Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

samedi 30 juillet 2016

Still Parade - Concrete Vision (2016)



  Je le dis, et le redirai, cette année 2016 est lumineuse musicalement. Malgré le décès de nombreux grands, d'encore plus nombreux jeunes groupes sortent des trucs magnifiques. Ce disque de Still Parade en fait partie. Le groupe est adepte d'un songwriting pop de haute volée et d'une mise en son s'appuyant pas mal sur des sonorités synthétiques, tout en sachant rester organique.



   L'introduction, "Seasons", commence comme cela, synthés aquatiques devant, voix nonchalante et douce, aussi mélancolique que joyeusement pop, rythmique sèche, chaleur estivale de l'instrumentation. Le tout très mélodique, et servi avec arrangements synthétiques épurés. Magnifique, dans la lignée de ce qui se fait de mieux dans le genre, de Tellier à Air en passant par Metronomy, De Roubaix, les Junior Boys, Baxter Dury et Tame Impala. Tout le bien qu'on pense alors du groupe est décuplé à l'écoute du tubesque (dans le sens le plus noble du terme) "Walk In The Park", entre hédonisme et mélancolie : la définition de la chanson pop parfaite (j'en ai déjà parlé ici, au passage). Ces accords lumineux me rappellent d'autres champions du genre, surtout le "Aller Vers Le Soleil" de Sébastien Tellier justement... Cette évidence, cette fraîcheur, cette sensation que chaque note est pile où elle devrait être, cette pureté des arrangements à la fois généreux et épurés, ça c'est en pop ce qui s'appelle être touché par la grâce et marcher sur l'eau. Comme Rundgren, Michael Jackson, McCartney & Lennon ou Brian Wilson en leurs temps. Je semble peut-être dans l'emphase là, mais ce genre de chanson pop c'est tout ce que j'apprécie, et je n'ai aucune réserve sur cette chanson, c'est du très très très bon.




  Et le reste de l'album est à l'avenant. Le morceau-titre, "Concrete Vision", qui repose davantage sur la guitare (sauf lors de son élégiaque outro synthétique) est plus mélancolique mais tout aussi réussie et émouvante, avec là encore des sonorités modernes rappelant notamment le dernier Tame Impala, mais ancrées dans une tradition remontant aux sixties aventureuses. 
  
  Ce morceau est suivi par un "Let Go" là encore assez tubesque, avec des influences presque soul dans l'interaction claviers - section rythmique (magnifique basse)... et toujours ces suites d'accords renversantes. "07:41" repose sur une batterie chaloupée et un motif synthpop du plus bel effet, et possède elle aussi de beaux moments d'accalmies, des changements de rythmes et des parties plus enlevées. Le sens du timing, des pauses, de la retenue et de l'équilibre est d'ailleurs une des clés de la réussite de ce groupe sur cet album, tout est dosé avec une minutie et un naturel désarmants.




  "Everything Is Going Down (Again)" enfonce le clou avec sa batterie estivale et ses nappes de synthé puissantes, et emporte tout sur son refrain déabusé, de même que le psyché "Chamber", plus rythmé, et "Morning Light", plus posé. L'album se conclut ensuite sur le franchement eighties "True Love", là encore tout en émotion, et pour les chanceux sur le magnifique bonus "Reason".




  Bref, cet album est une vraie perle pop dans laquelle on aime se perdre encore et encore, afin de découvrir à chaque nouvelle écoute de nouvelles merveilles. Un des albums de l'année, faites moi confiance. D'ailleurs voici le lien Spotify pour écouter ce très très bel album. Foncez !

Merci pour votre lecture et vos commentaires




Alex

mercredi 27 juillet 2016

Bill Withers - Kissing My Love - Live at "Beat Club" ( 1972 )

  Il y a de rares versions live de standards qui ont l'art de transcender leur version originale. L'extraordinaire session live de "Kissing My Love", du soulman Bill Withers, enregistrée pour l'émission allemande Beat Club en 1972, fait partie de ce club très fermé ! 


     A l'époque il tournait avec les musiciens du Watts 103rd Street Rythm Band : à la guitare principale Benorce Blackmon, à la batterie James Gadson, au clavier Ray Jackson et à la guitare basse Melvin Dunlap.

     Tirant profit de cette formation plus restreinte sans section cuivre et du rendu live plus authentique qu'un formatage post-production studio, la musique y est beaucoup plus roots, plus âpre, mettant l'accent sur la rythmique impulsée par un James Godson de génie à la batterie. En soit le morceau en est plus funk !


Version live du "Beat Club" ( 1972 ) :




version studio de l'album Still Bill ( 1972 ) :



Une version que je ne me lasse toujours pas d'écouter et réécouter !


ETIENNE






lundi 25 juillet 2016

Surface - Falling In Love (Single, 1983)


  Bombe électrofunk suivante : ce "Falling In Love" de Surface, tout droit sorti de chez les grands Salsoul Records. Beat disco, synthés basse dans tous les sens, guitares rythmiques, piano et synthés house, chant soul/pop acidulé et flûtiaux, tout est réuni pour un morceau de choix. 

Bonne écoute !


Alex

vendredi 22 juillet 2016

Curtis Hairston - I Want You (All Tonight) (Single, 1983)


  Aller, puisque c'est l'été, après le Fonda Rae je vous propose une autre bombe électrofunk. Clavier basse liquide, guitare très Chic slappée, beat 4/4 discoïde immuable, piano de fin de soirée, synthés déments, et diva soul, tout est en place dès le couplet. Et le refrain est très proche de Michael Jackson période Off The Wall / Thriller, pas la pire des références du genre ! Bref, ce petit tube de Curtis Hairston est parfait pour appuyer ce fait : l'électrofunk est une musique éminemment riche, un des styles musicaux les plus importants depuis les années 70/80, et le digne successeur des grands funksters, faisant des petits (souvent très doués) dans tous les genres musicaux. Comment ne pas le dire à l'écoute de cette chanson géniale ?

Bonne écoute !

Alex

jeudi 21 juillet 2016

Fonda Rae & Wish - Tuch Me (All Night Long) (Single, 1986)


  Cette claque ! Ce single de 86 est une pure merveille. Ca commence avec des nappes de synthé presque deep, le chant soul/gospel de Fonda Rae, puis un clavier clair joue une petite mélodie, rejointe par la boîte à rythme, le synthé basse, et là tout s'enchaîne. Ce single est parfait, c'est le "Blue Monday" de la house gavée à la disco, à la soul, et à l'électrofunk (on entend autant Kraftwerk que Clinton et Prince là-dedans). C'est un vrai modèle indépassable pour toute la musique électronique dansante et de qualité qui viendra par la suite, comme un "I Feel Love" mais plus mélancolique et tout en breaks de boîte à rythme. 

  La tension monte, monte monte, et à chaque fois que la mélodie principale revient, l'intensité monte d'un cran, le corps se met petit à petit à bouger, de plus en plus, sans s'en rendre compte. Ce mélange de joie hédoniste et de mélancolie profonde est euphorisante. Et ce final avec le jeu sur les voix... Tous les petits mecs de la tropical house, les Diplo, les Bieber, les Skrillex et les DJ Snake peuvent aller élever des chèvres dans le Tennessee après avoir entendu ça. Rien que ce petit break, c'est à des milliers d'années lumière au dessus de tout ce qu'ils ont fait depuis leurs débuts. Adios, et bon débarras !

  Bref, un de ces moments de grâce absolue en musique, quand des interprètes, une composition et un son fusionnent de façon parfaite pour synthétiser toute une époque. Ces 10 minutes séminales (qui seront parmi les 10 minutes les plus courtes de votre vie), essaiment encore aujourd'hui dans la musique de groupes de synth pop de talent comme Niki & The Dove, Blood Orange, Dâm-Funk, Cellars ou autres. Indispensable, incontournable.

  Il faudra que je reparle des années 80-90, décennies oubliées de l'histoire du funk, et de la place mésestimée de l'électrofunk, musique peu avare en moments absolument éblouissants dans le genre, et qui a fait des petits de qualité ces dernières années.

Quoi, vous n'avez pas encore appuyé sur play ? 



Alex


mardi 19 juillet 2016

Alan Vega (1938 - 2016)


  Que dire... Eh ben c'est vraiment mais vraiment pas mon année. Là encore, Suicide pour moi c'est de la même trempe que les Beatles, Eno, Bowie, Prince, Kraftwerk, les Stooges, Brian Wilson, c'est le genre de groupe qui m'ont donné la flamme de la musique. Pour découvrir d'autres groupes à écouter, remettre en cause nos acquis... Et même dans la musique que je fais en amateur, Suicide est l'influence la plus prégnante. Cette façon de synthétiser (dans tous les sens du terme) des décennies de musiques et d'en faire un truc aussi accessible et catchy, et à la fois agressif, radical et repoussant est du génie pur. Ce génie se retrouve dans le chant de Vega, qui au long de sa carrière de chanteur post-moderne illustrera avec brio ce que je viens d'évoquer, du crooner pop au punk rockeur au fantôme rockabilly. 

Il va me manquer, il part sur un dernier duo avec son plus grand fan Christophe, et de très bons albums solo. 

Bye Alan, bye Mr Vega !


alex


samedi 16 juillet 2016

Metronomy - Summer '08 (2016)





La chronique d'Alexandre :

  Le dernier Metronomy est enfin sorti, et dès le titre la couleur est annoncée, Summer '08 sera nostalgique de cette période qui a vu le groupe s'envoler vers les sommets avec le désormais classique Nights Out. Et ça se ressent dès le premier morceau, « Back Together », qui introduit l’album par un synthé très vintage, avant de virer totalement électro-rock façon 2008 justement, entre The Rapture et Franz Ferdinand, mais avec l’identité Metronomy. Ce morceau résume bien l’album, car il sonne comme ce que Mount faisait entre son 1er album sous le nom de Metronomy et le chef-d’œuvre Nights Out, ce qui est à la fois plaisant car c’est bien fait et confortable et frustrant car on l’a déjà entendu et en mieux. 

  Cependant, la deuxième moitié du morceau est sublimée par un lumineux disco hédoniste, avec un petit clin d’œil à un autre hit électropop de 2008, « Divine » de Sébastien Tellier. Tout l’album sera de cet acabit, un mélange à la fois plaisant et frustrant de morceaux qui auraient pu sortir il y a 8 ans, mais magnifiés par quelques éclats de génie.



  La suivante, « Miami Logic », semble un mélange entre les sons du morceau « Nights Out », de la rythmique de « Heartbreaker », et des excentricités vocales de « Holiday » en plus soft, pour un résultat là encore très plaisant mais un peu décevant si on n’arrive pas à oublier les morceaux précédents. « Old Skool » est un peu différente, sa disco rythmée par les cowbells et une basse encore une fois mémorable, et son pont en scratch, semble déjà plus inédite chez Metronomy.

  C’est encore un beat très disco qui ouvre « 16 Beat », qui va pourtant très vite virer plus new wave et sombre, pour un résultat réussi. De même que « Hang Me Out To Dry », très électro-pop, une bonne pop song en duo avec Robyn, évoque le français Breakbot (surtout son excellent dernier album sorti cette année). « Mick Slow » rappelle quant à elle encore pas mal de morceaux de Nights Out mais son ambiance solitaire et mélancolique transcende les comparaisons. « My House » avec son orgue poursuit cette ambiance nocturne en rappelant davantage Love Letters par son orchestration plus pop, et introduit pour la nouveauté un petit grattement de guiro.



  Love Letters et The English Riviera sont encore conviés sur la suivante, « Night Owl », sans doute ma favorite de l’album, un genre de soft rock dépressif, solitaire et noctambule qui poursuit vraiment l’ambiance installée par les derniers titres et révèle tout l’intérêt de cet album conçu seul par Mount. « Love’s Not An Obstacle » et « Summer Jam » (qui rappelle Tellier aussi) cloturent l’album sur la même touche, avec cependant moins de panache.

  Bref, ce disque se savoure comme un plaisir simple, solitaire, et de nuit de préférence. Il vaut aussi mieux oublier les grandeurs passées du groupe pour pouvoir pleinement l’apprécier. Mais une fois cette barrière mentale passée, reste un bon album qui s’apprécie en tant que tel. Ce qui pose l'intéressante question de la façon dont nous abordons une oeuvre, musicale ou non. 
  Tenons nous compte de nos pré-requis culturels en général et sur l'oeuvre de l'artiste en particulier ? Intellectualisons nous tout et comparons nous tout ou laissons nous une place à l'appréciation pure et simple, "sensuelle" ou "sensorielle" de l'oeuvre, sans penser plus loin. Est on dans le désir et l'attente de quelque chose de grand, de bouleversant artistiquement et peut-être d'inaccessible ou alors dans la simple jouissance épicurienne d'une oeuvre qui a de quoi procurer un certain plaisir brut ? Vous répondrez (ou pas) à tout ça en écoutant cet album.

Alexandre




La chronique d'Etienne :

Nouvel et cinquième opus du groupe anglais originaire de Totnes, Summer 08 est... MERDE, F*** les articles objectifs : Metronomy for ever ! Mon groupe fétiche par dessus tous !


  Voilà un album qui me serait certainement passé inaperçu, si il n'avait pas la signature "Metronomy", au vu de ses compositions mélodiques simplistes, ses ambiances sans grande originalité et d'une production manquant d'ambition, laissant ce goût d'inachevé dans l'oreille. Rien de brillant. Pas de hits. Un album que l'on pourrait qualifier de nietzchéen.

  Un album nietzchéen, non dans le sens tragique du terme comme le serait le mythe de Sisyphe, mais plutôt comme une représentation de l'Eternel retour du même, cher à Nietzsche, dans le mesure où il marquerait la fin d'un cycle qui reviendrait à son origine, celui de l'album qui l'a vu naître aux yeux de tous, Nights Out, auquel le titre Summer 08 fait référence à l'été suivant la sortie de cet album, en 2008. C'est le retour à une composition plus spontanée, moins stéréotypée, moins parfaite, plus simple. Tant dans les paroles beaucoup plus naïves et détachées, que par la production plus électronique, répétitive, aux airs de "dance music" dans les rythmes et la construction des morceaux. 

  Il y rejoint Nights Out à bien des égards, à ceci près que Joseph Mount y est ici omniprésent et que la folie douce a été remplacée par la mélancolie d'un album beaucoup plus intimiste, personnel et poignant. Un album solo quasiment, teinté d'un nostalgie portée par des influences très 80's, dont le titre fait là aussi certainement référence et notamment visibles sur "16 Beat"


« Que dirais-tu si un jour, si une nuit , un démon se glissait jusque dans ta solitude la plus reculée et te dise : « Cette vie telle que tu l’as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d’innombrables fois ; et il n’y aura rien de nouveau en elle, si ce n’est que chaque douleur et chaque plaisir, chaque pensée et chaque gémissement et tout ce qu’il y a d’indiciblement petit et grand dans ta vie devront revenir pour toi, et le tout dans le même ordre et la même succession […]. L’éternel sablier de l’existence ne cesse d’être renversé à nouveau – et toi avec lui, ô grain de poussière de la poussière ! » 
-Nietzsche - 
Le Gai Savoir




  Et par ce même processus, cet album se réécoute en boucle, se laissant aimer à l'infini. On y découvre des titres fabuleux tel "Mick Slow", des synthés magiques, comme sur "Night Owl", qui à l'instar de son titre évoque leur album Nights Out et les "pouet-pouet" de "Radio Ladio". On y découvre aussi des références, notamment à Sexuality, de Sébastien Tellier, avec "Summer Jam", ou "Back Together" évoquant "Divine", mais aussi à Prince  sur "Miami Logic"

  Un album qui ne relève pas du génie mais d'un artiste hors-pair qui trace son chemin, aimant à revivre sa discographie à l'image de l'Eternel retour.


Etienne



lundi 11 juillet 2016

Otis Spann with Fleetwood Mac - The Biggest Thing Since Colossus ( 1969 )

Attention album d'anthologie ! Probablement mon album de blues préféré par dessus tous si il en fallait un. 




     Cet album enregistré en 1969, s'inscrit dans une très emblématique page de l'histoire musicale du Royaume-Uni faisant pont avec les USA, à savoir le British Blues Boom. Une nouvelle génération d'anglais des 50's-60's redécouvre alors le blues et n'hésite pas, à court de nouvelles galettes disponibles à l'importation, pour partir aux USA dénicher ces bluesmen oubliés, les faisant entrer dans la légende, là où la ségrégation faisait encore des ravages. Ces anglais passionnés de blues découvrent alors dans le sud des Etats-Unis leurs idoles dans un anonymat complet. La première génération de bluesmen a ainsi souvent disparu de la scène et vit de travaux agricoles. Cette recherche d'authenticité alla parfois jusqu'à une surenchère folklorique, où on a pu voir certains d'entre eux devoir feindre l’illettrisme pour se confondre avec les attentes d'un public avide de clichés. 

     Mais Otis Spann n'est pas de ces premiers pas de l'histoire du blues, puisque né à Jackson dans le Mississipi en 1930 dans une famille de musiciens et initié très vite au piano blues, il fait partie de la deuxième génération. Il débute probablement sa carrière à la fin des années 40 à Chicago où il travaillera notamment comme musicien studio pour le célèbre label Chess Records, à qui les Rolling Stones rendront hommage avec leur génial titre 2120 South Michiguan Avenue, faisant référence à l'adresse historique du label. Il y enregistrera avec des pointures tels B.B. King, Little Walter et c'est par ce biais qu'il rencontre Muddy Waters qui l'engage comme pianiste et avec qui il  enregistrera et tournera jusqu'en 1960. Date à partir de laquelle il commencera une carrière solo avec un album très "modestement" nommé Otis Spann Is The Blues. Il y joue du blues aux influences rock, jouant du piano et chantant. A cette sauce il sortira des albums pendant toute la durée des 60's sur de nombreux labels et fera de nombreuses collaborations, avec des artistes tel Buddy Guy. Mais il travaillera aussi avec ces anglais du British Blues Boom tel Eric Clapton et Peter Green.



Fleetwood Mac avec Peter Green à la fin des 60's

     C'est de ces liens avec le British Blues Boom qu'est né The Biggest Thing Since Colossus. En effet, Fleetwood Mac, alors jeune groupe de Blues Rock faisant partie de ce mouvement musical, avait à l'époque comme leader le guitariste et chanteur Peter Green. Celui-ci ayant déjà collaboré par le passé avec Otis Spann, il leur permis, alors qu'ils tournaient aux USA, de participer à un ensemble de jams avec le contrebassiste Willie Dixon, le batteur S.P. Leary et le guitariste Honeyboy Edwards dans les studios du label Chess Records à Chicago. Conquis par la formation anglaise et le rendu de leur collaboration, le pianiste décida dans al foulée d'enregistrer avec le groupe ( Mick Fleetwood cédant sa place au batteur et ami d'Otis S.P. Leary) une série de morceaux. 




     En ressort 8 titres originaux et 2 reprises : No More Doggin' de Rosco Gordon et le classique Ain't Nobody's Buisness de Porter Gringer et Everett Robin, formant un très homogène album d'une trentaine de minutes, où le le chant brut d'Otis Spann se mêle à son jeu de clavier prolifique et à la guitare musclée de Peter Green, pour un blues rock des plus jouissifs. La dynamique au sein de cette formation éphémère semble alors comme naturelle et spontanée, accordée par un même langage universel, celui du blues. En témoigne le génial My Love depends on you, ouvrant l'album ou le très bon She Needs some love, reflétant bien l'émulsion qui a pu se produire lors de ces sessions. Le tout sortira en janvier 1969 sur label londonien Blue Horizon du producteur et manager de Fleetwood Mac, Mark Vernon.

     Il s'y cristallise ainsi cette fusion du blues américain avec le British Blues. Mais aussi l’apogée de la période blues-rock de Fleetwood Mac qui se métamorphosera alors en le groupe pop-rock que l'on connait, suite au départ malheureux en 1970 de leur leader Peter Green, pour causes psychiatriques ; tout comme celui d'Otis Spann pour qui l'album sera son dernier avant son décès prématuré d'un cancer hépatique cette même année 1970. C'est aussi symboliquement la fin du British Blues Boom dans sa vision authentique du blues et qui à l'aube des 70's donnera naissance au hard-rock grâce à des groupes comme Led-Zepplin



Un album à écouter absolument !


Otis Spann with Fleetwood Mac - The Biggest Thing Since Colossus ( Youtube )
Otis Spann with Fleetwood Mac - The Biggest Thing Since Colossus ( Deezer )
Otis Spann with Fleetwood Mac - The Biggest Thing Since Colossus ( Spotify )


ETIENNE

mardi 5 juillet 2016

X - Los Angeles (1980)




  Et bim ! C'est comme un uppercut que le groupe commence cet album et confirme d'entrée de jeu la place cruciale de la Californie sur la carte du monde du punk. Le riff de "Your Phone's Off The Hook (But You're Not)" est d'obédiance rock fifties, mais version punk (à la Johnny Thunders). Et le chant masculin/féminin fait la différence : ce groupe a un truc, un vrai. Ces petites intonations psyché qu'on retrouve dans les voix et venant directement des voisins (et ancêtres) de Jefferson Airplane et Doors (mais ne le dites pas trop fort, les hippies sont pas très bien vus chez les punks). C'est confirmé sur "Johnny Hit & Run Paulene", où on croirait entendre un duo entre Jim Morrison (ou Jeffrey Lee Pierce selon les moments) et Grace Slick. Et puis cette basse caverneuse, ce solo rockabilly... Magnifique. Ah oui et la production est vraiment bonne, sale comme il faut, mais écoutable (à noter pour du punk, surtout du punk eighties).




  Ils tentent ensuite le mur du son et le chant déglingué à la Sex Pistols (plus un refrain assez pop) sur "Soul Kitchen", avec réussite, et font presque du post-punk avec le riff nihiliste et irrésistible de "Nausea", son orgue doorsien, son beat pied sur la grosse caisse et son refrain accrocheur. Ou comment être intègre, sans concessions et accessible en une leçon. Oh et la chanteuse est (comme sur tout le disque) une merveille de talent à l'état brut.

  Retour du rockabilly caverneux sur "Sugarlight", mais revu et corrigé par le punk, et toujours cette voix masculine légèrement éraillée (par la nicotine ?) qui va bien. Le morceau titre, "Los Angeles", tout en breaks et presque hard-blues repose encore sur des questions-réponses masculin-féminin du plus bel effet.




  "Sex And Dying In High Society" fonce à toute vitesse et défonce tout sur son passage en suivant la même formule, agrémentée de nappes de synthé étonnantes. "The Unheard" est plus haché, plus bluesy à nouveau, la batterie martèle sans répit et les chanteurs chantent en choeur des trucs à propos de "milliers d'enfants qui enterrent leurs parents". Encore un grand moment. Et cet album aussi excellentissime que concis se termine en beauté par "The World's A Mess; It's In My Kiss", superbe là encore, avec orgue, chant quasi pop, rythme effréné et guitares tranchantes.




  Une leçon de punk, et un classique indispensable à connaître absolument. Pour le (ré)écouter c'est par là. N'hésitez pas à donner votre avis sur ce classique du punk qui dépasse les limites souvent trop réductrices qu'on accole au genre tout en respectant l'esprit de cette musique par leur passion, leur talent et leur intégrité sans limites. 

Bonne écoute, et merci pour votre lecture et vos commentaires ! 




Alex

dimanche 3 juillet 2016

Scotty Moore (1931-2016)

  


  Un décès majeur parmi les musiciens est passé plutôt inaperçu et a causé peu d'hommages (même s'il y en a eu et de beaux), et c'est celui de Scotty Moore, un des plus grands guitaristes de rock de tous les temps, et possiblement un des plus influents (Keith Richards ne dira pas le contraire), puisqu'il a joué sur les séminaux premiers enregistrements du King Elvis Presley.

  Il a en effet gratté le manche sur de nombreux morceaux emblématiques d'Elvis, tels That’s All Right (Mama)HeartbreakHotel, Mystery Train, Blue Suede Shoes, Hound Dog, Hard Headed Woman, Jailhouse Rock et (You're the) Devil in Disguise. Son jeu sec, précis et nerveux fit des merveilles et des étincelles qui en inspirèrent bien d'autres.
  Ca n'a pas empêché qu'il soit viré de la maison mère Sun en 1964 par Sam Phillips après avoir enregistré un album solo. Presley, qui savait qu'il lui devait beaucoup, le rappellera par la suite notamment pour son '68 Comeback Special.



  Il a magnifié les guitares, d'abord sa Gibson ES-295 qui avait pour surnom "The Guitar that Changed the World", rien que ça, puis les modèles Gibson L5 et Gibson Super 400, mais aussi les amplis comme le Ray Butts EchoSonic qui lui donnait cet écho si particulier.


  Il aura aussi joué avec Ringo Starr, Carl Perkins, Jeff Beck, Levon Helm (de The Band), Ronnie Wood et de nombreux autres grands. Et eut l'honneur d'être introduit au Rock'n'Roll Hall Of Fame, qui pour une fois aura été plutôt inspiré de récompenser les musiciens de studio ayant eu un rôle crucial comme le sien. 

  Pour tout ça : Merci Scotty. Oh, et te fais pas trop de bile pour ta légende, elle est déjà écrite.



Alex