A peine terminés l'enregistrement du 1er et la tournée monstrueuse qui s'ensuivit, et dans la foulée de singles qui retournent désormais le monde entier, les 4 de Liverpool enregistrent leur 2e album "With The Beatles". Toujours le même format : 8 originaux et 4 reprises. Cet album a été composé en grande partie sur la route, et c'est ce qui explique sans doute sa force principale : son urgence.
Dès l'intro de "It Won't Be Long", le morceau inaugural, c'est le feu d'artifice. Tout va très vite, et on remarque dès le début le progrès entre les deux abums : la voix doublée de Lennon et les choeurs encore plus maîtrisés se répondent avec maestria, l'énergie est plus débridée et la sophistication de la composition et des arrangements se ressentent. C'est un début tonitruant, une claque qui ne peut pas laisser indifférent, un morceau parfait d'une énergie folle (la power pop n'est pas loin...).
"All I've got to do", plus calme, est plus proche de la ballade sixties, proche de ce que feront les Zombies sur leur Begin Here par exemple. Mais dans le genre de la ballade, là on est clairement plus sur de la Northern Soul, et un héritage Rythm&Blues que sur de la pop, ou même de la folk ou de la country. "All My Loving" qui suit est un tube pop imparable, une mélodie qui tue, un excellent duo de guitares (rythmique/solo), et des choeurs délectables.
"Don't Bother Me" marque les débuts à la composition de Harrison, et dans un genre assez américain, mais qui sonne très anglais, cette chanson est une réussite. Là encore les guitares sont magnifiques. "Little Child" est là encore très américaine, sympathique mais honnêtement moins réussie, elle se repose sur de bons choeurs, un refrain entêtant et un harmonica efficace. Même si cette dernière est un peu en dessous quand même.
"Till There Was You" est la 1e reprise de l'album, et j'ai un énorme faible pour ce qui deviendra récurrent dans les albums des Beatles (et dans la carrière solo de Macca plus tard) : le morceau jazzy de Paul McCartney. Avec sa sensibilité pop, il transforme les morceaux de jazz vocal un peu désuets dont raffolait son père en pièces pop fragiles et finement interprétées comme très peu de chanteurs pop savent le faire.
"Please Mr Postman", encore une reprise, est transcendée par l'interprétation d'un Lennon très impliqué au mieux de sa forme. Il met vraiment tout son coeur dans la chanson et ça lui donne un poids et une gravité incroyables, paradoxalement renforcés par la légèreté pop de la reprise. Une énorme réussite. Suivie d'une reprise du classique "Roll Over Beethoven" du King de la guitare rock Chuck Berry. Reprise assez scolaire mais plutôt réussi par un Harrison encore en forme.
Retour aux originaux avec un "Hold Me Tight" avec une guitare très rock et assez lourde pour l'époque et un Macca qui porte une chanson très réussie. Et la suite n'est pas en reste, le "You Really Got A Hold On Me" des Miracles est incarnée encore une fois avec conviction par un Lennon très investi et soutenu à merveille par les choeurs du groupe. Là encore, ce titre écrit par Smokey Robinson confirme la direction un peu plus R&B du disque, avec moins de références country et folk et plus de black music au sens large. Les 4 garçons, en étoffant leur style, étoffent aussi leur carrure et se frottent à des musiques plus brutes.
Ringo a encore droit à sa chanson avec l'irrésistible "I Wanna Be Your Man" et son refrain qui vous colle aux esgourdes comme le morceau de bubblegum pop/rock/twist frénétique qu'il est. Vite expédiée, fonctionnant toute à l’énergie, ce morceau est une merveille d'efficacité. Il dégage de plus un groove assez inédit, la section rythmique sonne presque psychédélique avant l'heure par moments, avec l'apparition d'un bourdon ou d'un shuffle assez inédit qui s'apparente à ce que le Brian Jonestown Massacre ou les allemands expérimentant avec le beat motorik creuseront bien plus plus tard.
"Devil In Her Heart" est une reprise bien troussée, là encore efficace et bien portée par le groupe, avec le petit break instrumental juste avant le refrain qui fait son effet, et toujours ces guitares cristallines presque hawaïennes en fin de morceau. "Not A Second Time", une chanson originale portée par Lennon, est une de mes préférées de ce disque. Décidément Lennon est un peu la star de celui-là, je ne m'étais jamais fait la réflexion avant, mais il est vraiment l'âme de ce disque, urgent comme lui-même l'était.
On finit avec "Money" de Berry Gordy, aussi reprise par les Sonics, là encore portée par l'interprétation fougueuse de Lennon et du groupe. Le morceau commence avec des guitares bordéliques presque punk et Lennon nous refait le coup de la voix forcée et des cris de "Twist & Shout" pour finir l'album en apothéose sur ce boogie de piano très R&B là encore et absolument irrésistible.
On a donc un album plus abouti que le précédent, avec des interprètes et des compositeurs qui s'affirment de plus en plus dans leur style, et commencent à s'emparer du studio comme un outil créatif, avec l'ajout de nouveaux instruments offrant des arrangements plus variés et de nouvelles techniques d'enregistrement comme les voix doublées de Lennon. En jouant avec tout cela ils posent les premières pierres de ce qui fera leur réussite artistique, critique et publique avec des compositions inattaquables, des interprétations inégalables et une science de l'inventivité au niveau des arrangements et des techniques d'enregistrement presque sans égal dans la pop. Et tout cela non pas sur un format single mais sur un album complet. Bref, là encore à ne pas manquer.
Pour l'écouter c'est par ici.
Merci pour votre lecture et vos commentaires et à bientôt !
"All I've got to do", plus calme, est plus proche de la ballade sixties, proche de ce que feront les Zombies sur leur Begin Here par exemple. Mais dans le genre de la ballade, là on est clairement plus sur de la Northern Soul, et un héritage Rythm&Blues que sur de la pop, ou même de la folk ou de la country. "All My Loving" qui suit est un tube pop imparable, une mélodie qui tue, un excellent duo de guitares (rythmique/solo), et des choeurs délectables.
"Don't Bother Me" marque les débuts à la composition de Harrison, et dans un genre assez américain, mais qui sonne très anglais, cette chanson est une réussite. Là encore les guitares sont magnifiques. "Little Child" est là encore très américaine, sympathique mais honnêtement moins réussie, elle se repose sur de bons choeurs, un refrain entêtant et un harmonica efficace. Même si cette dernière est un peu en dessous quand même.
"Till There Was You" est la 1e reprise de l'album, et j'ai un énorme faible pour ce qui deviendra récurrent dans les albums des Beatles (et dans la carrière solo de Macca plus tard) : le morceau jazzy de Paul McCartney. Avec sa sensibilité pop, il transforme les morceaux de jazz vocal un peu désuets dont raffolait son père en pièces pop fragiles et finement interprétées comme très peu de chanteurs pop savent le faire.
"Please Mr Postman", encore une reprise, est transcendée par l'interprétation d'un Lennon très impliqué au mieux de sa forme. Il met vraiment tout son coeur dans la chanson et ça lui donne un poids et une gravité incroyables, paradoxalement renforcés par la légèreté pop de la reprise. Une énorme réussite. Suivie d'une reprise du classique "Roll Over Beethoven" du King de la guitare rock Chuck Berry. Reprise assez scolaire mais plutôt réussi par un Harrison encore en forme.
Retour aux originaux avec un "Hold Me Tight" avec une guitare très rock et assez lourde pour l'époque et un Macca qui porte une chanson très réussie. Et la suite n'est pas en reste, le "You Really Got A Hold On Me" des Miracles est incarnée encore une fois avec conviction par un Lennon très investi et soutenu à merveille par les choeurs du groupe. Là encore, ce titre écrit par Smokey Robinson confirme la direction un peu plus R&B du disque, avec moins de références country et folk et plus de black music au sens large. Les 4 garçons, en étoffant leur style, étoffent aussi leur carrure et se frottent à des musiques plus brutes.
Ringo a encore droit à sa chanson avec l'irrésistible "I Wanna Be Your Man" et son refrain qui vous colle aux esgourdes comme le morceau de bubblegum pop/rock/twist frénétique qu'il est. Vite expédiée, fonctionnant toute à l’énergie, ce morceau est une merveille d'efficacité. Il dégage de plus un groove assez inédit, la section rythmique sonne presque psychédélique avant l'heure par moments, avec l'apparition d'un bourdon ou d'un shuffle assez inédit qui s'apparente à ce que le Brian Jonestown Massacre ou les allemands expérimentant avec le beat motorik creuseront bien plus plus tard.
"Devil In Her Heart" est une reprise bien troussée, là encore efficace et bien portée par le groupe, avec le petit break instrumental juste avant le refrain qui fait son effet, et toujours ces guitares cristallines presque hawaïennes en fin de morceau. "Not A Second Time", une chanson originale portée par Lennon, est une de mes préférées de ce disque. Décidément Lennon est un peu la star de celui-là, je ne m'étais jamais fait la réflexion avant, mais il est vraiment l'âme de ce disque, urgent comme lui-même l'était.
On finit avec "Money" de Berry Gordy, aussi reprise par les Sonics, là encore portée par l'interprétation fougueuse de Lennon et du groupe. Le morceau commence avec des guitares bordéliques presque punk et Lennon nous refait le coup de la voix forcée et des cris de "Twist & Shout" pour finir l'album en apothéose sur ce boogie de piano très R&B là encore et absolument irrésistible.
On a donc un album plus abouti que le précédent, avec des interprètes et des compositeurs qui s'affirment de plus en plus dans leur style, et commencent à s'emparer du studio comme un outil créatif, avec l'ajout de nouveaux instruments offrant des arrangements plus variés et de nouvelles techniques d'enregistrement comme les voix doublées de Lennon. En jouant avec tout cela ils posent les premières pierres de ce qui fera leur réussite artistique, critique et publique avec des compositions inattaquables, des interprétations inégalables et une science de l'inventivité au niveau des arrangements et des techniques d'enregistrement presque sans égal dans la pop. Et tout cela non pas sur un format single mais sur un album complet. Bref, là encore à ne pas manquer.
Pour l'écouter c'est par ici.
Merci pour votre lecture et vos commentaires et à bientôt !
Alexandre