Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes
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vendredi 7 décembre 2018

The Good The Bad & The Queen - Merrie Land (2018)


  Pour rappel, The Good The Bad & The Queen c'est Damon Albarn (Blur, Gorillaz...), Paul Simonon (bassiste des Clash), Simon Tong (de The Verve), et le batteur Tony Allen (légende de l'Afrobeat ayant joué avec Fela Kuti, mais aussi Sébastien Tellier et beaucoup d'autres). Et ce disque, Merrie Land, c'est la réponse de ce groupe très british, et en particulier d'Albarn, au Brexit. C'est donc selon son auteur la suite grise et désabusée du coloré et exubérant Parklife (1994) de Blur

The Good the Bad & the Queen - Merrie Land (Clip, 2018)

  Du british, il y en a. On se croirait presque chez Baxter Dury sur le single "Merrie Land" avec ce chanté-parlé traînant, ces touches électro-pop ponctuées de cordes élégantes, cette petite mélodie presque enfantine, et ce groove nonchalant. Mais on est bien sur une des compositions les plus délicates et prenantes du sieur Albarn, somptueuse nursery rhymes (comptines anglaises) d'une authenticité bouleversante, qui annonce la merveille qu'est l'album. Dans le même genre, la  malicieuse comptine post-Syd Barret "Gun To The Head" évoque "The Fool On The Hill" ou "I'm The Walrus" des Beatles, autres grands anglais. Plus loin, "Lady Boston" répondra à ce morceau avec un son tout aussi populaire et facétieux. 

The Good the Bad & the Queen - Gun To The Head (Clip, 2018)

  Le son rétro ("Drifters & Trawlers" est très 60's), très classieux et impeccablement produit du disque ("Nineteen Seventeen") sert à merveille des morceaux qui ont tout pour plaire : des arrangements somptueux comme dans une BO de James Bond (ou dans le dernier Arctic Monkeys : surtout sur cette dernière et sur "The Poison Tree"), un groove impeccable presque soul/funk voire jazz assuré par le dieu vivant Allen et par la basse ronde de Simonon (excellence rythmique plutôt rare en pop anglaise davantage portée sur la mélodie), et les meilleures compositions d'Albarn depuis un bail, au moins depuis le très beau Everyday Robots (2014), auquel la délicate "Ribbons" jouée à la guitare non électrifiée, fait penser. Un ska de ville fantôme sur "The Great Fire" rappelle les influences variées qui ont bercées la plupart des musiciens, et montre bien que le meilleur du "glorieux" passé anglais doit pas mal à la richesse culturelle venue d'ailleurs.

The Good the Bad & the Queen - Nineteen Seconds (Clip, 2018)

  A la première écoute, on a l'impression que le groupe joue la même chanson à chaque piste. Mais ce n'est pas péjoratif, et ce pour plusieurs raisons. D'abord parce que cette chanson est bonne. Ensuite parce ce que ce n'est absolument pas le cas après une écoute approfondie. Et enfin parce que cette cohérence dans l'instrumentation, les tempos et même dans le phrasé monotone d'Albarn ajoute à la cohérence thématique et esthétique du disque. 

  Albarn ne peut cependant pas s'empêcher de faire du Albarn et de partir un poil dans tous les sens de temps en temps, avec le vaudeville british sans queue ni tête "The Last Man To Leave" et surtout la géniale "The Truce of Twilight" qui a le cul entre deux chaises : cet album et Plastic Beach (2010) de Gorillaz. Ce titre, comme "Ribbons" ou "The Poison Tree", donnent l'impression d'avoir déjà été entendus dans d'autres oeuvres de l'anglais, leur familiarité immédiate avec le style du songwriter et leur évidence pop leur donnant un côté réconfortant et intemporel.

The Good the Bad & the Queen - Ribbons (Clip, 2018)

  On peut donc parler de réussite totale, pour un disque éminemment british, condensé du meilleur de ce dont Damon Albarn est capable, entouré d'une équipe de tueurs. La perfection pop, en somme. Après autant d'années et de disques aussi différents, c'est un exploit. 

Mes morceaux préférés : Ribbons, The Truce of Twilight, The Great Fire, Drifter & Trawlers, Nineteen Seventeen, Merrie Land, Gun To The Head, the Poison Tree

A écouter par exemple sur Spotify ou Deezer

Alex


samedi 30 juin 2018

Gorillaz - The Now Now (2018)


  Le précédent GorillazHumanz (2017), pourtant sorti longtemps après l'excellent Plastic Beach (2010) a déçu. Damon Albarn voulait un album musicalement funky, et assumait vouloir monter un énorme groupe à la Earth Wind And Fire pour sa crise de la cinquantaine. Sauf qu'à part une poignée de singles géniaux, on ne retrouve pas du tout cette approche sur le disque, qui sonne plutôt comme un rnb électronique générique. Sorti de ces quelques coups de génie  qui auraient constitué un EP parfait ("Andromeda", "Ascension", "Saturnz Barz", "Busted & Blue", "Let Me Out", "Hallelujah Money"), le disque se noyait dans une mélasse difficilement mémorable et bien trop épaisse : dans sa version finale il comprend 26 titres. Et son propos anti-Trump se perdait dans ce remplissage inconséquent. Pour la dernière fête avant la fin du monde, on écoutera plutôt 1999 (1982) de Prince ou Dirty Computer (2018) de Janelle Monaé. Dommage.

  Albarn semble s'être rendu compte que si ses idées directrices tant musicales que thématiques étaient bonnes, leur exécution avait souffert de l'absence de son perfectionnisme habituel, et que les attentes trop hautes des fans avaient plombé la réception du disque. Il revient donc très vite après avec un The Now Now plus humble et intimiste (à la manière de The Fall), et présenté comme un album solo de 2D (clavier et chanteur), l'alter ego de Damon au sein de Gorillaz. Et ça marche. 

Gorillaz - Humility (Clip, 2018)

  Débarrassé de la pression de sortir un successeur à Plastic Beach, et du trop plein d'ambition caractérisant le précédent, le groupe livre un successeur concentré (11 titres), alternant entre critique du Brexit et thèmes plus introspectifs. Il a gardé le meilleur de son expérience précédente, cette envie de funk électronique, et a limité les collaborations pour recentrer le propos. Le légendaire guitariste George Benson vient faire groover le délicieux single "Humility", qui résume bien le disque : funky, estival, joyeux, beau et mélancolique à la fois (à l'image de son clip fun, solaire et pop). Les seuls autres featurings se trouvent sur "Hollywood", rnb dark façon Timbaland, aux angles arrondis par un feeling discoïde. Il s'agit du chanteur Jamie Principle et du fidèle Snoop Dogg, qui font ici un bon travail sur ce morceau bien foutu. 

  Mais ce sont des morceaux comme "Kansas" ou "Magic City" mariant l'électrofunk à l'influence Beatles marquée donnant un côté nostalgique et personnel, qui font mouche. Ou encore "Sorcererz", jouant dans la même cour, en plus planant. Dans le genre, l'instrumental "Lake Zurich" est un petit trésor qui semble sorti de l'âge d'or de chez DFA, avec un gros côté dance-punk façon The Juan MacLean.   

Gorillaz - Lake Zurich (2018)

  Ce funk tranquille est associé à une démarche électro-rock quasi new wave à la frontière entre post-punk sombre et synthpop addictive (l'addictive "Tranz", entre Soft Cell et Suicide). Ou à des moments folk-pop assaisonnés d'une électro pointilliste, semblant échappés de son album solo plus dénudé comme "Idaho", "One Percent", "Souk Eye" ou "Fire flies". Cette série de morceau clôturent en beauté l'album.

Gorillaz - Tranz (2018)

  C'est un retour concis et réussi, qui fait oublier les excès du précédent. L'album est solide, et la direction introspective voire mélancolique mariée à un électrofunk discoïde est tout à fait adaptée à ces morceaux plus humbles permettant à Albarn de renouer avec la magie pop de Demon Days ou Plastic Beach sans prétendre atteindre leur niveau d'excellence et d'ambition. Une réussite totale !


Alex


dimanche 7 mai 2017

Gorillaz - Humanz (2017)



  Bon, ne tournons pas autour du pot : cet album a beaucoup beaucoup déçu. Et c'est justifié. D'abord parce qu'il sort 7 ans (!) après un très bon Plastic Beach, que j'ai pour ma part adoré malgré quelques longueurs (je compte pas The Fall qui était plus un placement de produit qu'un vrai album malgré une voire deux trois bonnes chansons). Et ensuite, parce que malgré le casting, et l'attente, l'album sonne très creux, faible et putassier. Même en enlevant les 6 bonus tracks, on a quand même 20 morceaux en comptant les interludes, et parmi ceux-ci seule une poignée surnage. 

  Les réussites de ce disque, c'est d'abord "Ascension" qui doit beaucoup au flow addictif du très talentueux Vince Staples qu'on adore ici. Mais même s'il est simple, le beat électro-pop et funky est très bien foutu et porte bien la patte Gorillaz, accentuée par le chant plein de spleen d'Albarn sur un superbe pont. Le texte est bon, le morceau est concis et intense, bref, c'est génial. Le deuxième grand moment du disque, c'est "Andromeda", une pop song mélancolique gavée électro-funk comme Albarn sait si bien en faire (elle sonne très Plastic Beach pour le coup), avec là encore un invité qui transcende le morceau en la personne de DRAM, qui apporte sa soul, même si le beat, plus mélodique, se suffit davantage à lui-même que pour "Ascension"Après ces deux réussites majeures, on se doit d'évoquer un "Let Me Out" quasiment aussi bon, avec un beat synthétique très mélodique, là encore enrichi du spleen d'Albarn, de la soul de Mavis Staples et du flow incisif du génial Pusha-T

  Dans les réussites un poil moins éclatantes mais incontestables, on a ensuite "Hallelujah Money", avec Benjamin Clementine, la mélancolique "Busted And Blue", un peu plate mais belle quand même, et "Saturnz Barz", au beat plus proche du hip-hop dark et gavé de dub des débuts de Gorillaz. Une fois qu'on a réussi à assimiler l'autotune de Popcaan, le titre est vraiment bon, très réussi et fidèle à l'esprit du groupe. 

  Le reste, c'est à l'appréciation de chacun, mais dans l'ensemble c'est assez mauvais. Je sauverais bien "Momentz" avec De La Soul, car il y a deux trois bonnes idées dans ce titre autrement très grossier et inélégant.... Et encore. On peut dire ça de presque tous les titres. La participation de nombreux artistes de qualité est complètement inutile et tient plus du marketing que de l'artistique : Danny Brown, Kelela, Grace Jones, De La Soul, Gallagher, Jenny Beth.... Tandis que d'autres sont là sans qu'on ne sache trop pourquoi : je ne connais pas Peven Everett mais dieu que sa façon de chanter est ennuyante, et que fait cette horreur d'imposture soul/rock radiophonique qu'est Rag'n'bone Man sur un Gorillaz ?

  Bref, on aurait pu avoir un EP 6 titres du tonnerre, mais Albarn est visiblement parti dans la mauvaise direction en nous proposant cet album qui tient plus de la compile de Faces B abandonnées que d'autre chose, qui tourne souvent en rond, à vide, sans vision ni volonté. 
  Et puis à part pour être bien classé dans les charts streaming, quel intérêt de sortir 26 titres dont les 3/4 sont quasi inécoutables ? Qui va se farcir ça en entier plusieurs fois (à part les critiques et les fans désespérés d'entendre des fragments de bonnes idées ici ou là comme moi) ? Même en le considérant comme une "playlist", ou une compile de ratés, ce truc ne tient pas debout.... 

  Mais bon, merci quand même à Albarn et aux autres pour les 6 bons morceaux que j'ai cité plus haut, qui sont vraiment très réussis et qui valent le détour (en espérant qu'ils ne passent pas trop à la trappe à cause des critiques assez négatives et unanimes. 

(je vous conseille de l'écouter une ou deux fois, de faire votre tri, de rajouter les quelques bons morceaux à votre playlist gorillaz ou 2017 et de ne plus jamais y revenir, même dans 40 ans ce truc sera toujours aussi faible)

Alex