Cette semaine, la pop française est à l'honneur avec un classique du genre par jour jusqu'à dimanche. Des disques qui nous tiennent particulièrement à cœur et que nous considérons comme des classiques indépassables dans leurs genres respectifs.
Ca démarre direct avec ma chanson préférée de Sanson : "Alia Souza" et son groove irrésistible de requins de studio. Que dire, le son est génial, les musiciens sont des tueurs, la chanson est divinement composée et interprétée par une Véronique qui chante à merveille.
La pop classieuse de l'ensemble de l'album est illustrée à merveille sur l'anglophone "Christopher". Mais c'est en français que Sanson touche le plus comme sur "Cent Fois", où les digressions instrumentales donnent plus de poids aux passages chantés. Bon sang, ce jeu de piano bluesy et boogie à la fois.... et le rythme funky, la basse de tueur.... l'orchestre.... C'est d'une musicalité hors norme, les musiciens ont tous de l'or en barre entre les doigts.
Cette pop est finalement assez rock et carrément funky, comme on pourra le constater sur "Les Cloches de Carmel", et c'est probablement ça qui fait sa longévité et sa pertinence, comparée à la raideur ringarde de la majorité de ses contemporains en France. Même sur un titre plus simple comme "L'Etoile Rouge" on a des interventions orchestrales d'une grande beauté et des parties de guitare virtuoses, mais tout ça au service de la chanson et pas du tout de façon inutilement démonstrative. Idem sur le blues-rock de "On m'attend là-bas", on a presque un goût de poussière dans la bouche et du sable qui crisse entre les dents à son écoute tellement le jeu des musiciens est évocateur.
Mais cet album est aussi mémorable pour ses moments de mise à nu, comme sur "Véronique" la bien nommée, "Ma Musique s'en Va" ou "Un peu plus de noir". Avec en point d'orgue le puissant "Le Maudit". Une dernière fois, faut arrêter avec les complexes amis français, ce disque est au moins aussi bon qu'un Joplin (que j'adore également par ailleurs). Le texte et le chant sont déchirants, la musique l'est également. Vous voulez une preuve de plus ? "Bouddha" va vous achever. Bon sang, derrière le funk, c'est le blues la fondation de ce disque d'une tristesse et d'une noirceur assez inédites en France à un tel niveau de popularité. C'est un album très profond, qui prend aux tripes et qui se réécoute un nombre infini de fois, avec toujours un petit truc en plus à découvrir, un arrangement, une tournure de phrase, une subtilité du texte ou du chant...
Bref, vous le savez car je l'ai annoncé lors du lancement de cette semaine sur la pop française, mais ce disque est un sacré classique, une claque totale et un de mes albums favoris non seulement issus de France mais tout court. Un vrai chef-d'oeuvre à (re)découvrir ici.
Alex