Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes
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vendredi 4 mars 2016

The Beatles - With The Beatles (1963)



  A peine terminés l'enregistrement du 1er et la tournée monstrueuse qui s'ensuivit, et dans la foulée de singles qui retournent désormais le monde entier, les 4 de Liverpool enregistrent leur 2e album "With The Beatles". Toujours le même format : 8 originaux et 4 reprises. Cet album a été composé en grande partie sur la route, et c'est ce qui explique sans doute sa force principale : son urgence. 

  Dès l'intro de "It Won't Be Long", le morceau inaugural, c'est le feu d'artifice. Tout va très vite, et on remarque dès le début le progrès entre les deux abums : la voix doublée de Lennon et les choeurs encore plus maîtrisés se répondent avec maestria, l'énergie est plus débridée et la sophistication de la composition et des arrangements se ressentent. C'est un début tonitruant, une claque qui ne peut pas laisser indifférent, un morceau parfait d'une énergie folle (la power pop n'est pas loin...).

  "All I've got to do", plus calme, est plus proche de la ballade sixties, proche de ce que feront les Zombies sur leur Begin Here par exemple. Mais dans le genre de la ballade, là on est clairement plus sur de la Northern Soul, et un héritage Rythm&Blues que sur de la pop, ou même de la folk ou de la country.   "All My Loving" qui suit est un tube pop imparable, une mélodie qui tue, un excellent duo de guitares (rythmique/solo), et des choeurs délectables.





  "Don't Bother Me" marque les débuts à la composition de Harrison, et dans un genre assez américain, mais qui sonne très anglais, cette chanson est une réussite. Là encore les guitares sont magnifiques. "Little Child" est là encore très américaine, sympathique mais honnêtement moins réussie, elle se repose sur de bons choeurs, un refrain entêtant et un harmonica efficace. Même si cette dernière est un peu en dessous quand même.

  "Till There Was You" est la 1e reprise de l'album, et j'ai un énorme faible pour ce qui deviendra récurrent dans les albums des Beatles (et dans la carrière solo de Macca plus tard) : le morceau jazzy de Paul McCartney. Avec sa sensibilité pop, il transforme les morceaux de jazz vocal un peu désuets dont raffolait son père en pièces pop fragiles et finement interprétées comme très peu de chanteurs pop savent le faire. 

  "Please Mr Postman", encore une reprise, est transcendée par l'interprétation d'un Lennon très impliqué au mieux de sa forme. Il met vraiment tout son coeur dans la chanson et ça lui donne un poids et une gravité incroyables, paradoxalement renforcés par la légèreté pop de la reprise. Une énorme réussite. Suivie d'une reprise du classique "Roll Over Beethoven" du King de la guitare rock Chuck Berry. Reprise assez scolaire mais plutôt réussi par un Harrison encore en forme.





  Retour aux originaux avec un "Hold Me Tight" avec une guitare très rock et assez lourde pour l'époque et un Macca qui porte une chanson très réussie. Et la suite n'est pas en reste, le "You Really Got A Hold On Me" des Miracles est incarnée encore une fois avec conviction par un Lennon très investi et soutenu à merveille par les choeurs du groupe. Là encore, ce titre écrit par Smokey Robinson confirme la direction un peu plus R&B du disque, avec moins de références country et folk et plus de black music au sens large. Les 4 garçons, en étoffant leur style, étoffent aussi leur carrure et se frottent à des musiques plus brutes.

  Ringo a encore droit à sa chanson avec l'irrésistible "I Wanna Be Your Man" et son refrain qui vous colle aux esgourdes comme le morceau de bubblegum pop/rock/twist frénétique qu'il est. Vite expédiée, fonctionnant toute à l’énergie, ce morceau est une merveille d'efficacité. Il dégage de plus un groove assez inédit, la section rythmique sonne presque psychédélique avant l'heure par moments, avec l'apparition d'un bourdon ou d'un shuffle assez inédit qui s'apparente à ce que le Brian Jonestown Massacre ou les allemands expérimentant avec le beat motorik creuseront bien plus plus tard.

  "Devil In Her Heart" est une reprise bien troussée, là encore efficace et bien portée par le groupe, avec le petit break instrumental juste avant le refrain qui fait son effet, et toujours ces guitares cristallines presque hawaïennes en fin de morceau. "Not A Second Time", une chanson originale portée par Lennon, est une de mes préférées de ce disque. Décidément Lennon est un peu la star de celui-là, je ne m'étais jamais fait la réflexion avant, mais il est vraiment l'âme de ce disque, urgent comme lui-même l'était.





  On finit avec "Money" de Berry Gordy, aussi reprise par les Sonics, là encore portée par l'interprétation fougueuse de Lennon et du groupe. Le morceau commence avec des guitares bordéliques presque punk et Lennon nous refait le coup de la voix forcée et des cris de "Twist & Shout" pour finir l'album en apothéose sur ce boogie de piano très R&B là encore et absolument irrésistible. 

  On a donc un album plus abouti que le précédent, avec des interprètes et des compositeurs qui s'affirment de plus en plus dans leur style, et commencent à s'emparer du studio comme un outil créatif, avec l'ajout de nouveaux instruments offrant des arrangements plus variés et de nouvelles techniques d'enregistrement comme les voix doublées de Lennon. En jouant avec tout cela ils posent les premières pierres de ce qui fera leur réussite artistique, critique et publique avec des compositions inattaquables, des interprétations inégalables et une science de l'inventivité au niveau des arrangements et des techniques d'enregistrement presque sans égal dans la pop. Et tout cela non pas sur un format single mais sur un album complet. Bref, là encore à ne pas manquer. 

Pour l'écouter c'est par ici.

Merci pour votre lecture et vos commentaires et à bientôt !



Alexandre

vendredi 26 février 2016

The Beatles - Please Please Me (1963)




  C'est là que tout commence. Nous sommes en 1963, et la pop va subir une accélération fulgurante. Après avoir sorti une poignée de singles mettant le feu aux hits-parades ("Love Me Do", "Please Please Me"), enfin vient l'album. Sauf qu'à l'époque le format album, malgré quelques exceptions c'est pas trop ça. Généralement les groupes sortent un ou deux singles géniaux, pouvant être des reprises, et étendent cela sur un format long d'une trentaine de minutes, avec des chansons un peu remplissage et pas toujours inspirées, souvent des reprises. Evidemment, ce n'est pas le cas de tout le monde mais c'est quand même peu ou prou la formule des albums pop du début des années 60. Et on va voir qu'avec ses 8 chansons écrites par les Beatles et ses 6 reprises, l'album respecte ce canon et en même temps a participé à le dynamiter. Mais on y reviendra.

  Ce qui caractérise cet album, c'est sa fraîcheur. Peu de disques ont une telle énergie juvénile. Cela est en partie dû à l'enregistrement du disque, outre les 4 morceaux déjà sortis en single (Faces A et B), les 10 titres qui complètent cet album ont été enregistrés en un total d'un peu moins de 10h en une seule séance aux studios Abbey Road. Autant dire qu'on est presque plus proches du live que du studio. Et ça se ressent dès le "I Saw Her Standing There" d'ouverture. Composition originale, c'est un morceau assez rock, en direct des fifties mais qui sonne frais et qui dévoile toute la fougue du McCartney de l'époque. 

  Et on entend tout de suite ce qui a fait la différence avec tous les autres groupes de l'époque : la mélodicité de la composition, l'alchimie du groupe, les choeurs harmonieux et énergiques, mais surtout le son... Ce son qui captive immédiatement, la basse ronde, les guitares claires, l'écho sur la voix, la batterie qui claque avec là aussi un léger écho... Tout sonne d'une façon précise et chaude, c'est un délice de tous les instants à l'écoute. On peut remercier l'équipe d'Abbey Road et George Martin.





  On enchaîne avec "Misery", plus pop, avec son intro accrocheuse et son piano (le son, les arrangements je vous dis, tendez l'oreille il y a des trésors à chaque mesure !). Et la première reprise : "Anna (Go To Him)" d'Arthur Alexander, encore plus pop et plus posée après les deux morceaux introductifs, qui met en valeur le timbre bien éraillé de Lennon. Assez typique d'un certain type de chansons d'amour des Beatles et en général de l'époque (les Zombies de Begin Here notamment), entre blue-eyed soul et folk (attention ces appellations a posteriori sont d'origine non contrôlée). 

  Puis viennent les deux autres reprise "Chains", des Cookies, écrite par Carole King et Gerry Goffin et "Boys" des Shirelles, écrite par Luther Dixon et Wes Farrell. Moins intéressantes que les autres chansons, elles restent très très agréables à l'écoute. C'est intéressant de noter que sur 5 chansons, les 3 qui surnagent vraiment sont les compositions originales et non les reprises, chose peu courante pour l'époque. A noter, "Chains" marque les débuts de Harrison au chant lead avec réussite, et "Boys" est la première incursion au chant de Ringo Starr, et dans son rôle de rocker fifties il est impeccabe.

  Retour aux compositions originales avec la ballade romantique "Ask Me Why", assez typique de ce que je vous disais sur les chansons sentimentales des sixties. Beaucoup pourront trouver ça mièvre, je trouve ce genre de morceaux magnifiques et très pur, n'ayez pas peur d'un peu de premier degré de temps en temps ! Puis le single "Please Please Me" avec son gimmick d'harmonica, ses choeurs, sa guitare caverneuse et sa batterie galopante (et toujours cette basse, mon dieu cette basse !). Et enchaînement sur le deuxième single, "Love Me Do" et (encore) son harmonica mémorable, son refrain qui colle au cerveau... Un tube, pas étonnant qu'il ait bien lancé les Fab Four. Une autre composition du groupe, "PS I Love You", continue sur la lancée des pop songs romantiques, avec de belles lignes de mélodies vocales.





  Puis vient une autre reprise des Shirelles, écrite entres autres par le grand ponte de la pop Burt Bacharach, "Baby It's You". Là encore typique des reprises de l'époque et démontrant l'influence des girls groups sur les Beatles (comme sur beaucoup d'autres de l'époque, Beach Boys en premier lieu), cette reprise est une réussite, avec des arrangements très fins et une interprétation de Lennon très convaincante. Puis Harrison revient au chant pour uen composition de Lennon/McCartney, "Do You Want To Know A Secret", autre ballade magnifiquement réussie, en tous les cas je l'adore.

  "A Taste Of Honey", en revanche, reprise de Herb Alpert, chantée par Macca, sur un ton plus sombre, est moins marquante, malgré un gimmick de guitare génial qu'on entend un peu après la 36e seconde et qui revient dans le morceau. Sans doute pas le meilleur choix de reprise pour l'album, mais bon là encore l'écoute est très agréable quand même. Dernière composition originale "There's A Place", est une vraie réussite, entre tension, énergie, mélancolie (cette intensité quand ils chantent "And There's No Tiiiime..." suivi par un harmonica déchirant). Très bon.




  Et là, le feu d'artifice final, le mythique "Twist & Shout", des Isley Brothers, avec un Lennon déchaîné au chant, inventant quasiment le punk en forçant sur sa voix tel un Little Richard anglais. Soutenu par la frappe puissante et legère à la fois de Ringo, les guitares d'une précision chirurgicale et la basse bondissante de Paul, Lennon s'égosille pour une chanson d'une intensité assez inédite pour l'époque. D'autant plus pour un groupe de pop bien habillé plaisant aux jeunes filles bon chic bon genre mais mais... C'est un peu vite oublier leur période Hambourg, l'alcool les filles et le rock à fond.

  Bref, bilan rapide : les Beatles réalisent un album qui malgré quelques faiblesses s'écoute avec bonheur de bout en bout. De plus les quelques faiblesses sont en fait des reprises, et il n'y a rien à redire sur leurs compositions originales. Le nombre de ces compositions originales est plus grand que celui des reprises, ce qui était rare à l'époque, on avait tendance à dissocier l'interprète du compositeur voire même du parolier. 

  Et ils ont créé un son grâce à leur jeu très particulier, leur travail sur les voix et l'assistance de George Martin & son équipe aux arrangements et à la production. Ils ont également synthétisé girls group, country/folk, pop, blues, rock fifties en y apposant une patte personnelle pour créer un style tout à fait original, et ont réalisé le tour de force d'être acceptables par le plus grand nombre tout en se permettant des moments plus sauvages (coucou "Twist & Shout"). 

  Tout cela est très novateur, et formera le modèle de ce que sera un groupe pop à l'avenir : un groupe qui compose lui-même en plus d'interpréter, qui ne s'appuie plus uniquement sur des reprises, qui a un son très personnel, qui mélange musiques noires et blanches, et qui n'a pas peur de jouer plus brutalement tout en étant adulé par le plus grand nombre. 

  Pour la fraîcheur extraordinaire et les premières compositions réussies, ainsi que les reprises démentielles, cet album vaut vraiment l'écoute, alors foncez :
Lien Spotify.

Merci pour votre lecture et vos commentaires 


Alexandre

dimanche 12 janvier 2014

Jenny Moss - Hobbies (Chanson)

 
 
 
  Jennifer "Jenny" Moss est une actrice britannique des années 1960. Elle a surtout joué dans des séries télévisées, et des comédies musicales. Puis en 1963, elle fait ses débuts au cinéma dans Live It Up!, où elle chante "Please Let It Happen To Me". Le film a eu un joli succès. Suite à cette expérience, Jenny pense que son temps est venu, et veut devenir une grande popstar. Elle enregistre donc avec le producteur de génie Joe Meek, qui a travaillé à la musique du film, ce single, "Hobbies/Big Boy", en 1963. Malheureusement, le titre n'aura pas le succès escompté, et ne parviendra pas à entrer dans le top40 britannique, mettant fin à ses ambitions de devenir une chanteuse à succès.
 
  Cette chanson avait été un peu oubliée jusqu'à ce qu'elle ressorte dans diverses compilations dont Let's Go With Joe Meek's Girls de 2007, ou celle que je possède, The Alchemist of Pop - Home Made Hits and Rarities 1959-1966.
 
 
 
 
  Pourquoi je vous en parle ? Parce que cette chanson est une pop song acidulée tellement addictive qu'il serait fou de s'en passer. Absolument géniale. Rythme entraînant, production étonnante et originale (comme toujours) de Meek, voix parfaite, chœurs divins, arrangements sucrés, et paroles charmantes dans le genre. Pour tous ceux qui aiment les girlsband sixties, et puis tous ceux qui aiment simplement la pop bien faite, cette chanson est faite pour vous ! Et la face B "Big Boys", n'est pas en reste.
 
Personnellement, je l'écoute très régulièrement, et ces derniers jours je ferais même presque une fixette dessus. Et vous, qu'en pensez vous ?
 
En écoute ici :
 
 
 
 
Jenny Moss & Joe Meek
 
 
ALEXANDRE