Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

jeudi 5 septembre 2019

Le Bilan du Mois : Août 2019 (& rattrapages)


BILAN ALBUMS :


Bon Iver - i,i
USA
Pop, Folk, Rock, Electronique, Gospel
  Pour cet album, Vernon a décidé de s'entourer de collaborateurs, et de réaliser un énorme bilan musical, une belle synthèse, de toute sa discographie. J'avais un peu peur que ce soit le disque de l'autosuffisance, le disque qui commencerait à tourner en rond. Mais la fluidité et l'évidence avec laquelle Vernon et ses collaborateurs mélangent les différents styles et sons au service de ses chansons. On a affaire à une oeuvre qui est davantage que la somme de ses parties, un vrai album. 
  Il y a mille choses à entendre : du folk, de la pop, du rock indé, du soft-rock, de l'électronique expérimentale, de l'autotune, du jazz, des voix triturées, découpées, hachurées, du classique contemporain parfois très abstrait, du gospel... Et même s'il manque probablement un peu de la tension qui animait les précédents pour en faire un de mes Bon Iver préférés, il est très bon. 
Mes morceaux préférés : Holyfields,, Hey Ma, U (Man Like), Naeem, Jelmore, Sh'Diah
Ecouter sur DeezerSpotify ou Youtube



Kitty - Rose Gold
Pop, Electro-Pop, Electro-Rock, Psyché
Lien vers la chronique
  Entre électronique façon club ou IDM, pop accrocheuse, rnb sensuel, pop-rock indé et psychédélisme aquatique, cet album est un fantastique condensé de bonheur pur. Ca sonne cliché, mais ce disque est un voyage. Installez-vous bien, écoutez-le sans rien faire d'autre, dans le noir, avec un bon son, et vous me remercierez. Cet album est riche, fourmille de détails, et se révèle au fur et à mesure des écoutes. Et à mon humble avis, c'est une des meilleures choses qui soient arrivées à la pop cette année, voire cette décennie.Ecouter sur DeezerSpotify, ou Bandcamp

Purple Mountains - Purple Mountains
USA
Pop, Rock Indé, Folk, Americana, Country
Lien vers la chronique
  Je ne suis pas un grand connaisseur de David Berman, poète et musicien américain, unique membre permanent des mythiques Silver Jews, groupe culte de rock indé, que j'apprécie beaucoup mais dont je suis loin de maîtriser toute la discographie. Toujours est il que ce talentueux écrivain, grand sensible, apparemment charmant dans la vie, rongé par une dépression tenace depuis des décennies, s'est donné la mort cette année, ce qui est tragique. Juste avant cela, il avait livré cet album avec un nouveau groupe monté autour de lui, les Purple Mountains. Et ce disque, putain quel beau disque. La musique est un sublime mélange de rock indé et americana, impeccablement produite, dynamique, mélodique, elle sublime les superbes textes désabusés, plein d'humour, d'esprit, de sensibilité et de mélancolie de Berman. Ce disque est une beauté. Triste, pleine d'injustice, il a le goût amer d'un énorme gâchis. Mais aussi de magnifique chef-d'oeuvre final.
Mes morceaux préférés : All My Happiness Is Gone, Margaritas At The Mall, Darkness and Cold
A écouter sur Deezer ou Spotify

Young Thug - So Much Fun

USA
Trap, Pop, Hip-Hop, Rnb, Electro-Pop
Lien vers la chronique
 Malgré quelques coups de folie à la marge, So Much Fun, est l'album de l’atterrissage, du retour sur terre, du bilan, de la maîtrise de son art acquise avec le temps et l'expérience. Rien ne dépasse ou n'a le tranchant de ses expérimentations les plus folles, mais l'ensemble se tient plus que bien et convainc rapidement. Est-ce que cela est dû au rôle de producteur exécutif du bon mais tout sauf excentrique J Cole ? Les morceaux réussis ne manquent  pourtant pas, tant en solo qu'au cours des nombreuses collaborations qui parsèment le disque. Et si les sorties de route et coups de génies habituels manquent un peu, et que So Much Fun sonne presque comme un disque de trap "normal", on ne peut en revanche nier sa qualité, et son homogénéité. D'autant que beaucoup de ces morceaux sont davantage appréciés après plusieurs réécoutes, donnant à l'album une longévité potentielle très intéressante. En tous cas, j'ai hâte d'entendre Punk, 2e album de Young Thug prévu pour cette année, qui s'annonce -vu son titre- plus sauvage, et qui saura -on l'espère- peut-être conjuguer le savoir-faire pop-trap du Thugger cuvée 2019 avec une énergie plus débridée.
Mes morceaux préférés : The London, Light It Up, Jumped Out the Window, Cartier Gucci Scarf, Ecstasy, Just How It Is, Boy Back, Hot, What's the Move, I Bought Her, Circle Of Bosses
Ecouter sur Deezer ou Spotify

The Flaming Lips - King's Mouth
USA
Pop, Psychédélisme, Electro-Pop, Electro-Rock
Lien vers la chronique
  King's Mouth est un concept album narratif, narré par Mick Jones des Clash. Sur cet album, le groupe a plutôt tendance à piocher dans la période Soft Bulletin / Yoshimi / At War With the Mystics du groupe, une électro-pop entre guitares acoustiques et bulles de synthé, même si quelques audaces proches des expérimentations d'albums plus récents pimentent le tout. Les meilleurs morceaux font ainsi le trait d'union entre nostalgie pop et incursions électroniques aventureuses, entre mélodies et textures, entre émotion et ambition musicale. Ce disque n'est pas le meilleur des Lips, mais c'est un putain de bon album, gavé de titres mémorables et d'idées géniales. Et même si la surprise n'est pas au rendez vous, la qualité habituelle des Lips est là. Les grandes chansons aussi. Et c'est tout ce qui compte.
Mes morceaux préférés : Giant Baby, How Many Times, The Sparrow, Mother Universe, Electric Fire, Feedaloodum Beetle Dot
A écouter sur Deezer ou Spotify

Burna Boy - African Giant
Nigéria
Afro-Fusion, Afrobeats, Pop, Rnb, Hip-Hop, Funk, Dancehall
Lien vers la chronique
  Burna Boy est nigérian, c'est une star, et la tête de proue de ce qu'il appelle l'afro-fusion, genre à la croisée de presque tous les genres de musiques africaines et issues de la diaspora africaine, et moderne de par l'utilisation de techniques, de sons et d'idées venus des musiques électroniques, du hip-hop et du rnbAfrican Giant est impeccablement produit, réalisé avec beaucoup de maturité et une direction artistique unique et de caractère. Funky, sensuelle, mélodique, sa musique est très accessible, et même si quelques morceaux sont un peu en dessous et que le disque est long, c'est un bon album, contenant quelques classiques immédiats, un son unique et personnel, très travaillé, et c'est déjà beaucoup.
Mes morceaux préférés : African Giant, Anybody, Wetin Man Go Do, Dangote
Ecouter sur Deezer ou Spotify




Alex





lundi 2 septembre 2019

Purple Mountains - Purple Mountains (2019)


  Je ne suis pas un grand connaisseur de David Berman, poète et musicien américain, unique membre permanent des mythiques Silver Jews, groupe culte de rock indé, que j'apprécie beaucoup mais dont je suis loin de maîtriser toute la discographie. Toujours est il que ce talentueux écrivain, grand sensible, apparemment charmant dans la vie, rongé par une dépression tenace depuis des décennies, s'est donné la mort cette année, ce qui est tragique. Juste avant cela, il avait livré cet album avec un nouveau groupe monté autour de lui, les Purple Mountains, et avait même prévu une tournée qui l'enthousiasmait, lui qui était pourtant de son propre aveu terrifié par la scène, s'y sentant illégitime. 

Purple Mountains - All My Happiness Is Gone (Clip, 2019)

  Et ce disque, putain quel beau disque. Entre rock indé et americana (mélange de folk, rock, country, et autres traditions musicales ricaines, cf "That's Just The Way I Feel" ou "She's Making Friends, I'm Turning Stranger"), impeccablement produit, dynamique, mélodique, la musique sublime les superbes textes désabusés, plein d'humour, d'esprit, de sensibilité et de mélancolie de Berman, et leur offre un écrin réconfortant assez contradictoire, les mettant en valeur de façon étrange et obsédante ("All My Happiness Is Gone", "Maybe I'm The Only One For Me"). Ce mélange des genres, ni totalement pop-rock indé, ni totalement folk, country, blues ou mariachi, est parfaitement en place sur "Margaritas at the Mall".

  On pense parfois à Woods ou Kevin Morby tant l'ensemble est riche et inspiré musicalement, arrangé avec profondeur et minutie ("Darkness and Cold"), tandis que les morceaux les plus lents évoquent davantage Bob Dylan et Leonard Cohen ("Snow Is Falling in Manhattan"), ou Johnny Cash et Richard Hawley ("Nights That Won't Happen"). Au détour d'un solo de guitare, un morceau prend toute son ampleur ("I Loved Being My Mother's Son"). Plus loin, c'est une tournure de phrase, ou une ambiance un peu plus 90's, un peu indé, qui rappelle avec nostalgie ses débuts avec Pavement, d'autant plus que Malkmus a lui aussi pris le chemin des grands espace américains avec ses Jicks ("Storyline Fever").

Purple Mountains - Darkness and Cold (Clip, 2019)

  Dans tous les cas, ce disque est une beauté. Triste, pleine d'injustice, d'un goût amer d'énorme gâchis. Mais une belle fin pour un grand artiste, qui aura pu toucher un peu plus de gens que d'habitude avec ce chef-d'oeuvre final.

Mes morceaux préférés : All My Happiness Is Gone, Margaritas At The Mall, Darkness and Cold

A écouter sur Deezer ou Spotify

Alex


dimanche 1 septembre 2019

Burna Boy - African Giant (2019)


  Burna Boy est nigérian, c'est une star, et la tête de proue de ce qu'il appelle l'afro-fusion, genre pas si éloigné que ça de l'Afrobeats (avec un s), qui mêle  des éléments hip-hop et rnb, souvent assez modernes (trap, son "à la Toronto"...), avec des musiques dont le pays s'est fait le champion, notamment l'Afrobeat (au singulier, lui-même croisement de traditions musicales africaines, de jazz, de funk, de soul...) et avec divers éléments musicaux empruntés à la diaspora africaine dans le monde (notamment du reggae, du dancehall...), et plus encore (électronique, high life, musiques latines...). 

  Actif depuis 2010, c'est déjà son 4e album (hors mixtapes et EPs), et sa renommée commence à exploser dans le monde (j'ai même entendu l'album dans un bar), notamment aux USA grâce à quelques collaborations et placements bien vus (notamment sur la BO alternative du remake du Roi Lion, sur laquelle Beyoncé a invité beaucoup d'artistes africains). Et tout ça s'entend : l'album est impeccablement produit, réalisé avec beaucoup de maturité et une direction artistique unique et de caractère. 

Burna Boy - Anybody (Clip, 2019)

  Les morceaux sont tous très accessibles, et finement produits et interprétés. Entre funk et lounge, la douce mélopée "African Giant" caresse l'auditeur, et fait la transition avec la mélodique "Anybody", à l'irrésistible ambiance funky assaisonnée de smooth jazz 80's (superbe saxo). De manière générale, les élements électoniques, programmés ou synthétiques, sont parfaitement intégrés à d'autres plus acoustiques, comme la guitare de la douce "Wetin Man Go Do", le tout étant produit avec beaucoup de soin, et le contraste entre cette production froide, un peu clinique, et la chaleur de la musique est très intéressant ("Gbona"). 

  En tous cas, beaucoup de morceaux sont mémorables, du rnb délicat de "Dangote" et "Gum Body" (avec Jorja Smith) à la pop funky de "Collateral Damage" et "Pull Up", jusqu'à des morceaux plus sombres comme "Killin Dem". On notera en revanche quelques incursions radiophoniques un peu plus faciles et banales qui rallongent un peu inutilement l'album ("Omo", "Secret", "Different", "On the Low") même si certaines sont génériques mais sympathiques ("Destiny", "Show and Tell" avec Future). Le juste équilibre entre qualité et potentiel radio est d'ailleurs atteignable, en témoignent "Spiritual" et "This Side" avec YG.

Burna Boy - Dangote (Clip, 2019)

  Petite ombre au tableau : les meilleurs morceaux sont presque tous au début du disque, et l'ensemble souffre d'une maladie assez commune avec la streaming, une longueur interminable (19 titres quand même).

  Malgré tout, c'est un bon album, qui porte haut les couleurs de l'afro-fusion, et met en valeur l'effervescence musicale africaine que les médias occidentaux ont pas mal de mal à nous faire parvenir. Il contient quelques classiques immédiats, un son unique et personnel, a été travaillé avec beaucoup de soin, et c'est déjà beaucoup.

Mes morceaux préférés : African Giant, Anybody, Wetin Man Go Do, Dangote

Ecouter sur Deezer ou Spotify

Alex