Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

samedi 28 octobre 2017

Setlist - DJ Set GMT #3 : Italo-Disco (Le Mojo, Nantes, 27/10/17)


  Comme vous le savez, nous faisons partie de l'équipe GMT pour GRAND MUSIC TOUR (à suivre ici) menée par Lucas de Méga-Parade, et dont le seul but est de faire déhancher tout Nantes à la crème de la crème des sons de contrées lointaines et d'époques révolues. Après une première édition comportant un set City Pop d'Etienne mettant en valeur le meilleur du funk nippon, nous avons fait découvrir à Nantes la synthpop d'Europe de l'Est lors de la deuxième (setlist ici). Et pour cette troisième édition, le programme était riche.
  On a démarré très fort avec un panorama instrumental du hip-hop aux USA. Sans MC par dessus, les plus incroyables tracks des producteurs de génie prennent une autre dimension, mettant en valeur breakbeats, boîtes à rythme et science du sampling. Un hommage mérité à des innovateurs de génie, pionniers du hip-hop souvent restés dans l'ombre, qu'on doit à Thomas et Etienne aka Goodil & DJ Monsieur de W2G.
  On a poursuivi avec ce que les ladies ont fait de mieux en matière de post-punk aux USA et en Europe grâce au set de Lucas de Méga-Parade. Une énergie revendicatrice qui puise ses origines dans le punk de la fin des 70's, tout en étant plus recherchée et expérimentale et qui a mis le feu à la piste.

  Pour terminer en paillettes, c'était à notre tour de passer une heure trente d'Italo-Disco séduisante. Parallèlement aux hits américains de l'époque, l'Italie, mais aussi l'Allemagne, la France l'Espagne ou la Belgique ont fait émerger un son irrésistiblement kitsch et intrinsèquement 80's. Je dois vous l'avouer, on flippait un peu avant, le dernier créneau de la soirée étant le plus exigeant. Mais la magie a opéré, et le public a dansé (même sur un slow !) : bien joué les filles et les gars, vous étiez vraiment au top ! On était très contents de vous faire découvrir ces sons et de vous faire dépenser des calories sur le dancefloor du Mojo jusqu'à 1h30. En tous cas nous avons surkiffé cette soirée.

  Merci aux potos de GMT, à commencer par le grand manitou Lucas et son organisation au millimètre, au plus que sympathique personnel du Mojo, et à tous ceux qui sont venus hier soir nous écouter, remplir le bar de l'odeur de leur sueur et de leurs bières renversées, et surtout mettre le feu à la piste !



La Setlist :

1) Charlie - Spacer Woman (1983 - Italie)
2) Giorgio Moroder - Chase (1978 - Allemagne/Italie)
3) (transition) Daft Punk & Giorgio Moroder - Giorgio By Moroder (2013 - France/USA - Allemagne/Italie)
4) Casco - Cybernetic Love (1983 - Italie)
5) Telex - Moskow Diskow (1979 - Belgique)
6) Kasso - I Love The Piano (1984 - Italie)
7) Transvolta - Disco Computer (1978 - Belgique)
8) Plustwo - New Sensation (1984 - Italie)
9) Fun Fun - Color My Love (1984 - Italie)
10) Pineapples - Come On Closer (1983 - Italie)
11) Clio - Faces (1985 - Italie)
12) Ryan Paris - La Dolce Vita (1983 - Italie)
14) BWH - Stop (1983 - Italie)
15) Alexandra - Riviera (1984 - Argentine/France)
16) Clio - Eyes (1984 - Italie)
17) New Order - Bizarre Love Triangle (1986 - Angleterre)
20) Ris - Love N Music (1988 - USA)
21) Mr Oizo & Phra - No Tony (2016 - France/Italie)
22) Lipps, Inc - Funkytown (1979 - Allemagne)
23) The Swiss - Kiss To Kiss (Breakbot Remix) (2013 - Australie/France)
Rappel : 24) P Lion - Dream (1984 - Italie)



Introduction à l'Italo-Disco :

  À la suite de l'italo-allemand Giorgio Moroder du producteur américain Patrick Cowley, ou d'artistes français comme Space ou Cerrone, toute une vague de groupes italiens vont s'emparer des sons électroniques de la scène teutonne pour les incorporer dans la chaleur de la disco locale, aboutissant à un style nouveau : l'Italo-Disco. 

  Traitant de sexe, d'espace, de robots, et souvent les trois en même temps, sur une musique riche en vocoder, rythmée et truffée de gimmicks irrésistibles, des groupes comme N.O.I.A., La Bionda, Klein + MBO ou Gazebo vont paver la voie de ce nouveau style dès 1978. Il atteindra son apogée en 82 et 83 avec des groupes comme Clio, Gary Low, Fancy ou Pineapples, avant de se laisser petit à petit dépasser par son côté sucré, nous laissant tout de même quelques morceaux de bravoure jusqu'au début des années 90 durant lesquels le genre se fait dépasser par l'Eurodance. 

  L'italo-disco est une affaire européenne, on retrouvera des musiciens français, espagnols, belges, ou même allemands composant cette musique, le plus souvent chantée dans la langue de Shakespeare. Même si paradoxalement le genre ne percera jamais réellement dans le monde anglo-saxon, les anglais préférant leur scène dance naissante et les américains la cousine de l'italo disco : la house hi-NRG. 

  Cette musique enfiévrée, au spectre large (du plus dark au plus commercial), fera des émules bien après son âge d'or, depuis les premiers Madonna jusqu'au débuts des Daft Punk. On ressent de nos jours jusque chez Justice, Breakbot, Kavinsky, Phoenix, Milk & Bones, Desire, Chromatics, Sébastien Tellier ou Lewis Ofman cette influence décisive.



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Contacts :
Le Mojo - 79 Rue Maréchal Joffre, 44000 Nantes : Facebook
Méga-Parade : Facebook
W2G : Facebook

Encore merci à tous !

Alexandre & Etienne 

jeudi 26 octobre 2017

Guerilla Toss, Jay Glass Dubs & Spinvis 2017


Guerilla Toss - GT Ultra (2017)

  Si vous aimez quand ça claque, écoutez ce disque. Qui démarre aussi sec par "Betty Dreams Of Green Men", une charge post-punk groovy comme du Tom Tom Club, tranchante, folle (et groovy) comme du Rapture, et excentrique (et groovy) comme du Of Montreal période Hissing Fauna... / Skeletal Lamping

Guerilla Toss - Betty Dreams Of Green Men (2017)

  L'électricité rageuse du groupe sait se fourvoyer joyeusement dans l'électronique entre noise, dissonances jazzy et outrances pop, sur "Can I Get The Real Stuff" ou "Crystal Run" avec même un peu d'autotune. Ou rester dans des climats plus pop-funk aux syncopes afro réminiscentes des deux groupes de Tina Weymouth (Talking Heads, Tom Tom Club) sur "TV Do Tell", "Dog In The Mirror", ou "The String Game" sur laquelle on se rend compte que les basses de ce groupe sont uniques.



  Cette folie permanente qui guide en permanence le groupe, c'est d'abord celle de Kassie Carlson, chanteuse géniale à l'énergie folle qui donne cette impulsion rock 2000's à l'ensemble du groupe (Kills, LCD Soundsystem, Brazilian Girls...). 


  C'est d'ailleurs à James Murphy de LCD qu'on pense en entendant le dernier morceau, "Dose Rate", qui aurait presque pu figurer sur This Is Happening. Ce n'est pas pour rien que le groupe est signé sur DFA... Et pour rendre à César ce qui est à César, c'est avant tout la synergie du groupe ensemble et avec la chanteuse qui accouche de tout ce qui se fait de mieux sur ce disque, à commencer par l'irrésistible "Skull Pop", le "Rock Lobster" des années 2010.

Guerilla Toss - Skull Pop (2017)

  La prod riche et chargée et les rythmes soutenus en rebuteront certains, mais la longueur raisonnable de l'album (8 titres) ainsi que le talent du groupe font passer tout cela très bien. L'album est donc vraiment à découvrir, par exemple par ici !


Jay Glass Dubs & Guerilla Toss - Jay Glass Dubs Vs Guerilla Toss (2017)

  Oh et si vous avez aimé checkez les versions dub de 4 morceaux du disque par l'américain basé à Athènes Jay Glass Dubs sur le super Jay Glass Dubs vs Guerilla Toss. Cet EP permet de bien mettre en valeur les côté post-punk, reggae et psychédéliques du groupe parfois un peu noyé sous le déluge funk-rock électronique, et non content d'être un indispensable compagnon au LP, c'est également une énorme réussite du genre, ce qui n'est pas rien en 2017.



Spinvis - Trein Vuur Dageraad (2017)

  Je vous propose après ça de rester dans un thème synthpop années 80 - pop-rock années 2000 dans les inspirations, mais dans un genre plus calme. En écoutant le dernier disque de Spinvis, groupe néerlandais emmené par son leader et seul "vrai" membre, Erik de Jong, véritable star du rock aux Pays-Bas et en Belgique avec déjà 7 albums à son actif sous ce nom depuis 2002.

Spinvis - Hallo, Maandag (2017)


  Le disque démarre parfaitement avec la folk-pop guitare-voix lo-fi de "Ergen Toen", magnifique de dénuement, qu'on croirait enregistrée dans une chambre. Hyper mélancolique et mélodique. On enchaîne avec un rock indé classique du début des années 2000 avec "Hallo, Maandag", quelque part entre The National, Biolay et les débuts de Coldplay, soutenu par de superbes arrangements orchestraux qui, avec le langage rugueux, contrebalancent à merveille la très (trop) catchy rythmique soutenue par le piano, et ce solo de guitare sursaturé. Cet équilibre entre sucré et amer permet un ensemble hyper réussi et intéressant à partir de parties qui dosées autrement auraient pu donner un énième titre indé indigeste. C'est là tout le génie du bonhomme. 


  On évite également la guimauve sur "Van de Bruid En De Zee" grâce à la retenue du chant et ce malgré les synthés façon 2e vague de synthpop anglaise. De même sur "Artis", qui a ce son clinique façon new wave diluée de la pop-rock des années 2000 (Infadels, Razorlight, Snow Patrol, Coldplay...), mais qui en fait bon usage comme seuls les meilleurs savaient le faire à l'époque, avec une science de la retenue aidée de la grande expérience de l'artiste et une inventivité dans les arrangements qui évite d'insister trop sur certaines sonorités (ce cor par exemple qui permet aux synthés de rester à leur place tout en redynamisant le morceau).

Spinvis - Artis (2017)


  Ca passe même très bien sur des ballades un peu pépères post-twee pop riches en glockenspiel à la Get Well Soon ("Tienduizend Zwaluwen" ou comment gagner au Scrabble en un titre de chanson, le morceau titre "Trein Vuur Dageraad" magnifié par des choeurs divins, ou la "Serenade" instrumental en fin de disque). Les arrangements simples et sophistiqués à la fois font mouche sur la dépouillée "Alles Is" et sur le magnifique duo de voix masculin/féminin "Wat blijft" et sa clarinette(?) qui me fait fondre. 

  Finalement, si on devait le rapprocher de quelqu'un, ce serait sûrement de Peter Von Poehl, artisan pop discret et toujours à la hauteur, creusant le sillon d'une pop intime pudique et émotionnelle, bouleversant par petites touches au risque de passer inaperçue pour les gens qui l'écouteraient trop vite ("Stefan en Lisette", magnifique et un chouia Dire Straits façon "Romeo & Juliet"). On croirait également entendre un titre de Biolay quand passe l'instru classieuse de la très bonne "De Kleine Symphonie"


Spinvis - Stefan en Lisette (2017)


  Et puis le disque arrive à varier en passant dans le jazz ("Nachtwinkle"), la folk de pub ("Dageraadplein", un peu comme du Renaud reprenant un truc irlandais après avoir écouté du Dylan, en version batave), de la pop-folk avec un côté intemporel aux sources du folk avec un côté mystique façon Leonard Cohen "Hij Danst").


  En bref, le disque est superbe, mais on a un peu le risque inverse du Guerilla Toss : celui de laisser indifférent car tout y est très propre, apaisé, calme, léché, réfléchi. Mais si vous êtes réceptifs à l'artiste et que vous prenez le temps de bien l'écouter, le jeu peut en valoir la chandelle. Dans le genre, je range ce CD avec I'm From Barcelona, Radical Face, Peter Von Poehl, Asaf Avidan et Get Well Soon, dans ce genre un peu ingrat de la pop à mi-chemin entre indé et mainstream, qui fait de la qualité mais n'est malheureusement reconnue à sa juste valeur par aucun des deux mondes. Et ça faisait longtemps qu'un disque du genre ne m'avait pas touché comme ça.

A vous de vous faire votre avis !


Alex

lundi 23 octobre 2017

Live Report : Concert de Timber Timbre à Nantes (Stereolux, 10/10/17)

Timber Timbre à Stereolux, Nantes, le 10/10/17

  Ça faisait un moment qu'on hésitait, et puis on a foncé. Etienne parce qu'il avait encore des souvenirs émus de Hot Dreams, moi parce que j'ai adoré le petit dernier, ce Sincerely, Future Pollution de cette année dont j'ai déjà dit le plus grand bien ici. Et nous sommes donc allés voir les canadiens Timber Timbre en concert.

  Mais nous avons d'abord eu le plaisir d'entendre en solo le britannique Chris Bundy, qui est le saxophoniste officiant pour le groupe, pour la première partie. Son set, étonnant, était très free jazz dans l'esprit. La plupart du temps seul avec son saxophone basse au son puissant et riche, il était parfois accompagné de bandes. Et on avait du mal à imaginer la tête de ses partitions tant ce qu'il jouait était complexe et davantage dans l'interprétation que dans les notes. On naviguait entre dissonances free, passages plus cool façon jazz 80's, expérimentations poussées à l’extrême et complexité mélodique issues du classique contemporain, et ouvertures vers l'art brut (son saxo sonnait parfois comme un didgeridoo, et le son de son souffle ainsi que le cliquetis de ses doigts faisaient partie intégrante de la musique, surtout pour nous, proches de la scène). Très puissant, intriguant et intéressant, et parfait pour instaurer une ambiance mystique, grave et dense avant l'arrivée de Timber Timbre. Et assez inhabituel comme ouverture pour un concert de rock indé (le côté alien étant renforcé par la dégaine de ce grand mec fin tiré à 4 épingles entre BCBG 50's et membre de Kraftwerk, accompagné de son énorme saxo), mais ça a bien plu, la salle très réceptive l'a applaudi plus que chaleureusement et l'a acclamé à chaque retour sur scène avec le groupe. Comme quoi, les gens sont loin d'être aussi limités dans leurs goûts que ce que les majors veulent bien croire.

Christopher "Chris" Bundy en solo

  Puis le groupe a débarqué, quasiment dans le noir, en jouant l'instrumental "Sincerely, Future Pollution", à la lente mise en place entre cold-wave et krautrock propulsée par la basse puissante du leader Taylor Kirk. Avant d'enchaîner sur une première partie faisant la part belle au superbe dernier album avec "Sewer Blues" puis "Velvet Gloves And Spirit" et la très nickcavienne "Moment". Toutes plus intenses et plus rock en live que sur disque. Portées par la voix toujours impeccable et profonde de Kirk, qui jure presque avec son physique de père de famille américain moyen, mais pas avec sa dégaine classic rock. C'est lui le leader du groupe en tous cas, pas de doute. Qu'il ait une basse en main ou une guitare (divin à la basse, il échangeait cependant souvent de rôle avec le guitariste selon les morceaux), son jeu musculeux, précis et implacable prenait l'ascendant sur toute la formation. On sentait un perfectionnisme dans chaque réglage sonore, aspect sur lequel il prenait bien son temps, et le résultat était là : sa basse, surtout, ne sonne comme personne. Tantôt ultra-puissante mais classique, tantôt alien, sonnant comme tout sauf une bête basse, truffées d'échos et de reverb, elle était toujours au coeur du live. Tandis que ses acolytes tricotaient des embellissement  à la guitare, bidouillaient des nappes dissonantes pour ajouter à l'ambiance psychédélique au synthé ou martelaient des rythmes simples sur lesquels se caler à la batterie.

Chris Bundy & Timber Timbre sur "Hot Dreams"

  D'autre part, le groupe devrait réellement engager Chris Bundy comme 5e membre tant ses interventions étaient un énorme apport à chaque fois qu'il se montrait sur un morceau (et heureusement ça arrivait souvent). Sur l'obligatoire final de "Hot Dreams" évidemment, satisfaisant à l'extrêmes pour nos oreilles de petits fans, mais également tout au long du concert.

  Du dernier LP, on aura notamment eu le droit à une interprétation hantée de "Western Questions", et à une version de "Grifting" encore plus Stevie Wonder en concert que sur disque. De Hot Dreams, on retiendra la psychédélique "Curtains!?". Et les premiers morceaux plus lo-fi du groupe prennent vraiment une nouvelle dimension avec la voix plus assurée et pleine de Kirk, qui vieillit magnifiquement. 

  Après deux rappels ovationnés, un public conquis et un Taylor Kirk ému jusqu'à avoir les yeux humides, le groupe nous a quittés, sans doute avec le plaisir du travail bien fait (sans jouer ma chouchoute, "Floating Cathedral", à mon grand regret, mais ce sera pour une prochaine fois). Bref, un extraordinaire concert que je suis heureux d'avoir pu partager avec mon poto Etienne.


Setlist approximative 
(ils ont joué des trucs en plus en rappel)

Alexandre

samedi 21 octobre 2017

Maya - Lait de coco (1987)


     Un petit air des îles, un petit air d'ici. Un petit air glamour et petit air de sax'. Maya nous berce au son tropical du funk neo-soul 80's romantique, allant chercher le sublime dans le kitch, quelque part entre Michel Berger, Laurent Voulzy, Gilberto Gil et Gilbert Montagné. Les plus perspicaces y auront peut être reconnu la co-production de Christophe Laurent qui avait déjà sévi en 1985 sur le là encore très sud américain Nuits Brésiliennes.
     Sorti en 1987 et déjà dépassé par une production typée début 80's que l'on peut retrouver sur des morceaux de french funk comme Visa Pour Aimer de Plaisir sorti en 1984, le 2ème degré est un plaisir coupable dont la pochette en est le manifeste artifice. On y entend aussi des sonorités rappelant le disco funk japonais 80's de Piper et leur génial album Summer Breeze, son aîné de 4 ans.

     Pressé en 45 tours, il comporte deux faces comportant deux versions du même morceau sensiblement. Ce sera malheureusement le seul projet de Christophe Laurent estampillé Maya.

Je vous laisse en apprécier les paroles.









Elle était allongée sur la plage 
Nue sur le sable chaud 
Et le vent, le vent tournait les pages 
De son San Antonio

J'arrivais dans ma décapotable 
Beau minet, belle bagnole 
Gomina, Ray-Bans, look impeccable 
De quoi la rendre folle

R/ L'ombre des oiseaux caressait sa peau, elle bronzait au lait de coco (bis) 

Vas-y Aldo, fais-lui ton numéro 
Pas chaloupé, tango 
Parle-lui de ton yacht, de ta villa 
À Copacabana

R/ L'ombre des oiseaux caressait sa peau, elle bronzait au lait de coco (bis) 

Mais toutes les plus belles histoires s'arrêtent 
Et je me réveillais 
J'avais fait un rêve, dans ma tête 
Ce refrain résonnait

R/ L'ombre des oiseaux caressait sa peau, elle bronzait au lait de coco (bis) 

Bonne écoute à tous !


ETIENNE

mercredi 18 octobre 2017

Joep Franssens - Harmony of the Spheres (2001)





     Une oeuvre magistrale composée en 5 mouvements par le néerlandais Joep Franssens entre 1994 et 2001. Une quintessence de la consonance et de la sobriété. Un aboutissement céleste de la musique vocal par une certaine représentation de la pureté et de l'harmonie pythagoricienne. Une reviviscence mystique et contemporaine des oeuvres de Hildegarde Von Bingen et de J.S. Bach dans une stupéfiante cyclicité nietzschéenne, comme une représentation musicale du surhomme dans un singulier et éternel retour du même. L'oeuvre profane rappelle paradoxalement la transcendance d'un requiem de Fauré et son In Paradisium, tandis que la recherche tonale et minimaliste trouve une certaine inspiration dans le travail de Steve Reich.

     Cette lumineuse interprétation est l'oeuvre du Netherlands Chamber Choir et du Tallinn Chamber Orchestra sous la direction de Tõnu Kaljuste.


Bonne (ré)écoute à tous,




Etienne

dimanche 15 octobre 2017

Nit - Dessous de Plage (2017)

Place à un chef d'oeuvre, on tient ici la meilleur production frenchy de l'année ! Sorti en mars dernier sur le label indé Mutant Ninja, il est le fruit de Corentin Kerdraon aka Nit. Chroniqueur radio, directeur d'antenne à Radio Campus, programmateur musical chez Radio Nova, organisateur de festival, mais aussi musicien, producteur, collectionneur de vieux synthés, il a pratiquement tout fait depuis 10 ans. Officiant jusqu'alors dans un duo nommé (nit)neroc, il avait notamment sorti MonsterSplit, un split album édité chez MonsterK7. Cette année, place à un projet solo pour son premier Ep, Dessous de Place.






     Un Ep sous le soleil de la planète funk, qui vous enveloppera de son groove dès son génial Choudiboubidou, qui nous embarque dans un univers sucré et surréaliste, foisonnant de synthétiseurs modulaires à gogo et de cocottes funky. Cette jungle extravagante s'anime dans un étonnant modern funk à la Dam Funk, quasi tropical avec ses presque accents de calypso. Un effet apporté par une production bruitiste, probablement inspirée de son travail de composition de jingle radio, utilisant une riche variété de sonorité, rendant très vivant l'ensemble. Une approche bruitiste évoquant aussi l'ondioline du fabuleux The Amazing New Electronic Pop Sound of Jean-Jacques Perrey, qui nous a quitté il y a bientôt 1 an jour pour jour et dont vous pouvez retrouver notre chronique ici. Ce mélange d'influence 60's et 80's est décrit à merveille par Le Drone qui définit avec beaucoup de pertinence la musique de Nit comme "le plus court chemin entre Dam Funk et Jean-Jacques Perrey".
     Ces sonorités et ces influences nous ramènent aussi aux origines du rap et de l'electro-funk avec Sugar Hill Gang, Zapp & Roger ou bien à Grandmaster Flash. Et comment ne pas entendre un peu d'Afrika Bambaata dans cette voix étirée vers les graves et remplie d'echo.

     S'en suit Frequentations Modulantes qui pousse à fond la production early 80's dans une ambiance entre Tom Tom Club et Patrick Cowley,  mettant ainsi en valeur la meilleur partie de la décennie. Des ambiances que l'on retrouve parfaitement dans tout le versant japonnais de cette période, avec les trop méconnus artistes de la City Pop, à l'instar de Junko Ohashi ou Makoto Matsushita. Toutes ces sonorités se retrouvent d'ailleurs assez bien dans la vague modern funk parisienne impulsée par le maintenant emblématique label Roche Music avec des artistes comme Dabeull, tout autant que dans la neo-soul de Homeshake ( notre chronique par ici).


     Dans le morceau suivant, Imparfaite, on recule d'une décennie et demi, avec des influences clairement 60's à la Gainsbourg, tant dans la voix que l'orchestration, le tout lubrifié par quelques ponts plus électroniques n'étant pas sans rappeler le délicieux Caravelle de Polo & Pan (notre chronique par ici), qui lui aussi mélangeait influences 60's et production électronique.

     Le troisième morceau, Bricolage et Mélancolie, prolonge l'expérience 60's sur son versant cinématographique, comme si François De Roubaix revenait composer la B.O. du prochain Jean-Pierre Melville avec Delon dans le rôle principal. Sacrée époque. Le titre du morceau nous donne alors le secret de ce rendu assez authentique avec cet enchevêtrement sonore "bricolé" en indé. Une recherche que l'on peut rapprocher de celle de Florent Marchet en 2014 avec des titres comme Apollo 21

     Un style B.O., plus orchestral et mélodique qui se poursuit en apothéose sur le dernier et trop court morceau L'étoile aux renards qui se laisse désirer avant de relancer la machine avec un génial break rythmique ne demandant qu'à rempiler pour un nouveau tour. Le morceau est aussi l'occasion d'aborder les influences du funk jazz 70's français avec le somptueux Troupeau Bleu de Cortex, dont vous pouvez retrouver notre chronique ici.


Un Ep marquant de cette année à ne manquer sous aucun prétexte, tant par la qualité de sa production que par ses influences ambitieuses. Je vous recommande chaudement l'acquisition de la belle galette vinyle par ici au petit prix de 11€. Sinon, n'hésitez pas à sauter sur le lien Soundcloud où Frequentations Modulantes est en free download.

Bonne écoute à tous,



Etienne




jeudi 12 octobre 2017

Laurent Voulzy - Timides et Jelly Bean (Chansons, 2017 et 2008)

  Extraite de Belem, le dernier album du musicien, "Timides" est une merveille. Ecrite alors qu'il n'avait que 17 ans, elle a ce petit truc, comme "Jelly Bean" sur Recollection (2008), qui la place bien au-dessus du reste du disque. Et qui la place directement dans mon panthéon personnel de l'artiste et plus largement de la chanson française, de la pop et de la musique tout court. Une guitare bossa calme, jouée comme ça, sans pression, un chant sensible, un texte naïf bien écrit. Il ne m'en faut pas plus. La chanson est dispo ici

Elle ne parle jamais 

Sauf quand elle murmure 
Elle ne sourit jamais 
Qu'en baissant les yeux 
Si seulement elle était un peu moins timide 
J'oserai lui parler devant elle 
Je serai moins stupide 
Dès que je la regarde 
Ses joues deviennent roses 
Quand je m'approche d'elle 
Ses mains semblent effrayées 

J'aimerai qu'elle se couche ce soir 
Avec un peu de fièvre 
Pour oser déposer un baiser 
Sur le coin de ses lèvres 

Elle ne parle jamais 
Mais moi je ne dis plus rien quand elle est là 
C'est ainsi que tout finira 


Par des la la li, des la la la 

J'aimerai lui chanter ma chanson à l'oreille 
Et passer doucement ma main dans ses cheveux 
Et ce soir l'emmener pour lui dire si j'en ai le courage 
Tous les mots que j'ai gardé pour elle 
Comme on ouvre une cage 
Elle ne parle 
Elle ne parle jamais 
Mais moi je ne dis plus rien quand elle est là 
C'est ainsi que ça finira 
Dans une chanson qu'elle n'entendra pas 

J'aimerai qu'elle se couche ce soir 
Avec un peu de fièvre 
Pour oser déposer un baiser 
Sur le coin de ses lèvres


  Quant à "Jelly Bean", elle a accompagné mes solitudes au lycée et au début de la fac, avec son texte auquel je pouvais m'identifier : ce petit gars fou de pop et de rock, un peu décalé, timide, plein de rêves, c'était moi ("Les filles aiment les mecs / Qui font les cakes en boîte / Moi, elle ne me trouvaient pas adéquat / Les voitures, le foot / J'en avais rien à foutre"). C'était un petit miracle pop, entre mélodie implacable, instrumentation pop 60's, ligne de chant fragile et belle, et texte (de Souchon) qui semblait écrit pour moi. Et c'est toujours un plaisir inouï de l'entendre cette chanson qui fait partie de ce qu'on peut faire de mieux en pop en France. Et ce n'est que justice pour moi de rendre ainsi hommage à un des plus grands musiciens de ce pays, injustement sous-estimé.

Laurent Voulzy - Jelly Bean (2008)

Ainsi va la vie
Mystérieuse, dérisoire
Ainsi va la vie, baby
Voici mon histoire
Oh yeah, yéyé
You know what I mean
Jelly Bean

Au début, rue Saint-Georges
Paris neuvième
J'avais cinq ans
Des ballons
Des choux à la crème
On était seuls avec ma mère
Tous les deux célibataires
You know what I mean
Jelly Bean

Et puis un jour
On est partis banlieue Est

Maman rêvait toujours de films
De danse, de gestes
Merengué, biguine
Dans la cuisine
You know what I mean
Jelly Bean

Le dimanche à la messe
Je m'habillais beau garçon
Pantalon qui pique
Une veste en carton
Une voisine divine : Evelyne
You know what I mean
Jelly Bean

Dans les établissements scolaires
O ou wo
Blue-jean, banane
O ou wo
Bebop, bebop
Chic
Ça devenait pop
You know what I mean
Jelly Bean

Je rêvais d'avoir un style
You know what I mean
Jelly Bean

Les filles aiment les mecs
Qui font les cakes en boîte
Moi, elles ne me trouvaient pas adéquat
Les voitures, le foot
J'en avais rien à foutre
You know what I mean
Jelly Bean

Moi, c'était pas non plus l'argent
Qui cloue l' bec
Qui rend le coeur sec
J'entendais à l'intérieur
Un air qui m'emportait ailleurs
You know what I mean
Jelly Bean

J'étais bien
Dans la salle de bain
Quand j' faisais mon cirque
Avec ma guitare en plastique
J'aimais me voir
Dans le miroir
You know what I mean
Jelly Bean

Dans une chanson, un jour, 
Je raconterai mon histoire
Ainsi va la vie
Mystérieuse, dérisoire

Je savais tôt ou tard
Qu'il fallait m'absenter
En tambours, en guitares
Que j'allais m'envoler
Je sentais comme des ailes
Pousser dans mon dos, la si do ré
Devenir immortel
Être dans les radios, adoré


Alex

lundi 9 octobre 2017

Sacrée semaine ! : Moses Sumney & Kelela 2017


Moses Sumney - Aromanticism (2017)

  Deux des albums les plus intéressants de l'année sont sortis en même temps vendredi 06 Octobre 2017 : Aromanticism de Moses Sumney et Take Me Apart de Kelela. 

  Révélé par Frank Ocean, ayant tourné avec Sufjan Stevens, ayant participé à la chanson "Mad" de Solange et Lil Wayne, on se doutait que le californien Moses Sumney voyait la musique comme quelque chose de trop grand pour être confiné dans des genres étriqués. Mais l'ampleur de cet album est inouïe. Imprédictible. En effet, à l'aide d'acolytes prestigieux, comme le formidable jazzman éclectique Thundercat à la basse, ou Matt Otto (du groupe de pop-rock indé Majical Cloudz) à la production, Sumney dépasse tous les cadres de la musique. 


  L'album démarre comme un disque de pop baroque 60's avec les choeurs de "Man On The Moon (Reprise)" et le psychédélisme folk de "Don't Bother Calling", porté par des arpèges beaux comme du Radiohead, une voix quelque part entre Prince, Smokey Robinson, Marvin Gaye, Sam Cooke, Thom Yorke, ANOHNI, et Tim Buckley


  La pop indé qui en ressort fait autant penser aux climats froids et immaculés de Grizzly Bear qu'à la nu-soul d'Erykah Badu, au chant éraillé mais plein de soul de Sly Stone ou Connan Mockasin ou qu'à l'opéra intimiste du dernier Arca dans ses flashes de cordes. Le dépouillement total de "Doomed" (qui possède un très beau clip dispo ci-dessous) vous fera penser à ce dernier et à Yorke, et vous émouvra surtout au-delà du raisonnable.

Moses Sumney - Doomed (2017)

  "Plastic" évoque dans sa beauté pure le meilleur de la bossa, ainsi que la soul/rnb teintée de folk de Lianna La Havas, les inflexions jazz de Tim Buckley ou de Joni Mitchell


  "Quarrell" continue sur un rythme presque calypso avec une ambiance easy listening presque désuète et un chant carrément gospel comme un Cee-Lo Green sensible, porté par des montagnes russes folk-rock dignes d'A Moon Shaped Pool. Le folk presque pastoral d'"Indulge Me" filera aussi directement dans la catégorie petite merveille.

Moses Sumney - Plastic (Live, 2017)

  La construction méticuleuse de l'album et sa grandeur sont aussi reflétées dans les interludes "The Cocoon-Eyed Baby" et "Stoicism" dont le field recording et le spoken word sur une prod presque ambient rappellent autant les dernier Blood Orange (THE album de 2016) et Frank Ocean que le travail d'Arthur Russel. D'autant plus que ce morceau se fond dans un "Lonely World" d'abord dissonant puis psyché-folk puis quasiment house avec un aspect minimaliste façon Terry Riley dans la répétition de la boucle principale et son enrichissement, ainsi que des percussions afro-jazz merveilleuses et une basse virtuose sur la fin. D'ailleurs, ce titre (lui aussi doté d'un très bon clip, cf ci-dessous) n'est jamais aussi bon que dans le contexte de l'album, qui se révèle être bien plus que la somme de ses parts tant il est bien construit. 

Moses Sumney - Lonely World (2017)

  Le rnb sensuel de "Make Out In The Car" est accompagné d'une merveilleuse flûte et de ponctuations orchestrales qui, mêlées à l'électronique, rappellent Sufjan Stevens. Et le rnb expérimental de "Self-Hate Tape" déroute tant il foisonne d'une vie complexe et belle. 


  Pour ne rien gâcher, l'artwork est sublime, et l'axe suivi par les textes basés autour du concept d'"aromantisme", c'est à dire le questionnement autour de la place du couple dans notre société (a-t-on toujours besoin d'un l'autre ? peut-on être heureux seul ? peut-on imaginer d'autres formes de liens, d'autres vies ?) est original, personnel, touchant et hyper intéressant. 

  Bref, un des albums de l'année, si ce n'est le numéro (on verra ça avec le recul), que je vous recommande de toutes mes forces d'aller écouter (par ici par exemple).






Kelela - Take Me Apart (2017)

  Avec une sensibilité différente, qui est la sienne, la chanteuse Kelela brasse elle aussi des influences larges et dépassant largement le cadre du rnb dans lequel on pourrait trop facilement la cadrer, par paresse intellectuelle ou par préjugés raciaux. La production est en effet ultra-moderne, très électronique, avec un côté néo-80s, et le chant oscille entre rnb, soul, rap, et pop. Dès l'introductif "Frontline", on entend tout ça. Le côté insistant, presque ambient de la prod, presque dystopique aussi (on n'est pas loin de Blade Runner dans l'ambiance), les inflexions trap des rythmiques et de la voix du refrain, la douceur de velours qu'elle invoque pour les couplets. Ce n'est pas pour rien qu'elle est signée chez Warp.



  Ce mélange rétro-futuriste et ultra-moderne, ayant pour thématique principale l'amour charnel (visible sur les très beaux visuels et la pochette), est aussi très audible dans "Waitin", qui évoque tour à tour Mariah Carey, Michael et Janet Jackson, et Timbaland. Ou "Take Me Apart", qui mêle une électronique multicolore post-dubstep à la Son Lux, un rnb classique des 90's, une pop accessible de mégastar des années 2000 et un son deep house assez anglais. Prenant un chemin opposé sur "Enough", Kelela noie le mix sous des nappes de synthé écrasantes et oniriques soutenues par sa voix puissante et belle et propulsée par une rythmique martiale. Presque de la dream-pop, dans une démarche proche de Grimes ou Crystal Castles à leur plus apaisé. Comme "Blue Light", qui sonne weird comme la Madonna de "Music" ou Björk à son plus énervé, sur une prod proche du 808s & Heartbreaks de Kanye West passée à la moulinette d'un post-dubstep musculeux et d'une trap agile.



  Mais l'apogée de ce mélange, c'est le superbe single "LMK", à la prod à la fois rétro et moderne (entre Timbaland, Arca et Mike WiLL Made-It en gros), et aux vocaux carrément rnb. Et avec un clip sombre qui est un immense hommage aux superproductions de l'époque. Dans le même genre, "Truth Or Dare" étonne avec un break absolument génial, entre Prince, Dâm-Funk et Jai Paul.

  Sur "Onanon" planent les fantômes des divas de plusieurs générations (des girls group à Beyoncé et SZA en passant par les girls group 60's, Aaliyah et tant d'autres) le morceau es ultra-mélodique et impressionnant vocalement, et arrive à rendre ultra-tubesques et énormes des arrangments et une construction pas si évidents que ça. Ce côté soul et rassembleur est également bien exploité sur la mélancolique "Altadena", très jacksonesque également dans ce chant incroyablement touchant et dans cette instru néo-80's. 

Kelela - LMK (2017)

  On pense également à MJ, ainsi qu'à Nao, sur la douce ballade hypermoderne et atmosphérique "Jupiter". Égalée en beauté par la suivante, "Better", avec un feeling soul froid à la Blood Orange ou Solange. Ce sens du dénuement et du storytelling dans un chant à forte personnalité parcourt aussi "Turn To Dust" magnifiée par des arrangements orchestraux parfaits, et trouve son point d'orgue sur la très belle "S.O.S". On retrouve cette même démarche, en mode trap-pop, sur "Bluff"


  En bref, l'album est vraiment bon, c'est un incontournable de cette année et un grand pas en avant pour l'artiste qui a mis longtemps à le fignoler, ce qui a fini par payer.


Alex