Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes
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jeudi 8 février 2018

Ghostface Killah - 12 Reasons To Die (2013, avec Adrian Younge) & The Brown Tape (2013, avec Apollo Brown)

Ghostface Killah & Adrian Younge - 12 Reasons To Die (2013)

  12 Reasons To Die (2013) est un album concept de Ghostface Killah, racontant une histoire, d'ailleurs des comics accompagnaient la sortie de l'album. Dont tous les beats ont été produits par le génial Adrian Younge, avec comme producteur exécutif le collègue du Wu-Tang Clan, RZA. Il est à juste titre considéré comme un classique du hip-hop, réunissant des prestations impeccables de Ghostface et quelques unes des plus belles prod du hip-hop grâce à Younge. 

  Celles-ci empruntent à la pop, à la soul et au rock des années 60 et 70 des samples chauds et cinématographiques, comme sur la merveilleuse "Beware Of The Stare", entre basse ronde, chœurs tragiques, piano impérial. Et que dire des cordes, de la guitare fuzz psychédélique (faisant également le sel d'"Enemies All Around", façon Ennio Morricone) et du clavecin acide débarquant en fin de morceau ? Pour tout mélomane, c'est un vrai régal. Cette musicalité débouche sur ces mélodies qu'on n'oublie pas, comme ce  dialogue guitare - piano entêtant sur "Rise Of The Black Suits", habilement soutenus par l'orgue 70's. Il y a un amour du matériau d'origine, des morceaux samplés, qui transpire autant sur "Murder Spree" que sur le classique du sampling Endtroducing de DJ Shadow.

  Le prog, la pop psyché et la soul orchestrale forment également le coeur de "I Declare War", tandis que c'est un beat à la James Brown qui structure l'édifice de "Blood On The Cobblestones". Outre la richesses des instrumentations, certains choix artistiques distinguent largement ces prods, comme le beat lent et discret de "The Center Of Attraction", servant avec beaucoup de justesse son ton dramatique et grave. D'ailleurs, ce morceau me permet de souligner la belle alchimie entre Ghostface et ses invités vocaux, ici Cappadonna, plus loin Masta Killa, Killa Sin, U-God, Inspectah Deck (énorme ping-pong vocal sur "An Unexpected Call (The Set up)"), William Hart ou mark luv. Et puis, un morceau comme "Rise Of The Ghostface Killah" sonne davantage comme un titre rock de la fin des années 60, et "Revenge Is Sweet" comme un morceau de soul psychédélique, que comme des titres de rap classiques, ajoutant à l'originalité du projet. Les prods de Younge sont tellement importantes pour l'album qu'il a droit à un quasi-instrumental, l'excellent "générique" du concept : "12 Reasons To Die", et à la présence de tous ses instrus en bonus de l'album.

  Et puis, encore une fois, Ghostface porte le projet avec une maestria rare, vocalement il est vraiment impressionnant, vous n'avez qu'à réécouter son tour de force sur "The Sure Shot" pour vous en convaincre. Bref, ce disque est un classique de la musique populaire moderne. 

  Et j'ai une bonne nouvelle pour vous, il a été sujet à une réécriture rééditée cette année, dont nous allons parler à présent.




Ghostface Killah & Apollo Brown - The Brown Tape (2013)

  En effet, c'est Apollo Brown, un de mes producteurs préférés, qui réinvente 12 Reasons To Die, en refaisant toutes les prods du chef-d'oeuvre sous le nom The Brown Tape. Ses beats célestes, ultra cinématographiques, font mouche dès le duo introductif "Beware Of The Stare"/"Rise Of The Black Suits", entre cordes irréelles, choeurs divins, craquements de vinyle, samples de films et gimmicks obsédants de guitare et de claviers. Le côté visuel de sa musique se retrouve bien sur la délicate et très classe "The Center Of Attraction".

  L'aspect vieilli, dégradé des samples et ces fameux craquements de vinyle va bien avec le côté classique intemporel de l'album, comme sur "I Declare War" où les cuivres autrefois grandiloquents et puissants semblent aujourd'hui fatigués mais gardent une trace de leur éclat d'antan. Très belle utilisation du sampling, et bel exemple de l'intelligence de Brown. C'est d'ailleurs amusant de se dire que "Rise Of The Ghostface Killah" ressemble ici presque à une version vieillie de "Still DRE" de Dr Dre

  Et même si la basse est moins présente que chez Younge (excepté sur "Enemies All Around Me"), on a presque envie de danser sur "Blood On The Cobblestones", grâce à un piano syncopé appuyé par un breakbeat efficace. La moins grande présence de basses, le plus grand recours aux samples vocaux ("Revenge Is Sweet", "Murder Spree") et à un sampling plus audible, imitant moins les orchestrations pop-rock classiques, et puisant davantage dans la musique de films ("The Sure Shot"), marquent aussi une différence significative avec l'original. Et pour revenir à l'aspect entraînant de la musique, "An Unexpected Call" est également bien funky comme il faut, on ne peut qu'osciller de la tête (au minimum) en écoutant cette tuerie. 

  En résumé, cette relecture est une réussite totale, un Everest quasiment inatteignable et qui pourtant l'a été. Un petit miracle, en somme. Impossible de dire quelle version des deux est la meilleure tant elles sont, chacune dans leur genre, absolument parfaites. Il aurait fallu également rentrer dans le détail des samples utilisés, hélas ça mériterait un article à part entière tant le sujet est vaste. Peut être une autre fois. En tous les cas, foncez écouter ces deux versions de cette oeuvre imposante et géniale.
Bonne (double) écoute !


Alex


dimanche 2 avril 2017

Caro Emerald - Perfect Day - Lou Reed Cover (2013)







     Je vous propose aujourd'hui une magnifique reprise du cultissime Perfect Day de Lou Reed. Véritable monument de la pop états-unienne sorti en 1972, le titre, produit par un grand admirateur de l'époque, David Bowie accompagné de son acolyte de sa période glam rock, Mick Ronson, permet à Lou Reed de connaître un succès phénoménal sur son deuxième album solo Transformer, après un Lou Reed passé inaperçu. Il marque ainsi le véritable départ d'une carrière solo faisant suite à son départ du Velvet Underground un an plus tôt.
     Sur ce titre, il est d'abord question de Bettye Kronstadt, sa première femme. "Oh, it's such a perfect day I'm glad I spent it with you" chante Lou Reed étonnement mélancolique. Mais en miroir se dessine une autre lecture, celle de son addiction à l'héroïne que l'on devine clairement "You just keep me hanging on", donnant toute sa noirceur à cette chanson.

Lou Reed et David Bowie au Dorchester Hotel  de Londres en 1972.

Lou Reed et sa première femme, Bettye Kronstadt.


     L'interprétation que je vous propose, est celle de Caro Emerald, chanteuse néerlandaise de jazz et de pop, ayant notamment fait succès en Allemagne avec son premier album Deleted Scenes from the Cutting Room Floor. Elle revisite ici la chanson  pour la radio néerlandaise 3FM, de sa voix féminine et soul, rappelant celle d'Amy Winehouse. Elle gomme ainsi la tristesse du titre original dans la chaleur de cuivres latins et laisse parler la sublime mélodie, évoquant de tant à autre les premiers album de Coldplay.


Bonne écoute et merci pour votre lecture !



ETIENNE



samedi 17 décembre 2016

Perfect Week (Jeu Interblogs) - Samedi Fête


  Cette semaine, nous participons au jeu interblogs PERFECT WEEK, lancé par El Norton sur Last Stop ? This Blog !. Les règles du jeu ? Pendant une semaine, un thème par jour est attribué, à charge aux blogueurs de proposer un morceau correspondant à ce thème (règlement complet ici).

Samedi 17/12 - Fête : La chanson parfaite que l’on écoute le samedi soir, juste avant d’aller faire la fête ou de dîner entre amis (tout dépend de votre génération et de votre dynamisme).


A : Sarah Dash - Leaving Again (1983)
Concernant le tour de chauffe avant de sortir, ce moment où l'on enfile son petit pantalon classe, dans laquelle on rentre la chemise, lorsqu'on se parfume et que l'on effectue les dernières retouches capillaires, je suis assez monomanique : disco ou électrofunk, et rien d'autre. Surtout quand on sait qu'on va probablement danser à la suite de cette tournée des bars, ou que la soirée chez les potes risque de s'éterniser et de finir par des photos compromettantes. Et quoi de mieux que la perle "Leaving Again", qui devrait être un classique mais qui n'est même pas dispo sur Youtube. Ca met direct dans l'ambiance comme un vieux Diana Ross avec l'efficacité d'Earth Wind & Fire, que demander de plus ? 

E : Jon Hopkins - Open Eye Signal (2013)
Creshendo électronique épique d'une boucle body buildée aux basses n'en finissant pas de s'étirer. Le son parfait pour une préparation solo à cette nuit légendaire qui s'annonce. Ce chef d'oeuvre de la house anglaise, c'est celui de Jon Hopkins.

Alexandre & Etienne


samedi 10 décembre 2016

Amp Live - Kaleidoscope Theory EP ( 2013 )

Comme vous avez pu le constater, je n'ai malheureusement plus le temps de publier régulièrement sur le blog. Mais je ne peux m'empécher de vous faire découvrir une petite pépite découverte tout récemment via l'émission radiophonique de Laurent Garnier, It Is What It Is, dont je vous recommande d'ailleurs chaudement l'écoute.



     Cette pépéite, c'est l'oeuvre d'AmpLive, aussi connu comme membre du duo Zion-I avec MC Zumbi producteur de San Francisco adepte d'un hip-hop expérimental et hybride.      
     C'est dans ce style multi-composite que se place cet EP sorti en février 2013, utilisant une production ultra riche, tintée de jazz, de soul, de pop, de rnb, voire de drum & bass, formant une véritable mozaïque hip-hop. Les morceaux y sont tortueux, changeant de rythme, de mélodie et de style à tout va, tel un kaléïdoscope. En émane un furieux psychédélisme moderne, où le sitar indien de Mister Sarode cotoîe le rythme quasi calypso de Purple et où le jazz-rock de Fast Break se métamoprphose en tube électro.




     L'album culmine sur le fabuleux The Rightous, qui est très probablement le meilleur hybride hip-hop/jazz que j'ai pu entendre. Un titre hors du commun qui inverse les habitudes en samplant du hip-hop pour le mixer sur une instrumentation jazz en y associant une production électronique, avec ces trompettes tout droit sorties du bon vieux clavier CASIO de notre noël 95.



     Pour en découvrir un peu plus sur ce producteur, je vous conseils son album remix de In Rimbows de Radiohead.

Pour écouter, c'est par ici sur Deezer et Spotify
Pour en apprendre un peu plus son site.

Merci pour votre lecture et bonne écoute à tous !


ETIENNE





samedi 29 octobre 2016

La Playlist #10 : Les 4 ans de La Pop d'A&E


  Ben ouais, déjà 4 ans qu'on publie ici. On en est les premiers surpris. Ça passe à une vitesse ! Ça fait pas mal de souvenirs sympas, 4 ans. Qu'on va vous présenter ici, sous une forme simple : pour chacune de ces 4 années, on a choisi 4 morceaux aux petits oignons qui résument à peu près notre ligne éditoriale, pour vous rappeler de bons souvenirs ou vous faire faire de jolies découvertes. Alors enjoy !


2013

E : De l'énergie pure associé à une classe innée, voilà le secret d'un groupe qui nous a marqué, notamment par un concert époustouflant.
A : Pas assez de place dans cette playlist pour honorer tous les supers concerts auxquels on a été, et qu'on n'a pas pu chroniquer faute de temps. Tous les deux on a vu La Femme deux fois, Of Montreal, Ty Segall, Sébastien Tellier, Franz Ferdinand justement... de mon côté j'ai eu la chance de voir Metronomy, Brigitte, Souchon et Voulzy... Et Franz Ferdinand ça valait le coup, les gars étaient impériaux, un peu comme sur ce disque au goût de come-back réussi qu'on avait acclamé à juste titre en 2013.

E : L'OVNI ! Une de ces découvertes que l'on a aimé à vous faire partager et dont on aime aujourd'hui encore le redécouvrir dans les archives du blog.
A : L'électro-pop qui bosse ses textures comme Autechre, n'a pas peur du pouet pouet comme Metronomy, et compose comme Brian Wilson, forcément que ça nous parle ! En parlant d'archives du blog, on commence à avoir un bon paquet d'albums chroniqués ici, dont les liens sont réunis dans un sommaire en haut à droite de cette page, si vous avez un trajet en transports en communs un peu long ou juste l'envie de découvrir de nouvelles merveilles.

E : Un de nous chouchous ce génie John Dwyer, nous plongeant chaque fois un peu plus dans la folie de son punk psychédélique et dont la productivité n'est pas sans rappeler l'âge d'or des 60's. 
A : Etienne a tout dit, je rajouterai quand même que le gars est bien plus versatile que l'étiquette psyché/kraut/punk/garage qui lui a été collée, en témoignent les albums électro-rock sous le nom de Damaged Bug et des chansons comme ce titre exceptionnel, une ballade digne des plus grands classiques sixties de Barrett & consorts.

E : L'enfant prodige de la nouvelle vague de rock français, pour un album d'anthologie. Un groupe pas comme les autres dans notre cœur, peut être notre meilleur expérience de concert !
A : Notre meilleure expérience de concert, sans aucun doute. Il faut les éviter en festival, et privilégier les petites salles ou leur côté punk ressort et où la transe électro-psyché prend les tripes et fait transpirer les corps. Et puis sur disque, quels morceaux ! Celui-là est digne d'un Gainsbourg modernisé.


2014

E : Quelle émotion, quelle justesse dans la composition et que de chemin parcourus pour Damon Albarn qui se réinvente encore, 20 après ses débuts.
A :  Rien à ajouter, ce titre est déchirant, d'une classe folle. Ce type est hyper doué.

E : Au fil des années, au fil des sorties, au fil de ce blog, ce groupe est devenu mon favori de tous, me faisant voyager d'albums en albums. Un amour qui grandit encore à chaque écoute.
A : Love Letters, l'album dont est extrait ce titre, est du genre de ceux qui gagnent en saveur à chaque réécoute, et que je réévalue à la hausse en permanence, me faisant penser que c'est probablement leur meilleur avec Nights Out, et donc un des meilleurs albums pop, non seulement de ces dernières années mais de tous les temps.

E : Le retour du messie tant attendu. L'album de l'année avec cette production impeccable de bout en bout, exigeante et subtile, hymne à 60 ans de black music.
A : Black Sugar était impeccable, Voodoo est probablement le meilleur album des années 2000, ou au moins dans le top 5. Et le plus fou c'est que cet album sorti 14 ans plus tard ne s'est pas contenté de ne pas nous décevoir, mais nous a carrément réjoui. D'Angelo a explosé les codes de la nu-soul pour accoucher d'une discographie où les chef-d’œuvres s'enchaînent sans jamais décevoir, entre pop, soul, funk, hip-hop, rnb et jazz.

E : Parce que merde la chanson française ce n'est pas que les années 50 !
A : Et parce que des titres comme celui-ci du calibre de "Là Où Je Vais La Nuit" de Katerine, "La Nuit Je Mens" de Bashung ou "La Dolce Vita" de Christophe, ça arrive pas souvent mais ça arrive, alors s'agit pas de les rater.


2015

E : Tame Impala est aux années 2010 ce que les Strokes sont aux années 2000. Groupe phare du mouvement indé, qui marque durablement nos oreilles.
A : Et bel exemple de renouveau artistique réussi dans une direction délicate : vers le grand public. Etre snob juste pour le plaisir c'est so 20e siècle. La curiosité est la 1ere des qualités.

E : Quelle sensualité, quelle finesse, le rnb dans sa plus belle peau. Une voix enchanteresse qui me hante depuis un an.
A : Bel exemple que la bonne musique est loin d'être rare et n'est pas moins éclatante ces dernières années que dans les années 60 ou 70 (pour les puristes). On est très content de l'avoir suivie depuis son premier single merveilleux avec AK Paul à travers deux EPs puis cet énorme premier album en forme de consécration. Et on sera heureux de continuer à vous narrer ses exploits musicaux dans les années à venir.

E : La production feutrée et sensible du groupe réinvente encore aujourd'hui le rock psychédélisme, dans un style enivrant dont on ne se lasse pas. Un monument !
A : En s'entichant de Prince et de synthés, la soul-pop psychédélique d'UMO a elle aussi pris le large en direction d'un public plus étendu, et comme Tame Impala, l'artistique suit largement, alors on applaudit des deux mains, et on tire la révérence.

E : Définitivement hypnotisé par ce génie canadien dont le rock indé avoisine ce qui pourrait être la perfection dans un style pourtant maintes fois éprouvé.
A : Tout est dit, le gars arrive avec une proposition fraîche, sensible et bien plus profonde que ce que son image déglingo rigolote peut laisser penser, et ce dans le genre musical le plus usé, vu et revu de tous les temps. Quel compositeur, et quelle vision intègre, précise et clairvoyante de sa musique !


2016

E : La grosse émotion de l'année avec cet album vibrant tel le dernier souvenir d'un ami très cher. Un monolithe miroir des temps passés et à venir. 
A : Le voilà le fameux "meilleur album depuis Scary Monsters", rien à redire, c'est un chef-d'oeuvre comme ce morceau très cinématographique qui démontre tout le génie de Bowie dans son ultime mue en crooner jazz-pop post-apocalyptique.

E : Blood Orange éblouissant dans cette pop sensible aux visages multiples. Un album qui marquera durablement notre blog !
A : Probablement le meilleur album de l'année, en extraire une seule chanson est autant un déchirement qu'une hérésie tant l'oeuvre est belle, construite et complète. Le génie pop de 2016, il est là.

E : Claque de l'année avec ce rap classieux et engagé, venu de NY pour tout casser. D'une rare finesse !
A : Chanteuse de talent et productrice ultra douée, Anna Wise a réussi avec brio à synthétiser électro exigeante, pop accessible, rnb/hip-hop, soul/funk et inflexions presque jazz avec une maîtrise et une sensibilité dingue. Un EP qui vaut bien des albums !

E : Quoi de mieux que la poésie d'un moment parfait pour clore cette playlist et souligner le talent hors normes de cet artiste majeur de la scène française. Un morceau que nous "n'oublierons jamais" !
A : L'album dans son ensemble est un régal, et ce morceau en particulier est d'une rare beauté. 
  D'un point de vue plus personnel, je suis très content qu'on ait pu poursuivre ce petit projet de lycéens / jeunes étudiants aussi longtemps, je suis hyper content de pouvoir encore partager ça avec toi mon pote. Et avec vous aussi, chers lecteurs !

Alexandre & Etienne

mercredi 11 mai 2016

Hypnolove - Ghost Carnival (2013)



  J'avais déjà parlé de ce disque pour la dernière fois ici en en faisant mon 6e préféré de l'année 2013 (grande année pour ma part). Ce groupe français joue un hybride d'électronique et de pop synthétique avec des influences barrées et diverses allant du rock psychédélique (voire psychotique) au jazz, de techno et de house frenchy.

 

  Ca paraît complexe comme ça mais ça ne l'est pas, et ça on le sait dès l'intro, ce bien nommé "Simple, Classic, Beautiful". Qui commence sur des trompettes entre free jazz et pouet pouet à la Metronomy, drivé par un beat technoïde, psychédélique et une basse entre funk glacial et post-punk vicelard. Puis la voix pitchée dans les graves à la Cassius/Daft Punk introduit des percussions menaçantes, des cuivres qui le sont encore plus et enfin des cordes pincées et un piano de fête foraine tout ce qu'il y a de plus flippant aussi.... Et tout ça de façon ultra-fluide, lisible, avec un break pop funky en fin de morceau qui débouche sur un beat house dansant pour clore le morceau. Il faut l'écouter pour comprendre ce que je veux dire par là, et surtout pour se rendre compte tout simplement que c'est beau. De la grande pop de qualité aventureuse, ludique et fun.



  Ce fun est accentué sur la piste suivante, le funky et synth-pop "Holiday Reverie", avec ses échos dub, son rythme tropical, sa guitare africanisante, ses synthés baveux et ses choeurs aigus. Dans un monde parfait ce morceau et son refrain à la Tellier (collègue de chez Record Makers) serait un tube universel. 
  Un morceau à la Hot Chip en plus torturé suit, le bien nommé "Midnight Cruising", emmené par un synthé basse eighties et des cordes qui sonnent comme une guitare accouplée à une harpe.

  Et là, c'est le méga-tube. "Winter In The Sun". Si vous arrivez à vous la sortir de la tête un jour, appelez moi. Ce morceau de pop funky a la grâce des classiques instantanés, quelque part entre eighties funky et glaciales à la fois (Bryan Ferry, Prince) et électronique moderne (French Touch, Hot Chip encore...). Une merveille.



  On a encore droit à un morceau de cabaret synthétique à la Pet Shop Boys / Soft Cell, en assez sombre, avec "Come To My Empire". Puis à la ballade synthpop moroderienne en diable "Beyond Paradise", qu'on imagine bien écouter au volant d'une voiture de nuit. Mais là encore, loin du pastiche, le groupe ajoute des éléments de synthpop française avec ce petit synthé si frenchie, un chant féminin inspiré et des influences classiques pour donner une autre envergure au morceau.

  La harpe revient, ainsi que les synthés basse, et des clins d'oeil à New Order et aux Pet Shop Boys encore, pour le morceau titre "Ghost Carnival", et son chant d'enfant dépressif, comme si New Order avait sorti sa première démo alors que les membres étaient au primaire et déprimaient après s'être fait piquer leurs billes. Ce qui casse le côté dépressif de la musique, et lui donne plus de nuances. Les deux derniers morceaux enfoncent le clou de cette pop synthétique sombre mais pas désespérante, entre cordes et synthés, avec des influences pop, rock, classique maîtrisées et digérées avec brio.



  Bref, un excellent album de pop et un des tous meilleurs et plus originaux albums de synth-pop de ces dernières années selon moi

  Ce groupe a un son, une originalité, et une capacité à pondre de superbes morceaux pop résolument modernes. Et accouche donc d'un album ultra-solide de bout en bout et plus que bon dans un genre résolument tourné vers les singles (même les Hot Chip ont du mal à sortir des albums homogènes). Chapeau les gars !

Lien Spotify 

Alexandre

jeudi 19 juin 2014

So Inagawa - Logo Queen ( 2013 )

J'aimerais vous emmener, via ce blog, et cela fait un moment que j'en rêve, dans un univers que j'adore, la DEEP-HOUSE. Je profite donc de la mise en ligne toute récente sur youtube d'un somptueux EP sorti il y a maintenant plus d'un an pour vous faire découvrir, redécouvrir ou nourrir votre passion pour ce genre singulier.




     Tout d'abord ce que j'aime dans la deep-house c'est la simplicité : la base de tout morceau qui se respect c'est une boucle rythmique : ce peut être un sample ou une boite à rythme le plus souvent, constitué d'une grosse caisse et de kicks. Puis par dessus se dépose en fines lamelles successives une boucle de guitare basse en infra basses inspirée de la disco ou du funk. L'intro, toujours en boucle, dure alors plusieurs minutes, augmentant progressivement en intensité, par de subtiles variantes de production. Le but c'est d'être imprégné, imbibé, de rentrer en transe, pour que chaque nouvelle variation se vive comme un tremblement de terre, savourant chaque instrument, chaque sonorité. Puis vient une boucle de synthé parfois mélodique, mais cela reste très simple : la montée continue irrémédiablement. S'ajoute ensuite un sample de voix, arrivant juste au moment où il fallait, ni avant, ni après et repartant aussi subitement qu'il est arrivé. Cette voix, dont on ne saurait dire si elle chantée ou  parlée, est parcourue et instrumentalisée par des retouches sonores diverses, l’éloignant de sa fonction habituelle. Il n'est d'ailleurs pas permis de parler de chanson ici, ou bien par abus de langage, mais bien de morceau, de titre, de track ... Tout est ainsi réuni, nous sommes au firmament ! Et le morceau dure à n'en plus finir, on ne voudrait pas qu'il s'arrête, qu'il essouffle, mais heureusement une nouvelle variation nous fait découvrir un niveau supérieur. Puis progressivement la descente s'opère et nous atterrissons dans notre fauteuil, de salon, de voiture, de train, de bureau, mais une seule obsession demeure, celle de remettre, encore, encore et encore le morceau. 

     Finalement cette simplicité et cette presque neutralité nous permettent de nous faire voyager en stimulant notre imagination, comme une page quasiment blanche où tout reste à écrire. On se rapproche de l'ambient music, mais avec le rythme en plus. Et c'est cette même simplicité qui lui permet de s'adapter à toute situation, à toute personne, et d'amplifier toutes nos émotions. Ainsi sur cette musique nous pouvons tout faire : danser, pleurer, s'exalter, se détendre, ... 
     Et malgré cette si précieuse simplicité, des artistes créent tous les jours de nouveau morceaux et ce depuis les 90's.
 



     Pour cet EP, format roi dans le monde de la House music, la deep-house se décline en son versant minimaliste et nous provient du Japon avec le DJ So Inagawa, du nom d'un clan de yakuza, où il est signé sur label tokyoïte Cabaret Recording, constitué depuis 2013 par ce même artiste et son ami Dj Masda ( non non pas de pub pour une marque de voiture, ne vous inquiétez pas ). Le nom de l'EP porte lui le nom du morceau de la face A et single, c'est une tradition. Évidement le trois titres n'est disponible que sur format vinyle, c'est là aussi une tradition ( dans le genre tradition il y a aussi les photos de mannequins en bikini, mais pas un trace ici.; dommage diront certains ... ). Il faut dire que les artistes vivent de leurs Dj sets et leurs performances lives, plus que de leurs ventes. C'est peut être un moyen pour eux d'échapper à la corruption des chiffres et de rester underground à l'image du genre. 





     La première piste et single c'est Logo Queen ( hommage aux drag queen emblématiques du mouvement house ? ). Il est ultra 90's et très typé Détroit House dans son caractère ténébreux, tout en restant groovy, la passe y étant pour beaucoup. 
  Le deuxième morceau, Scann Runner, est plus ambiant et grâce à ses rythmes et instruments, il m'évoque une musique simili africaine. Mais les rythmes n'en démordent pas et nous restons captivés par ce qui se déroule dans nos oreilles. 
  Selfless State, le troisième titre, est lui plus dynamique, plus chill, plus cristallin et pour ma part me donne une banane d'enfer à la sortie de l'écoute de cet EP et m'oblige à relancer la machine une nouvelle fois.
Pour écouter :

J'espère avoir pu vous transmettre un peu de ma passion pour ce genre via ce somptueux EP. N'hésitez pas à lâcher un petit comm' :) Ou partager un morceau deep house de chevet !


Etienne

 

lundi 12 mai 2014

Jaakko Eino Kalevi - Dreamzone ( 2013 )

    

     Voilà une découverte au goût de première fois pour le célèbre label indé londonnien Domino Records ( Blood Orange, Animal Collective, Arctic Monkeys, Dirty Projectors, Four Tet, Franz Ferdinand, Hot Chip, The Kills, The Last Shadow Puppets, Real Estate ). C'est en effet la première fois de son histoire, depuis ses débuts en 1993, que le label signe un artiste finlandais, qui plus est chauffeur de tram à mi-temps ! On a donc pu découvrir le jeune autodidacte, multi-instrumentiste, auto producteur Jaakko Eino Kalevi début décembre 2013 avec l'excellent EP, et largement relayé par la presse, Dreamzone. Il y concocte de la dream pop "lo-filisé" et rythmée ( la batterie étant son instrument de prédilection ) accentuée de folk. On y ressent l'influence d'Ariel Pink ( bien au delà de la coupe de cheveux ! ) ou Chris Rea. En particulier sur l'excellent No End, chef d'oeuvre de l'EP ( rien à voir avec le fake au sujet du dernier album des Dafts punk je vous rassure ! ).

Pour les yeux :




Pour les oreilles :
Jaakko Eino Kalevi - Dreamzone ( Deezer )
Jaakko Eino Kalevi - Dreamzone ( Spotify )

Pour le cerveau :
http://www.dominorecordco.com/



Etienne






mercredi 19 mars 2014

GRAND JEU / PART 6

« It’s just a reflektor » 


Deux albums, deux pochettes qui se répondent. 

Le choix d'Etienne :

Thee Oh Sees - Floating Coffin (2013 )



Pink Floyd - The Piper At The Gates Of Dawn ( 1967 )


     Deux albums dont la filiation plastique m'a sauté aux yeux, je ne sais pas pour vous. Peut être parce que ce sont mes deux albums préférés dans les discographies respectives de ces deux groupes ( sur ce que j'en connais en tous cas ). Malgré 46 ans les séparant, ces deux albums de ne sont pas si éloignés, tant au premier coup d’œil par ces deux pochettes d'images répétées et fusionnées annonçant de façon enfumée et échogène le contenu, qu'à l'écoute par ce style rock psychédélique en commun. Ainsi l'un est le père du genre, tandis que l'autre un des derniers nés. Mais les fondements restent les mêmes avec leurs guitares lacérées et  agressives, leur chant échogène, leur "basse de précision", une tension omniprésente et cette gravité dans l'ambiance.

                               Pink Floyd - The Piper At The Gates Of Dawn ( Spotify )
 

Etienne
 
 
 
Le choix d'Alexandre : 
 
Diana Ross - Diana (1980) &....
...LCD Soundsystem - This Is Happening (2010)
 
 
 
  Pourquoi ces disques ? Excellente question, tout d'abord parce qu'ils sont tous deux excellents, dans un genre plus ou moins discoïde ("Diana" a été produit par Chic, maîtres du genre, versant funky, et "This Is Happening" rappelle entre autres les meilleures pages du disco synthétique des années 70-80).
 
  Tous deux possèdent d'énormes tubes, comme "Dance Yrself Clean" pour LCD Soundsystem, où James Murphy concrétise ENFIN sa formule à base de crescendos infernaux dont il a le secret, non pas par un mais deux climax. Brillant. On retrouvera pêle-mêle, dans l'album : le Velvet, de l'indus, l'ombre de Bowie période "Heroes", de la synthpop, et beaucoup de disco donc, en mode électronique. Un voyage à faire absolument. Et encore, ce n'est pas son meilleur disque, c'est vous dire le talent du gars.
 
  Si on parle tubes chez Diana Ross, on peut citer tout l'album, mais les plus immédiats sont surtout "Upside Down", et surtout le génial "I'm Coming Out", une des plus grandes réussites de la Chic Organization. Que l'on soit dans un domaine purement disco, ou dans des ballades plus soul-pop façon Motown, Dirty Diana assure. Et pas qu'un peu. Un très grand disque. 
 
  Mais et les pochettes alors ? J'y viens. Car outre le genre musical, ces albums possèdent quelques similitudes, graphiques cette fois-ci. Tout d'abord, ce qui saute aux yeux, c'est l'utilisation futée de la pochette du vinyle pour y insérer une photo plus grande, format portrait. Ce qui nous permet de voir James Murphy s'éclater comme un fou en dansant, et d'admirer Diana.... être Diana, tout simplement. Les deux photos, noir et blanc, sont en outre plutôt classes.
 
  Même si ce type de pochette n'est pas exclusif à ces deux disques, il n'est pas interdit de penser que Murphy, fan de disco, ait été inspiré par le classique qu'est "Diana". Personnellement, dans ce genre de cas, je ne crois pas aux coïncidences. Et vous ?
 
 
Pour écouter ces albums :
 
Diana Ross (spotify, deezer) / LCD Soundsystem (spotify, deezer)  
 
 
Alexandre
 
 



mardi 18 mars 2014

GRAND JEU / PART 5

« Let’s Get It On » 

Le disque qui vous donne envie de jouer des hanches. Et je ne parle pas de danser. 

Le choix d'Etienne :

Stan Getz featuring João Gilberto - The Best Of Two Worlds    (1976)

     Lorsqu’on me dit "sensualité" je pense tout de suite à l’Amérique du Sud. Ce continent "chaud" où se concentrent toutes les danses sulfureuses ( tango, salsa, cha cha, mambo, bachata, merengue ), et aussi ces rythmes endiablés ( calypso, samba ). En capitale de cette sensualité exotique trône le Brésil, avec la langue la plus sensuelle du monde le "brésilien". Mais dans une vision plus occidentale, sensualité rime aussi avec saxophone, l'instrument le plus érotique du monde ( peut être du fait qu'il se joue avec une (h)anche ), celui des slows et des premiers baisers ( à la différence qu'il est ici ténor et non alto ). C'est donc un mix de ces deux piliers de la sensualité que je vous propose, avec cet album de Stan Getz et João Gilberto en featuring, enregistré au Brésil le 13 mars 1975 et sorti en 1976, avec la présence de la seconde épouse de ce dernier, Eloisa Buarque DeHollanda, qui pose sa voix pour le chant en anglais.


     Après une période rock-jazz, Stan Getz revient en cet album, et pour la dernière fois de sa carrière, à son grand amour pour la bossa nova, qu'il a découvert en 1962 et dont il a largement participé à la diffusion, notamment grâce au fameux Girl from Ipanema, écrit en 1962 par Antonio Carlos Jobim, enregistré en 1963 avec Astrud Gilberto et João Gilberto, et sorti en 1964 ( présent sur mes 31 meilleurs morceaux ). Il est là aussi accompagné de son ami et "inventeur" de la bossa nova, João Gilberto, marquant le retour du duo après leurs albums des années 60, dont le dernier en dates Getz/Gilberto#2 ( 1964 ). Sur The Best Of Two Worlds ils interprètent entre autres des compositions d'Antonio Carlos Jobim ou Gilberto Gil
     Ils marquent alors un chef d'oeuvre du genre, toute en simplicité et grâce, d'un saxophone moite et chaud, de percutions claires et luxuriantes et d'une guitare sucrée et dansante. Les voix mélangeant l'anglais et le portugais sont sublimes, et d'une sensualité à tomber par terre. Le tout dans une ambiance tropicalement décontractée, laissant planer une insolente impression de facilité.
     Cet album m'a "mis sur le cul" et c'est peut dire, tellement il fut une révélation pour mes oreilles. Il ne révolutionne rien mais marque l’apogée d'un artiste et d'un style par sa perfection de bout en bout, autant pour sa composition, que musicalement, vocalement, ainsi que pour sa production. Il fait aisément parti de mes albums favoris et d'un hypothétique top 10. Et si je ne pouvais vous conseiller l'écoute que d'un album, sur tous ceux que j'ai pu et que je vais vous proposer au cours de ce GJSF 08, c'est bien celui-ci. Alors laissez vous succomber à la délicieuse sensualité de ce monument. 



Etienne

Le choix d'Alexandre :
JAGWAR MA - HOWLIN (2013)

  Celui-ci m'a donné du fil à retordre. Je parle du thème. En effet, c'est compliqué de ne pas faire dans les poncifs (soul, funk, disco-funk, disco Moroder, rnb, jazz, électro-string à la Tellier...), et c'est quelque chose que je voulais éviter, je ne sais trop pourquoi. Et puis il me fallait un disque récent, règle que je me suis imposée en plus pour ce jeu.


  Et puis au hasard de mes envies, en voulant mettre un disque pour mes révisions, je prends celui-ci sur mon étagère, le pose sur la platine, et m'assois à mon bureau. Et là, alors que le cd tourne et que les enceintes commencent à chauffer, la musique démarre. Premier morceau, "What Love". D'abord ce beat moite, puis ces voix, ces rythmes, arrivant par vagues et s'intensifiant petit à petit, lancinants.... Ce groove élastique, qui sent l'été, le soleil de plomb, la chaleur, la sueur sur le front... Tout en crescendo. Mais bien sûr ! Voilà mon disque. D'autant que ça continue avec le renfort d'une guitare qui appuie bien les temps, comme il le faut, sur la suivante, "Uncertainty".

 
  Après une intro comme ça, je peux vous garantir que vous aurez un coup de chaud. Quid de l'album ? En gros, c'est le son Madchester, revu et corrigé par deux jeunes Australiens. Je vous avais dit, on fait difficilement moins cliché. Prenez de la house, du big beat, de la pop, du rock, du psyché, des acides, du soleil, et  mélangez tout ça, vous obtiendrez... ce disque. Qui mettra n'importe qui dans le bon mood au début, est assez varié dans ces tempos et ambiances pour que ça soit le plus intéressant, et qui ne fera fuir personne. Tout le monde aime Jagwar Ma, potentiellement. Si vous les avez manqués l'an dernier, l'écoute est très recommandée.


Keep Gettin'It On : album en écoute sur deezer / spotify.



Alexandre