toujours cette alternance masculin-féminin au chant, cette rythmique ultra-groovy, ces arrangements riches et justement mis en place, et cette mélodie géniale. Et puis ce côté classe, encore une fois un peu crooner, comme un Richard Hawley qui aurait la vingtaine et se serait tapé les Happy Mondays et Primal Scream en boucle, pendant que sa copine aurait écouté aussi bien Bardot et Nancy Sinatra que Portishead ou Aretha Franklin.

  On atteint une certaine idée de l'électro-pop avec "Futures" qui rappelle les Buggles de Trevor Horn là encore croisés avec une certaine idée de la sunshine pop à la Mamas And The Papas, Sagittarius, Boettcher etc... revue et corrigée par la scène pop/rock indé, comme chez Family Of The Year, avec autant de fraîcheur et de simplicité que de qualité mélodique. "Fancy Cherries", sa mise en son dream-pop et psyché et ses mélodies vocales hispanisantes concluent sur une note à la fois mélancolique et conquérante cet album d'une qualité incroyable.



  Je ne peux que vous conseiller l'écoute de ce merveilleux disque pop, aussi bien écrit qu'interprété et produit, qui m'évoque surtout ABBA pour le côté "gavé de tubes irréprochables merveilleusement arrangés" pour qui aime les arrangements généreux (mais bien utilisés) comme moi. 
Un des meilleurs disques pop de cette année, mais ne me croyez pas sur parole, et allez l'écouter vous-mêmes ici.

Bonne écoute, merci pour votre lecture, vos commentaires et à bientôt !

Alex

jeudi 18 août 2016

Céu - Tropix (2016)



  Tout commence par quelques notes de clavier, un beat organique et chaud, une guitare, puis ce chant en brésilien. Une voix douce, une sensibilité immédiate, un vécu riche assurément. Et quand le rythme s'installe, que les choeurs angéliques débarquent, le délicat équilibre n'est que renforcé et non dénaturé, et ce "Perfume do Invisivel" introductif se fait funky, et on tient là le premier classique de l'album. Les autres morceaux seront du même acabit, entre (électro)funk discoïde, pop classieuse, et bossa nova au sens large et généreux du terme, toujours portés par cette voix magnifique. 

  Les touches de synthé funk soutiennent "Arrastarte-Ei", "Amor Pixelado", "Rapsodia Brasilis" et ses dissonances, "Varanda Suspensa", sa basse serpentine, et son refrain accrocheur... et surtout "Etilica/Interludio". On pense à plein de choses en écoutant cette musique, mais aucune influence écrasante, tout cela est très personnel et repose beaucoup sur le charisme et la sensibilité du chant de CéuCela se sent aussi dans les quasi-berceuses "Sangria" et "A Menina e o Monstro" qui part en free rock avec ses guitares déstructurées. Le funk se fait plus organique et chaloupé sur des morceaux comme "Minhas Bics" et son côté surf avec influences afro-caribéennes, et le morceau le plus tubesque du disque qui pourtant est très accessible malgré la richesse et l'intégrité de la musique, le disco "A Nave Vai".

  L'équilibre est fragile lors de morceaux comme la ballade "Camadas" moins marquante faute à des cordes attendues, mais pas honteuse non plus, et "Chico Buarque Song", à cause notamment de l'emploi de l'anglais et d'un refrain plus "gros", mais le morceau retombe sur ses pattes grâce au talent de Céu.

  Bref, un excellentissime album dont je m'étonne du relativement faible écho médiatique. Et auquel je voudrais donc à ma petite échelle rendre justice, en vous proposant de l'écouter ici. Je vous garantis que cet album brésilien, un des plus beaux de cette année, saura conquérir votre coeur. Vous m'en direz des nouvelles.

Bonne écoute, merci pour votre lecture et vos commentaires, et à bientôt ! 

Alex


jeudi 4 août 2016

Whitney - Light Upon The Lake (2016)




  On continue avec les jeunes groupes qui sortent des disques d'une qualité inouïe avec Whitney. Issu de la partition des Smith Westerns, et après le départ du chanteur Cullen Omori, le groupe se structure autour du guitariste Max Kakacek et du batteur Julien Ehrlich. Qui ont dans ce schisme qui aurait pu être une fin, vraiment trouvé une voix (celle, magnifique, d'Ehrlich), ainsi qu'une voie vers un second départ peut-être encore meilleur. Parce que le disque solo de Omori a beau avoir beaucoup de qualités, ce disque de Whitney plane des années-lumières au-dessus.



  Le morceau qui introduit l'album a aussi été le premier morceau partagé par le groupe. Ce "No Woman" qui s'ouvre sur un clavier enchanteur et des cuivres soul avant de laisser le duo guitare/voix folk/blues prendre le relai est un magnifique ambassadeur pour l'album et le groupe. On entend toute l'histoire de la musique américaine dans ce morceau, transcendée par la "petite" histoire que racontent la voix du musicien et les instruments. Les influences citées par le groupe, Bon Iver, The Band et Allen Toussaint sont là, auxquels on pourrait rajouter Woods pour le timbre de voix et les arrangements, mais plus comme des figures bienveillantes que des idoles oppressantes. La fraîcheur du groupe, sa modernité et son talent de songwriting l'élèvent bien au-dessus de la masse des groupes étiquetés "americana". Ce morceau est une vraie merveille, allez écouter ça par vous même.



  Et cela continue, du piano bondissant de la pop de "The Falls", à ma favorite, le tubesque "Golden Days" dont j'ai déjà parlé ici, au très folk façon The Band, "Dave's Song", tout cela enchante le mélomane. De même que les arpèges délicats "Light Upon The Lake" que n'auraient pas renié les grands mélodistes nineties tels Elliott Smith ou Jeff Buckley, ou "No Matter Where We Go" plus rock, entre Big Star et Creedence Clearwater Revival. Ces gars piochent partout : soul, pop, country, folk, cajun, blues, mariachi, boogie, ragtime, doowop, blues-rock, jazz, gospel.... Tout est bon à prendre pour le transformer en or pop, s'élever depuis ces glorieuses racines américaines très ancrées dans l'imaginaire collectif, les respecter puis les dépasser et s'élever vers les sommets pop.




  Ainsi "On My Own", l'instrumental jazzy et swinguant "Red Moon", le baroque (et soul) "Polly" et le country-folk nourri à la soul "Follow" ne revisitent pas le grand songbook américain, elles y écrivent de nouvelles pages. Je vous l'assure, ce disque est grand, ce disque est beau, et il vous faut l'écouter, que vous soyez ou pas un grand fana de musiques "traditionnelles" américaines ou pas, vous y trouverez votre compte. Entre ce disque, le Woods et le Kevin Morby, les USA ont cette année une bien belle façon de revisiter leur terroir musical avec une oreille fraîche et de belles ambitions, c'est superbe. 

Pour l'écouter c'est par là.

Merci pour votre lecture et vos commentaires 

Alex