Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes
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dimanche 8 mars 2020

Gérard Manset - 2870 (1978)

Aujourd'hui, nous vous présentons un monument du prog français : 2870 de Gérard Manset.

  Gérard Manset est l'un des artistes les plus éclectiques, secrets et passionnants de la musique francophone. Réservée à une poignée d'initiés. Ecouter du Manset, c'est ce plaisir jaloux d'écouter un artiste au style très personnel, dont on a l'impression qu'il a écrit la musique juste pour lui. Il réussit à coucher sur bande ce qu'il a dans la tête, il y a une maîtrise et une précision de chaque aspect (composition, arrangements, interprétation, son...) qui le rapproche des plus grands. Et paradoxalement, on a également l'impression que cette musique très personnelle a été composée rien que pour nous. En plus, sa voix est très particulière, elle rebute d'ailleurs la plupart des gens, mais ça l'a forcé à mettre au point une technique de chant ultra-personnelle (comme Daho, Gainsbourg...), donnant une intégrité et un côté unique à sa musique. Ajoutez à cela la difficulté d'accès à son oeuvre, et vous avez tous les ingrédients pour obtenir une oeuvre cultissime.

  Cet album en particulier, 2870, est sorti en 1978, et voit sa pochette signée par le collectif Hipgnosis, qui ont réalisé la plupart des pochettes du Floyd, dont leur mythique Dark Side Of Ther Moon (1973) et de nombreux groupes psyché ou prog. Cette décision artistique forte vu le contrôle total de son oeuvre (il est photographe et peintre, il aurait pu tout à fait la réaliser lui-même) reflète son ancrage dans un mouvement davantage international (en particulier anglo-saxon) que franco-français.


Photo de la pochette intérieure de 2870

  En effet, ses influences sont à la fois très américaines et blues, mais vues à travers un prisme très britannique, à la manière de Dire Straits ou Pink Floyd. On entend également du rock anglais, et plus particulièrement du glam, dans la manière de convoquer de somptueux arrangements orchestraux sur ses morceaux et de les faire cohabiter avec des guitares saturées. Mais l'ambition du projet rappelle également les grands groupes prog ou hard comme Led Zeppelin, et les ambitions littéraires apportent cette touche française bienvenue. Et c'est ce qui fait toute la richesse et la singularité de cet artiste dans le paysage musical de l'époque.

  Sur "Jésus", qui introduit les six titres de ce projet, on entend en effet toutes ces influences. La guitare blues mordante, mais qui sait également tracer des entrelacs caressants comme on en entendra chez le contemporain Mark Knofler dans un jeu très pické, le piano glam 70s très percussif et théâtral (impression soulignée par les cordes), et une ambiance grave, à la Pink Floyd de Whish You Were Here (1975). Le pont, riche en cordes, rappelle la chanson française la plus ambitieuse qui soit, celle de Gainsbourg orchestrée par Vannier, ce qui est également audible dans le texte irrévérencieux, dans lequel il apostrophe Jésus sur l'état du monde : "Tu m'as bien compris, Jésus, tu m'as bien compris de travers / Avec tes amis, vide ton verre", "Serais-tu devenu sourd ?". 

  Les trois chansons suivantes montrent un versant plus apaisé de la musique de Manset, presque proche de la variété radiophonique de l'époque. 



  "Le Pont" rappelle en effet Michel Berger ou Elton John, via un piano glam rythmé, et possède une ambiance consensuelle à la "Let It Be". Le chant doublé rapproche également l'artiste de Cabrel vocalement. Mais on a toujours ce blues apaisé, soutenu par les cordes, mais perverti de temps en temps par une guitare saturée et des hits orchestraux, et dont la gravité ira crescendo avec l'arrivée de la section rythmique lorsque le texte s'assombrira ("au dessous c'est le vide"). C'est une musique très émotionnelle, portée par la guitare et amplifiée par le son grandiose des cordes, tel un concerto pour guitare blues-rock ou un opéra rock. Qui devient presque FM avec les influences revendiquées du groupe Scorpions, dont il est un grand admirateur, sur le solo final aboutissant en une conclusion épique, puissante et exubérante. Mais malgré une musique superlative et très ancrée dans son époque, la personnalité forte de son art lui a permis de conserver son charme et de ne pas tomber dans la désuétude, contrairement au groupe allemand sus-nommé.

  "Un Homme Et Une Femme", poursuit sur la même veine, avec un côté très anglais dans le jeu des claviers, rappelant la pop prog de Supertramp ou la chanson française rythmée de Véronique Sanson (aspect renforcé par la rythmique du chant et les choeurs). Le texte, fort, aborde la violence domestique et détourne cette ambiance pop/chanson française de cabaret, aidé en cela par une guitare hard mordante et une basse vicieuse. Dans ce morceau, on a une portion introduisant à merveille le reste de l'album : un motif mélodique est joué en boucle, grâce à une guitare rythmique chargée en wahwah à la Pink Floyd et des arrangements impeccablement interprétés (comme sur Le Maudit de Sanson ou sur les disques jamaïcains de Gainsbourg, faisant appel à de nombreux requins de studio), afin de laisser s'exprimer un solo de guitare grandiloquent terminant le morceau en feu d'artifice.

  "Amis", clôt cette trilogie avec une ambiance plus acoustique et des ambiances psyché-folk champêtres, un chant moins torturé, davantage Cabrel. Mais le texte est dépressif, on parle du temps qui passe et la difficulté pour Manset de garder des relations humaines, à l'aide d'images fortes et macabres ("Comme un oiseau sans tête", répété comme un mantra ; "à quo sert de s'aimer / s'il faut le dire / s'il faut l'écrire / le répéter"). Le traitement de la voix est remarquable, entre reverb et échos, cette chanson est comme contée en pleine nature, cela est renforcé par le son naturel des guitares sur lesquelles Manset a laissé des "buzz" et des dissonances, ce qui enrichit leur son et rappelle les éléments de musique indienne ayant influencé le psychédélisme. 




  Mais tout ce début d'album, tout excellent qu'il soit, s'efface devant la grande oeuvre qu'est le morceau-titre, "2870". Ce morceau démarre comme une bande originale de film, à la François de Roubaix, avant de virer vers une orchestration funk-rock grandiose et hypnotique. On note des influences très importantes de Pink Floyd : la guitare façon Gilmour, les ambiances de Dark Side Of The Moon et Wish You Were Here, avec cette basse menaçante, une tension rythmique, l'utilisation de la wah wah. Ce qui aboutit au même résultat que les anglais, ce funk froid, blanc, vidé de sa chaleur et de sa substance et détourné, qu'affectionnent les musiciens de prog (à la "Money"), un funk pour planer plus que pour danser. Avec un côté très contemplatif, il tourne en boucle sur la deuxième partie de la chanson pour laisser la place à des entrelacs de guitare et à des soli façon "Maggot Brain" de Funkadelic, avec lequel il partage cette ambiance funk-rock groovy, froide et déchirante, utilisée de façon prog voire psyché et d'une expressivité blues dans l'intention. Les cordes sont également remarquables, utilisées au départ en nappes comme un simple arrangement, elles étouffent progressivement le morceau par vagues successives et impriment une structure oscillante et un crescendo de plus en plus oppressant au morceau. 

  C'est une musique sensationnelle et sensorielle (avec le jeu du stéréo, on le ressent de façon physique), qui joue avec l'auditeur et qui nous touche personnellement par sa puissance et son côté lancinant, tel un requiem. C'est un paysage complexe dans lequel on se perd volontiers, pour contempler ce fourmillement surdoué d'idées, de sons et de sensibilité, qui nous fait arrêter toute activité, oublier toute notion du temps, oublier le reste de l'album, oublier même le fait qu'on écoute de la musique et qui nous captive totalement. En cela, ce morceau est, avec le krautrock, précurseur de la tendance drone de la musique psychédélique, tout en restant très sincère dans son intention et son expression malgré cette grandeur. 
  Il est également intéressant de noter que le fou de studio qu'était Manset en est arriver à des résultats cousins de ceux des producteurs de dub jamaïcains, tout aussi géniaux et barrés, avec un accent sur la basse et la rythmique, un groove en boucle avec des contretemps marqué et des éléments musicaux apparaissant et disparaissant au gré d'effets sonores irréels (comme le piano ici).

  Enfin, malgré la prédominance de l'instrumentation, le texte enrichit cette ambiance en racontant une histoire dystopique se déroulant en 2870 : "Son sang se vide, dans une cage on le glisse / Les murs sont blancs, les murs sont lisses", "Une tour immense / Froid le silence / Les cris de haine et de vengeance". 

  Et même s'il est impossible de passer après un titan comme "2870", l'album se clôt d'une bien belle manière sur "Ton âme heureuse", entre pop-folk pure, production 80s et guitare FM. Ce morceau, dans sa production et son son, est précurseur des années 80, avec d'un côté la pop-folk psychédélique et synthétique de XTC, le hard-rock de Guns & Roses (ce son de guitare!), et la prog pop riche en synthés de Toto. Tout en étant très accessible : le refrain déclamé d'un ton détaché est assez catchy (pour du Manset).

  Cet album est un des meilleurs Manset, ce qui n'est pas peu dire vu le nombre hallucinant de classiques de l'artiste. Mais pour les néophytes ou ceux bloqués par son style, ce disque peut-être une bonne porte d'entrée, particulièrement pour les amateurs de prog ou de rock anglo-saxon des années 70. Sa discographie se continue par ailleurs avec l'excellent Royaume De Siam, sorti l'année d'après, que nous vous conseillons également si vous avez aimé celui-ci. 

  Pour l'écouter, le streaming n'est pas disponible, alors foncez à la médiathèque la plus proche de chez vous ou complétez votre collection de galette via Discogs.

Etienne & Alexandre





jeudi 20 février 2020

Ashra - Blackouts (1978)


  Manuel Göttsching était guitariste, chanteur et jouait du synthé pour le groupe de krautrock expérimental et électronique Ash Ra Tempel, dans l'Allemagne des 70's. A la fin du groupe, en 1973, il se retrouve seul et entame une carrière solo avec un premier album sous son nom, Inventions For Electric Guitar, en 1975. Puis il fonda le groupe Ashra, centré autour de lui, dans lequel il sera épaulé par quelques anciens de son précédent groupe au fur et à mesure des années. Pourtant, Blackouts, comme son prédécesseur New Age Of Earth sont encore l'oeuvre d"un Göttsching seul aux commande, puisque tout est joué ou géré par lui ici : guitares, synthés, et programmations. Vous l'aurez compris, c'est donc à un album de prog électro-rock que nous avons affaire ici. 

  En effet, dès le monstrueux titre introductif, "77 Slightly Delayed" (jeu de mots entre l'effet de delay et sur une date de sortie repoussée ?) une guitare délicate, parfois bluesy (un chouia Mark Knofler) parfois quasi classique dans son jeu, toujours mélodique, tresse de délicats motifs autour d'une séquence rythmique répétitive très kraut et de nappes de synthé grésillants. C'est un morceau foncièrement pop en surface, tout y est très accessible au niveau son et mélodie, mais la construction est très électronique, très répétitive et proche de la transe. Un monument.

  Le titre suivant, "Midnight On Mars", démarre doucement, comme pour permettre à l'auditeur de se remettre du choc. Un synthé basse caressant et une programmation rythmique délicate assoient des nappes rêveuses et de merveilleuses parties de guitare qui portent le morceau comme une voix ou un saxo le feraient ailleurs. Le son est énorme, presque kitsch mais avec un tranchant et une subtilité mélodique plus proche de Fripp période Eno et Bowie que des horribles soli hard FM à venir.

  "Don't Trust The Kids", qui se poursuit dans "Blackouts", quand à elle, est plus ouvertement électro-pop, portée par un synthé lead très prog plutôt que par les guitares qui sont là pour apporter une chaloupe quelque part entre funk et reggae, et apporter ce funk blanc et froid tant apprécié par les proggeux (cf Pink Floyd ou Manset), puis prendre le lead à leur tour. Les synthés sont encore une fois divins, que ce soit la basse rebondissante ou les leads tranchants et déchirants, et la guitare est encore une fois indispensable à ce monde qui se déploie sous nos oreilles. Bon sang, que ça fait du bien pour changer un album de prog avec une telle place pour les synthés, et pas de bassiste ni de batteur virtuose pour ce projet très personnel, même si ils sont appréciables dans d'autres groupes. Disons que ça laisse plus de place à Göttsching pour véritablement s'exprimer à travers ses deux instruments de prédilection, qui remplacent et sont véritablement sa "voix" ici. C'est criant dans le long crescendo final dont la tension est incroyable. Et dans lequel on peut apprécier le travail apporté aux effets électroniques et la maîtrise de ceux-ci, qui ne sont jamais dans l'excès, servent les morceaux et ont hyper bien vieilli.

  La guitare revient en force sur le très floydien "Shuttle Cock", très syncopé lui aussi, très blues en filigrane également, et tout aussi mélodiquement et harmoniquement impeccable. Avant un "Lotus" final plus prog et théâtral que le reste du disque, qui a moins bien vieilli que le reste et est contrairement au reste du disque teinté de quelques excès sonores, mais c'est vraiment pinailler, le morceau restant très bon (notamment toute une partie quasi celtique) et l'album dans son ensemble étant monumental.

  Bref, c'est un disque de prog original, qui change vraiment, très personnel et très subtil, et je ne sais pas trop ce qu'il vous faut de plus pour foncer l'écouter ! Et peut-être aurez vous envie d'aller creuser un peu plus dans la discographie de ce génie de Göttsching. 

Alex



dimanche 29 juillet 2018

Les Chansons de l'été : Black Sabbath - Snowblind (Live 1978)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Ce morceau est un cas particulier. Loin d'avoir le côté infernal et métal des riffs des meilleurs Sabbath, il a pourtant une lourdeur écrasante, malgré un côté rock voire pop plus prononcé. Particulièrement sur cette version live, où le déluge de saturation, entre hard grandiose et garage punk vicieux, masque à peine des racines classic rock bluesy, donnant presque un côté pub rock voire punk, et une écriture pop impeccable. Les cordes vocales d'Ozzy sont mises à rude épreuve et il en sort de grandes choses, particulièrement sur la fin lorsque son timbre rocailleux part dans les graves, dans une voix de gorge faisant penser à McCartney quand il tentait de faire du blues. Une fois que vous aurez entendu l'étincelant solo final, il n'y aura plus de doute : "Snowblind" c'est le morceau qui met le mieux en son la sensation de subir l'écrasante brûlure du soleil chauffant le bitume. 

Alex



vendredi 5 février 2016

La Reprise Inattendue #3 : Beatles - Earth Wind & Fire

The Beatles (1966) - Got To Get You Into My Life - Earth Wind & Fire (1978)

  Petit hommage à Maurice White (1941-2016) décédé hier, qui luttait avec courage contre un Parkinson, ce qui croyez moi est loin d'être une partie de plaisir. 

  Et on va lui rendre cet hommage avec cette reprise par Earth Wind & Fire d'un classique des Beatles, que j'ai eu le plaisir immense de voir jouée en live par d'anciens membres d'EWF il y a deux ans. 

  Outre ce live, j'ai été marqué par le vinyl de "Raise!" de 1981 de mon père et son boogie spatial, sorte de version disco, pop et colorée d'un Parliament/Funadelic qui allait m'ouvrir bien des portes musicales, ainsi que par "All'n'All" de 1977 et un best of du groupe en heavy rotation à certaines périodes. 

  Et il se passe rarement une soirée chez des amis sans qu'à la faveur d'un trou dans une playlist ou d'une ambiance qui a du mal à décoller, je ne glisse un petit "September" qui met tout le monde d'accord. Et bien Maurice, c'était l'architecte de tout ça. Allez, on s'écoute la version Beatles et la version EWF de ce bijou de pop :





RIP Maurice
Alex

vendredi 23 mai 2014

Eno Moebius Roedelius - After The Heat ( 1978 )

     De base je ne suis pas un fan de Brian Eno, sa période Roxy Music est sympathique mais ne m'enthousiasme pas outre mesure, je n'ai jamais accroché à sa musique ambient, et ses dernières productions chez Coldplay et U2 sont à s'arracher les cheveux ( d'ailleurs il n'a pas attendu pour le faire lui même !). Mais c'était sans compter sur la discographie d'une variété et d'une singularité hors norme de l'anglais. Il aura donc fallu une ouverture sur mon pêcher mignon, le krautrock, pour que l'artiste me cueille dans son panier bien garni de ses amateurs. J'ai d'ailleurs trouvé une place de choix, quoi qu'un peu enfumée, entre les deux membres d'MGMT et d'Alexandre.



     L'origine de cet album date de 1977, fruit d'une collaboration entre Brian Eno, ayant quitté Roxy Music bien avant, en 1973, et gravitant alors ( comme tout le reste de sa carrière ) entre pop et musique expérimentale, et le duo du groupe de krautrock allemand Cluster, Hans-Joachim Roedelius et Dieter Moebius ( avec leur prénom vous ne douterez plus de leur origine ! ). Ils font en trois semaines une série d'enregistrements dans le studio allemand du producteur autrichien Conny Plank, grand personnage de la musique Krautrock et New Wave, ayant travaillé avec kraftwerk, Neu!, Can, Ultravox, DEVO, Echo And The Bunnymen, Nina Hagen, Killing Joke ou même Les Rita Mitsouko et Scorpions. Ils en sortent alors deux albums sur le label Sky Records, l'un sobrement appelé Clester&Eno en 1977 et l'autre After the Heat en 1978. Le premier uniquement instrumental, plus expérimental, ambiant et froid, le deuxième plus mélodique, avec des instruments plus traditionnels et avec la voix de Eno sur les trois derniers titres.

Conny Plank
Eno, Moebius & Roedelius
     Je vous parle donc du deuxième et meilleur à mon sens, même si le premier est vraiment excellent. Il s'y mélange alors dans une harmonie parfaite l'univers des 3 personnes, certains morceaux sont plus Eno, avec des mélodies plus pop et ces bidouillages de sons bizarroïdes, d'autres plus Cluster, minimalistes et électroniques. C'est une osmose de psychédélisme 70's et de synthés 80's, un pont entre le krautrock et la New Wave. Serte ces synthés sonnent vieux, mais on l'oublie dans la profondeur de l'ébauche de musique ambient, inspirant la plénitude.
     Finalement, si cet album a su me convaincre moi et beaucoup de personnes, c'est peut être qu'il a enfin réussi à trouver l'équilibre entre la pop et la musique expérimentale, à rendre accessible l'inaccessible, palpable l'impalpable, rythmé le paisible, simple le subtile.

Les liens :
Eno  Moebius  Roedelius - After The Heat ( Deezer )
Eno  Moebius  Roedelius - After The Heat ( Spotify )

Etienne

samedi 30 novembre 2013

GRAND JEU / PART 7 / 30-11-2013

30 - FASTER PUSSYCAT KILL KILL!
Des filles qui en ont...

 
LE CHOIX D'ALEXANDRE :

JANELLE MONAE - THE ELECTRIC LADY (2013)

 
 
 
  Un des tous meilleurs albums de cette année. Tout simplement. On ne présente plus Janelle, après avoir mis le monde (et moi) à ses pieds en 2010 avec l'album The ArchAndroid, immense succès artistique, elle revient encore plus fort avec celui-ci. Elle s'impose définitivement comme une grande de la musique d'aujourd'hui, confirme tous les espoirs qu'on avait en elle, et avance fièrement pour nous montrer à tous, la voie à suivre. Une magicienne, une vraie étoile.
 
  Parce qu'elle en a la Janelle, et pas qu'un peu. Adoubée par Prince et Stevie Wonder, elle s'offre même un duo ici avec Sa Majesté Pourpre en personne, sur Givin'Em What They Love. Lui qui semble plutôt en forme artistiquement en ce moment, livre une prestation géniale sur ce morceau absolument dément, ce qui me fait espérer un retour grandiose du maître, avec un disque béton, prochainement. Ce qui est dingue, c'est que malgré le charisme de Prince, sur cette chanson c'est Janelle la boss, elle domine, elle s'impose, et c'est sa prestation que l'on retient. On notera un autre featuring avec un petit prince du rnb, Miguel, sur Prime Time.
 
  Elle convie l'esprit de tout ce qui a fait la force de la musique populaire (black ou non), depuis l'ère pré-rock&roll, jusqu'à 2013 (et au-delà ?). Sans aucune volonté passéiste, elle avance fièrement et défriche de nouveaux terrains de jeux pour la soul, la pop, le rnb (appellez ça comme vous voulez, cela restera du Janelle au final). Epaulée par son gang d'Electric Ladies (Solange Knowles, Erykah Badu, Esperanza Spalding), elle délivre cet album monstrueux de qualité, réinvente la pop en y injectant des doses de funk, soul, hiphop, rnb, musique brésilienne, symphonique, rock, jazz, et j'en oublie !
 
  Bref, une réussite majeure, qui fait du bien au corps et à l'esprit. De bonnes vibrations qui redonnent foi en l'avenir (musical). Un disque et une artiste qui me font vibrer, pour faire court. Pour un sujet sur les filles, il fallait bien que je parle d'une dont je suis follement amoureux !
 
  Si vous ne connaissez pas encore la demoiselle, vous risquez rapidement de tomber sous son charme, vous aussi. Je vous aurais prévenu !
 
Album complet (soundcloud) :
 
 
 
  Je vous conseille aussi en cette Journée de La Femme bis de faire un tour sur un ancien article sur une reprise de Billie Holiday par Nancy Blossom de Fifty Foot Hose, frissons garantis ! :
 
 

ALEXANDRE



LE CHOIX D'ETIENNE :

NINA SIMONE - BALTIMORE (1978)

 

  De sa frêle silhouette, ce colosse a tout chanté, jazz, blues,  R&B, gospel, folk, reggae. Il ne s'agit pas de  Rihanna, mais bien de l'immense  Nina Simone ! Pour illustré l'étendu et la variété de son talent, rien de mieux que son album Baltimore.

Playlist Youtube (album entier) :
https://www.youtube.com/watch?v=fC20nRg4ptQ&list=PLTUlTwlsdlFRo_LeDIvO3jdKu90YW0jB6&index=1

 

ETIENNE

jeudi 28 novembre 2013

GRAND JEU / PART 6 / 28-11-2013




28 - ENCORE UN PEU VERT!

Une première œuvre pas tout à fait mûre.

Le Choix d'Etienne :
 
 
KRAFTWERK - KRAFTWERK  (1970)
 
 

 

  Dans le genre pas mûr, trop dur à manger, je vous propose l'album Kraftwerk de Kraftwerk, qui est totalement expérimental, classé Krautrock, mais déjà intermédiaire avec les balbutiement de l'électro, grâce à toutes ces recherches sonores synthétiques.
 
 

ETIENNE

 
 
Le Choix d'Alexandre :

 
XTC - WHITE MUSIC (1978)
 
 
 
 
  Certes, ce premier album est indiscutablement inférieur en qualité à ce que nous offrira ce groupe majeur par la suite. Certes, ses auteurs l'ont plus ou moins renié en affirmant qu'avec celui-ci et son successeur Go2, le groupe n'avait pas encore tout à fait trouvé leur son, leur identité, leur maturité artistique.
 
  Néanmoins, il reste à mes oreilles un excellent disque de pop à tendance new wave, drivé du début à la fin par une énergie incroyable, doublée d'une folie assez typique d'un certain genre de post-punk (B-52's, Devo, Talking Heads ....).
 
  Le groupe nous sert (déjà) des classiques pop, comme cette Statue Of Liberty, qu'on a du mal à se sortir de la tête une fois écoutée
Statue Of Liberty :
 
  Il y a une jolie pelletée de tubes de cet acabit dans cet album ; cf Radios In Motion, This Is Pop?, Into The Atom Age, Spinning Top, ... (et il y en a des jolies dans les bonus de l'édition cd remasterisé).
 
  Mais on a aussi des morceaux complètement malades : Cross Wires entre autres, et surtout, surtout, surtout une vision très personnelle du All Along The Watchtower, de Dylan, plus célèbre encore dans sa version par Hendrix. Cette reprise est complètement hallucinée (et hallucinante). Un modèle de déconstruction musicale (et verbales, écoutez et vous comprendrez), qui fait passer le Satisfaction de Devo pour une reprise d'écoliers respectueux et appliqués. Je vous préviens d'avance, certains trouveront ça génial, d'autres passeront complètement à côté. Ne vous reste plus qu'à vous faire votre avis.
 
All Along The Watchtower :
 
  Pour résumer : XTC, sur cet album, est encore immature, mais c'est à mon avis en partie compensé par la fougue de la jeunesse. Et c'est un putain de grand groupe, si vous ne connaissez pas la suite, jetez-vous dessus. C'est dit !
 
 
 
Radios In Motion (et une playlist de tout l'album) :
This Is Pop :
 
 
 
ALEXANDRE