Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 25 mars 2016

Ariana Grande - Alright (Single, 2016)




  Un petit single au passage, pour vous faire patienter avant la reprise des hostilités (on est pas mal occupés en ce moment, mais on n'oublie pas le blog). Ce single de la chanteuse de rnb Ariana Grande (souvent pas indispensable, parfois sympathique, cf "Problem") est sorti tout récemment, et je tenais en le partageant ce petit single à apporter un peu de 1er degré et de naïveté. Parce que c'est peut-être commercial cette deep house light très inspirée de Disclosure notamment, et qui rappelle en version "light" justement les travaux de Nao en moins subtil. Certes. Mais nous, et bien on aime bien et on ne se prive pas de le dire. 

  Certes, sur le plan artistique vous trouverez de bien meilleures choses chez les artistes sus-cités (surtout Nao, allez écouter Nao vous me remercierez). Mais cette chanson est bonne, très équilibrée au niveau de la production, bien interprétée par l'intéressée. Bref, je monterai le son si elle passe à la radio. Et elle risque d'y passer. Et un morceau que je ne zappe pas sur une radio "commerciale" est une bénédiction. 

  Vous pouvez tout à fait ne pas aimer, hein, pas de soucis. Mais c'est toujours sympa quand ce genre d'artistes très grand public, que nous amateurs de musiques plus... sophistiquées ? poussées ? artistiques ? j'en sais rien... n'attendons absolument pas, sortent une bonne chanson. Et nous surprennent en bien. Et nous font ravaler notre snobisme, notre prêt-à-penser musical, notre idéologie pré-fabriquée pour faibles d'esprits, et nous font kiffer sur une bonne grosse chanson bien "commerciale". Ça rafraîchit. 

  Comme sur le dernier Rihanna. D'ailleurs vous seriez surpris, il y a souvent au moins une excellente chanson sur chaque album de Rihanna, et son dernier se tient plutôt pas mal, dans trois ou quatre albums je pourrai me faire un best-of pas mal du tout. Le 1er degré, c'est bien, juste écouter, oublier les postures, sans préjugés ni pré-conceptions. Et là encore, pas de soucis si cela ne vous arrive jamais d'aimer une chanson à la radio, vous n'êtes probablement pas snob, vous n'aimez pas ces chansons, c'est normal, c'est juste une question de goût. C'est souvent mon cas. Mais au moins vous avez écouté, vous avez essayé. 
  Et puis si vous n'avez pas essayé et que vous êtes volontairement fermés, c'est votre droit, grand bien vous en fasse (même si c'est dommage selon mon humble point de vue).

  Bref, j'ai eu une période snob il y a quelques années. Enfin puriste quoi. Puriste rock. Qu'a pas duré, parce que c'est chiant et contre nature, enfin pour moi en tous cas. Et puis ça ne sert à rien, ça enferme pour de mauvaises raisons et c'est comme toute idéologie du pré-mâché qui vous empêche d'avoir des envies, des goûts et des pensées propres. 

  Mais si je vous dis ça c'est qu'à moins de faire gaffe, ça peut revenir, ça peut être insidieux et vous infiltrer petit à petit jusqu'à vous transformer en ce vieux ronchon qui passe son temps à dire "c'est nul". Plutôt que de démonter le groupe préféré de la petite nièce, autant lui conseiller un truc plus fouillé mais qui s'en rapproche ou les a inspiré. Probablement qu'elle s'en foutra et continuera à consommer de la musique pour d'autres raisons que les vôtres. Danser, meubler l'espace sonore en soirée, se sentir moins seule. 
  Mais peut-être qu'elle écoutera, qu'elle écoutera vraiment et s'éveillera à un autre monde musical, et fera partie comme vous, comme moi, de cette petite poignée d'élus qui ont ce précieux cadeau qu'est la mélomanie... Qui sait ?

  Bref, j'aime "Be Alright". Oh et, j'oubliais, écoutez Ariana Grande. Enfin celle-là en tous cas. Essayez. Et n'abandonnez jamais. 
A bientôt !

Alexandre



dimanche 20 mars 2016

QSTN - Favela ( 2014 )

       Aujourd'hui 20 mars, c'est le printemps que nous fêtons, ode à notre mère nature se réincarnant inlassablement depuis la nuit des temps. Celle des ciels bleu azur et des premières touches vertes, roses, jaunes, blanches ponctuant tel l'impressionniste nos paysages endormis. Alors quoi de mieux pour illustrer cette gaité printanière, qu'une fraiche musique inspiré des tropics !?





      Affectionado des samples de jazz, le beatmaker californien QSTN ( Question ) les retravaille avec la passion du hip-hop pour en faire une musique classe et rythmée : le jazz rap ou jazz hop ; genre musical dérivé du hip-hop où par des samples il honore sa parenté avec le jazz, la soul et le funk. Ils sont les héritiers d'artistes tels Gil Scott Heron ou Herbie Hancock et du fameux Doo-Bop, dernier album du maître Miles Davis, en collaboration avec Easy Me Bee !



       Sur ce court EP d'à peine 14 minutes, l'artsite état-unien QSTN s'intéresse à la beauté sonore du Brésil, celle de la pop 60's et de la bossa nova. Les lourds beats hip-hop réaniment ces ambiances exotiques par des samples miticuleusements dépoussiérés. L'osmose est alors comme évidente, celle de deux régions du monde dont la douceur de vivre fait rêver et danser le monde entier !

C'est à écouter ici : QSTN - Favela ( YouTube ) 


Pour plus d'informations : son site, son soundcloud et son label Mellow Orange.


Etienne

dimanche 13 mars 2016

Kendrick Lamar - To Pimp A Butterfly & Untilted Unmastered. ( 2015 & 2016 )

LA CHRONIQUE D'ETIENNE

  En 2015, le jeune génie du rap américain, Kendrick Lamar, sortait le plus ambitieux et le plus réussi des albums du genre depuis bien longtemps : To Pimp A Butterfly. Tronnant en première place du top 2015 de pitchfork ( et du top 2015 d'Alexandre ! ), rafflant 5 récomponses aux 58èmes grammy awards, y fournissant une performance scénique remarquée et remarquable, ce disque sonne la consécration de l'artiste.



To Pimp A Butterfly ( 2015 )
     Cette réussite tient surement à la richesse des influences de cet album, honorant ses aînés sur des collaborations avec Georges Clinton ou Snoop Dog, utilisant une interview de Tupac sur Mortal Man, embrassant les deux générations de rappeurs qui le précède. Mais ces références sont bien plus vastes que le rap et s'étendent au jazz ( sur le magnifique Alright notamment ), au RnB, en passant par la soul. C'est ainsi un véritable hommage musical à la black musique et un manifeste pour la cause afro-américaine.

     L'autre cause de sa réussite, c'est l'ambition et l'exigence artistique avec lesquelles l'album a été traité, donnant à écouter une production très travaillée, mettant en valeur le chant et le message de Kendrick Lamar. L'accent est alors donné sur les ambiances et rythmes rap, jazz ; sans négliger pour autant une certaine forme de mélodicité inspirée de la soul et du RnB ( on notera le très sympathique choeur sur For Sale? - Interlude ). 
     Techniquement nous somme très loin d'un rap root. Ici l'usage du sampling, ne fait pas défaut, piochant chez James Brown ( The Payback sur King Kunta ), Sufjan Stevens ( All For My Self Sur Hood Politics ) ou Fela Kuti ( I No Get Eye For Back sur Mortal Man ). Mais il se fait très discret, ne laissant pas apparaître de cuts, rythmant souvent le rap old scool. Le résultat est alors très classe, rappelant l'esthétique sonore des majors, coupant ainsi avec une certaine forme de gansta rap s'insinuant jusqu'à la production très abrasive.


Untilted Unmastered. ( 2016 )

     De ce processus de création en résulte des "chutes" de studio, dont on a déjà pu entendre certaines en live. Sous la pression du public, le rappeur décide alors d'en sortir un album, sobrement nommé Untilted Unmastered., sorti ce 4 mars 2016, constituant une extension à ce chef d'oeuvre que constitue To Pimp A Butterfly. Un album courageux en soi, quand on regarde le passé parfois catastrophique de de concept ( notamment très utilisé de manière posthume ). Ici il n'en est rien, la qualité en est extraordinaire ! 
     La production y est naturellement plus sobre, plus directe, plus spontanée en soit. Pour former une ambiance plus intimiste. Dénué de sa surproduction on y découvre alors le substrat du travail de Kendrick Lamar sur ce projet formé par ces deux albums : le jazz et plus spécialement le free-jazz ! On y comprend mieux le génie de cet artiste qui réussi à relier avec une aisance innée ces différentes générations de la black music. Ce Untilted Unmastered. n'est alors ni plus ni moins qu'un prolongement de ce projet, permettant de mieux comprendre ce travail. C'est aussi un "alter ego", un "yang". Là où l'un est ambitieusement produit, l'autre est humblement composé ; là où l'un se fait classique, l'autre se fait old-school. Ces deux albums forment un tout, trouvant leur équilibre dans ce dyptique harmonieux. Un chef d'oeuvre que l'on ne saurait individualiser.


LA CHRONIQUE D'ALEXANDRE

To Pimp A Butterfly ( 2015 )
  Une des plus grosses claques musicales de ces dernières années. Aucun autre moyen de parler de ce To Pimp A Butterfly incroyable. Malgré l'immense qualité de son précédent album, rien ne pouvait nous faire attendre une réussite aussi majeure de Kendrick Lamar. Qui d'autre peut réunir des jazzmen comme Kamasi Washington, Thundercat des funkateers comme George Clinton, des producteurs émérites comme Dre ou Flying Lotus, des énormes stars du hip-hop, de la rnb et de la soul comme Snoop Dogg, Cee-Lo Green, et même le défunt Tupac Shakur ?! 
  
  Cet album est un album fou, qui synthétise toute la black music depuis les negro spirituals au hip-hop des années 2010 en passant par le free jazz et le P Funk. Du hip hop west-coast sous influence clintonienne cotoie du hiphop plutôt westcoast sous influence jazz, on entend du scat, des choeurs... Et au milieu de tout cela, le maître de cérémonie déploie son flow agile, polymorphe, virtuose et léger, spontané et réfléchi, cérébral et sensuel, mélodique et rythmique. 
  La progression sur ce point est phénoménale. La technique et la sensibilité de l'interprétation de Lama donnent d'ailleurs une bonne raison à la fois au jazzmen et aux mecs du funk de le rejoindre, et à Lamar de se frotter à eux : il est au même niveau de musicalité, de technique et de sensibilité. 

  D'ailleurs, l'ambition folle de cet album de synthèse aurait été vouée à l'échec si elle n'était pas portée par une vision aussi forte portée par un être totalement dévoué à son art. Pour porter un album et une ambition musicale aussi forte, il faut avoir des épaules. Comment faire cohabiter harmonieusement un morceau de scat sur du free jazz ("For Free?"), un P Funk ("Wesley's Theory"), un G Funk ("King Kunta"), ce qui s'approche d'une fusion entre du jazz et un banger trap ("Alright") sans perdre en cohérence ? Avec un projet béton. 
  La maîtrise de son art, l'ambition et la clarté de la vision de Lamar lui permettent en outre de mettre en musique avec une puissance inégalée ses textes à la fois personnels et à la portée politique évidente. Il mélange à ce sujet questions sociales et personnelles avec brio, en évitant les facilités et en mettant tout le monde face à ses responsabilités et ses erreurs, et lui le premier. Et tout ça avec une rythmique, une technique d'écriture et des rimes imparables. 

  Plus d'une heure et quart et seize morceaux denses qui passent comme un album de 30 minutes sans remplissage, temps mort ni indigestion, (exceptée peut-être la "discussion" finale avec Tupac) c'est ce que vous offre Kendrick.
 Un bel aperçu de la musique qui nous attend dans ces années 2010-2020, et qui encourage à l'optimisme quoi qu'en disent les passéistes, les conservateurs et les rassis de la cochlée. La cohabitation maîtrisée et audacieuse de genres musicaux majeurs avec des formes plus modernes, de grands musiciens, de producteurs, de synthés, d'électronique, de samples, de sueur, de rap, de chant... Bref : rien de moins que l'album de hiphop (de musique tout court) le plus important depuis longtemps

Untilted Unmastered. ( 2016 )

  L'année suivante, Lamar nous offre ce untitled unmastered., complément de morceaux prévus pour sortir sur To Pimp..., mais exclus pour des raisons de temps, des problèmes de samples, et tout simplement parce que l'album était cohérent et assez dense tel qu'il est sorti. Joués en live, ces morceaux ont ébloui pas mal de monde, ce qui a poussé Lamar a nous présenter ce complément à son chef d'oeuvre. Et il a bien fait. Ces 8 morceaux sont encore plus jazz, soul-funk et moins frontalement hiphop que l'album, oscillent entre le sensuel et la confession, avec une ambiance plus feutrée et intimiste. D'ailleurs Lamar nous offre sur la fin d'"untitled 07 2014-2016" une sorte de making of de "o Pimp A Butterfly et partage sa façon de construire un morceau rodée sur l'album, en posant sa voix sur une ligne mélodique minimale. 

  Et pourtant à part ce moment précis, aucun morceau ne sonne inachevé ni baclé, tout est parfait et aurait pu figurer sur l'album sans problème. La collection possède en outre une cohérence inhabituelle pour ce genre de compilations de chutes de studio. Tout cela concourt à donner une qualité album à ce qui ne semblait être donc qu'une collection de morceaux non retenus. D'ailleurs, si on parle de qualité, 99% des artistes tueraient pour sortir des albums studios aussi réussis. 

  Bref, outre le rôle de complément à TPAB, cet album se tient en lui-même, possède de nombreux moments de grâce et permet de reprendre notre souffle avec son ambiance plus intimiste à échelle humaine, après avoir été mis à genoux par le précédent album ambitieux qui était l'oeuvre d'une force surnaturelle, à n'en pas douter. Etienne l'a bien dit, on a là les deux faces d'une pièce gagnante, le ying et le yang de Lamar, et une oeuvre incontournable pour qui s'intéresse à la musique.


Deux albums à écouter de toute urgence :
Etienne et Alexandre









mercredi 9 mars 2016

George Martin (& His Orchestra) - Off The Beatle Track (1964)

  



  Petite pause dans la séquence Beatles (quoi que pas tellement...) pour rendre un petit hommage à l'immense producteur et musicien qu'était George Martin qui nous a quitté aujourd'hui, je vous invite à (ré)écouter cet excellent album de reprises jazz des chansons des premiers albums des Beatles.

  Sans lui, le 5e Beatle, sûrement point autant d'audaces en studio, de fantaisies symphoniques, d'effets sonores, de sophistication des arrangements, de finesse sonique. La pop en général lui doit beaucoup, beaucoup, beaucoup. Quand il aida les Beatles à signer leur premier contrat, puis en les produisant, lui l'homme de musique classique a fait preuve d'une ouverture et d'une clairvoyance peu commune dans le milieu, saisissant la pureté et la beauté d'une nouvelle forme d'art en train de naître et d'un trio (allez Ringo, on peut même dire quatuor rien que pour ton "Octopussy's Garden" enchanteur) de compositeurs majeur doublé d'un groupe à l'interprétation incarnée. Sans cette collaboration trans-musicale, la musique populaire aurait un tout autre visage aujourd'hui, bien moins radieux sans aucun doute.

  Cet album est un petit délice de légères reprises jazz des tubes pop des 1ers Beatles, et il est enchanteur pour les néophytes comme pour les plus ardents fans des Fab Four.

RIP au 2e grand George des Beatles. Et merci pour tout.



Alexandre


vendredi 4 mars 2016

The Beatles - With The Beatles (1963)



  A peine terminés l'enregistrement du 1er et la tournée monstrueuse qui s'ensuivit, et dans la foulée de singles qui retournent désormais le monde entier, les 4 de Liverpool enregistrent leur 2e album "With The Beatles". Toujours le même format : 8 originaux et 4 reprises. Cet album a été composé en grande partie sur la route, et c'est ce qui explique sans doute sa force principale : son urgence. 

  Dès l'intro de "It Won't Be Long", le morceau inaugural, c'est le feu d'artifice. Tout va très vite, et on remarque dès le début le progrès entre les deux abums : la voix doublée de Lennon et les choeurs encore plus maîtrisés se répondent avec maestria, l'énergie est plus débridée et la sophistication de la composition et des arrangements se ressentent. C'est un début tonitruant, une claque qui ne peut pas laisser indifférent, un morceau parfait d'une énergie folle (la power pop n'est pas loin...).

  "All I've got to do", plus calme, est plus proche de la ballade sixties, proche de ce que feront les Zombies sur leur Begin Here par exemple. Mais dans le genre de la ballade, là on est clairement plus sur de la Northern Soul, et un héritage Rythm&Blues que sur de la pop, ou même de la folk ou de la country.   "All My Loving" qui suit est un tube pop imparable, une mélodie qui tue, un excellent duo de guitares (rythmique/solo), et des choeurs délectables.





  "Don't Bother Me" marque les débuts à la composition de Harrison, et dans un genre assez américain, mais qui sonne très anglais, cette chanson est une réussite. Là encore les guitares sont magnifiques. "Little Child" est là encore très américaine, sympathique mais honnêtement moins réussie, elle se repose sur de bons choeurs, un refrain entêtant et un harmonica efficace. Même si cette dernière est un peu en dessous quand même.

  "Till There Was You" est la 1e reprise de l'album, et j'ai un énorme faible pour ce qui deviendra récurrent dans les albums des Beatles (et dans la carrière solo de Macca plus tard) : le morceau jazzy de Paul McCartney. Avec sa sensibilité pop, il transforme les morceaux de jazz vocal un peu désuets dont raffolait son père en pièces pop fragiles et finement interprétées comme très peu de chanteurs pop savent le faire. 

  "Please Mr Postman", encore une reprise, est transcendée par l'interprétation d'un Lennon très impliqué au mieux de sa forme. Il met vraiment tout son coeur dans la chanson et ça lui donne un poids et une gravité incroyables, paradoxalement renforcés par la légèreté pop de la reprise. Une énorme réussite. Suivie d'une reprise du classique "Roll Over Beethoven" du King de la guitare rock Chuck Berry. Reprise assez scolaire mais plutôt réussi par un Harrison encore en forme.





  Retour aux originaux avec un "Hold Me Tight" avec une guitare très rock et assez lourde pour l'époque et un Macca qui porte une chanson très réussie. Et la suite n'est pas en reste, le "You Really Got A Hold On Me" des Miracles est incarnée encore une fois avec conviction par un Lennon très investi et soutenu à merveille par les choeurs du groupe. Là encore, ce titre écrit par Smokey Robinson confirme la direction un peu plus R&B du disque, avec moins de références country et folk et plus de black music au sens large. Les 4 garçons, en étoffant leur style, étoffent aussi leur carrure et se frottent à des musiques plus brutes.

  Ringo a encore droit à sa chanson avec l'irrésistible "I Wanna Be Your Man" et son refrain qui vous colle aux esgourdes comme le morceau de bubblegum pop/rock/twist frénétique qu'il est. Vite expédiée, fonctionnant toute à l’énergie, ce morceau est une merveille d'efficacité. Il dégage de plus un groove assez inédit, la section rythmique sonne presque psychédélique avant l'heure par moments, avec l'apparition d'un bourdon ou d'un shuffle assez inédit qui s'apparente à ce que le Brian Jonestown Massacre ou les allemands expérimentant avec le beat motorik creuseront bien plus plus tard.

  "Devil In Her Heart" est une reprise bien troussée, là encore efficace et bien portée par le groupe, avec le petit break instrumental juste avant le refrain qui fait son effet, et toujours ces guitares cristallines presque hawaïennes en fin de morceau. "Not A Second Time", une chanson originale portée par Lennon, est une de mes préférées de ce disque. Décidément Lennon est un peu la star de celui-là, je ne m'étais jamais fait la réflexion avant, mais il est vraiment l'âme de ce disque, urgent comme lui-même l'était.





  On finit avec "Money" de Berry Gordy, aussi reprise par les Sonics, là encore portée par l'interprétation fougueuse de Lennon et du groupe. Le morceau commence avec des guitares bordéliques presque punk et Lennon nous refait le coup de la voix forcée et des cris de "Twist & Shout" pour finir l'album en apothéose sur ce boogie de piano très R&B là encore et absolument irrésistible. 

  On a donc un album plus abouti que le précédent, avec des interprètes et des compositeurs qui s'affirment de plus en plus dans leur style, et commencent à s'emparer du studio comme un outil créatif, avec l'ajout de nouveaux instruments offrant des arrangements plus variés et de nouvelles techniques d'enregistrement comme les voix doublées de Lennon. En jouant avec tout cela ils posent les premières pierres de ce qui fera leur réussite artistique, critique et publique avec des compositions inattaquables, des interprétations inégalables et une science de l'inventivité au niveau des arrangements et des techniques d'enregistrement presque sans égal dans la pop. Et tout cela non pas sur un format single mais sur un album complet. Bref, là encore à ne pas manquer. 

Pour l'écouter c'est par ici.

Merci pour votre lecture et vos commentaires et à bientôt !



Alexandre