Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 31 mai 2019

Alex de la Pampa - Préambule... (2019)


  Un court article un peu particulier, juste pour vous proposer d'écouter ce que je fais, synthé en main et micro branché, lorsque j'ai un peu de temps perso le soir (et que je ne rédige pas une chronique pour ce blog évidemment). Ces morceaux sont très amateurs, mais c'était très fun et enrichissant de les composer et interpréter, du brouillon aux finitions. 

  Comme vous pouvez le voir sur le blog où je centralise tout ça, j'ai deux projets électroniques, Mona Lizza EP et Le Clown - Une Bande Originale qui sont sortis il y a quelques temps, mais ce sont surtout mes projets les plus récents qui pourraient vous intéresser, l'EP instrumental d'indus Blood in the Washing Machine, et surtout mes deux sorties de cette année, qui sont plus pop et comportent pas mal de chant : Toute La Soirée et Préambule... (ce dernier étant sorti il y a pile une semaine). Mon ami Charlu avait eu la gentillesse d'écouter mes premiers projets et de donner son avis bienveillant sur cet article.

  C'est dur de résumer un album à un ou deux morceau, mais pour vous donner une idée de la façon dont sonne Toute La Soirée, c'est un mix entre synthpop, post-punk et électro-rock des années 2000. Voici deux morceaux pour vous en faire une idée :

Alex de la Pampa - Love On The Beach (2019)

Alex de la Pampa - Croisé Ton Regard (2019)

  Quant à Préambule..., c'est une oeuvre plus travaillée, avec des morceaux composés plus récemment, davantage de place laissée aux textes et au chant, des morceaux homogènes dans les sons et les thèmes abordés, c'est un peu un album-concept sur le passage de l'hiver au printemps en fait. Il a été nourri par une expérience ultra enrichissante : la coproduction du superbe album de Wren Dove Lark dont je vous ai déjà parlé ici, et qui m'a beaucoup appris musicalement, moi qui n'ait aucune formation musicale, et qui m'a surtout permis de me mettre en danger pour oser davantage de choses, notamment vocalement. Je vous laisse avec quelques extraits pour vous faire une idée, mais si vous êtes curieux je vous conseille d'écouter directement l'album dans son entier, puisque sa construction, sa progression, apportent un petit plus à l'ensemble au fil de l'écoute :

Alex de la Pampa - Un Tableau (2019)

Alex de la Pampa - Les Premiers Rayons du Soleil (2019)

Alex de la Pampa - Les Oiseaux (2019)



Ecoutez Préambule... sur Youtube, Bandcamp ou Soundcloud.


Et si vous voulez écouter mes précédents projets, avoir plus d'infos et vous tenir au courant des sorties :
Blog 

Bonne écoute !

Alex

mercredi 29 mai 2019

Le Bilan du Mois : Mai 2019


  Encore une fois, je vous parle ici de certains albums sortis un peu plus tôt, et je ne vous parlerai que le mois prochain de certains disques de Mai, mais l'esprit y est : voici quelques-unes des sorties les plus marquantes de ce mois plutôt riche. Je vous laisse juger par vous-mêmes :  


L'ALBUM DU MOIS 


Tyler The Creator - IGOR
USA
Hip-hop, Electro-Pop, Soul/Gospel, Funk/Disco, Psychédélisme, Rock
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   Ca y est, deux ans après Flower Boy (2017), mon album de l'année, et sérieux prétendant au trône des meilleurs disques de la décennie, le génial Tyler, The Creator revient avec un nouveau disque, IGOR. Le sale gosse provocateur balançant des gros bangers de rap atonal aura bien changé, lui qui compose désormais des symphonies soul/pop délicates aux arrangements baroques et chante autant qu'il ne rappe. 
  Avec Flower Boy puis IGOR, il a su conquérir les amateurs de belles mélodies, d'arrangements soignés, d'inventivité sonore tout en gardant les puristes rap qui ont bien compris que sur ce terrain là aussi il est impeccable. C'est d'autant plus impressionnant que sur ce dernier disque, il produit et arrange tout. Etant lui même doué avec les machines et bon claviériste, il s'est pourtant entouré de pas mal de monde pour ajouter de la densité à ce disque impressionnant : une voix, un choeur par ci, une guitare par là, etc... En cela, il est à la fois le digne descendant de l'homme-studio capable de recréer un style musical entier avec trois bouts de sample façon Neptunes, et du rôle de chef-d'orchestre visionnaire d'un Kanye West depuis My Beautiful Dark Twisted Fantasy
  Ce disque à la croisée des influences (électro-pop des années 2000, hip-hop, pop post-Neptunes, soul psychédélique, rap saturé à la Yeezus...) est une réussite totale. Avec un nombre d'invités assez conséquent, à la voix comme à la prod, Tyler garde néanmoins la main sur un projet ultra-personnel et se montre en véritable chef-d'orchestre, capable d'utiliser les interventions de ces collaborateurs souvent proches et récurrents pour transcender les morceaux d'un disque qu'il a entièrement composé, arrangé et produit par ailleurs. La cohésion musicale est assortie d'une cohésion thématique totale, des textes à l'interprétation et au traitement des voix qui servent le propos narratif de cet album concept sur une relation amoureuse vouée à l'échec. C'est une oeuvre brillante, dense mais concise, qui ne perd pas une seconde mais laisse tout de même l'auditeur respirer à travers de magnifiques plages instrumentales souvent délicates, pour mieux le cueillir au banger suivant. Un très, très grand album.
A écouter sur Spotify ou Deezer ou Youtube





BILAN ALBUMS 

***On a adoré


Mac Demarco - Here Comes The Cowboy
CANADA
Pop, Folk, Country/Blues, Rock, Synthpop, Funk
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   This Old Dog, dernier album de Mac Demarco en date, m'avait déjà surpris par son côté minimaliste, quasi folk, et ses détours synthpop, nocturnes et mélancoliques. Here Comes The Cowboy, c'est exactement ça, en plus poussé et moins ambitieux, c'est à dire une épure totale musicalement, un tout très apaisé, calme, laid-back, avec des guitares folk/blues/country et des synthés chill à la Homeshake. Aimer cet album, ça n'est pas très difficile, tant le songwriting délicat est beau et intemporel, et l'interprétation touchante. Quelques-unes des plus belles chansons de Mac s'y trouvent, et les autres morceaux, facétieux, charment également. Le côté crooner sous nicotine de certains de ces titres me parle bien, ça évoque Dylan ou Sinatra, ça remonte loin, c'est couillu d'aller sur ce terrain, pas vendeur d'un côté et pas facile de convaincre les puristes de l'autre, respect. De manière générale, la plupart de ces pop songs douces auraient pu sortir n'importe quand entre les années 50 et maintenant, et c'est ce songwriting sans âge , classe sans trop en faire, qui fait la beauté du truc. C'est donc une oeuvre d'une beauté classique assez indiscutable, et même si Demarco est souvent farceur, son talent de mélodiste et d'interprète transcendent ces facéties et rendent vital un album qui aurait pu être monotone. 
Mes morceaux préférés : Nobody, Finally Alone, Heart To Heart, Preoccupied, K, All Of Our Yesterdays, Skyless Moon, On The Square
A écouter sur Deezer ou Spotify



Vampire Weekend - Father Of The Bride
USA
Pop, Rock, Folk, Prog, Soft Rock / Dad Rock
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  Pas tout à fait conquis par les premiers singles de l'album, je m'attendais à être déçu par ce disque, alors que je considère leur précédent, Modern Vampires of The City (2013) comme un classique, et que leurs deux premiers ne sont pas loin derrière. Et puis, petit à petit, au fil des réécoutes, ces singles ont fini par me convaincre, et j'ai fini par apprécier la direction prog-folk que prenait l'album. Et je ne suis pas déçu. Des gros tubes finalement très accrocheurs, des styles musicaux mélangés, modernisés, des expérimentations savantes, des grosses mélodies, une production fine et inventive, j'ai tout ce qu'il me faut sur ce disque. Bref, c'est une bonne surprise pour moi, vous l'aurez compris. Je vous encourage à y jeter une oreille et à prendre le temps de vous approprier cet album assez dense, assez expérimental, à la démarche pop très joueuse.
Mes morceaux préférés : Unbearably White, Spring Now, My Mistake, Flower Moon, Sympathy
Ecouter sur Deezer ou Spotify



**On a beaucoup aimé :


Orville Peck - Pony
USA
Pop, Rock, Country, Folk, Post-Punk, Goth, Western
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    Avec une voix de crooner country-rock (Elvis Presley, Chris Isaak, Johnny Cash, Roy Orbison...) aux influences 80's (Depeche Mode, Talk Talk...) et un look masqué, Orville Peck ne peut pas laisser indifférent. Mais c'est en enchaînant les merveilleuses chansons qu'il arrive à imprimer son style unique et imposer ses choix artistiques couillus.  Finalement, le seul défaut de ce disque c'est d'avoir commencé tellement fort qu'il était difficile de tenir les promesses d'un tel enchaînement initial de morceaux géniaux. En dehors de ça, c'est une superbe surprise, et certains de ces morceaux risquent de passer en boucle chez moi.
Mes morceaux préférés : Dead Of Night, Winds Change, Turn To Hate
A écouter sur Spotify ou Deezer


Kevin Morby - Oh My God
USA
Pop, Rock, Folk, Gospel
Lien vers la chronique
    Sur une lancée incroyable depuis 2013 (5 albums – tous parfaits dans leur style), Kevin Morby est désormais attendu comme le messie à chacune de ses sorties par les connaisseurs. Et ça tombe bien parce que cet étrange disque parle de religion, mais l’interroge d’un point de vue extérieur, ce qui est un point de vue assez rare dans la pop et le rock. On retrouve quelques traces de cela musicalement : des chœurs aériens ou gospels, des suites d’accords grandiloquentes évoquant la musique religieuse sous toutes ses formes, des inflexions vocales de Dylan période born-again, etc… Mais le plus intéressant, c’est que ça accouche de grands morceaux, musicalement imparables. Certes, ce disque n’est mon préféré dans sa discographie. Un peu répétitif, c’est un disque un peu imparfait mais régulièrement très impressionnant, et c'est déjà beaucoup.
Mes morceaux préférés : « Nothing Sacred / All Things Wild », « No Halo », « Oh My God », « Congratulations »
A écouter sur Deezer ou Spotify

Pow! - Shift
USA
Punk/Garage, Electro-Rock, Pop, Psyché/Kraut, Post-punk/New Wave
  Autant influencés par l'ex scène de San Francisco (Ty Segall, Thee Oh Sees...) que par d'illustres aînés (Brian Eno, Neu!, le punk, Blondie...) le duo électro-rock nous offre là un disque vénéneux, urgent et accrocheur.
Mes morceaux préférés : Dream Decay, Free The Floor, Scissors
Ecouter sur Bandcamp


Herlin Riley - Perpetual Optimism 
USA
Jazz

  Une autre belle sortie pour le batteur, un peu moins marquante sur la durée que son précédent album, mais tout de même peu avare en bons moments.
A écouter sur Spotify

Matt Martians - The Last Party
USA
Electro-funk, Soul, Pop, Psyché, Hip-Hop/Rnb
  Un peu décevant après un dernier album solo magistral, et un disque de The Internet parfait qui devait une partie non négligeable de son charme au flair musical de Matt, ce disque court, fait de bric et de broc, sonne bien, mais un peu précipité. 
A écouter sur Spotify

Andrew Bird - My Finest Work Yet
Folk, Pop, Rock Indé
   Très mélodique, puissamment interprété, ce disque fait assurément partie des meilleurs de son auteur.
Ecouter sur Spotify


*On a apprécié :


Peter Doherty - Peter Doherty & The Puta Madres
ROYAUME-UNI / FRANCE - Pop, Rock, Folk
  Etant plutôt fan de Doherty, et particulièrement des Babyshambles avec le recul, y compris leur dernier en date, j’avais quand même décroché pour le retour des Libertines et le dernier Doherty solo en date, j’ai bien aimé ces deux albums, très bien foutus, mais je n’y suis pas beaucoup retourné depuis. Ce dernier album, avec les Puta Madres, me plaît également bien, c’est un bel album, plus mature et apaisé encore que ce qu’on a pu entendre d’un Doherty qui s’était déjà pas mal calmé, et la plupart de ces chansons sont belles, bien interprétées, mais il leur manque un peu d’accroche pour me convaincre totalement et pour que j’aie envie d’y revenir. Un bel album tout de même.
A écouter sur Spotify

Wand - Laughing Matter
Rock Indé
  Belle sortie, qui voit le goupe d'éloigner de l'esthétique de Ty Segall et des Oh Sees pour aller vers quelque chose de plus 90's, rappelant souvent le Radiohead de OK Computer
Ecouter sur Spotify

Rico Nasty & Kenny Beats - Anger Management
USA - Hip-Hop, Trap, Punk
  Une tape bien violente, presque punk, qui prouve que Kenny Beats est un producteur polyvalent, capable de s'adapter à tous les styles.
Mes tracks préférées : Relative, Sell Out
Ecouter sur Spotify

Queen Key - Eat My Pussy Again

Hip-Hop, Trap
  Une mixtape très éclectique au niveau du choix des beats, qui mettent bien en valeur le flow nonchalant, puissant et lubrique de Queen Key.
Ecouter sur Spotify

Nathan Micay - Blue Spring (Electronique, Spotify)

Yung Bae - BAE2 (Future Funk, Bandcamp)

03 Greedo - Still Summer In The Projects (Hip-Hop, Spotify)

Kornél Kovacs - Stockholm Marathon (House, Spotify)

Bandgang Lonnie Bands - KOD (Hip-Hop, Spotify)

Tisakorean - A Guide to Being a Partying Freshman (Hip-Hop, Mumble Rap, Spotify)

DJ Muggs - Tuez-les tous (Abstract Hip-Hop, Boom-Bap, Spotify)

Carly Rae Jepsen - Dedicated (Electro-Pop, Spotify)

Rosie Lowe - YU (Rnb, Electro-Pop, Spotify)

Rammstein - RAMMSTEIN (Rock, Pop, Metal/Indus, Spotify)
Christophe - Christophe Etc (Chanson Française, Electro-Pop, Spotify)

Schoolboy Q - Gang Gang (Hip-Hop, Spotify)






Alex

mardi 21 mai 2019

Tyler, The Creator - IGOR (2019)


  Ca y est, deux ans après Flower Boy (2017), mon album de l'année, et sérieux prétendant au trône des meilleurs disques de la décennie, le génial Tyler, The Creator revient avec un nouveau disque, IGOR. Le sale gosse provocateur balançant des gros bangers de rap atonal aura bien changé, lui qui compose désormais des symphonies soul/pop délicates aux arrangements baroques et chante autant qu'il ne rappe. Il aura enfin pu passer outre la mauvaise compréhension de son art, puisque suite à des premiers albums aux paroles violentes écrites dans un cadre narratif, du point de vue d'un personnage fictif, il aura subi la folie des institutions (il a été banni du Royaume-Uni à une période) et l'ineptie d'une frange de la critique musicale qui ne prend pas le temps de l'écoute et de la compréhension (on l'a accusé d'être misogyne et homophobe sur la base de textes écrits du point de vue d'un personnage fictif qui l'était, alors que dans la vraie vie c'est un des rares musiciens homme ne ratant pas une occasion de se répandre en éloge sur le travail des collaboratrices féminines avec lesquelles il a eu la chance de travailler, et qu'il est bisexuel ou gay... D'ailleurs pas mal de membres de son ancien collectif Odd Future étaient femmes, homosexuel.le.s, bisexuel.le.s... La poutre dans l’œil ces critiques, je vous le dis). 

Tyler, The Creator - IGOR'S THEME (2019)

  Avec Flower Boy puis IGOR, il a su conquérir les amateurs de belles mélodies, d'arrangements soignés, d'inventivité sonore tout en gardant les puristes rap qui ont bien compris que sur ce terrain là aussi il est impeccable. C'est d'autant plus impressionnant que sur ce dernier disque, il produit et arrange tout. Etant lui même doué avec les machines et bon claviériste, il s'est pourtant entouré de pas mal de monde pour ajouter de la densité à ce disque impressionnant : une voix, un choeur par ci, une guitare par là, etc... En cela, il est à la fois le digne descendant de l'homme-studio capable de recréer un style musical entier avec trois bouts de sample façon Neptunes, et du rôle de chef-d'orchestre visionnaire d'un Kanye West depuis My Beautiful Dark Twisted Fantasy.

Pochette alternative d'IGOR

  Maintenant que tout cela est posé, passons à la musique. "IGOR'S THEME" sonne comme un mix entre les Neptunes, Kanye West et l'électro-pop décomplexée de la fin des années 2000 (Klaxons, MIA...), et tabasse sur un rythme groovy encadré de synthés bien crado et embelli d'arrangements magnifiques (pianos, synthés, samples vocaux, et "vraies" voix). Le morceau enchaîne sur le délicat "EARFQUAKE", plus proche de Flower Boy musicalement, mais portant également des traces lointaines de G-Funk, et proche des plus récents travaux de Frank Ocean et Blood Orange dans son approche psychédélique, intellectuelle et sensible du rnb. Là encore, la chanteuse Jessy Wilson, le collaborateur ultime Charlie Wilson, ainsi que le rappeur Playboi Carti viennent donner de la voix, tous les deux avec un impact émotionnel plus que percutant, qui comblent l'espace d'un disque pour le moment très instrumental. 

Tyler, The Creator - EARFQUAKE (Clip, 2019)

  C'est sur "I THINK" que la voix non modifiée de Tyler réapparaît réellement, chantée autant que rappée, sur un beat très disco agrémenté de synthés saturés comme sur Yeezus. La track utilise d'ailleurs des idées issues de "SexyBack" de Justin Timberlake / Timbaland, ainsi que du "Stronger" de Kanye (sur Yeezus comme "Stronger", on entend des échos house, et une collaboration de Daft Punk). Il y a donc un gros côté années 2000, lorsque les revival disco se percutaient avec l'électro-pop et le rap devenant lui aussi davantage pop et électronique (pensez à Graduation du même Kanye, aux prods de Timbaland pour Nelly Furtado, ou au tube "American Boy" de Kanye et Estelle par exemple, avec qui Tyler a collaboré sur Flower Boy).  Cette track décidément sous influences est aussi enrichie d'une collaboration avec Solange (il a beaucoup contribué au dernier album de celle-ci) et d'un sampling du break introductif du génial "Get Down" (1982), bombe électro-funk du camerounais Nkono Teles. Ces interpolations d'oeuvres précédentes servent un but précis : donner à ce morceau un côté immédiatement familier à l'auditeur, qui aura l'impression de connaître ce morceau sans savoir d'où, et pourra ressentir une certaine forme de nostalgie en entendant des échos de la musique d'il y a déjà 10 ans. C'est malin.

Tyler, The Creator - I THINK (2019)

  Côté texte, ce qu'on avait subodoré à l'écoute de la précédente ne laisse plus de doutes : ce disque est un album-concept autour d'une relation amoureuse, qu'on devine tragique car si Tyler n'a pas de doute sur le fait qu'il tombe amoureux, il semble que l'objet de son désir n'ait pas forcément des sentiments réciproques. D'ailleurs, sur la très tendue "Running Out Of Time", chanson durant laquelle la relation est décrite, on comprend vite que les ferments de la rupture sont déjà là. Cette tension, cette urgence, sont présents dans la musique, notamment au travers du sample de "Hit & Run" de RUN-DMC. Tyler modifie sa voix sur ce morceau comme sur le suivant, "New Magic Wand", pour accentuer le côté solitaire, aliéné de l'amant délaissé. Ce dernier est d'ailleurs un morceau plus sombre musicalement, avec le retour de claviers sursaturés sur une rythmique très Neptunes insistante et ponctuée de breaks menaçants, sur laquelle Santigold vient donner de la voix. Comme sur ses premiers disques, Tyler se met dans la tête de ce personnage, devenant fou, incohérent et violent, oscillant entre supplications ("please don't leave me now", répété comme un mantra) et menaces (allant jusqu'à la menace de mort), pour accentuer le drame d'une rupture douloureuse qu'on devine réelle.

Tyler, The Creator - New Magic Wand (2019)

  Avec "A Boy Is A Gun", on retrouve un hip-hop plus classique, tant dans le rap que dans l'instru samplant la soul du "Bound" de Ponderosa Twins Plus One (déjà utilisé sur "Bound 2" de Kanye). Néanmoins, les arrangements restent denses, psychédéliques, mélancoliques et beaux, et on est régulièrement émerveillé devant ces irruptions de samples, pianos, choeurs, claviers, ou cette guitare électrique donnant au tout un aspect un peu prog. Un très beau morceau, triste, puissant et poignant. Sa suite, "Puppet", est dans le même registre. Samplant la pop-rock indé délicate, entre lo-fi et baroque, de Part Time ("It's Alright With Me"), le morceau utilise aussi des idées issues du "Hello" de Erykah Badu, et des intervention vocales de Kanye West en personne, accentuant le côté transmission, héritage, passage de bâton entre ce dernier et Tyler. Et là encore, le texte est déchirant ("i'm your puppet").

Tyler, The Creator - A Boy Is A Gun (2019)

  Retour à du plus sale, à du plus dark, sur "WHAT'S GOOD", avec un beat insistant, martelé, des synthés menaçants (entre trap et Yeezus) et des voix saturées, entrecoupés de moments de beauté prog et soul. On notera la collaboration du rappeur british slowthai sur ce gros banger plus que satisfaisant. Le morceau a un gros côté rock avec ces sons saturés, organisés en riffs, et ça rappelle la puissance de titres du Kanye prog de 2010, lorsqu'il samplait avec intelligence Black Sabbath et King Crimson. Un morceau intense et génial.

Tyler, The Creator - WHAT'S GOOD (2019)

  Sur "GONE, GONE / THANK YOU", Tyler s'adjoint l'aide de génies du rock indé, Mild High Club (auteur de l'album préféré de 2017 de Tyler, déjà présent sur Flower Boyet King Krule (qui a déjà produit pas mal de hip-hop sous différents noms), ainsi que des voix de Cee-Lo Green. La track sample également "Fragile" de Tatsuro Yamashita, et semble plus apaisée, entre soul, et rock psychédélique, et Tyler retrouve sa voix naturelle en même temps que son apaisement, puisqu'il a enfin pu se débarrasser de ses sentiments amoureux à sens unique (jolie idée que ces modifications vocales suivant l'évolution du personnage). D'ailleurs, il abandonne complètement son obsession amoureuse et regarde le futur avec optimisme sur "I DON'T LOVE YOU ANYMORE", morceaux doux-amer et apaisé, sur lequel on retrouve Solange et Ryan Beatty (ce dernier, ainsi que Santigold apparue un peu plus haut, on déjà bossé avec lui sur son dernier EP). 

Tyler, The Creator - GONE, GONE / THANK YOU (2019)

  Le disque se termine par l'apothéose soul-rock, pas si loin d'un Funkadelic période "Maggot Brain", de "ARE WE STILL FRIENDS", sur laquelle on entend également les voix du légendaire Al Green et de l'icone devenue ami Pharrell Williams

  Pour reprendre tout ça brièvement, ce disque à la croisée des influences (électro-pop des années 2000, hip-hop, pop post-Neptunes, soul psychédélique, rap saturé à la Yeezus...) est une réussite totale. Avec un nombre d'invités assez conséquent, à la voix comme à la prod, Tyler garde néanmoins la main sur un projet ultra-personnel et se montre en véritable chef-d'orchestre, capable d'utiliser les interventions de ces collaborateurs souvent proches et récurrents pour transcender les morceaux d'un disque qu'il a entièrement composé, arrangé et produit par ailleurs. La cohésion musicale est assortie d'une cohésion thématique totale, des textes à l'interprétation et au traitement des voix qui servent le propos narratif de cet album concept sur une relation amoureuse vouée à l'échec. C'est une oeuvre brillante, dense mais consise, qui ne perd pas une seconde mais laisse tout de même l'auditeur respirer à travers de magnifiques plages instrumentales souvent délicates, pour mieux le cueillir au banger suivant. Un très, très grand album.

A écouter sur Spotify ou Deezer ou Youtube

Alex


dimanche 19 mai 2019

Kevin Morby - Oh My God (2019)


  Sur une lancée incroyable depuis 2013 (5 albums – tous parfaits dans leur style), Kevin Morby est désormais attendu comme le messie à chacune de ses sorties par les connaisseurs. Et ça tombe bien parce que cet étrange disque parle de religion, mais l’interroge d’un point de vue extérieur, ce qui est un point de vue assez rare dans la pop et le rock. On retrouve quelques traces de cela musicalement : des chœurs aériens ou gospels, des suites d’accords grandiloquentes évoquant la musique religieuse sous toutes ses formes, des inflexions vocales de Dylan période born-again, etc…

  Mais le plus intéressant, c’est que ça accouche de grands morceaux, musicalement imparables. Par exemple, « Oh My God » est magnifique, mais sa conclusion instrumentale d’une beauté et d’une richesse inouïes (ces chœurs ! ce piano ! ce saxo ! …) la transcende complètement et en fait une œuvre d’art totale. Dans le même stylé, « No Halo » est d’une puissance et d’une profondeur rares, et la production absolument parfaite fait ressortir chaque son de manière totalement jouissive et achève de consacrer ce morceau comme un classique instantané.

Kevin Morby - No Halo (Clip, 2019)

  Mais même les morceaux les plus dépouillés, comme « Savannah », « Piss River », « Seven Devils », « Sing a Glad Song », « Ballad of Faye », et surtout le très Leonard Cohen « Nothing Sacred / All Things Wild » débordent de vie et sont d’une densité folle, avec une ambiance immersive à couper au couteau, due à cette production insensée tant elle est bonne. Et même les quelques morceaux les moins ambitieux, comme la pop euphorique et un peu jazzy de « Hail Mary », le rockabilly/garage marrant presque cartoon, entre Roy Wood, Ramones et Troggs, d’« OMG Rock n Roll » sont attachants et souvent assez imprévisibles (cf la fin toute en chœurs de cette dernière). Ces morceaux sont néanmoins un peu moins marquants que les 3 premiers et ont le malheur de passer après, souffrant un peu de la comparaison avec « No Halo », « Oh My God » et « Nothing Sacred / All Things Wild », et lorsqu’on arrive à « Oh Behold », on peut être un peu lassé par le côté très homogène des rythmes, sons et de la diction de Morby.

Kevin Morby - Nothing Sacred / All Things Wild (Clip, 2019)

  En revanche, pour moi en tous cas, le doo-wop de « Congratulations » est clairement à niveau, de même que la paisiblement psychédélique « I Want to be Clean ».

  Si on voulait résumer un peu vite, ça n’est probablement pas le meilleur Morby, en tous cas ce n’est pas mon préféré aux premières écoutes. Un peu répétitif, il contient en revanche quelques-uns de ces meilleurs morceaux, qui sont donc également quelques-uns des meilleurs sortis cette année, étant donné la qualité de son travail. C’est donc un disque un peu imparfait mais régulièrement très impressionnant, qui se place honorablement dans la discographie impeccable de son auteur.

Mes morceaux préférés : « Nothing Sacred / All Things Wild », « No Halo », « Oh My God », « Congratulations »

A écouter sur Deezer ou Spotify

Alex

vendredi 17 mai 2019

Mac Demarco - Here Comes The Cowboy (2019)


  This Old Dog, dernier album de Mac Demarco en date, m'avait déjà surpris par son côté minimaliste, quasi folk, et ses détours synthpop, nocturnes et mélancoliques. Here Comes The Cowboy, c'est exactement ça, en plus poussé et moins ambitieux, c'est à dire une épure totale musicalement, un tout très apaisé, calme, laid-back, avec des guitares folk/blues/country et des synthés chill à la Homeshake. D'ailleurs, l'intro "Here Comes The Cowboy" n'est rien d'autre qu'un riff bluesy répété à l'envie, avec une seule ligne de chant (le titre), déclamé calmement mais avec humour. Ce titre met d'emblée l'auditeur dans l'état d'esprit posé, contemplatif, nécessaire à l'appréciation de l'album. 

Mac Demarco - Nobody (Clip, 2019)

  Mais aimer cet album, ça n'est pas très difficile, tant le songwriting délicat est beau et intemporel, et l'interprétation touchante. Quelques-unes des plus belles chansons de Mac s'y trouvent : "Nobody" est déchirante, "Finally Alone" magnifique, notamment avec son refrain chanté d'une voix de tête, sur des synthés doux. Qui, comme sur la jolie "Heart To Heart", rappelle le groupe de Peter Sagar et les détours synthétiques du précédent LP. "Preoccupied" est aussi tranquille et langoureuse qu'une bossa. 

  Le côté crooner sous nicotine de certains de ces titres me parle bien, ça évoque Dylan ou Sinatra, ça remonte loin, c'est couillu d'aller sur ce terrain, pas vendeur d'un côté et pas facile de convaincre les puristes de l'autre, respect. Je pense notamment à la magnifique "K", et à la très touchante "All Of Our Yesterdays"De manière générale, la plupart de ces pop songs douces auraient pu sortir n'importe quand entre les années 50 et maintenant, et c'est ce songwriting sans âge (y'a un petit truc jazzy parfois, comme sur "Skyless Moon"), classe sans trop en faire, qui fait la beauté du truc. Par exemple, "On The Square" et ses accords classe auraient pu venir de Billy Joel, Carole King, Harry Nilsson ou des Beatles. Mais c'est sur ce bel album que vous la trouverez.

Mac Demarco - On The Square (Clip, 2019)

  Les autres morceaux, souvent plus espiègles, ne sont pas en reste. J'adore notamment le chant aigu et la guitare bluesy de "Little Dogs March", le funk de "Choo Choo" passe également très bien, et renvoie à une irrévérence très anglaise dans l'esprit (on peut penser à McCartney dans ses débuts en solo ou à un Damon Albarn d'humeur joueuse), mais également assez proche de la démarche touchante, timide et planquée derrière un rideau d'humour et une imagerie enfantine de Jonathan Richman. Je trouve des inflexions très Blur également dans "Hey Cowgirl", quelque chose dans le chant. 

  L'album se termine d'ailleurs par un "Baby Bye Bye" qui sent autant la comptine que le bayou, suivi par une piste cachée, genre de jam autour du funk de "Choo Choo" assaisonnée de rires façon Joker, de cris bluesy comme quand Paul McCartney voulait déconner sur le White Album, et de "yee-haa" dans le thème du disque. 

  Ce côté déconne, décalé, se retrouve également dans les visuels de l'album, des clips classiques, sobres et dépouillés où Demarco porte des masques de monstres hideux (et dans le clip WTF de l'intro aussi). Comme un écran, ces images cachent le malaise de ce grand enfant perdu et pudique (on pense au costume de gorille de Harry Nilsson sur "Coconut" dans le même genre), et c'est assez touchant. On sent tout au long de ce disque la sensibilité à fleur de peau de l'artiste, et pour l'avoir vu se défoncer la tête au cours d'un concert qui a mal fini alors qu'il commençait magnifiquement, j'espère pour lui, humainement, que le chemin vers plus d'apaisement va suivre son cours. Ce disque sobre et beau sonne comme ça en tous cas, on ne peut qu'espérer pour lui que ce soit le cas.

Mac Demarco - All Of Our Yesterdays (2019)

  En attendant, c'est une oeuvre d'une beauté classique assez indiscutable, et même si Demarco est souvent farceur, son talent de mélodiste et d'interprète transcendent ces facéties et rendent vital un album qui aurait pu être monotone. Un très beau disque, faites l'effort de l'écouter vraiment si vous en avez le temps et l'envie, et ne perdez pas de temps à lire des critiques souvent négatives de gens qui à leur lecture n'ont pas pris le temps de l'écouter correctement. 

Mes morceaux préférés : Nobody, Finally Alone, Heart To Heart, Preoccupied, K, All Of Our Yesterdays, Skyless Moon, On The Square

A écouter sur Deezer ou Spotify

Alex


mercredi 15 mai 2019

Vampire Weekend - Father Of The Bride (2019)


  Pas tout à fait conquis par les premiers singles de l'album, je m'attendais à être déçu par ce disque, alors que je considère leur précédent, Modern Vampires of The City (2013) comme un classique, et que leurs deux premiers ne sont pas loin derrière. Et puis, petit à petit, au fil des réécoutes, ces singles ont fini par me convaincre, et j'ai fini par apprécier la direction prog-folk que prenait l'album. Et je ne suis pas déçu. "Harmony Hall" accroche incontestablement l'oreille, entre le Grateful Dead, "Sympathy For The Devil", la soul blanche de George Michael, et le style post-doo-wop déjà présent sur l'album de 2013. Autre gros single, encore plus entraînant, "This Life" remplit bien son rôle, tandis que la très, très belle "Unbearably White" aurait pu figurer sur MVOTC, illustrant finalement assez bien la continuité entre ces deux albums.

Vampire Weekend - Harmony Hall (Clip, 2019)

  Le style pop/folk/rock à l'ancienne, propret, à la papa, mais un peu modernisé, va très bien à Ezra Koenig (qui a écrit "Diane Young" je vous rappelle), et ça rend des morceaux comme "Bambina" immédiatement aimables. De même sur un style plus pop, comme la très doo-wop "How Long" et la touchante "My Mistake". Lorsque les petites touches de modernité (un effet vocal, un peu d'électro, un beat hip-hop...) débarquent, c'est naturel, et lorsqu'elles se font plus audibles, on aboutit à quelques-uns des morceaux les plus aimables du disque : "Big Blue", "2021", "Rich Man", et la géniale "Flower Moon" dont je vais reparler un peu plus loin. 

Vampire Weekend - This Life (Clip, 2019)

  Les métissages entre les genres musicaux font encore une fois le sel de ce disque, comme sur "Stranger", entre jazz venu de Louisiane et musiques latines, l'excellente "Sympathy" qui mêle house, jazz et folk gypsy. Le côté jazz-funk (avec même du scat) de "Sunflower", avec Steve Lacy, s'intègre parfaitement au côté prog du disque, et introduit parfaitement mon morceau préféré : "Flower Moon", qui est un voyage à elle toute seule, entre vocoder, psychédélisme, funk, prog, jazz, folk, fanfare, c'est une explosion musicale absolument divine et miraculeuse. 

Vampire Weekend - Flower Moon (2019)

   Bon, par contre je ne suis pas hyper hyper fan des interventions vocales (fréquentes) de Danielle Haim (du groupe Haim, très présente ici car elle est la femme du producteur Ariel Reichstad, fidèle de Vampire Weekend, qui a coproduit ce disque en entier chez lui dans son studio perso). Sur l'intro, "Hold You Now", qui sample les fameux chants mélanésiens que vous avez sûrement déjà entendus dans un film (ou une pub...), ainsi que sur les nombreux morceaux où elle assure quelques chœurs ou harmonies, ça me va carrément, son apport est intéressant. Mais sur tout un duo, comme "Married in a Gold Rush" et "We Belong Together", ça fait un peu beaucoup, et ces morceaux sonnent un peu culcul à mes oreilles, pourtant j'aime beaucoup les duos country. Mais c'est pas nul non plus hein, juste un peu en dessous je trouve.

Vampire Weekend - Spring Now (2019)

  En revanche, la fin du disque est top, avec un "Spring Now" merveilleux, là encore un genre de doo-wop des années 2010 aussi beau que moderne, puis "Jerusalem, New York, Berlin", qui arrive à m'émouvoir au fur et à mesure de l'écoute, en empilant les bonnes idées (un piano absolument délicieux, une voix douce, un beat électro...).

  Bref, c'est une bonne surprise pour moi, vous l'aurez compris. Je vous encourage à y jeter une oreille et à prendre le temps de vous approprier cet album assez dense, assez expérimental, à la démarche pop très joueuse. Par exemple en y revenant plusieurs fois, par petites doses de 3-4 morceaux (c'est comme ça que j'ai fait personnellement). Alors bonne écoute !

Mes morceaux préférés : Unbearably White, Spring Now, My Mistake, Flower Moon, Sympathy

Ecouter sur Deezer ou Spotify

Alex


  

lundi 13 mai 2019

Orville Peck - Pony (2019)


  Sur une suggestion Twitter, je file écouter ce disque, Pony, de Orville Peck (un inconnu pour moi) au pif, ne connaissant pas l'artiste. Et je tombe sur le premier morceau, "Dead of Night", qui démarre un peu Johnny Cash, un peu Chris Isaak, un peu Depeche Mode façon blues-rock, avec une production impeccable, très Phil Spector, et un côté fantasmagorique venu de chez Roy Orbison, cette ambiance à la Twin Peaks que n'aurait pas reniée Lana Del Rey. Et là le refrain déboule, avec cette voix 80's à la Talk Talk, et je suis conquis. Putain, quel morceau. Ah et, ayant vu le clip après coup, apparemment il cultive le look masqué et joue sur ce côté mystérieux, mais ça je ne l'ai vu qu'après écoute.

Orville Peck - Dead Of Night (Clip, 2019)

  On continue sur cette très bonne lancée avec "Winds Change", plus Cash/Orbison, avec toujours ce chant expressif, puissant. Quelques échos post-punk viennent nourrir la plus pop "Turn To Hate", également impeccable, tandis que c'est plutôt aux Cure des débuts, aux Jesus & Mary Chain et surtout à Sonic Youth qu'on pensera en écoutant la très bonne "Buffalo Run".

  Je suis un peu moins emballé par la suite, je trouve les morceaux "Queen of the Rodeo", "Roses Are Falling" (très Elvis période pop), et "Hope To Die" (aussi gothique que son titre) un peu moins percutants même si très aimables, et "Kansas (Remembers Me Now)" un peu vite expédiée alors qu'il y avait beaucoup de promesses dans ces chœurs intriguants. Une petit interlude expérimental à la Scott Walker"Old River" est planqué au milieu de ces titres. Un cran au-dessus, "Big Sky" a beaucoup de style, tandis que la très Johnny Cash "Take You Back (The Iron Hoof Cattle Call)" sonne comme un générique de western, et c'est plutôt cool. L'album finit sur une touche très élégante avec "Nothing Fades Like the Light", qui prouve toute la puissance et la subtilité de l'interprétation du chant d'Orville Peck puisqu'on croirait entendre un des morceaux les plus tendres de Presley.

Orville Peck - Turn To Hate (Clip, 2019)

  Finalement, le seul défaut de ce disque c'est d'avoir commencé tellement fort qu'il était difficile de tenir les promesses d'un tel enchaînement de morceaux géniaux. En dehors de ça, c'est une superbe surprise, et certains de ces morceaux risquent de passer en boucle chez moi, grand amateur de crooners country/rock à la Presley, Cash, Orbison & co. Je recommande donc chaudement, et merci internet pour la découverte.

Mes morceaux préférés : Dead Of Night, Winds Change, Turn To Hate

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex