Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

dimanche 29 juin 2014

La sélection du mois ( Juin 2014 )

La sélection du mois - JUIN 2014 :


ALBUM DU MOIS :
MR FLASH - SONIC CRUSADER
Alex : Après de nombreuses années d'attente, Mr Flash sort enfin son 1er album. Valait-ce le coup de patienter aussi longtemps ? Cette question rhétorique était-elle écrite dans un français correct ? Et bien la réponse est oui, mille fois oui (et pour l'autre question, cherchez dans un Bescherelle, je ne vais pas vous mâcher tout le boulot). Electro, Disco, Funk, ElectroFunk, Pop, rnb et Hiphop se télescopent ici avec maestria et sans prise de tête, dans un disque résolument urbain, moderne, très intelligent, ludique, accrocheur, et sexy (voire lubrique). De plus, le disque est un vrai bloc, d'une homogénéité assez dingue, on a l'impression d'entendre un vrai récit sonore, une histoire qui se déroule au fil de l'écoute. De fait, l'album dégage une impression de grandeur et d'ambition assez dingue. Je reste soufflé à la fin de chaque écoute. La classe.

Etienne : Voilà un son dont la provenance de chez Ed Banger ne fait aucun doute. L'ultra production commerciale mais qui déchire tout sur son passage, les origines french tuch, le caractère single de chaque morceau de l'album et la capacité à faire danser quiconque se trouvant sur le passage de ces fréquences  : tout y est ! Mr Flash nous concocte alors de la musique fm 80's puis nous emmène 90's, le tout électronisé à la façon 00's/10's pour rendre l'album d'une actualité toute fraîche. Il emprunte alors dans tous les styles musicaux, pour brosser toutes les fréquences de l'auto radio. Mais c'est récurrent sur ce label, dont le nom vient de tout de même nos amis les metalleux. Ce n'est d'ailleurs pas sans rappeler, dans l'esprit, le dernier album de Justice électronisant lui du rock/hard rock 80's. La aussi ils réutilisent une production devenue "kitsch" pour se l'approprier et l'actualiser. Alors à la question d' Alexandre je répond un grand : OUI ça valait largement le coup d'attendre.

 

CHANSON DU MOIS :
 
LANA DEL REY - SHADES OF COOL
 

Alex : Je ne suis pas du tout fan de ce qu'elle fait en général, mais cette chanson produite par Dan Auerbach possède quelque chose. Un feeling qui me rappelle la BO du Blanche Neige de Walt Disney (ce qui pour moi est un compliment, hein, elle est magnifique cette BO). Comme quoi, quand elle reste tout en retenue, qu'il y a de bons musiciens derrière, et qu'elle ne cherche pas à faire que de l'image pour vendre, elle est capable d'être une bonne chanteuse.
Etienne : Rien à dire le morceau est magnifique. D'une maîtrise époustouflante. J'y vois plutôt une BO d'un James Bond des 70's grâce a une alternance d'envolées de guitares acides et de sa voix sensuelle et planante. 


Morceaux :
  • Hiphop/Rnb :

    Apollo Brown - The Answer   COUP DE COEUR
    Alex : Pur chef-d'oeuvre d'abstract hiphop, digne du meilleur des musiques de films, avec orchestre classe, chœurs divins, craquements de vinyle, piano émouvant et beat hiphop mélancolique. Le producteur se fend là d'un chef d'œuvre intemporel capable de toucher absolument n'importe qui, et qui touche au sublime. On reste sur le cul.


    Madlib - Black Dreams (Sludge Fight)
    Alex : Extraite de son projet Rock Konducta, qui passe oldies psyché, électro ou kraut à travers son filtre hiphop, cette track est excellentissime. Ce type est décidemment très très doué. Et ça donne très envie d'écouter la suite. A écouter aussi, dans le même album "Hold The Organ".
     
    Alex : Flows sublimes, très bon chœurs, instrumental magique, proche de l'abstract, tout en subtilité, chant féminin divin.... On tient là un des potentiels meilleurs groupes de hiphop du moment. A écouter d'urgence, et à suivre de très très près.


    Snoop Dogg & Doug E. Fresh - Lodi Dodi Live
    Alex : Loin des rechutes mainstream dégradantes (avec l'affligeant Psy...), cette prestation roots, quasi a capella, nous réconcilie avec ce Snoop qui a décidemment une carrière en dents de scie. Mais des hauts comme ça nous font pardonner tous les bas. Quel feeling, quel flow. Très classe.

     
    Alex : Quelque part entre rock et rnb élégant, Miguel continue de tracer sa route avec intelligence avec ce morceau, une fois de plus très réussi, qui prouve son ouverture d'esprit et tout son talent. On applaudit.
    Alex : Drake nous sort là une très bonne chanson, en 3 parties. 1) Instrumental hiphop sombre, sur un sample funk rendu inquiétant, rap roots et agressif. 2) Nappes synthétiques, chant rnb, rap poétique, du (bon) Drake classique. 3) La même mais en plus distordu, chant à la James Blake, avec effets typiques du bonhomme, ça semble être un sample, il faudrait que je retrouve de quel morceau. En bref : somptueux de bout en bout.
    Alex : L'excellent rapper Common a dévoilé deux titre de son prochain album, à paraître bientôt. Entre le gospel de Kingdom et la BO martiale de War, il y en a pour tous les goûts, mais c'est toujours fait beaucoup de talent. On a hâte d'entendre la suite !  
    Alex : Entre rnb moderne et pop synthétique outrancière eighties, un peu à la manière de La Roux, cette chanson est parfaite dans le genre. Mais si, vous aussi vous rêver de la passer à fond dans la voiture, fenêtre ouvertes et lunettes de soleil, et gueuler les "Boom Clap, you make me feel good come on to me come on to me nooow" en chœur avec Charli. Comme moi, assumez, réveillez le kéké des plages qui sommeille en vous, et faites-vous plaisir en appuyant sur play. Cette chanson institutionnalise presque la rubrique "plaisir coupable rnb mainstream du mois", après la mort de "les papis du disco font des remixes too much" (ces derniers temps, Moroder sort des trucs tellement nuls que je ne peux plus mettre de liens ici).


    Uzi - Money
    Alex : En parlant de plaisirs coupables. Une chanson (ou plutôt presque un gimmick en boucle pendant 2'35") qui reste bien dans la tête. Ca sent l'été, la régression à plein nez, c'est assumé, et ça me plaît bien dans cette optique. Ce petit piano pop 70's vous restera dans la tête aussi si vous cliquez sur play.

     
  • Rock :
The Vaselines - One Lost Year
Alex : Une excellente chanson, dans la plus pure tradition du rock indé burné. C'est de la bonne, foncez !

Robert Plant - Rainbow
Alex : Premier extrait dévoilé du prochain album de l'ex-Led Zepp'. Et je vous le dis tout de suite, je m'attendais à un truc pataud et gras, j'étais prêt à le démonter sur place, mais j'ai été plus qu'agréablement surpris. La saturation des percussions au début du disque sonne très moderne, la voix est plutôt dans la retenue que dans le criard, et le morceau est d'une richesse musicale assez impressionnante, on y entend énormément de (bonnes) choses. Etonnant. Bon, en revanche, trop d'échos sur la guitare (et un peu partout aussi), plus trop de "ouhouhou" et de pathos dans la fin du morceau font un peu penser à du (mauvais) U2. Mais le morceau démarre très bien et se révèle au final plus qu'honorable, malgré ces petits bémols.
  • Pop :

Of Montreal (aka Hammer Throw) - Young Champion
Alex : Chanson composée par la troupe de Kevin Barnes pour les besoins d'un film qui rend un hommage nostalgico-humoristique aux années 1980-90 (le scénario, qui a l'air bien drôle, c'est un gamin paumé et timide qui arrive dans une nouvelle ville et doit devenir le champion de pingpong pour avoir la fille, vous voyez le topo). Et on sent tout de suite magnifiquement le pastiche glam de la musique de l'époque (entre rock indé presque grunge, hard FM glam, et synthpop, avec des accents presque Queen et Bowie dans le chant...). Aussi hilarant que le costume de Barnes dans le clip. Et comme Of Montreal est incapable d'être mauvais, ils sortent une fois de plus une chanson irrésistible, qui peut s'approcher à la période Hissing Fauna..., en plus caricatural (c'est le but assumé, pour coller au film). Excellent, et très drôle, dans le genre autodérision.

Alex G - Boy & Harvey
Alex : Eh non, il ne s'agit pas de mes œuvres solo personnelles (j'aurais adoré atteindre ce niveau ceci dit), mais ces chansons sont l'œuvre du confidentiel pennsylvanien Alex G. Si vous aimez Pavement, Mac DeMarco, Grandaddy ou Avey Tare (ou Animal Collective), cette pop US débraillée, mélodieuse, inventive et joyeusement lo-fi est faite pour vous. Excellent !

 
Alex :  Un des groupes les plus hype du moment, et surveillés de très près par nova et compagnie, à juste titre d'ailleurs. Ce morceau est très accrocheur, un genre de Earth Wind & Fire new wave post-Klaxons et post-NERD. Pour rappel, un autre morceau dans la même veine, avec un petit côté 70's en plus, Busy Earnin'. Si le chant était un peu moins monotone (c'est loin d'être aussi chiant que Woodkid, n'ayez pas peur), et si il y avait un peu moins de reverb et d'écho, je crierais presque au génie. Mais ça n'est pas le cas, et si on ne tient pas là de next big thing (il faut rester raisonnables les gars), on a un groupe solide capable de confectionner un nombre impressionnant de petites pastilles acidulées de ce genre. C'est déjà pas mal.

The New Pornographers - Brill Bruisers
Alex : Une chanson estivale, pleine de chœurs de partout, et finalement très britpop 90's, avec tous les excès et le plaisir d'écoute que ça implique.


Jessie Ware - Tough Love
Alex : Entre rnb vaporeux et electro minimaliste, on tient là une chanson presque aussi entêtante qu'un Blood Orange par exemple. Très agréable.

  • Electro :

The Juan Maclean - A Place Called Space   COUP DE COEUR
Alex : L'excellent duo de John Maclean et Nancy Whang revient avec un nouvel album pour très bientôt, et a déjà offert à nos oreilles ce très bon extrait, entre Moroder, new wave, house, électrorock façon DFA, et électropop façon MGMT du début. On en redemande !


Caribou - Can't Do Without You
Alex : 1er extrait de l'album Our Love, prévu pour le 7 octobre, ce titre sonne comme un remix house post Jamie XX d'un titre soul, sous forme d'un long crescendo. Envoûtant.
Etienne : En voilà un single qui annonce un album très excitant. On y retrouve Daniel V. Snaith dans sa peau de Caribou au plus grand de sa forme. A suivre donc.  
Alex : Inquiétant morceau de techno, lent et hypnotique, qui présage de très bonnes choses pour l'album prévu ce mois-ci.

Coyote - Act Like You Know 


The Bug - Fuck A Bitch (feat. Death Grips) et Save Me (feat. Gonjasufi)
Alex : Deux facettes, une plus agressive et une plus vaporeuse, du futur album du producteur. A suivre de près.

Luke Abbott - Free Migration
Alex : Excellent début de morceau, tout en crescendo. Le travail sur les textures et les couches de son est phénoménal, le morceau très mélodique. Mais une deuxième moitié de track en demi-teinte malheureusement, trop de lasers (vous comprendrez à l'écoute) et de répétitions.

Alt-J - Hunger Of The Pine
Etienne : Alt-J, dont vous n'avez surement pas oublié leur premier ayant eu l'effet d'une bombe atomique en 2012, restant accroché de nombreux mois, comme un vieux bout de scotch, sur les ondes de radio Nova. Entre temps le bassiste et guitariste du groupe a décroché, passant l'ensemble de quatre à trois membres. Toujours est il qu'ils ont dévoilé ce mois-ci un single de leur deuxième album à sortir le 22 septembre prochain. Pour ce qui est du morceau il est plus électro, tant dans la forme avec un sample de Miley Cyrus notamment ( quoi encore elle ? Mais ne vous inquiétez pas il passe très bien ) ou l'utilisation des boites à rythmes plutôt que des batteries, que dans la construction en boucle. Malheureusement, la perte de leur guitariste se fait terriblement ressentir sur ce morceau, passant d'une électro folk simple et minimaliste, où le duo entre le batteur et la guitare fonctionnait à merveille, sublimant la voix du chanteur, à de l'électro pop sympathique mais bien fade et sans esprit, perdant la simplicité des ambiances. Et ce n'est pas les quelques phrases chantées en français qui réussissent à sauver le navire, malgré ce détail très réussi. J'espère sincèrement que le reste de l'album soit de meilleur facture, d'autant que 3 mois avant la sortie, l'album est très certainement déjà bouclé.

Alex : Alors pour commencer, je précise que je n'avais apprécié que modérément leur précédent album. Je le trouvais évidemment bon, j'aimais beaucoup certaines chansons (celle sur Capa dont j'ai oublié le titre en premier lieu), mais j'accrochais moyennement. Juste question de feeling, je trouvais la musique trop calculée, faussement plaintive. Enfin je n'avais pas forcément de connexion émotionnelle avec, ce qui me fait dire ça. En revanche, ce morceau là passe très bien, l'ambiance s'y installe progressivement, les échos trap sont intelligemment utilisés de façon pop (la trompette à la Hudson Mohawke et le beat me plaisent bien). En revanche, petit bémol, je prédis une durée de vie assez courte à ce morceau. Enfin moi il me lassera vite. Mais c'est bon. Un peu dans la continuité de ce que me fait le groupe donc. Bien mais sans étincelle de mon côté. Mais c'est déjà beaucoup.

  • Chanson Française :
Daho - En surface ( Rone Remix )
Etienne : Le producteur français remix un titre du dernier album de Daho, pour faire d'un titre de chanson française pop rock un morceau dream pop avec ses échos cosmiques. Il en profite ainsi pour doubler la durée du titre,  en rajoutant une introduction, conservant  intègre le chant de Daho dans le corps du morceau, pour finir sur une envolé électronique, créant une lente montée en ambiance. Un petit bémol sur un détail de la  production :  les "s" de Daho sont très acide et défoncent les oreilles, c'est très désagréable ( au casque en tous cas ).
Alex : Très réussie, cette version vaporeuse de la déjà très bonne chanson de Daho force le respect. J'adhère tout à fait.

  • Electrofunk :
Nao vs. A.K. Paul - So Good         COUP DE COEUR
Alex : Ce morceau électrofunk que j'aurais presque pu classer en rnb porte très bien son nom. Son groove synthétique mais non dénué de guitares rappelle Prince, Outkast, Delegation... C'est très bon. Et puis y a une classe presque gospel dans les voix. Non, vraiment, c'est excellent.

Devonté Hynes - Palo Alto
Alex : Devonté continue à tutoyer des hauteurs princières, avec cette jolie ballade issue de la BO du Palo Alto de Gia Coppola et James Franco. Très beau.





Albums :

ON A ADORE :



Andrew Bird - Things Are Really Great Here, Sort of...   COUP DE COEUR
Alex : Bird déploie ici une country-folk aérienne et majestueuse, d'autant plus passionnante qu'elle est très épurée, proche de l'os, toute en émotion, et très moderne dans sa production. Une guitare, une batterie (ou pas), un violon de temps en temps, et les magnifiques chœurs féminins qui vous touchent plus que de raison. Magnifique. Dépressif et à la fois amer  (ce titre d'album génial) et mélancolique il se faut, on pense à Gram Parsons, Gene Clark, Sonny & The Sunsets... Et cela me rappelle aussi, en moins aventureux, le magnifique traitement de choc subi par le folk chez les Dodos de Visiter (très grand disque). Tout cela veut dire beaucoup, en termes de qualité, pour ce Things Are Really Great Here, Sort Of... Pour tout dire, je suis à deux doigts de le mettre disque du mois.


Etienne : Premier album du duo parisien qui sort en ce début de mois de juin sur le label Cracki Records ( + Parlaphone ). Il vous émerveillera par sa dream pop atmosphériques et rythmée, mélangent les genres dans une danse gracieuse pour invoquer le dieu du rêve ( je parle bien sûr de marchand de sable et de son compagnon Oscar ).




The Roots - ... And Then You Shoot Your Cousin
Alex : Un très bon retour des Roots. Aucun mauvais morceau, de vrais bons titres, un tout ultra cohérent, à la fois immédiat et de grande qualité. Franchement, c'est la grande classe. Bon, je dois vous avouer que je m'attendais à un peu plus d'ampleur, l'album est très court, et très calme, posé. Ce n'est pas une mauvaise chose, ceci dit, ça n'est juste pas la tarte dans la tronche du siècle à laquelle je m'attendais. Mais il reste un excellent disque, un des plus réussis de 2014.




Jack White - Lazaretto 
Alex : Rock, Country, Folk, Blues, Hiphop, (... et j'en passe !) Jack tente ici absolument tout en même temps, dans un élan créateur rageur et ludique qui aboutit à un album très impressionnant et surprenant. Pour moi qui préfère le bonhomme quand il a envie d'en découdre, le bonheur est total.




Little Barrie - Shadow
Alex : Cet excellent groupe que j'ai énormément de plaisir à suivre depuis quelques années maintenant, à encore sévi, et le verdict est sans appel : ces gars-là sont incapables de sortir quelque chose d'inférieur à très bon. Le disque est rageur, très rock, entre garage, funk, noise rock, post-punk, rock indé, psyché.... Et avec la classe vocale du chanteur et la production parfaite, on peut presque parler d'un Last Shadow Puppets version rock indé (putôt que pop sixties orchestrale donc). Presque, pas tout à fait encore.






The Antlers - Familiars
Alex : La délicatesse et la préciosité de cet album m'évoquent (en évidemment moins réussi, mais est-ce seulement possible dans le genre ?), le chef d'œuvre Veckatimest de Grizzly Bear. Vous savez, cette pop fragile, d'obédience plutôt post-punk, qui n'hésite pas à étirer les morceaux dans des ambiances aussi déchirantes et lancinantes que feutrées et planantes, passant d'un extrême à l'autre par d'habiles changements de rythme. On ne peut pas encore parler de chef-d'oeuvre, mais c'est vraiment un très très bon album, et je suivrai désormais ce groupe avec énormément d'attention.





Alex G - DSU
Alex :  Un très bon album de pop indépendante (mais vraiment hein, c'est un quasi inconnu, et l'album est sur bandcamp), à la fois branlante (comme Pavement et consorts), et divine qualitativement parlant. Et je ne dis pas ça parce que son nom est proche du mien. Allez jetez une oreille ou deux sur le bandcamp de cet américain bourré de talent.




Gruff Rhys - American Interior
Alex : De la pop aux mélodies imparables comme on voudrait en entendre plus souvent. C'est très très beau car à la fois simple (la formule est classique) et hyper travaillé en termes d'arrangements, d'harmonie... Je pense notamment au magnifique morceau-titre, mais franchement aucun n'est en retrait. Un grand disque qui rappelle pas mal de génies anglais plus ou moins déglingés (Andy Partridge, Damon Albarn, McCarney...). Un des meilleurs albums pop de 2014, pour sûr. Mais puisque j'aime pinailler ce mois-ci, j'ai un peu de mal avec la production un peu trop grosse parfois (cet écho systématique sur le piano et la batterie), et la façon dont sont utilisées certaines boîtes à rythmes et certains synthés me dérangent. Mais oubliez ça et foncez sur ce très bon disque !




Machine Girl - WLFGRL
Alex : Un album sans concession, entre jungle, footwork, trap, drum'n'bass et techno basse du front, qui invite l'auditeur à headbanger violemment au sein de cette rave régressive. Repoussante, fascinante, cette musique, à la fois violemment de notre temps et en même temps très référencée, ne laisse pas indifférent. Mais le repos n'est jamais loin, ce n'est pas un assaut continu tout au long du disque, de nombreuses plages plus posées sont dispersées pour permettre au non-initié de survivre à l'écoute du disque. Lessivant, mais impressionnant.





Death Grips - Niggas On The Moon
Alex : Passé le choc des débuts, ce groupe prouve album après album son talent en se renouvelant sans cesse et en refusant de rester dans une formule de hip hop indus hardcore trop étriquée. Ils repoussent une nouvelle fois les frontières de leur genre avec talent. Bravo les gars. 





Chrissie Hynde - Stockholm
Alex : Un charmant disque, malgré une production parfois un peu datée. Pas révolutionnaire, mais attachant grâce au charisme inaltérable de Chrissie. Diable, c'est accrocheur, bien fait, entêtant... De la pop de bonne facture, honnête, faite par des pros du genre. Quasi de l'artisanat donc. Très cool.





ON A APPRECIE :





Klaxons - Love Frequency
Alex : Cet album n'est pas mauvais, je tiens à le préciser. Mais s'il est dans cette catégorie et pas dans les "on a adoré", c'est pour une bonne raison. En effet, j'adore les Klaxons en général, leurs deux premiers et leur EP m'avaient conquis à l'époque, et depuis je ne cesse de réévaluer ces albums à la hausse. Autant dire que j'attendais ce petit nouveau de pied ferme. Hélas, il est bien moins inspiré que ses prédécesseurs, les Klaxons se sont un peu perdus en route. Après un tonitruant premier album redéfinissant ce qu'on appelle l'électro-rock (terme un peu dégradé depuis l'éclosion d'horreurs comme Shaka Ponk et compagnie, mais les Klaxons c'était la grande classe), un second album plus rock, ils tentent là un virage plus électro et moins sombre, plus commercial. Et ça fonctionne, parfois, les morceaux sont plutôt efficaces dans leur ensemble. Le problème ? Il y a beaucoup trop de morceaux faibles, et à part "Children Of The Sun", aucun morceau indispensable ici. Un drame pour un groupe qui pour moi n'avait encore sorti aucun morceau mineur. Bref, grosse grosse déception, même si l'album n'est pas non plus mauvais et qu'aucun morceau n'est une bouse. Mais juste trop quelconque pour le talent de ces gars-là. Je repars siffloter ces morceaux sous la douche, avec joie tout de même. J'aurais préféré headbanger et sauter partout, en sueur, tout seul comme un con, mais pour ça il faudra repasser Myths Of The Near Future.






Pro Era - The Shift EP
Alex : Un très solide EP sorti sous le nom de Pro Era, qui n'est autre que le collectif de Joey Bada$$ (et CJ Fly, Kirk Knight, Nyck Caution, A La Sole, Dessy Hinds, Chuck Strangers, Powers Pleasant, The 47s (Dirty Sanchez, Roka-Mouth, J.A.B and Jakk The Rhymer). Les instrumentaux sont minimalistes, efficaces, bien dans leurs temps, jamais vulgaires, et les flows de tous ces MCs impeccables. Ca fait plaisir à entendre.




Kasabian - 48:13
Alex : Depuis le sommet West Ryder Pauper Lunatic Asylum, Kasabian est quelque peu sur la pente descendante. Musique de plus en plus facile et bourrine (retour à la case départ quoi, la fraîcheur en moins). Cependant, ce groupe reste attachant, et cet album très agréable à l'écoute. Un plaisir simple mais réel. Et puis ils partent de haut, alors redescendre un peu ce n'est pas trop grave encore, on leur pardonne, et on retourne sautiller sur ces joyeux bangers électro-rock.




The Pains of Being Pure at Heart - Days of Abandon
Alex : Après la pop grungy des nineties, le groupe s'intéresse à la pop  lumineuse, pétillante et décomplexée des eighties (avec des mini-emprunts au shoegaze, cf le single). Et ça fonctionne plutôt très bien. Des titres hyper accrocheurs et réussis côtoient d'autres moins indispensables mais sympathiques, dans un ensemble cohérent, frais et accessible, pour notre plus grand bonheur.




Fucked Up - Glass Boys
Alex : Alors, je dois vous avouer que je déteste le genre musical abordé par ce groupe, cet espèce de punk hardcore popisé américain issu de la couenne des nineties. En revanche, ce disque passe tout seul, et malgré le fait que je n'arrive pas à rentrer immédiatement dedans, le simple fait que j'apprécie ce disque (et pas qu'un peu !) tient du miracle, et prouve que ces types planent bien au-dessus du lot de brailleurs, (je sais, cette phrase est un cliché débile mais j'assume) qu'ils ont une vraie identité, une réelle richesse musicale. Et bien évidemment ce n'est sûrement pas le seul groupe du genre à être intéressant, je suis ouvert à vos propositions en commentaires, éclairez-moi sur cette musique, ça me fera très plaisir. Ayez pitié du pauvre béotien que je suis. Pour conclure sur le disque, un vrai bon skeud, que je juge vraiment très bon et qu'en plus je dévalue forcément un peu car le style me repousse.





Michael Jackson - XScape
Alex : En ces heures de commémoration de la mort de ce géant, il m'est semblé opportun d'écouter cet "album de remixes de prises de voix de Michael", comme il aurait dû être présenté. De plus, "Love Never Felt So Good" (écrite avec Paul Anka) me plaît énormément, avec ou sans Timberlake (comment peut-on ne pas sortir un titre pareil ? C'est dingue de qualité pour un fond de tiroir). Verdict : les producteurs ont fait un excellent travail en respectant le style musical Jackson, de la grande période (avec Quincy donc), au rnb des dernières années (à réévaluer), mais aussi en se permettant des libertés pour moderniser le tout. Et tout ça dosé avec justesse. Bon par contre, à part le single, aucun titre n'est impérissable. C'est très sympa, bien fait (bien mieux que le précédent essai posthume), mais pas aussi bon que ce que Michael sortait de son vivant. Mais le disque est agréable. Et les démos originales de Michael, non retouchées, valent le détour, et pour le coup sont vraiment souvent indispensables ou pas loin (achetez la version deluxe uniquement si vous le voulez, donc). Bref, un joli hommage à prendre pour ce qu'il est : des remixes de fond de tiroir.




Lana Del Rey - Ultraviolence
Alex : Un album étonnamment bon. Etonnamment car Lana Del Rey (quoique c'est parfois pas mal). Bon car Dan Auerbach. Eh oui, la moitié des Black Keys à la prod, ça change tout de suite de la soupe sur laquelle elle a parfois chanté (encore une fois pas toujours, elle a eu de bons morceaux). On a ici pas mal de chansons très réussies, mais avec un peu trop d'écho (grosse prod, reverb, etc...) et de platitude. Et quelques morceaux réellement excellents qui se détachent très nettement et trouvent un équilibre parfait entre la musique et l'interprétation de Lana. Et un vrai chef-d'œuvre dessus : "Shades Of Cool". Bref, un album inespéré, consistent et réussi. Surprenant.




ON A MOINS AIME :




How To Dress Well - What Is This Heart
Alex : De la même façon que le Klaxons, cet album est une déception. Moins grande car je ne connais pas plus que ça le bonhomme, évidemment. Mais quand les seuls morceaux qui me captivent sont les singles sortis avant l'album, j'ai l'impression de m'être fait arnaquer. On s'ennuie, c'est creux, lisse, plat, sans rythme ni émotion, assez quelconque, inerte. Ca ne vaut pas Passion Pit, bien plus inspirés et excitants dans le genre rnb-pop blanc. Dommage.





Teleman - Breakfast
Alex : Je m'attendais à beaucoup après avoir lu de jolis papiers dessus, mais je me retrouve face à une électro-pop new waveuse assez quelconque (décidemment le mot de ce mois de juin finalement assez pauvre et décevant pour moi, en tous les cas plus que les autres. Mais j'ai dû rater trop de sorties). Bof, bof.





Et vous, qu'avez-vous écouté ce mois-ci ?

N'hésitez pas à nous donner des noms, ils seront peut-être dans le rattrapage du mois prochain.  



Etienne & Alexandre


mardi 24 juin 2014

John Morales - The M&M mixes ( 2009 )

     Etant particulièrement fan de compilations, qui m'ont beaucoup apporté en culture musicale, je ne résiste pas à vous partager cette merveille, sur la quelle je suis tombé par hasard, en essayant d'écouter le titre Lady Bug du groupe Bumblebee Unlimited. Cette compilation signée John Morales,  est une bombe atomique de Disco-Funk des années 80 ( je vois déjà certains fuir ) n'ayant en rien perdu de sa fraîcheur et regorgeant de pépites. J'espère que cela pourra aider certains sur le chemin de la réconciliation avec le Disco. 


     Dj, mixeur, producteur états-unien des années 80, John Morales est un génie de l'ombre, avec plus de 450 collaborations ( Aretha Franklin, The Rolling Stones, the Temptations, Marvin Gaye, ... ) et productions solo à son actif. Il s'est assemblé avec Sergio Munzibai pour former la M&M production ( Morales & Munzibai ), sous la quelle ils sortiront des mixes et productions durant la première moitié des 80's. C'est alors avec la sortie de trois compilations de ces mixes sous le label  britannique BBE  ( Barely Breaking Even ) en 2009, 2011 et 2013 qu'il revient sur le devant de la scène. Et apparemment, il ferait encore des Dj sets.

     Voici donc la compilation de ces M&M mixes, et productions sortie en 2009, premier volume du nom. Celle ci mélange beaucoup de styles : funk, afro, R&B, soul, sonorités électro, samba et même des aires de hip hop ( I Ain't Mad at You deTony Adderly ), tous rassemblés autours de la disco, ses chœurs et ses rythmes dansants. Vous le remarquerez rien qu'à la longueur des morceaux, cela n'a rien à voir avec de la disco commerciale. 

Je vous conseils plus particulièrement quelques morceaux extraordinaires à mes petites oreilles :
- All Over Your Face - Ronnie Dyson ( 1983 ) : mélange de rythmes de samba, d'un synthé "Moroderien" ultra hypnotique et d'un chant à la Curtis Mayfieldici

- Lady Bug ( I Just Wanna Be Your Lady Bug ) - Bumblebee Unlimited ( 1978 ) : Toute l'originalité et la folie de de ce morceau réside dans ces voix accélérées, "héliumées" et vraiment trop attachantes, consolidées par une bassline dansante, un piano sautillant et des rythmes sentant l'Afrique . C'est presque comique, mais pas du tout ridicule. ici

- Lay It On The Line - Logg ( 1981 ) : une putain de bassline, un rythme afro endiablé, une guitare funk toride et un chant qu'on aurait aimer entendre bien plus souvent dans le style disco, que demander de plus ? 

     Je donnerai juste un défaut à cette compilation, c'est peut être sa longueur de 3H. Personnellement je sature aux 2/3. Je vous conseils donc de l'écouter en deux fois minimum pour éviter l'over-dose et la mort assurée dans votre vomis, dans la pure lignée de nombreuses légendes de la musique. En seriez vous ?

La tracklist :


Par ici l'écoute :


Pour plus d'info :


Etienne

jeudi 19 juin 2014

So Inagawa - Logo Queen ( 2013 )

J'aimerais vous emmener, via ce blog, et cela fait un moment que j'en rêve, dans un univers que j'adore, la DEEP-HOUSE. Je profite donc de la mise en ligne toute récente sur youtube d'un somptueux EP sorti il y a maintenant plus d'un an pour vous faire découvrir, redécouvrir ou nourrir votre passion pour ce genre singulier.




     Tout d'abord ce que j'aime dans la deep-house c'est la simplicité : la base de tout morceau qui se respect c'est une boucle rythmique : ce peut être un sample ou une boite à rythme le plus souvent, constitué d'une grosse caisse et de kicks. Puis par dessus se dépose en fines lamelles successives une boucle de guitare basse en infra basses inspirée de la disco ou du funk. L'intro, toujours en boucle, dure alors plusieurs minutes, augmentant progressivement en intensité, par de subtiles variantes de production. Le but c'est d'être imprégné, imbibé, de rentrer en transe, pour que chaque nouvelle variation se vive comme un tremblement de terre, savourant chaque instrument, chaque sonorité. Puis vient une boucle de synthé parfois mélodique, mais cela reste très simple : la montée continue irrémédiablement. S'ajoute ensuite un sample de voix, arrivant juste au moment où il fallait, ni avant, ni après et repartant aussi subitement qu'il est arrivé. Cette voix, dont on ne saurait dire si elle chantée ou  parlée, est parcourue et instrumentalisée par des retouches sonores diverses, l’éloignant de sa fonction habituelle. Il n'est d'ailleurs pas permis de parler de chanson ici, ou bien par abus de langage, mais bien de morceau, de titre, de track ... Tout est ainsi réuni, nous sommes au firmament ! Et le morceau dure à n'en plus finir, on ne voudrait pas qu'il s'arrête, qu'il essouffle, mais heureusement une nouvelle variation nous fait découvrir un niveau supérieur. Puis progressivement la descente s'opère et nous atterrissons dans notre fauteuil, de salon, de voiture, de train, de bureau, mais une seule obsession demeure, celle de remettre, encore, encore et encore le morceau. 

     Finalement cette simplicité et cette presque neutralité nous permettent de nous faire voyager en stimulant notre imagination, comme une page quasiment blanche où tout reste à écrire. On se rapproche de l'ambient music, mais avec le rythme en plus. Et c'est cette même simplicité qui lui permet de s'adapter à toute situation, à toute personne, et d'amplifier toutes nos émotions. Ainsi sur cette musique nous pouvons tout faire : danser, pleurer, s'exalter, se détendre, ... 
     Et malgré cette si précieuse simplicité, des artistes créent tous les jours de nouveau morceaux et ce depuis les 90's.
 



     Pour cet EP, format roi dans le monde de la House music, la deep-house se décline en son versant minimaliste et nous provient du Japon avec le DJ So Inagawa, du nom d'un clan de yakuza, où il est signé sur label tokyoïte Cabaret Recording, constitué depuis 2013 par ce même artiste et son ami Dj Masda ( non non pas de pub pour une marque de voiture, ne vous inquiétez pas ). Le nom de l'EP porte lui le nom du morceau de la face A et single, c'est une tradition. Évidement le trois titres n'est disponible que sur format vinyle, c'est là aussi une tradition ( dans le genre tradition il y a aussi les photos de mannequins en bikini, mais pas un trace ici.; dommage diront certains ... ). Il faut dire que les artistes vivent de leurs Dj sets et leurs performances lives, plus que de leurs ventes. C'est peut être un moyen pour eux d'échapper à la corruption des chiffres et de rester underground à l'image du genre. 





     La première piste et single c'est Logo Queen ( hommage aux drag queen emblématiques du mouvement house ? ). Il est ultra 90's et très typé Détroit House dans son caractère ténébreux, tout en restant groovy, la passe y étant pour beaucoup. 
  Le deuxième morceau, Scann Runner, est plus ambiant et grâce à ses rythmes et instruments, il m'évoque une musique simili africaine. Mais les rythmes n'en démordent pas et nous restons captivés par ce qui se déroule dans nos oreilles. 
  Selfless State, le troisième titre, est lui plus dynamique, plus chill, plus cristallin et pour ma part me donne une banane d'enfer à la sortie de l'écoute de cet EP et m'oblige à relancer la machine une nouvelle fois.
Pour écouter :

J'espère avoir pu vous transmettre un peu de ma passion pour ce genre via ce somptueux EP. N'hésitez pas à lâcher un petit comm' :) Ou partager un morceau deep house de chevet !


Etienne

 

dimanche 15 juin 2014

Stan Getz & João Gilberto - Getz/Gilberto (1964)

 
Stan Getz & João Gilberto - Getz/Gilberto (1964)
 

 
 
  Disque mythique s'il en est, ce disque fut enregistré en 1963, paru en 1964, et réunit un sacré line-up. Je dirais même un line-up sacré, tant ses membres sont des légendes, individuellement. Jugez plutôt :
 
Stan Getz, saxophoniste américain, surnommé The Sound, et adulé par Coltrane. Ca pose le personnage. Carrière hors-norme, en quantité comme en qualité, et de façon variée. Ce personnage, ouvert et curieux, désireux de chercher et d'explorer avant tout, abordera nombre de genres musicaux différents.
 
João Gilberto, chanteur et guitariste brésilien, pionnier des pionniers de la bossa nova, et figure tutélaire du genre.
 
Antônio Carlos "Tom" Jobim, célèbre compositeur et arrangeur brésilien, autre père de la bossa nova, et auteur, seul ou en collaboration, d'un nombre hallucinant de grands classiques du jazz. Il est ici à la composition et au piano.
 
  Et puis Astrud Gilberto, la femme de João, qui fait ici ses débuts en tant que chanteuse, sur deux titres. N'oublions pas Sebastião Neto à la contrebasse, Milton Banana à la batterie, et Vinicius de Moraes, considéré comme le meilleur parolier du genre.
 
 

Gilberto, Jobim, et Getz.
 
 
  Mais comme chacun le sait, en musique le casting ne fait pas tout, même si en jazz, cet adage perd un peu de sa pertinence. Le fait est que ce line-up a accouché d'un des albums les plus mythiques du jazz. C'est véritablement un disque qui a changé à jamais la face de la musique moderne. En effet, il connut un succès commercial considérable, et quelque peu inattendu (même si il s'agit d'une musique assez accessible car très mélodique). On en parle même comme du disque jazz le plus vendu de tous les temps. Ce succès commercial et critique (Grammy Awards...), donc, va faire connaître au grand public, mais aussi à énormément de musiciens à travers le monde ce qu'il se passe musicalement au Brésil au début des années 60, c'est à dire la bossa nova. Que l'on peut résumer à un genre de samba ralentie pour laquelle la mélodie prime avant tout. Le son est souvent très clair, pur, l'orchestration minimaliste, et les chansons sont accompagnée d'un rythme caractéristique à la guitare acoustique, parfois substituée ou accompagnée par un piano.
 
  Par cette alliance de cool jazz et de bossa nova assez novatrice, Getz, Gilberto et Jobim ont réussi à populariser la musique brésilienne d'une façon spectaculaire à travers le monde, diffusant partout ce son qui en inspirera beaucoup, et malheureusement aussi quelques suiveurs qui feront pas mal de tort à cette musique, mais c'est le jeu.
 
  Ce succès monstrueux, on le doit surtout aux deux titres chantés en partie par Astrud Gilberto, à savoir Corcovado, mais surtout la célèbre (j'ai presque envie de parler de tube) The Girl From Ipanema, qui deviendront dans ces versions des standards du jazz. Chantées en partie en anglais, ce qui facilitera l'exportation de ces chansons.
 
 
 
Getz et Astrud Gilberto
 
 
  Ce morceau mythique, The Girl From Ipanema, a été composé par Jobim, lui-même carioca (habitant de Rio), qui a demandé à de Moraes d'écrire des paroles d'après ses observations sur la célèbre plage, et sur la femme idéale selon lui. 
 
  Et en 5 minutes et des poussières (d'étoiles), elle résume bien tout le génie de cet album. Une mélodie si belle qu'on ne peut qu'être touchés par sa grâce. Le jeu dépouillé et le chant pur de João Gilberto sont d'une poésie plus qu'émouvante. Il démarre le morceau calmement, appuyé discrètement par la batterie, la contrebasse, et le piano discret de Jobim. L'intensité augmente subtilement, sans que l'on ne s'en rende trop compte, les larmes montent aux yeux, le sourire se dessine sur les lèvres, et l'on est au comble de la joie lorsque Astrud Gilberto entre en scène pour chanter le "refrain" de la chanson, de sa voix belle, fragile et mélancolique, et le saxophone de Getz fait des merveilles mélodiques. J'ai rarement entendu chose aussi bouleversante de toute ma vie. Pour tout vous dire, la première fois que j'ai écouté la chanson, le temps s'est suspendu. J'avais l'impression d'avoir écouté une chanson d'à peine 2 minutes, alors qu'elle en fait presque 5 et demie. Une seule solution : la repasser immédiatement.
 
Rien que pour ce morceau, l'album serait déjà un indispensable. Mais ce n'est pas tout.
 
 
 
  En effet, les autres morceaux ne sont pas en reste. Doralice et sa mélodie entêtante, joyeuse, servie par ce line-up qui décidemment ne mérite aucun qualificatif inférieur à parfait. L'évidence de ce morceau qui coule tout seul, entre la beauté brute du chant et de la guitare de Gilberto et la sophistication du saxophone de Getz, dans l'écrin délicat des arrangements de Jobim.
 
  Les morceaux se suivent, dans une ambiance qui varie du plus mélancolique (Para Machuchar Meu Coracao, Desafinado, Corcovado, O Grande Amor ), au plus guilleret (So Danço Samba, Vivo Sonhando). Mais toujours avec cette même classe inégalable.
 
 
Stan Getz
 
  Bref, vous l'aurez compris, cet album que j'ai découvert au début de l'année, m'a énormément marqué. Pour tout vous dire, je crois que pendant deux ou trois bonnes semaines, je n'écoutais presque que lui sur ma platine. Et je l'écoute au moins deux ou trois fois par semaine depuis. Cet album a accéléré ma découverte de la musique brésilienne de façon considérable. Vous verrez, vous aussi vous serez accros assez rapidement au diamant brut qu'est João Gilberto, ou à ce génie absolu de Tom Jobim...
 
  L'apparente simplicité d'une musique en réalité assez complexe, le dépouillement de l'orchestration, et son dévouement absolu au service de la mélodie sont une véritable leçon de musique et de musicalité. L'émotion qui s'en dégage est indescriptible. La guitare de Gilberto tresse un rythme entêtant, autour duquel s'épanouit le piano de Jobim, souligné par la section rythmique. La voix de Gilberto, d'une sensibilité inouïe, joue la mélodie, provenant du plus profond de son âme. Mélodie autour de laquelle tourne le saxo de Getz, qui d'abord accompagne Gilberto, puis prend son relai. De façon précise, il délivre des notes toujours nécessaires, jamais superflues, qui d'abord accompagnent la mélodie principale, la caressent, la rejoignent quelques instants, puis s'en démarquent, continuant la danse tout autour en autant de variations et de reprises qui ne font que souligner et rappeler la beauté de cette mélodie.
 
 
Gilberto et Getz


 
  Il ne faut d'ailleurs pas oublier que la bossa nova, si on la considère (grossièrement) comme une samba ralentie, est donc une musique de danse (ou issue d'une musique de danse). Ici, le rythme assuré par la guitare, sa section rythmique, et les danseurs sont les deux voix d'Astrud et de João, ainsi que le saxophone de Getz. Et le piano, observateur, s'amuse de son côté, à traîner un peu sur la scène avec les musiciens, regarder ces danseurs d'un œil complice, nourrir le rythme, puis va parfois se joindre à eux et danser autour de la mélodie. En tous cas c'est comme ça que moi je visualise cette musique.
 
  Si vous n'êtes pas convaincus, remettez The Girl From Ipanema. Allez-y, n'ayez pas peur. Vous entendez, d'abord ce rythme léger, João qui entre en piste, sur cette piste de danse qui pour le moment est déserte. Heureux de voir cela, les musiciens augmentent petit à petit l'intensité de l'accompagnement pour ce danseur solitaire. Intriguée par ce charmant jeune homme, Astrud entre elle aussi dans la danse, fragile et belle à la fois. Elle remue au rythme des musiciens, et fait sensation. Tout le monde est ébahi par la grâce de sa performance. Le saxophone de Getz se lève de son siège, pour à son tout fouler le parquet, tourne autour d'Astrud, séducteur, et lui dévoile son numéro de charme. Il danse de façon divine, ne refait jamais deux fois le même mouvement, mais de temps en temps il fait des clins d'œil appuyés à Astrud en reprenant quelques pas qu'elle a exécutés avec brio quelques instants auparavant. Puis le piano de Jobim, un peu jaloux, et qui s'était mêlé de façon plus discrète à la danse, s'invite lui aussi pour tenter sa chance, mais de façon plus timide et retenue, quoiqu'élégante. Astrud revient sur la piste, immédiatement courtisée à nouveau par Getz qui la sollicite pour danser avec lui, en continuant ses mouvements sophistiqués autour d'elle, mais elle continue, impassible, inaccessible, à regarder un peu plus loin, le danseur solitaire du départ, jusqu'à la fin de la chanson. Voilà, maintenant, repassez-là, fermez les yeux, et essayez de vous imaginer la scène.
 
  Tiens, cela pourrait être très intéressant de comparer les images évoquées par ce disque, dites-moi ce que vous pensez de ma version, et donnez-moi la vôtre.


 
 
  Pour conclure, c'est un disque que je recommande à tout le monde, amateur de jazz ou pas, sa sensibilité saura, j'en suis sûr, vous émouvoir autant que je l'ai été à son écoute. Cet album est vraiment un indispensable de toute discothèque, de la beauté à l'état pur, qui permet un partage assez immédiat. La première fois que je l'ai passé, j'étais chez mes parents, et à la fin du disque ma mère m'a demandé des renseignements sur l'album. Je l'ai passé à un repas, et mes deux parents étaient conquis. Depuis, ma mère (qui a étudié le portugais à la fac, ça aide), essaie de retrouver les disques de bossa qu'elle écoutait quand elle était plus jeune. Voilà, tout simplement, un passage, la totalité de l'auditoire (même l'auditoire imprévu, je le passais juste pour moi au départ), est conquis. Cet album universel célèbre la beauté, et fait du bien.
 
  C'est pourquoi vous devez, si ça n'est pas déjà fait, l'écouter impérativement. Je vous mets des liens pour cela vers deezer, et spotify. Voilà, vous n'avez officiellement plus aucune excuse. Revenez ici nous donner votre opinion sur ce chef-d'oeuvre.
 
Bonne écoute !
 
 
ALEXANDRE