Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

lundi 31 juillet 2017

Les Entretiens de La Pop #1 - Oliver Buckland

  Pour notre première interview, nous avons invité Oliver Buckland pour nous parler de sa musique. Nous vous avons déjà présenté sa discographie, et nous avons parlé en particulier de son superbe morceau "Pendent". Nous somme très heureux de pouvoir vous permettre de comprendre davantage sa musique grâce à cette interview que nous avons davantage pensée comme une conversation que comme une suite de questions-réponses. Bonne lecture ! 

Oliver : Salut les gars !

Etienne : Salut ! Peux-tu dans un premier temps te présenter, et nous parler de la musique avec laquelle tu as grandi, celle que toi et tes parents écoutaient ? 

Oliver : Alors, j'ai commencé à composer à l'âge de 15 ans, j'en ai actuellement 20, et je vis dans le Sud-Ouest de l'Angleterre, à peu près au milieu de nulle part. J'ai chanté dans des chorales depuis l'âge de 7 ans jusqu'à mes 14 ans. J'ai donc grandi avec beaucoup de musique chorale. Et mon père, qui est lui même musicien et grand amateur de musique, a joué du piano depuis que je suis tout petit. Concernant la musique que j'écoutais moi-même plus jeune, il s'agissait surtout de musique chorale, mais à l'heure actuelle je n'écoute pas un type de musique en particulier, c'est très éclectique et j'écoute généralement des choses en aléatoire sur Spotify ou Soundcloud pour découvrir des choses, ou alors suite à des suggestions.

Alex : Quand tu parles de musique chorale, tu penses à des pièces classiques ou alors à des pièces un peu gospel ? Ou les deux ? 

Oliver : Quand je parle de musique chorale, c'est très orienté classique, du genre musique chorale très religieuse mais pas du gospel, même si c'est une musique que je trouve très cool et fun. Je chantais oeuvres de Bach ou de compositeurs plus modernes comme Benjamin Britten. Mais c'est juste mon background musical, je ne sais pas si ça a une influence énorme sur ce que je fais maintenant ou pas.

Bach - Chorals BWV 253-301

Benjamin Britten : Five Flower Songs, op.47

Etienne : Tu écris sur ton Soundcloud que tu étudies au Royal College Of Music

Oliver : Exact ! Je viens de terminer ma deuxième année. 

Etienne : Félicitations ! Peux-tu nous présenter l'institution ? Y apprends tu uniquement la musique classique ou est-ce une école ouverte à des musiques variées ?

Oliver : Je suis très heureux de pouvoir dire que le département de composition nous autorise à composer sous la forme que l'on souhaite, et que les enseignants sont là pour nous aider à développer notre style plutôt que de nous faire écrire d'une certaine manière. C'est quelque chose que j'apprécie énormément, parce que, sans les nommer, il y a d'autres endroits où l'on vous apprend à composer d'une certaine façon, et j'ai spécifiquement choisi le Royal College Of Music pour cette liberté.

Alex : Justement, à propos de toi, et de la façon dont tu composes : as-tu une méthode prédéfinie ? Est-ce que tu entends la musique dans ta tête et ensuite tu l'écris ? Est-ce que tu improvises certaines parties ? Ou est-ce que tu programmes certains morceaux dans un premier temps et que tu les joues après ? 

Oliver : C'est une question difficile... Il faut que je réfléchisse moi-même à la façon dont je compose, ce qui est assez variable en fait. Ma méthode, en général, pour écrire de la musique acoustique, est de trouver une idée exprimant ce que je voudrais que la musique accomplisse avant d'écrire la moindre note. Et pour vous donner un exemple, j'ai ce vieux projet nommé This New Sea, pour lequel je me suis demandé dans un premier temps ce que je voulais accomplir à travers la musique, et cette pièce en particulier parle de l'espace et des événements historiques de la conquête spatiale. J'ai commencé par écrire un texte récapitulant ce que j'avais à faire, et lorsque ce planning était fini, j'ai composé de toutes petites phrases ou pièces musicales, en commençant vraiment tout petit, puis en essayant d'expandre ces petites idées, ces petits fragments musicaux. C'est à peu près ce que je fais maintenant, mais il y a certaines occasions durant lesquelles j'improvise complètement. Par exemple, le morceau “Pendent” est presque totalement improvisé de façon électronique sur mon ordinateur, et ensuite j'ai essayé de développer ces idées le long des 8 minutes du morceau. J'ai peur de ne pas être très clair, mais si je voulais résumer ça, je dirais "commencer par de petites idées, les développer à partir de là". 

Alex : Non au contraire, c'était très clair, tu commences avec un genre de scénario et tu développes ces petites idées musicales dont tu parlais selon ce que tu avais prévu.

Oliver : C'est comme une lente évolution depuis une seule idée. Mais il y a d'autres occasions, notamment pour mes morceaux davantage électroniques, pour lesquelles je me pose et j'improvise complètement.  

Alex : C'est plutôt marrant, parce qu'Etienne a eu le pressentiment que tu avais composé et improvisé “Pendent” d'une façon électronique. Il m'a notamment fait remarquer que certaines parties ressemblaient à des samples mis en boucle, et re-joués par la suite, et que certains petits motifs de piano sonnaient comme si ils étaient joués dans un sens puis inversés. 

Etienne : J'écoute beaucoup de musique électronique, et pour moi “Pendent” sonne comme si il avait été composé avec des techniques électroniques et qu'ensuite on lui avait donné une forme "classique". 

Oliver : C'est exactement ce que j'essayais de faire avec ce morceau. Lorsque j'écris de la musique électronique, j'essaie d'y introduire de la musique acoustique et des techniques que j'ai apprises lors de la composition de pièces acoustiques. Et vice versa, quand je compose de la musique acoustique j'essaie d'y introduire des petites choses venant de la musique électronique.

Alex : A ce propos, nous venons juste de regarder un court documentaire avec Etienne en lien avec cela. Il y avait une intervention de Robert Glasper [musicien de jazz & hip-hop], dans laquelle il disait que les beats de J Dilla sonnaient tellement organiques qu'ils lui donnaient envie de jouer comme ils étaient samplés et modifiés par le producteur et pas forcément comme le sample d'origine. C'est amusant que ces samples de jazz modifiés par des techniques électroniques inspirent à leur tour d'autres musiciens jazz.

Jazz Is The Mother Of Hip-Hop 
Documentary starring Robert Glasper

Oliver : Je vois tout à fait le parallèle... Je ne sais pas quelle est ma voix propre en tant que compositeur en fait, mais c'est ce qui fait l'intérêt du voyage !

Alexandre : Dans “Pendent”, nous avons remarqué une utilisation du silence très intéressante. Et c'est le genre de choses que l'on est pas censés remarquer, et qui signifie quelque chose quand c'est le cas. Comment utilises-tu le silence dans tes compositions ? 

Oliver : Comme ça me vient. Le silence est vraiment très important parfois, mais pour  “Pendent” je voulais garder l'élan de la composition tout du long, comme si c'était une machine qui en prenait le contrôle, devenant parfois très bruyante, parfois plus calme. Mais si le morceau avait été très intense du début à la fin, ça aurait été fatiguant pour l'auditeur, si cette tension avait duré tout du long. Si ça sonne trop "fort", le rendu peut être un peu cheesy, pas très intéressant ou trop dramatique. Mais le silence peut égalment être utilisé d'une façon très dramatique et agressive. Comme à la fin de chaque mouvement de “This New Sea”, j'ai demandé aux musiciens de faire une pause durant un certain temps, afin de montrer de façon explicite au public que quelque chose s'arrêtait et qu'autre chose commençait. Et dans le court morceau “Cycle”, j'ai pensé que c'était trop “in-your-face”, qu'il y avait trop d'énergie, donc j'ai sélectionné deux endroits dans lesquels insérer des pauses inattendues, pour laisser s'abattre le silence, en quelque sorte, ce qui a fait réagir l'audience, qui pensait : “Wow,qu'est-ce qu'il se passe ?”. Mais la plupart du temps je n'y pense pas trop, j'utilise le silence comme ça me vient.

Etienne : Le silence est un peu le “off-screen” du cinéma transposé en musique, une façon de créer le désir de savoir de ce qui va arriver après. 

Oliver : Oui, le silence peut souligner de façon très puissante certains morceaux de musiques ou certaines scènes de films.

Alex : A ce propos, tu aimerais composer une bande originale pour un film un de ces jours ?

Oliver : Totalement ! Composer pour un film est très difficile, mais très gratifiant. J'en ai fait un peu, mais ce n'est pas disponible sur mon soundcloud. J'ai vraiment adoré faire ça, mais ça demande beaucoup de temps, de passion et de compétences. Mais c'est quelque chose que je veux faire davantage dans le futur, et que j'espère pouvoir montrer sur ma chaîne bientôt. 

Alex : Tu disais que pour composer, tu écrivais un petit scénario. Tu penses à des images également ? 

Oliver : J'ai quelque chose qui s'appelle la synesthésie. Les textures, couleurs et sons sont connectés, par exemple quand j'entends de la musique je vois des couleurs, c'est la chromesthésie. En termes de visuels, lorsque j'entends un certain accord, je vois une couleur, du coup j'aime changer souvent d'accord pour voir un paysage très coloré dans ma tête. 

Alex : Et comment choisis tu tes visuels ? Tu collabores ou tu fais tout tout seul ?

Oliver : Je récupère et j'édite quasiment tout le temps moi-même les photos depuis internet. Mais pour les deux pochettes d'album de Ten et Twenty [ci-dessous] j'ai demandé à un ami de les faire… Je ne sais pas très bien pourquoi, mais je crois que ce qui m'a motivé était de laisser un peu de mon contrôle créatif à quelqu'un d'autre pour ces projets. 


Etienne : Et à propos de ta photo de profil soundcloud [ci-dessous], elle fait un peu cubiste. Je me demandais si c'était une métaphore de ta musique ? Dans le sens où on peut en voir les contours mais on doit deviner ce qu'il y a réellement dedans ? 


Oliver : Je l'ai faite seule. Ma mère la déteste, elle la trouve flippante, elle n'arrête pas de me demander de la changer mais je refuse. Je l'aime bien parce que l'on sait que c'est un humain, que c'est probablement moi, mais elle est quand même un peu alien, un peu bizarre. Un peu comme ma musique, en effet, vous allez sûrement comprendre et apprécier certaines parties à la première écoute mais pas tout en entier, comme sur cette photo. C'est distordu, ce n'est pas ce que l'on attend, c'est un peu étrange, et c'est ce que je recherchais. 

Etienne : "Pendent" est d'une certaine façon une pièce répétitive, est-ce que tu as été influence par des compositeurs contemporains ou de la musique ambient ? Et en particulier par Steve Reich ? Parce que je ressens comme un lien entre ta musique et toute cette culture électronique dans laquelle on peut utiliser un sample en boucle encore et encore, et l'étendre pour créer un morceau qui dure des heures. Tu ressens cette connexion avec Reich et les autres compositeurs contemporains ?

Oliver : Je ne dirais pas que je suis "lié" à qui que ce soit, mais Philip Glass et Steve Reich sont d'énormes influences pour moi. J'aime énormément la majorité de leur musique, pas tout, mais il y a certains morceaux qui résonnent énormément en moi. Il y a ce titre de Steve Reich nommé Three Tales, où il utilisait le pitch de différentes voix venant de plusieurs personnes et en faisait un morceau de musique. J'ai fait la même chose sur This New Sea, comme un genre d'hommage. Ça ne sonne pas comme Three Tales, mais ça comporte certains éléments de la musique de Reich.

Steve Reich - Three Tales

Etienne : J'ai l'impression que ta musique est encore plus riche sur “Pendent” . Il y a tout ce background classique, avec de la musique très tonale, plus mélodique que le contemporain. Certaines parties sonnent comme Piazzola. J'ai joué le morceau à trois personnes différentes, indépendamment, et elles m'ont toutes dit “ Oh,cette partie sonne comme Piazzola” !


Astor Piazzola - Les quatre saisons de Buenos Aires - L'automne

Oliver : (rires) Ah vraiment ? C'est intéressant, j'ai écrit cette pièce très vite, en à peine un mois. Lorsque je la composais à l'école, je l'entendais dans ma tête, et dans ma tête ça allait être un morceau assez drôle. Dans mon esprit, c'était comme une blague, mais quand j'ai entendu la performance, ça sonnait beaucoup plus sérieux. Et mes parents, lorsqu'ils l'ont entendue, ont pensé que j'étais limite déprimé, alors que lorsque je l'ai écrite je souriais tout du long, en trouvant des petites blagues musicales que je pouvais insérer juste pour moi.

Alex : C'est marrant, parce que c'est vrai que si l'ambiance générale du morceau est plutôt grave, sérieuse ou triste, certaines petites parties notamment de piano, sonnent un peu comme des touches d'espoir au milieu du désespoir général, tout n'est pas noir ou gris. C'est un peu cliché, mais "there’s light in the dark" (rires).

Oliver : Je ne pensais pas du tout à un truc sombre, je pensais plutôt en termes de changements d'accords, de placer des violons ici ou là, etc... Les violons eux-même font partie d'une blague parce que j'ai écrit une partition principale pour eux et que j'y ai ensuite ajouté plein de notes hyper difficiles à jouer... J'ai volontairement écrit le morceau de façon à ce qu'il ne soit pas facile à jouer du tout, en espérant que les musiciens jouent un peu faux du coup, ce que personne n'a remarqué lors de la performance mais qui s'est tout de même produit, et c'est une des blagues musicales que j'ai placées un peu pour moi-même dont je parlais plus tôt. Pour la dernière partie, j'ai démarré avec une idée très insistante au début, mais au final j'ai choisi d'improviser complètement peu de temps avant de rendre la partition terminée, et ça s'est fait comme ça, sans plan. Donc, lorsque j'ai donné les partitions aux musiciens, ils avaient uniquement une semaine pour s'entraîner avant la performance. Donc c'était très court mais ils l'ont fait très, très bien.

Alexandre : A propos de la performance en elle-même, elle est en un sens assez brutal, pleine d'urgence, et c'est sûrement ce qui évoque le côté sérieux dont tu parlais. Tu donnes des instructions très détaillées avec la partition ou tu laisses aux musiciens beaucoup de liberté d'interprétation ? Et quand tu entends ta composition jouée par d'autres après coup, que ressens-tu ? 

Oliver : Pour “Pendent”, et en général, je ne donne que très peu d'informations, juste la musique. J'ai même un peu sous-annoté la partition pour rendre la performance plus libre, pour avoir l'interprétation des musiciens, parce que j'adore quand j'entends quelqu'un d'autre s'approprier quelque chose que j'ai écrit, parce qu'habituellement c'est très créatif. La seule petite remarque mineure que je pourrais faire sur la prestation c'est que le piano a la pédale un peu lourde en début de morceau mais en général j'étais vraiment enchanté de la façon dont ils ont joué. 

Alex : Ce concert du Coniston Trio, qui s'est déroulé en mars, incluait également des compositions d'un autre très jeune compositeur britannique. Qu'est-ce que ça fait d'entendre ses compositions classiques jouées d'une façon si formelle à un si jeune âge ? Et comment le concert a-t-il été organisé ?

Oliver : Je me sens très chanceux et je suis extrêmement reconnaissant ! Ca s'est fait indépendamment du Royal College et du Royal Northern College of Manchester. En fait, c'est par l'intermédiaire d'un ami de Manchester qui m'a contacté et demandé si j'avais un morceau prêt, et j'ai dit oui parce qu'ils garantissaient une performance.

Etienne : Tu as écrit sur ton soundcloud que “Pendent” est un morceau de musique post-minimaliste. Qu'est-ce que ça signifie dans le milieu classique et pour toi ?

Oliver : Je ne sais pas trop… (rires) Ok, le post-minimalisme est un mot un peu prétentieux, qui veut un peu dire quelque chose mais pas totalement (rires). En fait, je ne classerais pas ce morceau comme du minimalisme, parce que c'e est en partie mais pas totalement. Le post-minimalisme est le mouvement qui suit des compositeurs comme Philip GlassTerry Riley et Steve Reich, qui utilise beaucoup d'éléments de leur musique mais aussi d'autres éléments comme les changement d'accords, les retournements musicaux, les structures incohérentes... Ce que je veux dire avec ce mot c'est que c'est du minimalisme mais que c'est également autre chose. 

Terry Riley's A Rainbow in Curved Air

Alexandre : Tu reconnais l'héritage minimaliste et tu construis autre chose dessus, tu ne fais pas dans le côté "puriste" du genre. Tu le prends et tu l'emmènes ailleurs.

Oliver : Oui, c'est une très bonne façon de résumer la chose, mais ça me ferait presque passer pour quelqu'un de prétentieux !  (rires)

Alexandre : Un autre morceau de toi qu'on a adoré, dans un genre très différent, est “Pinkover”.

Oliver : (rires) Celle-là est très drôle !

Alexandre : On l'a beaucoup aimée parce qu'on y entend que tu es jeune et pas restreint à un seul genre de musique, comme tu le disais précédemment. 
Concernant la musique électronique, as-tu des influences spécifiquement électroniques, académiques ou issues de la musique populaire, ou improvises-tu ex nihilo pour créer ton propre style ?

Oliver : Je ne suis pas un grand connaisseur de musiques populaires. Je prends les outils électroniques et j'essaie de trouver par moi même comment créer mon propre son par l'improvisation. Par exemple “Pinkover” a été faite en pensant à une suite d'accord très inhabituelle et en cherchant à voir jusqu'à quel poin je pouvais m'amuser avec et la mettre dans un morceau électronique très oubliable vraiment over-the-top. Et oui, je ne veux pas être limité dans un style spécifiqu et je recherche toujours le moyen de faire naître une certain sens du fun, je ne me prends pas au sérieux. Je veux pouvoir donner aux gens différentes émotions via des musiques très différentes.

Etienne : C'est pourquoi j'ai été attiré par ton soundcloud, par cette musique électronique jouée par des instruments acoustiques. 

Alexandre : Et ça n'est pas non plus un trip de puriste, ce n'est pas une suite d’exercices de styles non plus, il y a toujours de l'émotion dans ces morceaux. 

Oliver : Merci. Oui, je ne fais pas d'électro parce que je le peux, mais pour partager certaines émotions, même si c'est très personnel et que les émotions y sont parfois étranges ou difficiles à identifier, je veux que l'auditeur ressente quelque chose.

Alexandre : Quelques musiciens de formation classique peuvent collaborer avec des musiciens venus de la pop, du jazz, de l'électro, du rap... Est-ce qu'une ou plusieurs de ces possibilités de collaborations t'intéresseraient particulièrement et lesquelles ?

Oliver : Toutes. En ce moment j'adorerais collaborer avec un jazzman, mais j'adorerais pouvoir fusionner différentes genres pour amener les gens qui en apprécient un à découvrir l'autre. Donc j'adorerais faire tout ça ! Amenez les moi tous !

Alexandre : C'est aussi ce qu'on a aimé sur des titres comme “Pinkover” qui sont plus accessibles, et qui peuvent amener certaines personnes à aimer ta musique, puis à en découvrir des pans moins évidents et finalement découvrir et apprécier des styles complètement différents de ce pourquoi ils étaient venus.

Oliver : C'est vraiment ce que j'essaie de faire en musique. Parce que je pense que beaucoup de musiques ne sont pas réellement comprises, et je veux pouvoir rendre familières certaines techniques d'écriture que les gens ne connaissent pas, mais je veux pouvoir le faire en plus d'une façon qu'ils puissent comprendre et apprécier. Je pense que c'est vraiment le but de ma chaîne en ce moment, faire écouter aux gens la musique qu'ils n'écouteraient pas et les préparer pour des trucs plus étranges à venir. 

Alexandre : C'est également ce qu'on essaie de faire, amener des gens à découvrir des styles qu'ils n'écouteraient pas de leur propre chef. 

Etienne : Genre, on peut écrire un truc sur le dernier Drake et le faire suivre par le dernier Oliver Buckland (rires). Pour t'amener tous les fans de Drake ! Plus sérieusement, tu as deux albums sur ton soundcloud, Ten et Twenty, qui sont assez différents de tout ce que tu as fait d'autre. Ils sont assez drôles, on peut par exemple y entendre des sons faisant penser à la musique de jeux vidéos.

Drake - Hotline Bling

Oliver : J'aime surprendre les gens, les faire se demander : “what’s next ?”

Alexandre : Et tu y arrives parfaitement !

Etienne : En entendant ces albums, on a aussi pensé à Wendy Carlos, à sa façon de jouer des pièces classiques en utilisant des techniques électroniques et des synthés. 

Alexandre : A cette musique classique richement composée mais jouée sur des synthés too much ou à la limite du pouet pouet.

Oliver : Exactement !

Etienne : Ça montre que le classique peut être fun ! C'est quelque chose que tu recherches dans ta musique ?

Oliver : Complètement. La plupart de ma musique a ce fond d'humour british, satirique et parodique. 

The Monty Pythons

Alex : Je ne sais pas si tu connais, mais avec tes morceaux les plus électroniques et les plus fun justement, on a pas mal pensé à la démarche de Mr Oizo ?

Mr Oizo - Flat Beat

Oliver : Si, je le connais ! J'adore ce mec ! Vous devez penser à “Microchip” [morceau issu de Twenty] ? Au fait, je vais sortir Thirty le mois prochain, préparez vous !

Etienne : On sera prêts ! Pour revenir à Mr Oizo, c'est comme une gross blague musicale en surface, mais avec beaucoup de profondeur et d'ironie quand on creuse. 

Alex : Et connais tu le musicien canadien Chilly Gonzales ?

Oliver : Non !

Chilly Gonzales Solo Piano

Alex : C'est un musicien classique, il a sorti des albums où il joue seul du piano, d'autres plus électroniques, et il a collaboré avec des musiciens issus de la pop indé (Feist), du rap (Drake), de l'électro (Daft Punk, Boyz Noise...), et il fait des podcasts dans lesquels il décortique des morceaux issus de tous les styles de musique…. C'est un musicien de classique très ouvert, comme toi. C'est aussi un showman, il a même organisé une battle de piano parodique. En gros, il essaie d'amener les gens au classique par tous les moyens. Et il dit que si les gens n'écoutent plus de classique, c'est en majeure partie la faute des gens du classique qui en général n'ont pas fait les efforts pour y amener les gens, qui sont dans une démarche puriste, élitiste, et qui n'essaient jamais de réaliser des crossovers avec la culture populaire ou de parler directement aux gens.



Oliver : Je suis à 80% d'accord avec ça. Je fais exactement ça, écrire d'une façon qui peut amener une grande partie des gens à être un minimum intéressé par la musique que j'aime. Mais d'un autre côté, peut-être que la musique classique est très différente de la musique populaire, dans le sens où elles ne sont pas créées dans le même but. Il y a toute une partie de la musique populaire créée pour la consommation, vous montez dans le bus, vous l'écoutez, vous descendez du bus vous enlevez vos écouteurs, c'est la façon dont la plupart des gens écoutent la musique. A l'inverse, le classique peut demander un effort, notamment en termes de temps, tu dois pouvoir t'asseoir, ne rien faire d'autre que d'écouter, et digérer la musique. Si il y a une façon de créer la musique quelque part entre les deux, on peut espérer amener plus de gens à passer de l'un à l'autre.

Alexandre : Comme des morceaux réalisant des crossover justement.

Oliver : Exactement. Plutôt que de tout le temps dire “C'est ma musique classique et je ne veux pas la change”.

Alexandre : Est-ce que certains artistes "populaires" te font ressentir la même chose que le classique ? Lesquels te donnent envie de tout arrpeter pour t'asseoir et juste les écouter ?

Oliver : C'est une question difficile, il y en a mais je ne sais pas trop de qui parler… Oh, si, il y a un groupe pop que j'ai toujours admiré. Ça peut paraître bizarre, c'est ABBA. Je peux tout à fait m'asseoir, écouter ABBA et penser "C'est un morceau extrêmement bien composé !". Je les aime pour ce qu'ils sont, mais c'est plus d'un point de vue de compositeur, c'est écrit avec un tel soin, le genre de précision presque clinique qu'on entend dans le classique et que j'apprécie.

ABBA - The Winner Takes It All

Etienne : Pour finir cette interview, de quels morceaux conseillerais tu la (re)découverte à nos lecteurs ?

Oliver : Je proposerais les trois choix suivants : 

La Pop d’Alexandre & Etienne : Super, merci beaucoup !


 Etienne Alex



La Pop Interview #1 - Oliver Buckland

  For our very first interview, we have invited Oliver Buckland to talk to us about his music. We already have introduced his discography to you, and talked in lenght about his awesome composition "Pendent". We are glad to give you a chance to better understand his music. This was thought to be more like a conversation than a classical interview, from our non-specialists points of view. Hope you enjoy it !

Oliver : Hello, hi Alex hi Etienne

Alex : How are you ? We are very thrilled to talk to you about your music

Etienne : Okay, first, can you just present yourself, the music that you listen growing up as a child and the music that your parents listened?

Oliver : I started composition when I was 15 years old, I’m currently 20, and I’m from the south-west of England, in the middle of nowhere basically. I sang in choirs from the age of seven until the age of 14, so I grew up with a lot of choral music. And my dad, who is a very musical person, has been playing the piano since I was very young. Considering the music that I listen myself, I used to listen a lot of choral music, but right now I don’t have any type of music that I’m listening to, it’s very eclectic and I genuinely listen to random things on Spotify and on soundcloud and taking suggestions.

Alex : When you talk about choir music, do you intend more classical pieces or also more gospel-oriented stuff ? Or maybe both?

Oliver : When I talk about choir music, it’s very classical, very like deeply religious choir music but not gospel, even though it’s cool and fun. I was singing pieces by Bach or modern choir composers like Benjamin Britten. But that’s just kind of my musical background, I don’t know if it had a huge influence on what I do right now.

Bach - Chorals BWV 253-301


Benjamin Britten : Five Flower Songs, op.47

Etienne : You note on your soundcloud that you are studying in the Royal College Of Music

Oliver : Yeah ! I’ve just finished my second year!

Etienne : Congratulations ! Can you just present this institution? Is it a school where there is only classical music or is it open to various music areas ?

Oliver : I’m very happy to say that the composition department allows me to write in whatever way I like, teachers are here to make you develop any style that you have rather than make you write in a particular way. They don’t restrain you creatively; they give you a lot of room to grow. They look at the way I write, and then there’s a little conversation, as a little dialog, perhaps to improve but not to make you write in a specific way. That’s something I’m very happy about, because without naming them, there are certain places where you learn to compose in a certain way, and I specifically chose the Royal College Of Music because of the freedom it gives.

Alex : About yourself, and the way you compose music : do you have a method ? Do you like hear it in your head and then write everything? Do you improvise some bits? Or do you program some parts and then play it later?

Oliver : Sure, that is quite a difficult question because I have to think about the way I compose myself and that’s quite changeable. My general method to write acoustic music is to figure out an idea in terms of what I’d like the music to achieve, and to give you an example an old piece of mine is called “This New Sea” and before writing any music whatsoever I wanted to figure out what the music had to achieve and so this particular piece is about space and historical events to do with space. It started by writing a text about what I had to achieve, and when I had this text-based planning, I thought about small musical phrases or pieces, starting really really small, and trying to expand this musical ideas. This is kinda what I do right now, but there have been occasions where I completely improvised. For instance, the piece “Pendent” was almost completely improvised in electronically on my computer, and then I expanded the ideas that came up with it into an eight minutes-long piece. I’m not being very helpful, if I wanted to give you a very short answer I’d say “start from little ideas, grow them from there”.


Alex : No, that was pretty clear, you start with a kind of scenario and then expand this little musical ideas

Oliver : It’s like a slow grow from one idea. But there are occasions, like on my more electronic music, where I just sit down and improvise completely.

Alex : It’s kind of funny because Etienne had kind of guessed that about the way you composed and improvised “Pendent”, because he said that some parts sounded like samples but re-played and some short motifs on piano especially sounded played and reversed.

Etienne : I listen to a lot of electronic music, and to me “Pendent” sounded like it was composed with electronic music techniques but then given a “classical” form.

Oliver : That’s exactly what I was after for that piece. When I write electronic music I tried to introduce acoustic music and the techniques I learned from composing acoustic pieces. And vice versa, when I compose acoustic music I try to incorporate little things coming from electronic music.

Alex : We just saw a little documentary with Etienne about that. It starred Robert Glasper, don’t know if you know him, a jazz and hip-hop musician, and he said that J Dilla beats made him want to play piano like it can be heard in his beats : slowed down, cut and pasted, chopped… The way Dilla beats felt organic to Glasper made him want to play them like that. And it’s funny cause in fact they are jazz pieces but modified electronically.

Jazz Is The Mother Of Hip-Hop 
Documentary starring Robert Glasper

Oliver : I can see the parallels you’re drawing. We’ll, I don’t know what my compositional voice is actually, but that’s part of the journey!

Alexandre : In “Pendent”, we noticed a very interesting use of silence in music. And that’s a kind of thing that means something when we hear it. How do you use silence in your compositions ?

Oliver : I think I use it as it comes to me. Silence is very important sometimes, but in “Pendent” I wanted to keep the momentum going for the whole way, as if it’s a machine taking over, sometimes getting loud and sometimes getting quieter. But, if that piece is loud for all way through it’s exhausting for the listener cause there’s a tension all along the piece. So if it’s always loud it can sound cheesy or not very interesting or too dramatic. But silence can also be used in very dramatic, aggressive kind of ways. Like the end of each movement in “This New Sea”, I asked the performers to pause for a specific amount of time, to show people something was over and something else was about to start. And in the little piece called “Cycle”, I thought  it was too “in-your-face”, there was too much energy, so I selected two points for unexpected pauses, and let the silence just rain as such, which made the audience sit up and think “Wow, what’s happening ?”. But often it’s not thought about, silence is used the way it comes to me.

Etienne : Silence might be for music the “off-screen” of the cinema, a way to desire what will happen, what comes next.

Oliver : Yes, silence can underline in a very powerful manner some pieces of music or film.

Alex : Would you like some day to realize a soundtrack for a movie ?

Oliver : Absolutely ! Scoring for films is very difficult, but very rewarding. I did a little bit of scoring for films, but it’s not on my soundcloud. I really enjoyed it a lot, but it requires a lot of skills, passion and time. But that’s certainly something I wanna do more and hopefully show on my channel soon.

Alex : You said that, in the way you compose, you write a little scenario. Do you think about pictures also ?

Oliver : I have something called synesthesia. Textures, colours and sounds are connected, when I hear music I see colours for example. This is called chromesthesia. In terms of visuals, when I hear a certain key, I see a colour. So I enjoy changing key a lot cause I see a very colourful thing in my head.

Alex : And how do you chose your visuals ? Do you collaborate with someone, do it yourself ?

Oliver : Almost all of the times I pick and edit myself the pictures from the internet. Only for the album covers of Ten and Twenty I asked a friend to do them… I don’t know why, I thought it would be great to let some of my creative control to someone else for these projects.


Etienne : What about your soundcloud picture ? It’s a kind of cubist picture, is it a metaphor of your music ? Like, we can see the borders of it but we have to guess what’s inside ?


Oliver : I did the profile picture myself. My mom hates it, she says it’s creepy, she says “Change it for a nice one !”, and I say “No!”. To me, you know that it’s a human, it’s probably me but it’s slightly alien, slightly odd. A bit like my music, you are likely to get some of it but not everything about it, just like that picture. It is distorted, it’s not what you expect, it’s a little strange, and that’s what I was after.

Etienne : Pendent is in a way a repetitive piece, do you have some influences from contemporary music or ambient music, and composers like Steve Reich ? Because I feel like there’s a link with your music and with the electronic music culture, when you can use the same sample over and over and stretch it to create a piece lasting hours. Do you feel a connection with Steve Reich or other “modern” composers?

Oliver : I wouldn’t say I’m “linked” to anybody, but Philip Glass and Steve Reich are big influences on me. I like quite a lot of their music, not all of it, but there are some of there pieces that really resonate in me. There is a Steve Reich piece called Three Tales, where he’s using the pitch of different people’s voices and turning it into a piece of music. I did the same thing in one of my pieces called This New Sea, as a sort of tribute. It doesn’t sound like Three Tales, but it has some elements from Reich’s music.

Steve Reich - Three Tales

Etienne : I feel like your music in “Pendent” is even richer. You have all this classical music background, with tonal music, with more melody than contemporary music. Some parts even sound like Piazzola. I have played your song to three different people, independently, and they all said “ Oh, this part sounds like Piazzola” !


Astor Piazzola - Les Quatre Saisons de Buenos Aires - L'automne

Oliver : (laughs) Oh really ? It’s interesting, I wrote this piece very quickly, within a month. When I was composing it in school, in was hearing it in my head and to me the piece was gonna be a funny piece. In my mind, it was like joking but when I heard the performance, the piece was a lot more serious piece. And my parents, when they heard this piece, thought that I was very moody, whereas when I write it I was kind of smiling all of the way, finding musical jokes I could put in just for myself.

Alex : That’s kind of funny, because even so the overall mood of the song is serious or sad, some tiny piano pieces, especially the piano, are like hope in the despair, it’s not all grey. It’s kind of cliché but there’s light in the dark (laughs).

Oliver : I wasn’t thinking of darkness at all, I was thinking in terms of chord changes, adding the violins there etc… The violins themselves were part of a joke because I wrote the main part and added all these very difficult notes… I deliberately wrote it so it was inconvenient to play because I hope that they’d get slightly out of tune,  that almost nobody noticed but they did, and that’s one of the musical jokes I put in for myself. For the last part, I was beginning with a very insistent idea like the beginning of the piece, but I chose to improvise not very long before I had to give the scores, and that’s how it came, without any plan. So when I gave the scores to the performers, they had only one week to train before the performance. So it was kind of short but they did it really, really well.

Alexandre : About the performance in itself, it was kind of brutal, it has emergency in it, maybe that’s why people find it serious. Do you personally give very detailed instructions with the score or do you let them a lot of freedom for the interpretation ? And when you listen to the performance, what do you feel when you hear your piece played by different people ?

Oliver : For “Pendent”, and in general, I give almost no instructions at all, just the music. I had kinda under-notated it to make the performance play their interpretation of the piece, cause I like it when I hear someone else’s interpretation of something I’ve written, cause usually they do a very creative work. The only possible complaint about the performance is that the piano is using a little bit too much pedal at the beginning, but in general I was very pleased with the way they played.

Alex : This performance of the Coniston Trio, which took place in March, included compositions from another very young british composer. What is it like to have classical concerts based on what you composed at such a young age ? How was this performance organized ?

Oliver : I feel very lucky and grateful ! It was completely unrelated to the College and to the Royal Northern College of Manchester. It was just a friend from Manchester who contacted me and asked me “Do you have a piece ?” and I said yes because they guaranteed a performance.

Etienne : You wrote on soundcloud that “Pendent” is post-minimalist music. What is post-minimalism in classical music and to you ?

Oliver : I don’t know… (laughts) Ok, post-minimalism is a pretentious word that kinda means something, but also doesn’t (laughts). I wouldn’t classify it as minimalism exactly, because it is in part but not exactly. Post-minimalism is the movement that occurred after composers like Philip Glass, Terry Riley and Steve Reich, that has a lot of elements from their music, but also other elements like changing keys, musical returning or incoherent structures… What I mean when I put this word is that it is minimalism but it also is something else.

Terry Riley's A Rainbow in Curved Air

Alexandre : You acknowledge minimalism and you also build on it, you’re not a minimalism purist. You take it and bring it somewhere else.

Oliver : Yeah it’s a good way to put it, but it makes me sound pretentious (laughts).

Alexandre : Another track from you that we loved, in a totally different style, is “Pinkover”.

Oliver : (laughts) Well that’s a fun one !

Alexandre : We liked it because we can hear that you’re young and not restricted to one genre of music, like you previously said. Concerning electronic music, do you have some specific electronic music influences, popular or more academic, or do you improvise and create your own style ?

Oliver : I’m not very familiar with a lot of popular music. I take it and try to figure it out by myself and I try to make my own sound through improvisation. So, “Pinkover” was done by thinking about a very inconvenient chord sequence and then seeing how much I could mess around with it and put it into a very unmemorable electronic piece with over-the-top everything. And yeah, I don’t want to be limited in a specific style and I want to convey a certain sense of non-seriousness, of fun. Give people completely different emotions from different musics.

Etienne : That’s why I was attracted by your soundcloud, by this kind of electronic music made with acoustic instruments.

Alexandre : And it’s not a purist thing, it’s not only exercises of style, there is always something emotional beneath the tracks.

Oliver : Thank you. Yes, I don’t do electronic music because I can, I want to convey some sort of emotions, even if it’s a personal, strange and difficult to identify emotion I want the listener to feel something.

Alexandre : Some musicians from classical background can collaborate with pop musicians, jazzmen, electronic musicians or rappers. Would any of these collaboration be interesting to you and which ones ?

Oliver : All of it. Right now I’d be a lot into collaborating with a jazz musician, but I’d also like to be able to fuse different genres to bring people enjoying either one to discover and like the other style. So I’d like to do all of it ! I say bring them all !

Alexandre : That’s what we liked about you, because tracks like “Pinkover” are more accessible and can bring more people to listen to your music. Then, they like you and they discover you other stuff and they start liking different styles.

Oliver : That’s definitely what I want to achieve musically. Because I think lots of music are not well understood, and I want to be able to introduce people to ways of writing that they don’t know but in a way that they would understand and enjoy. I think that’s the purpose of my channel at the moment, make people listen to music they wouldn’t listen to and prepare them for wackier thing to come.

Alexandre : That’s what we try to do too, bring people to styles they wouldn’t listen on their own.

Etienne : Like, we’ll write an article about the last Drake and then about the last Oliver Buckland track (laughts). To bring you all Drake’s fans. You have two albums on your soundcloud, Ten and Twenty, that are very different from you other stuff. And that have a lot of humor in it, we can hear video games music for example.

Drake - Hotline Bling

Oliver : I like to surprise people, to make them think : “what’s next ?”

Alexandre : And you manage to do it perfectly !

Etienne : Hearing those albums, we also thought about people like Wendy Carlos, playing classical music but using some electronic techniques and synthesizers.

Alexandre : Yes, classical music, richly composed but played on cheesy and goofy synths.

Oliver : Exactly !

Etienne : Yeah, it shows classical music can be fun ! Do you think you have lots of fun in your music?

Oliver : Completely. Quite a lot of my music has this British, satirical and parodic thing underneath.

The Monty Pythons

Alex : I don’t know if you have this reference, but with your more electronic-focused works we thought about guys like Mr Oizo ?

Mr Oizo - Flat Beat

Oliver : Oh yeah I know him ! I love this guy ! You’re referring to “Microchip” [from Twenty] right ? By the way, I’ll release Thirty next month, so get ready for it !

Etienne : We’ll be ready ! To come back to Mr Oizo, he’s like a huge musical joke, but with depth and irony.

Alex : And I don’t know if you know the Canadian musician Chilly Gonzales ?

Oliver : No !

Chilly Gonzales Solo Piano

Alex : He has solo piano albums, but he also did electronic music, collaborated with the indie-pop singer Feist, made beats for Drake, was on the last Daft Punk album, does podcasts where he explains how are made pop, rap, jazz, electronic and classical music…. He’s a very opened classical musician too. He even organized a goofy piano battle, he’s a showman. He tries to bring people to classical music by any means. And he says that if people don’t listen to classical music, it’s the fault of the classical music composers and players because they haven’t done the efforts to bring people to it. They are mostly purists, elitist, and they don’t try to crossover with popular culture or to talk to people, in general.


Oliver : I’m 80% in agreement with that sentence. I’d say yeah, absolutely, I’m gonna try to write in a way that can bring a huge amount of people to be at least slightly interested in the music that I like. Perhaps classical music is also very different from popular music. They are not made for the same purposes. You often listen to popular music for consumption, you get in the bus, you listen to it, you get off the bus and you put off your headphones. That’s the way most people listen to music. Whereas classical music takes time, you have to sit, do nothing but listen to it, and digest the music. If there’s a way to create music that balances between these two things, then you can bring more people to classical music.

Alexandre : Like crossover tracks.

Oliver : Exactly. Rather than saying “Oh, this is my classical music and I don’t want to change it”.

Alexandre : Does some pop, rock, rap, etc… make you feel the same thing than classical music ? Which pop artists make you wanna stop everything, sit down and just listen to them.

Oliver : Certainly there are, I’m just struggling right now to find which examples. That’s a difficult question… Oh, there’s a pop group I’ve always admired. It can sound bizarre, but surprisingly it’s ABBA. I can sit down, listen to ABBA and think “That’s a very well composed piece !”. I can enjoy it for what it is. But it’s more from a compositional point of view, it’s written with extreme care, the sort of care that any classical composer puts into a piece, clinical care that I can appreciate.

ABBA - The Winner Takes It All

Etienne : To end this interview, can you suggest some piece of music than can interest our readers ?

Oliver : I’d pick three choices : 

La Pop d’Alexandre & Etienne : Great ! Thank you very much !


 Etienne Alex