Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 30 novembre 2018

Aphex Twin - Collapse EP (2018)


  Avec cet EP apaisé, Aphex Twin se montre sous un jour plus que favorable : assagi par les années, il se place dans l'histoire des musiques électroniques en évoquant la house 80's à peine sortie de l'électrofunk, toute en mélodie et en groove, l'acid ou la deep house, et en y injectant des breaks IDM fous et technoïdes et de magnifiques harmonies rappelant le plus beau de sa période ambient. On a un peu de tout ça dans l'immense premier morceau, "T69 Collapse", qui, à l'image de l'EP dans son entier, peut être une excellente porte d'entrée vers l'artiste, fidèle à sa musique mais relativement accessible.

  Avec un groove presque hip-hop et une découpe très hachée, proche du footwork, du morceau "1st 44", Richard D James montre également qu'il est toujours prêt à explorer de nouveaux horizons, et signe avec ce titre à la fois contemplatif, immersif et exigeant la bande originale d'un jeu vidéo génial qui n'existe pas encore. Les petites mélodies et les sons apaisants sont accentués sur "MT1 t29r2", qui reste transpersé par un beat inhumain que ne renierait pas Venetian Snares, et montre par sa construction (un pont sublime à 3'30" qui se fond à merveille dans la musique) qu'on peut faire aussi radical que du Autechre sans pour autant se perdre dans des digressions interminables (pas de critique ici, j'ai beaucoup aimé "le dernier" Autechre. Même s'il est long...).


Aphex Twin - T69 Collapse (Clip, 2018)

  Autre morceau plutôt facile à appréhender, "abundance..." possède une basse groovy et des patches de synthé pas si fou pour un grand public abreuvé à la BO de Stranger Things, tandis que "phtex" ravira les puristes des 90's tout en étant oossible à cerner par une génération biberonnée aux BO de jeux vidéos (Far Cry 1...) et de films à la BO technoïde/acid/jungle (Matrix...).

  C'est donc un excellent EP que je vous recommande, que vous soyez un fan du gars ou que vous vouliez découvrir cette légende de la musique électronique sans savoir par où commencer.  

Mes morceaux préférés : T69 Collapse, phtex, MT1 t29r2

Ecouter sur Spotify ou Deezer


Alex

jeudi 29 novembre 2018

EYEDRESS - Sensitive G (2018)


  Tombé un peu par hasard sur EYEDRESS, j'avais adoré son très court mais très bel EP sorti plus tôt dans l'année. Voyant quelques singles sortir, je me précipite sur sa page, pour découvrir avec surprise que le philippin avait carrément sorti un album, je m'y suis donc plongé curieux et emballé, et je n'ai pas été déçu.

  Dès la première chanson, "Ancient Love", on passe par milles émotions. Le music nerd s'émerveillera de la fragilité presque TV Personalities du morceau, du son très post punk voire psychobilly (à tendance Jesus & Mary Chain aussi, on va jusqu'à reprendre partiellement le beat de "Just Like Honey", piqué à la Motown et à Phil Spector), des digressions contemplatives de la guitare psychédélique, mais tout cela n'est pas très important, si ce n'est pour évoquer le fait qu'EYEDRESS maîtrise son sujet et que ça se sent, dans le naturel avec lequel le titre se structure, dans sa justesse au niveau des arrangements, dans la délicatesse et l'intensité de l'interprétation également. Un début en beauté.

  Le morceau d'après est une petite perfection pop. "Alone Time", très Empire of the Sun dans le chant, beaucoup plus lo-fi dans la musique, ce qui est plutôt une bonne chose, entre guitares exquises et boîte à rythme façon madeleine de Proust. Un des morceaux phares du disque. Dans l'ensemble, la new wave revisitée d'EYEDRESS, légèrement modernisée par une vision moderne à la Ariel Pink du mouvement, fait toujours mouche, cf l'autre excellent single "Toxic Masculinity" pour s'en convaincre.

EYEDRESS - Toxic Masculinity (Clip, 2018)

  Autre gros point fort : l'alternance entre les guitares et les synthés au premier plan, donnant des morceaux plus proches du rock indé dans le premier cas, comme le très The Drums / DIIV "Cocaine Sunday" et la plus apaisée et psychédélique "Cure For Cancer", voire "Be A Better Friend" qui emprunte des idées de mixage au shoegaze. 

EYEDRESS - Be A Better Friend (Live, 2018)

  Et dans le deuxième cas des ballades synthétiques comme les belles "White Girl", "PTSD", "Nice Girl From a Nice Part of Town" et "Young Old Man". Voire la curieuse et très réussie "Sensitive G", clairement inspirée par la G-Funk.

EYEDRESS - Sensitive G (Clip, 2018)

 C'est néanmoins la guitare qui domine l'album, comme l'attestent des morceaux comme "Stay Calm", "Window Eyes" avec Fazerdaze. Ce qui est notable, c'est la variété de sons et de styles de jeu qu'il arrive à tirer de cet instrument, en utilisant à fond toutes les possibilités, allant du shoegaze à la pop indé 90's en passant par la guitare folk façon Mac Demarco ("Suntory Times", "Sleeping On the Couch", "My Child / Old Soul"). Avec en second plan une basse cruciale et des boîtes à rythmes minimalistes mais parfaitement dosées, comme chez la géniale Sneaks

EYEDRESS - No Love In The City (Clip, 2018)

  Un autre élément qu'on sent maîtrisé est la construction globale du disque, jonglant habilement entre morceaux calmes, voire contemplatifs ("Babygirl") et morceaux plus hargneux pour faire monter et baisser l'intensité comme l'intense et génial "Xenophobic" et sa basse à la New Order / The Cure insistante et sa voix noyée sous les effets, ou les presque punks (PiL) et gothiques "No Love In The City" et "No Fun", d'une intensité rarement atteinte dans la pop (je n'ai que Sealings en tête).

EYEDRESS - No Fun (Clip, 2018)


  EYEDRESS utilise les référents du post-punk et de la pop indé comme tremplins pour exprimer sa créativité unique, et maîtrise ces genres (et bien plus encore) à la perfection, les assaisonnant de goth, de shoegaze, de synthpop, de folk, de psychédélisme, et j'en passe, pour en ressortir des morceaux concis, immédiats et beaux, sans toutefois faire de concessions sur son son, brut et minimaliste, presque tranchant. Un grand disque. 

Mes morceaux préférés : Ancient Love, Alone Time, Toxic Masculinity, No Fun, Xenophobic, No Love in the City
Ecouter sur Spotify ou Deezer ou Bandcamp

Alex



mercredi 28 novembre 2018

Sealings - Scum / The Sound Of Music (2018)


  Après I'm A Bastard (2015), que j'avais adoré (et même classé parmi mes albums préférés de l'année), les anglais Sealings reviennent avec la même intensité sur un SCUM / THE SOUND OF MUSIC (sorti chez GOB Nation, label punk basé à Brighton) qui se révèle largement à la hauteur de son pourtant parfait prédécesseur. 

  Guitares bruitistes, basse grondante, boîtes à rythme, bruit blanc, chant d'outre tombe, post-punk, rock gothique, soupçons de glam dévoyés, indus sans concessions : ce cocktail sombre est magnifié par un génie de la dramaturgie certain ("Asda" pose l'ambiance crépusculaire d'entrée de jeu), et par un sens des gimmicks obsédants incontestable (la psyché "Sports", avec un synthé/orgue bien dark). On a même quelques échos d'une synthpop rudimentaire, proche de Suicide et du plus sombre de Depeche Mode, avec de petites touches de The Cure et plus récemment The Horrors ("Having A Dream"), même si là encore une guitare viscérale vient pervertir le tout comme chez les Cramps.

Sealings - Sports (Clip, 2018)

  Ce côté psyché, façon Black Angels également dans l'utilisation de la répétition et d'une esthétique sombre et plombée, donne un certain relief aux morceaux, et une certaine intemporalité, une profondeur, une patine que la plupart des disques n'acquièrent qu'avec deux ou trois décennies dans les pattes ("Charnel Ground"). Et cette alternance entre titres lents et graves (tels "Hanger Lane" et "Charnel Ground") et rythmiques ultra rapides davantage indus (comme "No Telephones" ou "Church") contribue à la construction très efficace de l'album. On notera également sur ces chansons que le groupe, loin d'être seulement un enfant de la post-punk gothique, est plutôt un grand esthète de la pop et du rock de manière générale, avec de petites allusions à des motifs surf, western ou rockabilly jouée par les guitares. 

  En tous cas, l'urgence est toujours là (lancinante "No Justice In The Streets", qui se sert de la synthpop comme base rythmique à un tourbillon de rock psyché agressif comme chez La Femme des débuts) et ne redescend pas tout au cours de l'album. On atteint même des sommets presque Stooges sur un titre comme "Leisure", free punk incontrôlable, sauvage et défouloir mais extrêmement bossé tout de même, sur lequel on ressent l'énergie du live. 

  Dans sa construction, ses sonorités noires, intransigeantes et fidèles à l'esprit post punk/gothique/indus du groupe, ou son exécution vigoureuse, la musique de Sealings est toujours excellente, et ce disque est le digne successeur à la claque de 2015 (I'm A Bastard). 

Mes morceaux préférés : Sports, Having A Dream


Alex



  

mardi 27 novembre 2018

SCH - JVLIVS (2018)


  Mea culpa. J'avais pris à tort SCH pour un clown, ou un rappeur de seconde zone à ses débuts, période "Champs Elysées" (même si le choix de la très belle prod soulignait déjà une oreille affutée). Et malgré quelques titres auxquels j'ai accroché plus tard (comme "Anarchie" en 2016), j'ai un peu laissé le train passer sans m'y intéresser plus que ça, avec une curiosité distante on va dire pour ce jeune rappeur atypique, volontiers nihiliste et visiblement à vif. Il faut dire que Julien Schwarzer de son vrai nom, a parcouru du chemin depuis ses débuts. A peine plus vieux que moi (il a 25 ans), il a rencontré un succès incroyable (ce dernier disque a été certifié or en une semaine), et monté son propre label, Baron Rouge. Ça c'est pour le côté pro, qui a son importance puisqu'il a désormais son studio, et s'enregistre seul (il est son propre ingénieur), ce qui lui libère un espace créatif déterminant. 

  Mais c'est côté perso qu'il a vécu l’événement fondateur de ce disque : la mort de son père. Figure paternelle impressionnante, distante mais adulée, un peu crainte mais respectée, son père est mort d'un alcoolisme que SCH lie directement au travail excessif qui usait son père, gros bosseur faisant de gros horaires ; travail  intenable imposé par une société qui pressurise ses classes les moins aisées pour offrir davantage à ceux qui ont déjà tout. Cette colère, cette rage, SCH les a injectées dans une histoire, volontairement romancée, d'une succession à la suite du décès d'un père, grand chef mafieux (Otto) à son fils, Julius (racine latine de Julien). Derrière le voile pudique de l'ambiance film de gangsters, genre plus qu'adapté au rap, Julien/SCH arrive donc à glisser ses ressentis sur les relations père-fils, la notion d'héritage, le deuil, les remords, le temps qui passe, entre autres. Et c'est ce qui fait toute la réussite de ce disque inattendu (pour ma part). 

SCH - JVLIVS - Absolu Tome 1 (Court Métrage, 2018)

  Des interludes racontés par José Luccioni, célèbre doubleur français (Al Pacino, Le ParrainStargate SG-1, Lord Of War, Aliens, Nip/Tuck...), structurent cette histoire qui par sa profondeur montre un SCH ayant prodigieusement gagné en maturité, sachant mieux canaliser sa fureur, et davantage apaisé, avec un vrai recul sur la vie. Il a gagné en épaisseur (au sens propre également, ça se voit physiquement, il fait mieux dans son corps). Loin de plomber l'album, ces interludes sont une merveilleuse idée, et l'enrichissent au contraire dans son aspect narratif comme dans sa musicalité (ce qui est un petit exploit, on perd souvent en efficacité à force d'imposer une narration en musique, cf la majorité des opéras rock, ou le dernier Lemon Twigs par exemple).

  Musicalement, l'ambiance cinématographique (illustrée par le court métrage ci-dessus JVLIVS - Absolu Tome 1, premier d'une trilogie à venir, et les clips) se traduit par des prods certes devant beaucoup à la trap, mais ultra travaillées, remplies de détails inattendus pour le genre : des cordes voire des orchestres entiers, pas mal de guitare sèche, quelques choeurs à la limite du grégorien parfois. Tout ça entretient une ambiance méditerranéenne unique. Et, gage de cohérence, l'ensemble (à l'exception de 3 morceaux sur 14) a été produit par Katrina Squad / son fidèle Guilty.

SCH - Pharmacie (Clip, 2018)

  Les titres sont très travaillées, prenants. Que ce soit dans de gros bangers traps sombres tels "VNTM", "Pharmacie", absolument géniaux, ou des morceaux plus à nu comme "Tokarev", "J't'en Prie" ou "Mort de Rire" SCH s'en sort à merveille. Autre réussite totale, "Otto", chanson la plus frontale du projet, mêle texte hargneux et blessé à la fois et instru mélancolique inattendue (cloche gothique, hits orchestraux impromptus façon nu-disco, nappes vocales new age, violons, xylophone...), pour un résultat bouleversant. Je ne vais pas vous spoiler en citant des extraits de textes, mais n'hésitez pas à ouvrir Genius en écoutant l'album pour en saisir toutes les images et les sous-textes à plusieurs niveaux. 

SCH - Otto (Clip, 2018)

  Cet album est rempli d'OVNIs, comme "Skydweller", dont le beat est un son d'horloge filant à toute allure, et comporte (entre autres) une guitare hispanisante, un clavier deep et un saxo, qui permettent à SCH de varier les flows, le rap et le chant avec une maestria telle qu'il sonne presque en feat avec lui-même. Là encore, le fait qu'il ait une culture "classique" et érudite du hip-hop et notamment du rap français l'aide, comme Alpha Wann dont on a parlé récemment, à kicker avec une exigence certaine comme les anciens tout en utilisant les variétés énormes de flows modernes, ce qui donne un alliage imbattable, contrairement à des types overhypés comme Koba LaD qui vont vite se retrouver bloqués une fois leur gimmick épuisé (c'est déjà lassant sur moins de 3 minutes...). C'est d'ailleurs de ce délire rap 90's que vient l'idée du fil conducteur sur un album, avec des "skits" à l'ancienne, version blockbuster ici.

  Autre exemple d'étrangeté musicale, "Ivresse & Hennessy" sonnerait presque comme du The Weeknd ou du Travis Scott entre autotune, claviers néo-80's et sens mélodique rnb. Mention spéciale à sa coda au piano bien foutue, preuve d'un perfectionnisme tangible dans la construction des morceaux. Même les quelques morceaux moins marquants ("Facile", "Prêt à partir" avec Ninho, ) recèlent de bonnes idées et sont loin de faire remplissage. De manière générale, le milieu du disque est son point faible, après 7 titres de folie l'intensité descend un peu, avant de remonter pour une fin de haute volée.

SCH - Le Code (Clip, 2018)

  D'abord, on a "Le Code", produit par le petit génie Pyroman ("Réseaux", "Salé", "Mwaka Moon", "Tu le C",... je vous encourage à regarder cette petite vidéo sur son travail, le mec a l'air d'avoir les pieds sur terre en plus). Le titre est génial, ses couplets sont des refrains et ses refrains des hymnes (belle gestion du chant et des effets vocaux), le travail sur les rythmiques et les guitares est incroyable, et c'est sans doute la porte d'entrée la plus facile sur cet album assez dense (le clip, très beau, aide également à poser le ton). C'est d'ailleurs comme ça que le voit SCH, qui y voyait un défi : faire de l'accessible, de l'universel, sans dénaturer son album et en essayant d'être crédible dans un registre plus pop. Un autre morceau remplit ce cahier des charges : "Ciel Rouge" et son électrofunk étonnant (comme le "91s" de PNL mais en mieux). Un autre gros point fort du disque, tout comme "Incompris", en plus rap, et a fortiori "Bénéfice", le morceau de bravoure planant et épique qui clôt le disque avec sensibilité, dans un délire PNL (mais avec un texte bien écrit) voire Damso, bref du bon. 

  Ce disque est dense, un poil exigeant (il demande quelques écoutes avant de bien rentrer dedans), mais il récompense vite l'auditeur persévérant. Son délire cinématographique servant de prétexte à une musique recherchée et surtout à des textes incisifs et profonds, reflets de la maturité nouvelle de SCH et centrés autour de l'héritage et de la relation père - fils. Un très grand disque de rap français, dont le succès public et critique est mérité. Ça va être dur de faire aussi bien pour les deux suites annoncées. A suivre...

Si vous avez apprécié l'album, je vous conseille cette excellente interview par Clique, et cette autre très bonne itw par OKLM

Mes morceaux préférés : VNTM, Pharmacie, Le Code, Tokarev, Otto, Skydweller, les interludes
A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex




dimanche 25 novembre 2018

Vaudou Game - Otodi (2018)


   Peter Solo, leader de Vaudou Game, a cherché à rendre hommage à ses idoles musicales sur ce disque, sur lequel on entend un savant mélange de décharges rythmiques façon James Brown et de groove façon Fela Kuti, via une autre légende, son oncle Roger Damawuzan, "le James Brown de Lomé", vétéran du funk togolais ayant par le passé chanté avec Les As Du Bénin (et avec Vaudou Game également), et présent ici sur deux titres (la fantastique "Not Guilty", la géniale "Something Is Wrong"). 

  Le groove liquide et chaud de l'afrofunk d'"Anniversaire" a un feeling digne des meilleurs vinyles que vous pourriez digger, et "Tata Fatiguée" est un tube absolu, avec une guitare épique qui mériterait à elle seule une scène dans un Tarantino. Mais l'album est très varié, avec la disco-funk orchestrale de "La Chose", comme un classique de Barry White ou Isaac Hayes en plus dansant, "Grasse Mat" comme du Shaft en plus vénère, ou "Pas La Peine" dont les choeurs et les synthés évoquent le disco-funk de Francis Bebey, William Onyeabor ou Amadou & Mariam. Plus loin, "Lucie" vire vers la rumba congolaise, "Soleil Capricieux" calme le jeu tout en restant funk, et "Bassa Bassa" apporte quelques saveurs caribéennes dans le mix. 

Vaudou Game - Tata Fatiguée (Clip, 2018)

  La pression ne redescend pas longtemps, et avec des titres funk à la basse implacable comme "Sens Interdit" ou aux guitares acérées comme "Roberto", la tension reste à son comble tout au long du disque, pour redescendre seulement sur le psychédélique et bluesy "Tassi", comme un écho lointain au Dr John des bayous voodoo de The Night Tripper

  Otodi est une formidable détonation, probablement le meilleur disque funk de l'année, et tout depuis les compositions jusqu'à l'interprétation nerveuse en passant par le son impeccable transpire l'amour de la musique et donne à cet album des allures de classique intemporel.

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex



  

vendredi 23 novembre 2018

ARTHUR - Woof Woof (2018)


  Le malicieux ARTHUR, après nous avoir abreuvé d'EPs formidables et de singles géniaux, droppe enfin son album (sorti chez PLZ Make It Ruins). L'oeuvre est surprenante, un joyeux collage de bubblegum pop néo-60's ultra mélodique et jouissive ("Woof Woof"), un peu comme si Connan Mockasin jouait du yé-yé, et de néo-psychédélisme aussi libre qu'immédiatement mémorable ("Ivy League", tellement bonne qu'elle aurait pu être sur le dernier MGMT). Entre autres.

ARTHUR - Ivy League (Clip, 2018)

  Sa voix, souvent trafiquées, et ses petites astuces de production proches du collage sonore, donnent une forte identité à des morceaux qui s'inscrivent pourtant dans la lignée de Mockasin ("Where's Ur Eyes"), MGMT ou Foxygen ("Julie vs. Robot Julie", "Make it Easy"), (SANDY) Alex G ("Sweet Memory", "I've Seen It") ou un mélange de tout ça avec les Flaming Lips ("Food", "September Dark Planet"). 

ARTHUR - Woof Woof, Evil Me & God (2018, Clips)

  Des morceaux comme "I'm Too Good""Evil Me" ou "God" révèlent que le songwriting derrière ces pastilles pop est digne des compos les plus chiadées depuis les 60's (Brian Wilson, Paul McCartney, Sagittarius, Syd Barret, Andy Partridge, Sparklehorse...), et l'interprétation unique d'ARTHUR en fait des oeuvres totales. Le côté électronique de son approche est également très intéressante, montant quelques ponts avec l'IDM ("Snowbird") ou la synthpop (l'expérimentale "Twist""Wow F**k" au accents post-punk, ou "Finally I Will Know Myself", avec un petit côté italo 70's et sunshine pop également pour cette dernière).

ARTHUR - Julie vs. Robot Julie (2018)

  Cet OVNI total est une bénédiction pour la pop, à rapprocher des excellents disques de MGMT, Connan Mockasin et Jack Stauber de cette année pour leurs brillantes relectures du genre. La forte personnalité d'ARTHUR transcende des morceaux au songwriting impeccable et à la production audacieuse et fun. Un petit bijou.

A écouter sur Spotify ou Deezer ou Bandcamp

Alex


mercredi 21 novembre 2018

Alpha Wann - Une Main Lave L'Autre (2018)


  C'était un choc prévisible. Alpha Wann, très bon MC auteur de quelques très bons projets (à vrai dire, on ne compte pas d'échec ni de baisse de régime pour le moment dans sa discographie), nous a sorti avec ce UMLA un classique du rap francophone.

  Ses forces : une oreille musicale affutée qui lui permet de choisir des prods qui sonnent sombre et modernes, un peu trap donc, mais qui lui permettent de poser son flow finalement assez old school dans son envie de perfectionnisme et de technique mais moderne dans son agilité et son énergie. Musicalement on est donc pile entre Mobb Deep et Metro Boomin, et dans le style on a le swag d'A$AP Rocky ou Joke/Ateyaba avec le contenu du meilleur du rap en français (de Lunatic à Damso). 

  Un morceau comme "Le piège" est un festival de punchlines que ne renieraient ni Booba ni Dems, pleines d'un humour acide et d'un sous-texte d'une intelligence fine, débitées avec un flow acéré et hypnotisant. "Starsky & Hutch" joue sur les mêmes niveaux d'intensité punk que le Soundcloud rap le plus vénère. 

Alpha Wann - Stupéfiant & Noir (Clip, 2018)

  Quant à "Stupéfiant et Noir", c'est un tube incontestable, pile où il faut entre modernité et tradition, de même que "Langage Crypté", entre cloud rap et Mobb Deep, et "Flamme Olympique", chaud comme un vieux Oxmo Puccino et frais comme une prod de Travis Scott. "Cascade - Remix" est aéré et beau comme une prod de Pyroman ou Pi'erre Bourne, magnifiée par un flow intemporel. 

  Les quelques feats sont très cool, "Le Tour" avec Infinit' et "Parachute Chanel" avec Sneazzy, "1500" avec Og L'enf, et l'excellente "La Lumière dans le Noir" avec Doums. Ils permettent également de varier les styles, comme par exemple "Fugees" avec Diabi, à l'aspect plus planant, psychédélique et un peu rock, mood prolongé par la plus old school "Une Main Lave L'autre". L'ambiance varie également avec le très funky et plus léger "Pour Celles", qui rappelle ses premiers projets ou le boom bap modernisé et déconstruit, presque parlé de "Olive et Tom"

Alpha Wann - Ca va ensemble (Clip, 2018)

  Autre tube, l'inclassable "Ca va ensemble" est un point fort de ce disque, assez épique avec ses parties assez différentes (d'abord saccadée puis plus pop dans la prod) enchevêtrées avec brio. Alpha Wann est à l'aise dans ces instrus changeantes, adaptant son flow avec une facilité apparente qui déconcerte et impressionne après coup, puisque sur le moment on ne s'en rend pas compte tant le rendu est naturel et fluide ("Contrex"). Autre morceau inclassable, "Macro" est à la fois lourd et aéré (longues parties à base d'orgue sans beat), et très réussi là encore.

  Le disque dans son ensemble est un gros coup de pied dans la fourmilière du rap francophone, une vraie déclaration artistiques au mérite certain, entre fond profond et bosse, flows agiles à l'humour décapant, et prods à tomber. Un classique instantané qui hisse Alpha Wann parmis les plus grands noms du rap de chez nous.

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex

lundi 19 novembre 2018

Still Parade - Soon Enough (2018)


  Un clavier californien égrainant quelques accords et une basse tout aussi ensoleillée, des nappes mélancoliques puis un synthé lead jouant une petite mélodie sucrée, légèrement italo façon 70's, non vous n'êtes pas sur une bande issue d'une obscur session de Pet Sounds perdue au fil du temps, mais sur l'intro ("What Happened ?") du dernier Still Parade, nommé Soon Enough. La pop évidente des allemands nous avait déjà charmé il y a deux ans avec Concrete Vision, qu'on avait classé parmi nos albums préférés de 2016.

  Le mélange entre soft rock aux sonorités chaudes, pop baroque mélancolique et influences psychédéliques et électroniques (presque chillwave) sonne toujours juste et ne fait jamais redite, car il est utilisé pour sublimer des mélodies angéliques chantées par une voix d'ange, dans la lignée de Colin Blunstone des Zombies ("Soon Enough", "Circle Song"). Ce côté classic rock, un peu folk, avec de grosses basses, et cette voix blanche au chant les rapproche d'un autre groupe ayant charmé notre année 2016, Whitney ("As Long As") tandis que les morceaux aux inspirations venues de la sunshine pop californienne, du psychédélisme champêtre et des musiques de films italiennes des années 60-70 comme "Vitamin" les placent dans la lignée de groupes des années 60 comme les Beach Boys, Millenium, Sagittarius, ou plus récemment Dorian Pimpernel ou Klaus Johann Grobe. On a même parfois quelques petits marqueurs presque country, rappelant que le genre est à l'origine de quelques-uns des plus beaux chapitres de la pop (Gram Parsons, Dolly Parton, The Byrds...), et montrant la maîtrise totale du sujet Pop par le groupe.

Still Parade - Soon Enough (2018, Clip)

  Mais peu importe les marqueurs d'époque, des mélodies pures et évidentes comme celles de "Stranger" ou "Canyon" sont aussi intemporelles que du Elliott Smith ou du Todd Rundgren, et s'inscrivent dans une lignée de songwriters exigeants et sensibles venus du rock et de la pop indés (Tobias Jesso Jr, Andy Shauf, Drugdealer, les Lemon Twigs...). D'ailleurs on pense à ces derniers, ainsi qu'à Foxygen, sur "Portals", au songwriting plus oblique et sinueux mais gavé de passages mémorables.

  Malgré ces quelques références au passé glorieux de la musique populaire et ces parallèles avec son présent plus confidentiel mais tout aussi beau, on ne peut nier à Still Parade une forte identité sonore, tant dans le choix des sons utilisés que dans le soin apporté aux arrangements, le chant aidant évidemment beaucoup à caractériser leur musique. Le groupe arrive à gérer l'espace comme peu d'arrangeurs en sont capables, n'hésitant pas à utiliser le silence, à aérer certaines parties, et en ornementer davantage d'autres, pour donner à ces morceaux un relief appréciable ("The Gathering").

  Ce disque est une suite à la hauteur d'un Concrete Vision (2016), que je considère comme un classique personnel et un des plus beaux disques de ces dernières années, ce qui est en soi un petit prodige. Un magnifique album de pop aérée, mélodique et rêveuse, aux arrangements ciselés et à la beauté évidente.
A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex


samedi 17 novembre 2018

Vince Staples - FM! (2018)


  Sorti entre deux albums - le précédent était le très réussi Big Fish Theory (2017) et le prochain arrivant à grands pas a priori - ce projet, nommé FM!, est une mixtape conceptuelle (22min, 10 titres dont des interludes), conçue comme une émission de radio, et sensé vous faire vivre une virée en bagnole en Californie avec l'émission de Vince Staples en fond. Pour cela, il a carrément invité une vraie équipe d'animateurs radio d'une station locale pour mettre en place des interludes plus vraies que nature, et propose même en avant première deux extraits inédits de musique pas encore sortie, en mettant en avant deux facettes très différentes avec le rap expérimental de Earl Sweatshirt ("New earlsweatshirt - interlude") et le banger de club de Tyga ("Brand New Tyga - Interlude"). L'immersion est donc totale. Cependant, loin du cliché que vous pouvez imaginer en lisant ces quelques lignes, et même si la musique peut parfois paraître ensoleillée, le propos est toujours ultra sombre, entre introspection douloureuse, évocation du racisme et de la situation socio-économique inégalitaire et douloureuse de Long Beach, où la criminalité est à la fois une condition de survie et un poison qui empoisonne la vie des gens qui y sont coincés.

  Musicalement, c'est impeccable. Avec cette balance entre pop ensoleillée et rap sombre, qui fait le charme de "Feels Like Summer", qui démarre par un synthé presque Linkin Park avant de virer vers le style inimitable de Vince Staples, puis de s'envoler vers le rnb plein de gospel de l'unique Ty Dolla Sign. C'est le producteur Kenny Beats qui met sa science du groove sec et agressif au service des flows acérés de Staples tout au long de la tape, pour un résultat explosif et entêtant ("Outside!"). Autre mariage parfait, celui du rnb de Kehlani et du rap de Staples sur "Tweakin", sur laquelle plane également l'ombre de Ty, génie du mariage trap/soul, qu'on entend ici en filigrane.

Vince Staples - FUN! (Clip, 2018)

  Quelques morceaux se détachent du lot comme "Outside!" justement, l'obsédante "Relay" où la prod vicieuse supporte à merveille le flow acide de Vince, et la très lourde "Run the Bands" qu'on a envie de reprendre en choeur après une écoute. Le single "FUN!", assorti d'un clip génial, est également excellent, dans un style plus proche de Big Fish Theory. Seules "Don't Get Chipped" et "No Bleedin" sont un peu moins mémorables. Mais rien de grave.

  C'est une mixtape d'une qualité inespérée pour une mise en bouche avant le prochain long format de Vince Staples, un mini-album conceptuel très réussi tant sur le fond (les textes acérés) que la forme (le format radio), qui se sert habilement du contraste entre l'image ensoleillée de la Californie et la misère qui hante certains coins comme Long Beach pour disséquer habilement et subtilement la vie de ses habitants. Ce qui est illustré à merveille par un rap sec posé sur les prods de Kenny Beats mettant l'accent sur la rythmique, contrebalancé par quelques incursions rnb ou plus radiophoniques (Ty Dolla Sign, Kehlani, Tyga...) Encore un sans faute pour un rappeur à la discographie parfaite, qui n'augure que du bon pour la suite. 

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex


vendredi 9 novembre 2018

Le Bilan de la Rentrée (Septembre Octobre 2018)


  Il est un peu en retard, mais le voilà, notre bilan musical des mois de septembre et octobre 2018. L'année approche à sa fin, mais les grosses sorties et les bonnes surprises se sont multipliées à la rentrée, faisant de ces quelques semaines de transition entre un été qui traîne et un hiver qui arrive à grand pas un excellent cru. Alors bonne écoute à vous !


BILAN ALBUMS
On a adoré :


Klaus Johann Grobe - Du Bist So Symmetrisch
Allemagne
Pop, Electro-Pop, Funk, Electrofunk, Psychédélisme, Krautrock, Electro-Rock, Electronique 
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    J'avais adoré la pop rêveuse et psychédélique des allemands de Klaus Johann Grobe sur Spagat der Liebe, une de nos plus belles découvertes de 2016, mais rien ne m'a préparé à ce Du Bist So Symmetrisch, sorti tout récemment. Les synthés incroyables du précédents, le côté psyché voire cosmique sont toujours présents, mais désormais c'est une basse énorme, souvent slappée, et funky à la Metronomy période The English Riviera (2011) qui drive le groupe. Elle rend la musique du groupe encore plus pop et accrocheuse et accouche de quelques tubes inouïs. Cet album est un uppercut, un coup de génie. Utiliser cette basse comme moteur de l'album donne à la pop synthétique du groupe un gros coup de boost et propulse le disque avec vigueur tout en conservant la délicatesse de leur son et de leurs mélodies. On assiste à l'écoute de Du Bist So Symmetrisch à un de ces trop rares miracles pop désarmants qui nous enchantent totalement et nous donnent envie de vous les faire découvrir. Un grand, grand disque, à écouter absolument.
Mes morceaux préférés : Tout le disque
A écouter sur Spotify ou Deezer

Blood Orange - Negro Swan
USA / Royaume-Uni
Pop, Rnb, Rock indé, Soul/Funk, Electrofunk, Folk, Hip-Hop, Psychédélisme
  Avec moins de tubes, mais davantage de moments d'apesanteur pop, ce Negro Swan n'a rien à envier aux chef-d’œuvres Cupid Deluxe (2013) et Freetown Sounds (2016), poursuivant une des oeuvres les plus passionnantes de la décennie, et montrant sous son plus beau jour le génie unique, sensible, passionné et érudit de Devonté Hynes, tel un Brian Wilson des années 2010. 
Mes morceaux préférés : Orlando, Charcoal Baby, Jewelry, Take Your Time, Nappy Wonder, Dagenham Dream, Minetta Creek
A écouter sur Deezer ou Spotify



Connan Mockasin - Jassbusters 
Nouvelle-Zélande
Pop, Soul, Blues, Funk, Folk, Gospel, Psychédélisme, Rock Indé
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  Cet album est une anomalie salutaire. Un disque lent, minimaliste, bluesy, soul et un peu folk, reposant tout entier sur le talent d'interprète et l'oreille de mélodiste d'un Connan Mockasin qui s'impose une fois de plus comme un génie de la pop, à contre courant et pourtant ultra influent. Un grand disque, concis, impeccable, et de superbes chansons qui sont autant de pauses salutaires, de bouffées d'air frais dans une époque où la musique est souvent sur-compressée, surproduite, ultra-rapide et sans reliefs.
Mes morceaux préférés : Charlotte's Thong, Con Conn Was Impatient, Last Night, Momo's
A écouter sur Spotify ou Deezer

Swamp Dogg - Love, Loss, and Auto-Tune
USA
Funk, Soul, Blues, Pop, Electro-Pop, R&B, Electronique
  L'iconoclaste du funk US a décidé de bâtir son nouvel album autour de procédés de modification de la voix tels le sacro-saint diptyque Autotune/Melodyne, ou le Messina qui permet à un chanteur d'harmoniser en temps réel avec lui même. Pour appliquer ces idées, il s'est entouré à la production de Ryan Olson (Poliça, GAYNGS) et de Justin Vernon (Bon Iver). Pervertissant sa soul à coups de voix trafiquées, de synthés déviants, de programmations alambiquées et de boîtes à rythme louches, il met brillament en musique l'amour, le sexe, le deuil sous toutes ses formes, le climat économique, politique, social et racial d'une Amérique malade. Entre fantômes d'un passé lointain et modernité clinquante, aliénation, tristesse et joie, c'est une renaissance artistique à saluer. En effet, foncer dans une direction courageuse est une chose, en sortir un album aussi concis, touchant, dérangeant et beau que celui-là en est une toute autre.
Mes Morceaux préférés : Lonely, I'll Pretend, Answer Me, My Love

IDLES - Joy As An Act Of Resistance. 
Royaume-Uni
Punk, Rock Indé, Post-Punk, Psychédélisme, Punk Harcore
  IDLES est des groupes de rock anglais les plus passionnants, un de ceux qui portent encore haut la torche du punk et arrivent à offrir une musique fidèle au genre mais actualisée et plus que pertinente, voire percutante. C'est sans doute leur plus grande réussite, arriver à estomaquer, à surprendre, à créer l'urgence, l'imprévisibilité dans la forme, pour mieux faire passer un fond radical, moderne et salvateur. Cet album est un disque de punk essentiel, une belle façon de renouveler, dynamiter et réveiller le genre tant musicalement que dans les thèmes abordés et la façon de les aborder, qui prend des leçons venues de nombreux autres horizons musicaux pour les appliquer au sien avec brio. Un grand disque, très réfléchi mais empli d'une fureur jouissive et salvatrice, que je vous recommande absolument.
Mes morceaux préférés : Colossus, I'm Scum, Danny Nedelko, June, Television, Never Fight A Man With A Perm, Samaritans, Great, Cry To Me


Sheck Wes - MUDBOY
USA
Rap, Trap, Electronique, Ambient, Pop, Coldwave
    Cet album n'est pas un album de trap comme les autres. Alors que le genre est fortement ancré dans le Sud, Sheck Wes vient de Harlem, tout comme son producteur et ami Lunchbox, et ils ajoutent un côté cinématographique, sombre, minimaliste et nihiliste, venu des légendes de la côte Est (Mobb Deep, Wu Tang Clan...) à cette musique. C'est donc un disque assez passionnant au succès mérité, qui sait alterner entre nappes ambient inquiétantes et gros bangers saturés, et installe une ambiance incroyable, à base de sons 8bits, de beats trap, de bruitages dignes de films d'horreur et d'un sound design presque coldwave, tout en alternant chant et rap avec brio. Une grosse réussite. 
Mes morceaux préférés : Mindfucker, Chippi Chippi, Live Sheck Wes, Mo Bamba, Gmail, Fuck Everybody, Vetement Socks, Never Lost
A écouter sur Spotify ou Deezer


Flavien Berger - Contre-Temps
France
Pop, Electro-Pop, Chanson Française, Electronique
 Ne l'ayant suivi que de très loin, c'est avec une certaine surprise que j'ai découvert à quel point cet album de Flavien Berger était bon. Un peu de Daho dans la voix, une musique électronique entre calme presque electronica 90-2000's, mélodies sucrées d'une électro-pop rêveuse au son assez anglais, variété chic (à la Florent MarchetJuliette Armanet, Pépite...), nappes planantes d'un rock progressif synthétique et digressions house et techno. C'est le cocktail d'un disque étonnant et beau.   En bref, c'est un bon album, qui souffre un peu du décalage de qualité entre son premier tiers et le reste du disque, agréable mais moins marquant. C'est néanmoins une réussite d'électro-pop francophone que je vous recommande chaudement malgré ces quelques réserves mineures, et la confirmation que Flavien Berger a du talent, et qu'il est donc un artiste à suivre, capable du meilleur.
Ms morceau préférés : Brutalisme, Maddy La Nuit, Castlemaure, 999999999

A écouter sur Deezer ou Spotify



On a aimé :

The Dodos - Certainty Waves
USA
Pop, Folk, Rock, Electro-Pop
  Toujours intéressants, jamais aussi percutants qu'au début de la décennie, les deux Dodos continuent leur chemin, sans nous intriguer plus que ça mais avec un disque plutôt bon et qui renouvelle leur son, ce qui est un vrai exploit. Pas le disque du grand retour donc, mais une bonne surprise qui gagne en qualité à chaque réécoute et réinvente doucement un groupe culte, c'est donc plutôt cool.
A écouter sur Spotify

On a apprécié :

Future & Juice WRLD - WRLD On Drugs
USA
Pop, Trap, Hip-Hop, Rap, Rnb, Mumble Rap
  Peu intéressant, Juice WRLD n'apporte rien à Future, et on se demande bien l'intérêt (outre que commercial, ce petit nouveau vendant bien) de l'inviter sur un projet. Petit conseil, passez direct à "Oxy" avec Lil Wayne (qui est bonne), "Afterlife" (solide solo de Future), et surtout celle avec Young Thug qui pour le coup est vraiment cool. Si jamais vous en voulez encore, passez celle avec Nicki Minaj, elle est basique mais elle fait le taff. En revanche, je vous aurais prévenus, l'écoute entière du LP est déconseillée pour cause de surdose de rnb commercial sucré. 
A écouter (en partie donc) sur Spotify



BILAN EPs :

On a adoré :


Handbraekes - #3
France/Allemagne
Electronique
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  Handbraekes est un duo formé de notre chouchou Mr Oizo et de l'allemand Boyz Noise, et cet EP est le troisième sous ce nom (d'où ce titre), avec toujours ce visuel automobile et phallique. Et c'est une petite bombe déviante comme on les aime. Cet EP inattendu est très réussi, avec une première partie incroyable entre nostalgie de la French Touch et gros bangers qui tabassent, et une deuxième partie plus conceptuelle poussant la déstructuration de la musique à son paroxysme. Un très, très bon boulot tant sur le fond que la forme. 
Mes morceaux préférés : Discow, Intertwo, All Night Long
Ecouter sur Spotify ou Deezer ou Youtube




Jai Picconne - Mover EP
Australie
Electronique, House, Pop, Electro-Pop, Electrofunk
  L'australien Jai Piccone, connu pour ses projets TORA et Inagwa, propose un projet solo très house, à anglaise, façon 90's, taillée pour le dancefloor. Le tempo est soutenu et les 3 titres s'enchaînent avec efficaité. Même si l'ambiance frôle souvent avec l'onirisme, ce n'est que pour mieux nous ramener à la brutalité des beats qui revisitent 30 ans de house anglaise depuis le Second Summer of Love de 1988 jusqu'aux plus récents Disclosure et Demuja, qui rappelle également les français anglophiles de Paradis. Un EP pétillant, dansant et frais comme celui-ci, ça fait toujours un bien fou.



Alexandre & Etienne