Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

mardi 31 janvier 2017

Véronique Sanson - Le Maudit (1974)


    Cette semaine, la pop française est à l'honneur avec un classique du genre par jour jusqu'à dimanche. Des disques qui nous tiennent particulièrement à cœur et que nous considérons comme des classiques indépassables dans leurs genres respectifs.

  Ca démarre direct avec ma chanson préférée de Sanson : "Alia Souza" et son groove irrésistible de requins de studio. Que dire, le son est génial, les musiciens sont des tueurs, la chanson est divinement composée et interprétée par une Véronique qui chante à merveille.

  La pop classieuse de l'ensemble de l'album est illustrée à merveille sur l'anglophone "Christopher". Mais c'est en français que Sanson touche le plus comme sur "Cent Fois", où les digressions instrumentales donnent plus de poids aux passages chantés. Bon sang, ce jeu de piano bluesy et boogie à la fois.... et le rythme funky, la basse de tueur.... l'orchestre.... C'est d'une musicalité hors norme, les musiciens ont tous de l'or en barre entre les doigts.

  Cette pop est finalement assez rock et carrément funky, comme on pourra le constater sur "Les Cloches de Carmel", et c'est probablement ça qui fait sa longévité et sa pertinence, comparée à la raideur ringarde de la majorité de ses contemporains en France. Même sur un titre plus simple comme "L'Etoile Rouge" on a des interventions orchestrales d'une grande beauté et des parties de guitare virtuoses, mais tout ça au service de la chanson et pas du tout de façon inutilement démonstrative. Idem sur le blues-rock de "On m'attend là-bas", on a presque un goût de poussière dans la bouche et du sable qui crisse entre les dents à son écoute tellement le jeu des musiciens est évocateur.

  Mais cet album est aussi mémorable pour ses moments de mise à nu, comme sur "Véronique" la bien nommée, "Ma Musique s'en Va" ou "Un peu plus de noir". Avec en point d'orgue le puissant "Le Maudit". Une dernière fois, faut arrêter avec les complexes amis français, ce disque est au moins aussi bon qu'un Joplin (que j'adore également par ailleurs). Le texte et le chant sont déchirants, la musique l'est également. Vous voulez une preuve de plus ? "Bouddha" va vous achever. Bon sang, derrière le funk, c'est le blues la fondation de ce disque d'une tristesse et d'une noirceur assez inédites en France à un tel niveau de popularité. C'est un album très profond, qui prend aux tripes et qui se réécoute un nombre infini de fois, avec toujours un petit truc en plus à découvrir, un arrangement, une tournure de phrase, une subtilité du texte ou du chant...

  Bref, vous le savez car je l'ai annoncé lors du lancement de cette semaine sur la pop française, mais ce disque est un sacré classique, une claque totale et un de mes albums favoris non seulement issus de France mais tout court. Un vrai chef-d'oeuvre à (re)découvrir ici.

Alex


lundi 30 janvier 2017

Alain Chamfort - Poses (1979)



    Cette semaine, la pop française est à l'honneur avec un classique du genre par jour jusqu'à dimanche. Des disques qui nous tiennent particulièrement à cœur et que nous considérons comme des classiques indépassables dans leurs genres respectifs.

  Je vous présente le troisième album d'Alain Chamfort, Poses. Sorti en cette séminale année 1979, au carrefour de la fin du disco, de la new wave triomphante et de la pop synthétique en pleine éclosion.

  Cette ébullition musicale s'entend ici pleinement, et je dois dire que c'est pour mon plus grand bonheur. Dès "Manureva" (sûrement un tube, je l'ai déjà entendue quelque part elle), on entend de tout : synthés new wave mais avec un peu du disco sombre et urbain cousin de celui Moroder ou Patrick Cowley (oui, et Juvet aussi, surtout vocalement). Et la rythmique est encore très sèche, le son tranchant et insistant de la basse fait encore très post-punk, même si elle sait se faire funky sur le refrain. Le chant est impeccable, et l'ensemble aussi prenant qu'addictif, le genre de morceau par lequel on aime se laisser porter. Rien à redire, c'est puissant, accrocheur, ample, c'est un vrai classique.

  Et c'est pas fini. "Démodé" enfonce le clou avec une pop entre Moroder, synth-pop, et est dotée d'une basse bondissante dont l'efficacité a été piquée chez Chic (même si elle n'attend pas la finesse de celle d'Edwards évidemment) et un texte malin et assez insolemment rock. Le refrain tout en trompettes synthétiques est aussi désuet que le titre du morceau le laisse suggérer, mais il est aussi diablement efficace. Le chant haut perché sert à merveille le tout. Bref, là encore, réussite totale du genre. 

  Ce chant invraisemblablement aigu sait aussi se faire caressant et charmeur, comme sur la belle ballade "Palais Royal" dont le côté cheesy assumé fait finalement la force. C'est tellement bien fait qu'on ne peut que laisser tomber les armes, et qu'on adhère totalement. Et après cette accalmie, une sacrée claque : le clavier hyperactif et glam de "Toute La Ville En Parle" et son chant théâtral de fausset très Sparks (un peu Balavoine aussi), avec un refrain très comédie musicale (entre Grease et Wham! on va dire), ça devrait vraiment être trop mais ça fonctionne malgré tout à merveille. Chamfort est sacrément doué, et il avait un sacré mojo en 79.

  La fin de l'album est elle aussi très honorable. "Let Me Try It Again" est une belle ballade eighties, qui a un charme fou mais j'aurais sans doute préféré un chant en français à titre personnel. Ensuite, "Beguine" est une sympathique chanson pop qui joue avec les mêmes éléments que les chef-d'oeuvres ouvrant l'album, mais sans atteindre leur impact et leur qualité. De même, la ballade "Géant", sur la paternité, sonne plus mièvre et molle que les précédentes. Heureusement, "Bébé Polaroid" clôture l'album sur une très sympathique touche électro-pop généreuse et pleine d'énergie.

  Ce disque est donc un petit classique méconnu de la pop française et d'une certaine synth-pop qui peut avoir un aspect racoleur mais qui dans le fond est super bien foutue, au carrefour d'époques cruciales dans la musique, un pied dans les 70s glam, disco et post-punk et un autre vers le futur synthétique, électro-pop et new wave des 80s. Et c'est ce qui rend ce disque aussi passionnant. 
  Ça, et puis Chamfort dont le talent, l'intelligence et la personnalité transpirent tout au long de l'écoute (en parlant d'écoute c'est par là).  


Alex




dimanche 29 janvier 2017

La Semaine de La Pop n°1 : Semaine Pop Française (Février 2017)



  Hello les amis, nous lançons un nouveau concept : une semaine par mois, nous mettrons en valeur sept disques selon un thème soit décidé à l'avance par nous, soit par vous (si certains souhaitent en suggérer en commentaires de cet article). Sept disques de demain (lundi) à dimanche prochain, ce dimanche étant consacré à l'annonce du thème et à vos propositions pour de prochaines éditions. Ces LP seront à l'image de nos goûts : un mélange de classiques bien établis, d'autres oubliés et de disques plu récents qui méritent l'appellation de chef-d’œuvres. 

  Pour cette première édition de Février 2017, nous allons mettre la pop made in France à l'honneur, avec un album à découvrir par jour (de lundi à dimanche donc), avec une seule consigne : que ce disque soit un album de chevet pour nous, et que l'artiste soit français ou francophone. 

Alors à demain pour le premier, et bonne semaine à vous sur LPAE !

Etienne & Alexandre


jeudi 26 janvier 2017

Chastity Belt - Time to Go Home (2015)

Deuxième album studio du quatuor féminin état-unien originaire de WallaWalla, Washington, non loin de Seattle, Time to Go Home tourne très régulièrement sur mes enceintes depuis sa sortie sur le label Hardly Art en 2015. Un album de rock indé somme toute assez classique, mais qui n'est pas pour autant dénué de nombreux atouts. Je me devais donc de vous le faire (re)découvrir !




     Dans un style très authentique, le groupe ne s'encombre d'aucune fioriture pour nous charmer et débute l'album avec Drone, sans l'embarras d'une introduction, posant dés lors les bases de leur rock indé mélancolique et juvénile, usant de guitares twangy, de reverbe et d'écho, pour un rendu acoustique tout droit sorti de la froideur d'une église. Inspirées du livre How Should a Person Be ? de Sheila Heti et sous le couvert d'une vague histoire d'amour plus qu'impersonnelle, la chanson nous parle plus profondément de féminisme et plus particulièrement de ce paternalisme qu'exerce de nombreux hommes à l'égard des femmes, notamment dans le milieu musical. "He was just another man, tryn'a teach me something" chante Julia Shapiro. "It can be looked as like, in a relationship, kind of mansplaining in a relationship and mansplaining in professional, everyday life" disait l'intéressée au sujet de ce titre dans Noisy en mars 2015.


     Trapped nous donne à voir un versant dépressif, empruntant au punk sa vision existentialiste voire nihiliste, "Now when I close my eyes I envy anyone who feels alright".
De ce groupe, d'autre caractéristiques nous rappellent le punk, que ce soit ce chant féminin désintéressé de Julia Shapiro, rappelant celui de Courtney Barnett ou Pj Harvey, la simplicité et la répétitivité mélodique menée par la guitare de Lydia Lund et soutenu par la batterie de Annie Truscott et la basse de Gretchenn Grimm, mais aussi cette formation féminine aux textes engagés rapellant de nombreux groupes tel X-Ray Spex ou The Slits.


De gauche à droite :
Julia Shapiro - Vocal et guitare rythmique
Annie Truscott - Guitare basse
Lydia Lund - Guitare solo
Gretchen Grimm - Batterie

     S'en suit Why Try, poursuivant le questionnement existentialiste juvénile, dans une ritournelle qui s'intensifie en rythme et en énervement. On y entend alors les envolées vocales évoquant Robert Smith et le post punk de The Cure. On redescend ensuite sur le très plaisant Cool Slut, dont l'humour assumé ne laisse pas indifférent, servant la encore la cause féminine "Ladies it's okay to be, It's okay to be slutty". Niveau mélodique, la simplicité est là encore de mise et ce n'est pas un hasard puisque c'est une des première compositions de Julia Shapiro, dont le titre est inspiré d'un tag qu'elle avait fait adolescente. Les influences folk rock de l'album transparaissent assez nettement sur ce titre, rappelant Real Estate, Warpaint et Mac Demarco. Apparaît alors, à ce stade de l'album, ce qui fait sa richesse, un sentiment assez ambiguë oscillant entre la monotonie et l'hypnose, qui agacera certains et enchantera les autres.

     Déboule ensuite le rock effrayant de The Thing, en référence au film d'horreur réalisé par John Carpenter, venant électriser ce milieu de disque transpirant le garage punk des Pixies, "Everyone's infected Everyone".


The Thing de John Carpenter

     Puis arrive Joke qui n'est pas sans rappeler le post punk des Smiths ou de Pavement et le surf rock des Drums, avec Lydia et son jeu note par note, staccato, continuant à nous élever dans cette ambiance mystique. Lydia, probablement en référence à la guitariste du groupe, propose un paysage brumeux où, dans l'alcool, se mêle naïvement rêve et réalité. Dans un esprit toujours plus rock, IDC parle là aussi d'alcool, celui qui nous fait oublier l'ennui d'une vie que l'on voudrait autre.

Ce 10 titres se termine finalement sur le lancinant Time to Go Home qui donne son nom à l'album. On y atteint l'ivresse, mais le lendemain nous guette !



    Plus qu'un rock pour ados, Chastity Belt nous parle sur le ton anxieux, désinvolte et naïf de l'adolescence de thèmes qui nous animent encore quelque soit notre âge, que ce soit la valeur de nos relations, nos ruptures ou le sens de notre vie. Avec ses influences rock allant du garage, au post-punk, en passant par le surf rock, Chastity Belt se pose en équivalent féminin de The Drums et, sans pour autant le révolutionné, perpétue un bel héritage. De cette musique émane la sincérité d'une amitié entre quatre femmes animées par la passion d'une musique simple et authentique qu'elles nous transmettent avec brio, dans un album très intègre et spontané, tel une belle session jam. 



Voici les liens pour l'écouter sur Deezer et Spotify.

Pour écouter leur premier album, No Regerts ( non pas de coquille, je vous assure) sorti en 2013, c'est ici.

A écouter aussi, l'autre projet beaucoup plus punk de Julia Shapiro, Childbirth.

Pour en découvrir un peu plus je vous recommande l'interview du groupe dans Noisey et celle de Julia Shapiro pour Seattle Met.



Etienne



mercredi 25 janvier 2017

Soft Powers - Bad Pop (2014)


  En voilà un disque qui porte mal son nom. Car la pop lo-fi et funky de Soft Powers a un énorme potentiel, elle sonne à la fois personnelle et très fédératrice. Ça s'entend dès le premier morceau "Moon Culture", qui démarre sur un synthé introspectif avant de partir en disco-pop saturée. Avec un fond rock bien présent dans le chant, la raideur du son de la batterie et le tranchant du riff funky. Et puis on enchaîne sur "Strawberry Soup" qui devrait être un tube dans un monde parfait, grâce à son chant sous hélium entre champis et Bee Gees et sa mélodie obsédante appuyé par un beat dansant.  

  Beaucoup de cousinages sonores pourraient être évoqués, mais le projet ne sonne exactement comme personne d'autre, c'est ce délicat équilibre entre production douce et lo-fi saturée qui en fait tout le sel, c'est très audible sur la vintage "Dr. Philip David Collins" et la déchirante "Just Like Tropica-L", un sommet d'émotion aux basses lancinantes appuyant une mélodie à la fragilité palpable.
  Et peut-être que ce fameux mix provient de cette base rock qui colore même les morceaux les plus funky d'une intensité particulière, comme sur le très Off The Wall "Palm Nights" et "Diamond Daggs" très glam comme son titre l'évoque, et aussi sombre que sensuelle.

  Mais comme je l'ai dit, tout n'est pas que tubes pailletés, il y a une bonne dose de mélancolie et d'introspection ici, comme dans la digression électronique et planante de "Who Is Tim Durmah?". Même remarque concernant la conclusion "Mary Never Sings Our Songs", où la musique suit davantage les lignes d'une pop indé mélancolique et planante qui sait laisser respirer la musique en de longs passages expérimentaux, n'a pas peur du bruit, du grain sonore et affiche une certaine ambition dans la construction du morceau. Vraiment, c'est très beau. 

  Et puis autant de beauté en 8 titres et 21 minutes, on ne peut qu'en redemander et appuyer sur replay instantanément. Pas mal de groupes indés récents ont trouvé dans la concision un moyen d'atteindre la perfection, et c'est tout à fait louable et souhaitable (pour ma part). 

  C'est vraiment un superbe album qui me tient à coeur, une référence du genre, et je suis étonné de ne pas en avoir entendu plus parler que ça à sa sortie et depuis. Bref, si vous voulez réparer un peu cette injustice et rendre honneur à cet excellent disque qui le mérite (et qui aurait du être mieux couvert par la presse de l'époque), foncez l'écouter illico !
(A écouter ici)


Alex

dimanche 22 janvier 2017

Sam Cooke - You Send Me (1957)




Il y a 86 ans jour pour jour naissait Sam Cooke, père de la soul. Pour lui rendre hommage, voici le premier titre qu'il enregistra sous son propre nom, You Send Me. Il faut dire qu'être un artiste noir dans les années 50 et chanter autre chose que du registre religieux était très mal vu, a fortiori au début des années 60. A cette occasion il signe ce 45 tours sur le tout nouveau et très éphémère Keen Records. En face A ce trouve une reprise de Summertime, en face B la composition originale. Le succès fut immédiat, dominant 2 semaines d'affiler le Billboard Hot 100 et marque le début de la trop courte carrière du prodige de Chicago. Lui permettant l'année suivante, toujours sur le même label, de sortir son premier album éponyme Sam Cooke.



L'album Sam Cooke sorti en 1958 chez Ken Records

ETIENNE


vendredi 20 janvier 2017

Foxygen - Hang (2017)


  Le précédent effort du groupe avait divisé : alors qu'il contenait certaines des chansons les plus intéressantes de la décennie (certes pompées sur Todd Rundgren entre autres mais qu'importe au fond ?), il avait aussi son lot de morceaux bruitistes amorphes et un manque global de direction.

  Ce coup-ci, le projet est plus resséré : une trentaine de minutes, 8 morceaux, et une vraie proposition en termes de son sur tout le long du disque. Ce son, c'est un genre de pop-rock symphonique, avec orchestre à cordes plus des cuivres de partout, un peu comme dans la variété classe d'un Lee Hazlewood, ou chez les Kinks version music-hall, les Four Seasons et le Sinatra de Watertown, le glam de Bowie, Bolan ou Lou Reed (Transformer), les Last Shadow Puppets, Nilsson, ou les géniaux Lemon Twigs (mon 5e album préféré de 2016, produit par Jonathan Rado, moitié de Foxygen). D'ailleurs, on entend l'expérience de producteur de Rado partout, cette musique est riche, ample, le son est divin et les arrangements aussi exquis qu'innombrables. Et même si on reste chez Foxygen, le groupe s'est calmé : moins de tiroirs et de changements de rythme partout dans les chansons.

  Du coup, ça touche en plein dans le mille, la volatilité du groupe mieux canalisée donne des morceaux jamais emmerdants, toujours passionnants et richement produits, mais désormais mieux canalisés. La perte en énergie pure est compensée par le gain en impact. Bon sang, rien qu'à écouter "Follow The Leader" on se demande si y'a vraiment besoin d'écrire d'autres chansons derrière. Même avec ce titre seul sur un CD je suis prêt à lâcher 15 balles pour me l'acheter. 

  Je pourrais dire la même chose d'"America", qui a l'intensité de la variété 60s de qualité et du crossover pop - jazz vocal pour crooner de haute volée (d'ailleurs je tiens à le souligner : Sam France n'a jamais aussi bien chanté que sur ce disque, et diversifie énormément son "flow"). Si le début du morceau est intense, la mélodie qui se pointe à 2' est carrément bouleversante, et la partie qui s'ensuit fait plus penser à du Tchaïkovski suivi d'un peu de Duke Ellington qu'à n'importe quoi d'autre.... Retour du cabaret et fusion de toutes les parties en une conclusion abrutissante tellement elle est belle et puissante. Waow. Rien à dire, je suis soufflé. 

  J'attendais depuis un moment un revival bien foutu de doo-wop, de pop 60s à la Four Seasons, de variété un peu music hall et de jazz vocal à la Sinatra, entre cet album et le Lemon Twigs de 2016 je suis servi.   

  Alors bien sûr, parfois c'est juste bon et pas excellentissime, comme "Avalon" qui commence bien entre piano honky tonk et vaudeville kinksien, et poursuit avec un refrain Beach Boys période Sunflower. Cette chanson n'arrive pas à être plus que la somme de ses parts, mais cette somme est assez bonne pour qu'on lui pardonne aisément. La même théâtralité exagérée est mise à disposition sur "Mrs Adams", mais cette fois-ci l'excellence est atteinte, on n'est plus dans la déconnade mais l'intensité émotionnelle (les leçons de tonton Rundgren ont été bien digérées), et la conclusion est absolument brillante. Je vais vous donner un petit truc pour juger rapidement de la qualité d'un compositeur : écoutez si la conclusion est bonne. Parce que la conclusion ça doit être le truc le plus dur à faire dans une chanson, et elles sont vraiment non seulement pas foirées mais carrément très mémorables ici,  donc les mecs sont vraiment des tueurs. Le diable est dans les détails. Ca n'a rien à voir (quoique si, sinon je n'y aurais pas pensé), mais un proche, cuisinier, m'a un jour donné un conseil semblable pour tester un chef dans un restau : prenez une crème brûlée en dessert. C'est tout con à faire mais ça montre l'attention aux détails et la technique : si le dessus est pas bien caramélisé et chaud tandis que le fond est pas bien pris et froid, c'est que c'est pas un si bon restau que ça. Voilà, fin de la parenthèse. 

  On reprend avec l'album. Dans toute cette chantilly orchestrale, il y a une relative accalmie pour les oreilles délicates : la country-folk champêtre qui ouvre "On Lankershim" (bonne chanson). Mais bon, ça se re-remplit assez vite d'arrangements foisonnants, alors pour les gens sensible, prenez une bonne inspiration. Car le jukebox pop reprend dès la suivante ("Upon A Hill"), où les mélodies se succèdent avec excès et brio (et la voix.... On dirait Iggy non ? C'est très cool en tous cas). Tiens on dirait toujours un peu l'Iguane sur "Trauma", morceau assez dantesque et carrément intense. "Rise Up" conclut ce très bon disque sur une note très Lou Reed. La voix, les cordes.... Ca fait très Transformer tout ça... Mais pas que. Même si il aurait pu pondre ces saillies de guitare bien crado entre 76 et 89. Mais là encore, la musique est tellement riche que si elle évoque des trucs, c'est un peu logique et on est loin de se réduire à un pastiche. 

  Et c'est là où les mecs sont forts. Ca explique qu'ils aient quasiment créé un sous-genre musical à eux tous seuls (avec l'aide du Congratulations de MGMT et d'illustres anciens comme les Flaming Lips quand même), cette pop jukebox ultra moderne dans le fond et ultra vintage sur la forme. Et ça explique que malgré leur jeunesse (1er album en 2012!) ils soient l'un des groupes les plus influents et cruciaux de la décennie. Chapeau les gars.

  Enfin bref, je vais pas m'éterniser davantage : ce disque est vraiment superbement composé et réalisé. Je suis pour ma part totalement conquis, et je vous encourage vivement à l'écouter par vous-mêmes pour vous faire votre propre idée.

A écouter là

Alexandre


mercredi 18 janvier 2017

Of Montreal - Rune Husk EP (2017)


  En voilà un EP surprise qui l'est vraiment. Même si le groupe est (a été ?) réputé pour sa productivité, je n'attendais pas une sortie du groupe aussi proche de l'excellent Innocence Reaches de l'an dernier. Mais apparemment Kevin Barnes a lancé un nouveau label sur laquelle celui-ci est produit. Tout s'explique.

  Et puis, il est inspiré en ce moment. La pop song dépressive et directe "Internecine Larks" est une version mise à nu de l'excellent travail de composition du précédent LP. C'est poignant

  En revanche, "Stag To The Stable", si elle est très agréable, souffre d'un peu trop de redondance dans la musique et la voix, mi chantée mi spoken-word, avec des chansons issues des 4 ou 5 derniers opus du groupe. De même, "Widowsucking" et "Island Life" évoquent le versant psychédélique et électronique du groupe, déjà entendu auparavant mais très agréable tout de même ici. 

  C'est tout le paradoxe de cet EP : Barnes est en forme, le précédent album, un de ses meilleurs, l'a prouvé en revenant sur l'électro-pop qui a fait le succès du groupe, en la retravaillant et en la modernisant, après quelques tentatives assez audacieuses vers un son plus organiques qui se sont révélées moins inspirées. Mais dès qu'il relâche un peu la pression en restant dans sa zone de confort, il retombe sur les mêmes formules comme ici. Donc ce qu'on a là, c'est un bon complément à Innocence Reaches, exécuté avec un vrai talent quasiment artisanal mais qui ne fait pas dans le renouvellement. Et après tout, c'est bien assez pour un EP surprise.


Alex


lundi 16 janvier 2017

The Flaming Lips - Oczy Mlody (2017)


  On a pu lire ici ou là que cet album était un retour à la période Soft Bulletin / Yoshimi... Mouais. C'est vrai, y'a de ça sur certaines chansons, la pop psychédélique onirique en IMAX du premier, l'électro-pop douce pétillante du second. Mais on a aussi le profond spleen industriel de The Terror, les textures synthétiques du side project Electric Würms, et les tentatives électro planantes de 7SkiesH3 et Peace Sword, plus un peu du rock acide et sombre de Embryonic et Heady Fwends. Bref, réduire cet album à une relecture d'une période du groupe est aussi réducteur que faux à mon sens. Certes, les Lips sont un groupe d'un certain âge qui peut être amené à explorer à nouveau certains territoires sonores, et les aficionados du gang seront en terrain familier à l'écoute de ce dernier LP, mais celui-ci correspond à une nouvelle étape du parcours de Coyne & Cie et non une pastille nostalgique.

  D'ailleurs, pas mal de petits twists modernes ont été imposés au son du groupe, dans l'électronique comme dans les beats, qui sont proches de jeunes artistes hip-hop, pop-rock ou électroniques. Essayez par exemple la courageuse introduction instrumentale "Oczy Mlody", mélancolique et belle comme tout. Qui se fond à merveille dans la merveilleuse "How??", où le chant de Wayne Coyne se fait encore plus émouvant que la chanson qui l'est déjà beaucoup. Et c'est loin d'être la seule pop song ultra réussie, cf "Sunrise (Eyes Of The Young)", "The Castle" et "We A Famly" (oui, celle avec Miley Cyrus).

  Les scies électro-psyché-pop avec quelque chose de drone ou de transe sont également réussies : "There Should Be Unicorns" et "One Night..." par exemple, nous enveloppent et nous embarquent dans leurs trips fascinants avec une facilité déconcertante. "Nigdy Nie (Never No)" fonctionne de la même manière, avec un côté chaloupé en plus et finit en break psyché drivé par une basse saturé bien kiffante. "Galaxy I Sink" et "Do Glowy" sont plus introspectives et barrées, plus minimalistes et paranos aussi.

  Bref, même si on est en terrain connu, les bonnes chansons sont là et le son est sompteux. Les petites retouches ont donné un coup de peps aux Lips qui sont toujours aussi pertinents et émouvants, alors que demander de plus franchement ? 

Alex


vendredi 13 janvier 2017

The xx - I See You (2017)


  La presse avait parlé de "tournant dancefloor" pour Coexist en 2012... Haha, elle est bonne celle-là. Le groupe reprenait juste le son de son parfait opus initial avec quelques modifications à la marge, et de bonnes chansons qui valaient le détour sans égaler le coup de génie initial (je ne comprends pas pourquoi il est si mal aimé ce 2e disque d'ailleurs...). Mais la presse aurait du garder la formule sous le coude pour celui-là... Quoique c'est pas tout à fait vrai. On n'ira toujours pas en club danser sur The xx mais au fond est-ce que quelqu'un souhaite vraiment cela ?

  Non, ce qui s'est réellement passé, c'est que suite au succès important que Jamie xx a remporté en solo avec In Colour (mon 7e album préféré de 2015), le groupe a décidé d'augmenter sa part à l'effort collectif de composition (chose déjà bien engagée avant, avec le 2e album). "Dangerous" est un exemple de cette symbiose nouvelle entre l'électronique fédératrice de Jamie et la pop gothique et introspective de Romy Madley Croft et Oliver Sim. C'est à la fois grandiose et touchant, le pari est réussi. 
  "Say Something Loving" et "On Hold", les deux singles, réussissent ce mariage de façon plus discrète mais encore plus intimement émouvante. La production de Jamie xx est chatoyante, discrète mais enveloppante, ses rythmes et samples donnent une vie et une couleur nouvelle à des morceaux déjà excellents et bien servis par deux vocalistes ayant énormément progressé et maturé de leur côté.
  On a également du xx classique perverti par un synthé club avec "A Violent Noise", et là encore c'est excellent.


  Le xx classique point aussi son nez sur la très bonne "Performance", quasi un solo de Romy, habilement appuyé par les nappes de cordes dissonantes de Jamie, pour un résultat chancelant et déstabilisant, un peu comme sur Third/Sister Lovers de Big Star. Et cette chanson qui aurait pu être un peu trop convenue prend une ampleur nouvelle qui lui donne une vraie légitimité sur l'album. De même, "Replica" commence comme une chanson des xx avec une production moins minimaliste, mais prend vraiment toute sa valeur lorsqu'elle est magnifiée par une petite mélodie (de piano d'abord et reprise au synthé par la suite), qui m'évoque "Le Paradis Blanc" de Michel Berger.

  Parfois, c'est un peu moins réussi, comme sur "Lips", où l'inspiration se fait moins brillante pour tout le monde. Les vocaux sont peu convaincants et ne vont nulle part et la production un peu amorphe et grossière. "Brave For You" patauge un peu dans l'emphase et le manque de poigne également et "I Dare You" est un peu grossière, ça fait un peu fin d'épisode de série US pour ados d'il y a 5-6 ans... Et "Test Me" ne me touche pas des masses non plus.

  Bref, on a à peu près 2/3 de l'album qui sont excellents et un tiers un peu plus banal voire un peu insipide, même si ça reste tout à fait écoutable. La reconversion vers une pop plus extravertie du groupe est donc plutôt réussie, même si elle fait ressortir le côté un peu exagérément romantique, mièvre et immature du trio dans les compositions les plus faibles (ce qui peut agacer certains), et au final ce troisième album vaut vraiment le détour, même s'il manque de la constance du chef-d'oeuvre inaugural et de son bon successeur injustement mal aimé. 

A écouter là.


Alexandre


mercredi 11 janvier 2017

David Bowie - No Plan EP (2017)


  Dès la mort de Bowie, on nous avait annoncé qu'une poignée de chansons issues des sessions de Blackstar étaient finies ou quasi finies. Forcément, vu la qualité de l'album et la période d'inspiration fertile que traversait Bowie, et qui fut tragiquement et brutalement interrompue, j'avais hâte d'entendre ça. Et il semblerait que ce No Plan EP soit tout à fait ce que l'on nous avait promis.

  On retrouve "Lazarus", décidemment avec le clip, la présence de cette chanson dans l'album et la comédie musicale qui porte le même nom... Outre son titre malin et évocateur, elle semblait avoir une place particulière dans l'esprit de son créateur, aussi la redondance de son inclusion est compréhensible. D'autant qu'elle est très intense, et s'intègre bien avec les trois autres chansons (seulement 3, ç'aurait été court même pour un EP...). Qui vont davantage nous intéresser, vous vous en doutez.

  On commence par "No Plan", située elle aussi au carrefour entre un rock sombre et ambiance jazzy, sur un tapis d'électronique aussi discrète que cruciale. Le chant est théâtral, et l'ensemble poignant, le morceau aurait été carrément digne de l'album qui l'a précédé, pas de doutes. 

  Ca tabasse déjà plus sur "Killing A Little Time" à la rythmique presque indus, toute de breaks vêtue, et avec une intro assez détonnante : guitare presque prog (qui a dit King Crimson ?) et basse menaçante (qui a dit Killing Joke ?). Le bordel jazz-rock s'intensifie, mais en même temps la douceur s'insinue par petites touches (de piano notamment). Et l'équilibre arrive finalement, on reste plus dans la pop-rock que dans le free jazz, malgré d'intéressantes digressions dont un break dub). Le refrain est grave et intense, le parti pris prog rythmé surprend, dans le bon sens, le morceau est là aussi très réussi.

  "When I Met You" continue sur la lancée électro-rock indus, mais avec une rythmique Velvet Underground qui finit en pop-folk déglinguée, encore une bonne chanson. Moins inventive, elle fait davantage penser à la tonalité pop-rock de The Next Day malgré un petit côté noise juste avant la conclusion. Habile respiration après la suffocation indus du précédent titre. 

  Bref, ce court EP est une réussite, trois excellentes bonus tracks qui sont tout à fait à la hauteur du chef d'oeuvre qu'est Blackstar (mon 2e album préféré de l'an passé), et qui permet de se consoler du (déjà???!!!) premier anniversaire de la mort du grand David.

Alex 


samedi 7 janvier 2017

Top Albums 2016 d'Alexandre : 3/3 - Le Top (Places 1 à 30)

 Et voilà l'ultime partie du classement de mes albums préférés sortis en 2016. Chacun d'entre eux vaut vraiment le coup, vous pouvez me croire ! J'espère vous permettre de faire quelques découvertes en mettant en valeur ces albums qui m'ont profondément touché, c'est le but principal de cet article.

  Je précise que mes avis et mon top sont purement subjectifs, il s'agit de mon avis sur certains disques, qui ne se veut pas objectif et qui ne prétend pas déterminer les meilleurs albums de l'année, mais mes préférés (nuance, je ne prétends pas avoir le monopole du bon goût du tout, au contraire).


Rnb, Pop, Hip-Hop, Soul, Electrofunk, Jazz, Classique 
USA
  Tout dans cet album parfaitement construit respire la grâce et le génie pop. Dévonté Hynes s'est surpassé pour offrir une oeuvre complète, un disque plein de mélodies, de sons et de mots, de chants et de discours, de vie et de passion. L'album pop le plus total, le plus intelligent et le plus beau de l'année, c'est bien Freetown Sound.
Mes morceaux préférés : tout l'album s'écoute comme une seule oeuvre.



Pop, Jazz, Electronique
ROYAUME-UNI
  Le chant du cygne du grand David aura été beau, à la hauteur de la carrière du grand homme. On se noie dans ses eaux sombres, électroniques et jazzy, on s'y perd et on y rencontre de façon intime un artiste, un vrai, qui avait de grandes choses à dire avant de partir.  
Mes morceaux préférés : Blackstar, Lazarus, Dollar Days


Pop, Electro-Pop, Rock
USA
  Des chansons ahurissantes de qualité, une production aussi généreuse que minutieusement maîtrisée, des voix divines et des pop songs intemporelles... Ce disque est une véritable claque, on reste scotchés, à genoux, béats à son écoute et on réalise qu'on vient de recevoir une grande leçon de Pop. 
Mes morceaux préférés : Oil Show, Come And Go, Separate, Butter
4-Frank Ocean - Blonde & ENDLESS
Pop, Rnb, Soul, Folk, Electronique, Hip-Hop
USA
  Le retour du prodige Frank Ocean aura été une vraie surprise par son timing, sa quantité (2 albums!) et surtout sa qualité (une construction irréprochable et soignée) et sa prise de risque. Loin du rnb moderne pétri de pop et de soul du précédent opus, Ocean puise dans la folk, le rock indé, l'électro presque ambient la son de son renouveau. Avec sa voix divine et son talent immense, c'est une réussite majeure qui dépasse toutes les attentes.
Mes morceaux préférés : Ivy, Self Control
Pop, Rock, Folk, Prog
USA
  Ma révélation de l'année, sans aucun doute. Les deux jeunes frères de Lemon Twigs, épaulés par Jonathan Rado de Foxygen à la production, nous ont pondu l'album des Kinks que plus personne n'attendait, et en bien mieux. Avec de bonnes mélodies à la pelle, des chansons à tiroir qui s'enchaînent sans faute ni baisse de régime, des digressions par dizaines, un son vintage et de l'énergie à revendre. Hâte de les voir en live !
Mes morceaux préférés : difficile d'isoler un ou deux morceaux tellement le tout est cohérent.


Pop, Electro-Pop, Funk
ROYAUME-UNI / NOUVELLE ZELANDE
  Le duo déglingué, weird et queer renouvelle le glam et la pop électronique et funky avec beaucoup de talent, de paillettes, de guitares célestes, de rythmes humides et de claviers moites. Un des disques les plus excitants de l'année, là aussi ultra bien construit et cohérent. 
Mon morceau préféré : Lying Has To Stop


Americana, Pop, Soul, Rock
USA
  Une fusion parfaite de pop, de folk, d'americana et de soul, que demander de plus franchement ? Des morceaux composés comme les meilleurs classiques ? Fait. Un son chaud, organique et enveloppant ? Fait. Il ne reste plus qu'à apprécier ce chef-d'oeuvre.
Mes morceaux préférés :
 No Woman, Golden Days

8-Creeping Pink - Mirror Woods & Glass Castle 
Pop, Electronique, Ambient
USA
  Chez les Creeping Pink, la pop psychédélique lo-fi se meut à son rythme propre, n'a pas peur de pauses ambient ou de digressions bruitistes. Elle se pare d'électronique mais sonne plus organique que n'importe quel groupe de rock. On entre dans l'esprit et l'intimité créative du groupe, et cette musique mise à nu, si elle demande quelques efforts pour entrer dans sa brume, récompensera l'auditeur attentif au-delà de toutes ses espérances. C'est mélancolique, lumineux, beau et surtout très personnel. Un grand groupe est né.
Mes morceaux préférés : Sour Fruit, Mirror Woods



9-Still Parade - Concrete Vision
Electro-Pop, Indie Pop, Psyché
ALLEMAGNE
  De l'électro-pop psychédélique qui sait se faire aussi contemplative qu'accessible. Ce disque est un immense bonheur à écouter.
Mon morceau préféré : Walk In The Park


10-Junior Boys - Big Black Coat 
Electro, Pop, House, New Wave
CANADA
  Les Junior Boys ont vraiment créé un truc. Une fusion pop-house à ce niveau d'excellence dans les deux genres, je demande à entendre si il y a encore plus réussi. C'est absolument brillant.
Mes morceaux préférés : You Say That, Baby Give Up On It, Baby Don't Hurt Me



11-Céu - Tropix
Pop, Bossa Nova, Electrofunk
BRESIL
  La pop funky et électronifiée de Céu doit son charme à la voix de velours de son interprète, aux charmantes sonorités de la langue brésilienne, à la mise en son parcimonieuse et précise, et à des compositions robustes et légères à la fois. Beaucoup de qualité pour un seul disque.
Mes morceaux préférés : Arrastarte-Ei, Perfume Do Invisivel, Varanda Suspensa, A Nave Vai



12-Helado Negro - Private Energy
Pop, Electro-Pop, Latin Music
USA, EQUATEUR
  Certains ont parlé à propos de ce disque majoritairement hispanophone d'un Pet Sounds latino, et il y a un peu de ça. Les compositions pop sont lumineuses, harmonieuses, le chant calme et mélancolique. On notera juste une utilisation importante de l'électronique pour des digressions instrumentales faisant le lien entre les morceaux (et montrant une vraie construction d'ensemble du projet). En tous cas le nombre de chansons mémorables est impressionnant et le nombre de passages non essentiels s'élève à zéro, on a donc un authentique chef-d'oeuvre pop.
Mes morceaux préférés : Young Latin & Proud, Transmission Listen, It's My Brown Skin


13-M83 -Junk 
Electro-pop
FRANCE
    Peut-être suis-je le seul dans ce cas, mais plus M83 fait dans la pop sucrée, plus le groupe me plaît. Le kitsch et le côté tarte à la crème de l'ensemble aura découragé les puriste et les allergiques au glucose, mais je vois dans ce mix d'électro-pop 80s et de chanson française populaire un authentique chef-d'oeuvre pop, moderne, malin et émouvant. 
Mes morceaux préférés : Do It Try It, Go!, The Wizard, Atlantique Sud



14-
Woods - City Sun Eater In The River Of Light 
Pop, Folk, World
USA
  Woods a encore sorti un grand album, et il est bien possible que celui-là soit le plus grand de tous. En allant fureter du côté des musiques éthiopiennes, du Mexique et de la Jamaïque, ils ont ressourcé leur folk-pop et lui ont ouvert des espaces infinis pour se déployer vers des sommets de qualité. C'est extrêmement brillant.
Mes morceaux préférés : Sun City Creeps, Can't See At All, Morning Light
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15-Kanye West - The Life Of Pablo 
Hip-Hop/Rnb, Electronique, Soul/Gospel
USA
  Cet album est aussi contradictoire et mégalo que son auteur. Aussi génial ausi. Même dans le bordel, et je dirais même plus justement, dans le bordel, Kanye reste créatif et arrive à surprendre d'album en album. Celui-là n'est pas son meilleur mais n'a pas à rougir devant ses plus grands disques. C'est moderne, novateur, accessible, barré, brillant. 
Mes morceaux préférés : FML, Father Stretch My Hands, Real Friends, Wolves, Ultralight Beam



16-Andy Shauf - TheParty
Pop 
CANADA
  Cette pop-là est tellement intemporelle, émouvante et mélodique qu'on ne peut que succomber devant tant de beauté. Magnifique.
Mes morceaux préférés : The Magician, Begin Again



17- Radiohead - A Moon Shaped Pool
Pop, Classique Contemporain
ROYAUME-UNI
  Une belle claque que ce disque à la fois très pop et pourtant très explorateur. Les pistes suivies par Radiohead ici sont à la fois claires et lumineuses, et tortueuses et labyrinthiques. On se perd dans les dédales de l'album tout en sachant toujours où l'on va, en se laissant guider par le talent du groupe qui désormais s'appuie sur une maturité et une expérience d'une solidité à toute épreuve. 
Mon morceau préféré : Deck's Dark



18 - Nao - For All We Know
Rnb, Pop, Electrofunk, Electropop, Soul
ROYAUME-UNI
  Le rnb et la pop ont trouvé une nouvelle voix qui compte, celle de la jeune Nao, ex-choriste à la voix incroyable (des aigus inatteignables et des graves jazzy) à la technique et à la subtilité d'interprétation inégalées. Et qui sait surtout sortir certains des morceaux les plus cruciaux de sa génération. Déjà une grande, au potentiel illimité.
Mon morceau préféré : Bad Blood


19-Of Montreal -Innocence Reaches
Pop, Rock, Electro-Pop, Funk
USA
  En injectant une dose d'électro vraiment too much à son mix déjanté, Barnes arrive à enfin pimenter le glam-rock funky organique des deux derniers albums un peu mollassons au regard de la discographie impeccable de son groupe. Ca donne un grand Of Montreal, au niveau des meilleurs, et donc un grand disque pop.
Mes morceaux préférés : Let's Relate, My Fair Lady, A Sport And A Pastime
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20-YG - Still Brazy
Gangsta Rap, Electrofunk, Hip-Hop
USA
  Un chef-d'oeuvre de gangsta rap moderne, voilà de quoi il s'agit. Il a de quoi être inspiré : drames personnels (sur "Who Shot Me?", la paranoïa et PTSD suite à des tirs reçus par YG), un environnement violent, des injustices ("Police Get Away With Murder"), les questions de race aux US ("Blacks & Browns"), et la situation politique déplorable de son pays (la jouissive et nécessaire "FDT" pour Fuck Donald Trump). Sur une production moderne et impeccable, il transforme cette matière première en flow d'une intelligence et d'une efficacité rarement atteintes. Une grooooosse claque.
Mes morceaux préférés : Franchement, tout le disque.


21-Niki & The Dove - Everybody’s Heart Is Broken Now 
Electro-pop, Rnb, Electrofunk
SUEDE
  Si Prince nous a quitté cette année, l'influence de sa musique est immortelle. On l'entend en filigrane dans le disque de Niki & The Dove, drivé par le charisme incroyable de sa chanteuse, portée il est vrai par des pop songs irrésistibles à al production parfaite.
Mes morceaux préférés : So Much It Hurts, Coconut Kiss



22-Cellars - Phases
Synthpop
USA
  Bon sang que cette année est bonne ! Ce disque synth-pop par exemple, qui nous a été livré par la talentueuse Cellars avec l'aide d'Ariel Pink à la production, aurait pu être numéro un une autre année. Incroyable de qualité, depuis la compo au son tout est jouissif. Merveilleux.
Mes morceaux préférés : Stircrazy, Do You Miss Me


23-Ty Segall - Emotionnal Mugger 
Rock, Post-Punk, Electro-Rock
USA
   Je ne pensais pas que la réinvention de Segall arriverait aussi tôt, de façon aussi radicale et réussie. Boosté par les projets électro-rock de Castle Face : les excellents Pow! et le projet Damaged Bug de Dwyer, le rockeur génial plonge son mix pop-folk-punk-glam-hard-grunge dans un bain d'acide post-punk avec des touches d'électronique, beaucoup de bruit et une folie qui n'a rien à envier aux Residents. Avec pour résultat un des albums rocks les plus excitants et indispensables depuis un bail. 
Mes morceaux préférés : Squealer, Emotional Mugger / Leopard Priestess
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24-Bibio - A Mineral Love 
Pop, Electronique, Folk, Funk, Psyché
ROYAUME-UNI
  Bibio est un petit génie pop, signé sur Warp, qui mêle les genres, les sons et les époques avec brio pour servir des chansons impeccables. Ca se vérifie sur ce disque immaculé qui fourmille de grandes chansons et de bonnes idées.
Mes morceaux préférés : Feeling, Town & Country


25-Katerine - Le Film
Chanson Française
FRANCE
  Le voilà l'album qui devrait reconnecter ceux qui n'ont pas compris ou pas apprécié sa géniale période pop. La chanson française est de retour via des textes toujours aussi brillants et émouvants, mais plus immédiats (déjà esquissé dans Magnum, sous la couche de paillettes nu-disco). Via la musique également, puisque Katerine a composé de touchantes miniatures au piano qui épousent parfaitement ses textes, et dont l'amateurisme revendiqué (il a à peine démarré l'instrument avec ce disque) touche au coeur, apporte la fraîcheur et la personnalité à ce disque qui n'en manque pas. Une merveille.
Mes morceaux préférés : Pas Simple, Automobile, Moment Parfait
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26-Lionlimb - Shoo
Pop indé, Soul
USA
  La pop mêlée de soul des Lionlimb fait des étincelles, et touche au plus profond du coeur. Ces mélodies intemporelles, ce son déchirant... C'est très beau.
Mes morceaux préférés : God Knows, Ride


27-Wild Nothing - Life Of Pause 

Pop
USA
  Là aussi c'est brillant. La pop de Wild Nothing s'étoffe et mature, on ressent que le songwriting est monté d'un cran et que les mélodies ont été soignées, tout est magnifique sur ce grand disque.
Mes morceaux préférés : Reichpop, Life Of Pause, A Woman's Wisdom



28-
Anna Wise - The Feminine : Act 1 EP
Rnb, Pop, Electronique
USA
  L'EP de l'année, sans aucun doute. La musique est innovante et sonne aussi claire que riche, le chant d'une subtilité et d'une agilité incroyables, et les textes malins. De l'or en barre, j'ai hâte d'entendre la suite sur tout un LP.
Mes morceaux préférés : Precious Possession, BitchSlut


29-Bon Iver - 22, AMillion
Pop, Electronique, Folk, Psyché
USA
  Là aussi, on parle grosse réinvention. Il avait laissé quelques indices sur Blood Bank EP et sur Bon Iver, Bon Iver, mais il était difficile de prévoir qu'il allait partir aussi vite et fort que ça dans un trip électro-folk. Et il était encore plus hasardeux de prédire que ce serait une réussite aussi franche. L'album là encore est brillant et touchant, justement dosé entre accessibilité et tentatives expérimentales. Ce mec a un truc en plus, une âme qu'il sait injecter à ses morceaux, peu importe leur forme. 
Mon morceau préféré : 29#Strafford APTS


30-The Weeknd -Starboy
Pop, Rnb, Electro-pop, Soul, Hip-Hop
CANADA
  Je ne m'attendais pas à ça. Pas à ce que The Weeknd, dont j'ai adoré les débuts dark, devienne une superstar à ce point. Qu'il effectue une telle mutation pop, avec un son aussi gros (bon sang y'a l'horrible Max Martin presque partout ici!). Et je ne m'attendais surtout pas à ce que ce soit si bien réalisé et avec tant de talent et de goût.... Je ne m'attendais pas à être aussi touché par ce genre de disques. Il est difficile de faire un petit disque indé de qualité dans sa chambre, sans contraintes. Mais arriver à ce niveau, avec une prod aussi monstrueuse et ubiquitaire derrière vous et arriver à dévoyer tout ça pour servir un projet artistique personnel et réussi, ça tient du miracle et du génie. Un grand disque de Pop qui lance The Weeknd en orbite commercialement et c'est tant mieux. Le statut de superstar est amplement mérité.
Mes morceaux préférés : Secrets, I Feel It Coming, Starboy, Die For You


  Merci pour votre lecture et vos commentaires, et à bientôt ! En espérant vous avoir fait découvrir un ou plusieurs nouveaux .


Alexandre