Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

mardi 2 juin 2015

David Bowie - A Better Future (Remix by Air)

Pochette de Heathen (David Bowie, 2002)
 
  Après vous avoir parlé d'une incursion réussie de Bowie dans l'électronique, permettez-moi de vous présenter une incursion de l'électronique dans Bowie.
  Blague à part, je vais vous parler du remix par Air de la chanson de David Bowie "A Better Future" sortie en 2002 sur l'album Heathen.
 
  Bon, je ne vais pas vous faire l'affront de vous présenter Bowie, génie absolu de la musique pop. Par contre, pour ceux qui sont passés à côté de Air, il vous faudra peut-être revenir sur vos écoutes. Car il s'agit bien d'un des groupes majeurs de ces 25 dernières années. Leur musique, entre Gainsbourg, ambient, électronique façon Kraftwerk ou de Roubaix et les orchestrations qui n'ont pas à rougir pas devant une BO de Morricone, est d'une richesse et d'une finesse inouïe.


Le groupe Air
 
  Air, alors au sommet après la sortie de chefs-d'œuvre comme Moon SafariVirgin Suicides et 10 000 Hz Legend, ont participé aux bonus de l'album Heathen de Bowie en le gratifiant d'un remix de leur cru. Autant le dire tout de suite, la version de Air est le meilleur bonus de ce disque (et sûrement un des meilleurs remixes que je connaisse) et, malgré toute mon admiration pour Bowie, explose largement l'originale. Cette dernière est une agréable chanson pop rythmée et parsemée d'électronique.
 
  Le remix, quand à lui, est intense. Sur un fond musical électronique, froid et clinique (inquiétant aussi) la voix de Bowie se fait plus grave, rehaussée par moments d'un vocodeur distillant là aussi très bien une atmosphère inquiétante. Les chœurs et la voix sont merveilleusement mis en valeur, l'ambiance est paranoïaque, on croirait la BO d'un film de SF en pleine dystopie. Alors que Bowie implore, se désespère, se lamente, la musique s'intensifie.
 
  Des moments d'accalmie surviennent quand une orchestration plus organique fait son apparition et permettent de dynamiser ce remix et de le propulser vers les sommets, jusqu'à un solo de guitare final au son typique de Air qui va achever ce remix en beauté.
 
Magnifique.
 
 
Merci pour votre lecture et vos commentaires et à bientôt !
 
Alex
 

lundi 1 juin 2015

David Bowie - Earthling (1997)



  Pour continuer sur ma lancée d’albums mésestimés par le public et/ou la critique, je vais m’attarder sur un des meilleurs Bowie post Let’s Dance, c'est-à-dire Earthling, sorti en 1997. Un des meilleurs car un sur lesquels le Bowie sera musicalement plus inventif que sur presque toutes les autres sorties discographiques depuis Scary Monsters jusqu’à présent.

  Pour cela, il suffit juste de mettre le disque et d’écouter la première chanson, « Little Wonder ». Et là vous vous rendez compte que Bowie fait de la jungle (pour les néophytes c’est un sous genre de musique électronique essentiellement britannique qui se base entre autres sur un rythme très agressif et à haut nombre de bpm. Ce que vous entendez en début de chanson en fait). De la jungle, décidemment Bowie est en plein dans son temps et a complètement embrassé les nineties électroniques.
 
Bowie et son look de l'époque

  Mais une objection peut rapidement venir. Premièrement, on peut dire que Bowie se contente alors de prendre le train en marche, alors qu’il nous a plutôt habitué à avoir dix ou vingt ans d’avance sur la muique de son époque. Cette démarche peut même être qualifiée d’opportunisme.  Ceci est presque faux pour plusieurs raisons, et je vais m’expliquer. Bowie a presque toujours su habilement marier l’avant gardisme parfois extrême de ses contemporains avec la pop la plus accessible voire la plus « commerciale » de l’époque. Il n’a pas non plus inventé le kraut, mais a su habilement en retirer des éléments pour quasiment créer le post punk (avec Eno et les autres), alors que le punk n’existait pas encore. Et c’est là que réside son génie, dans cette réappropriation d’une façon très personnelle de l’œuvre des autres.

  C’est exactement ce qu’il fait sur « Little Wonder ». En effet, il marie la (brit)pop la plus accrocheuse de l’époque avec les sons et les rythmes de la jungle et du big beat, de l’indus, des éléments de noise, et tout cela sur plus de 6 min composées d’une main de maître. L’architecture du morceau est du grand Bowie, et l’interprétation est parfaite. Ce morceau est un vrai chef-d’œuvre, peu de mariages entre pop, noise et électronique me semblent aussi réussis.

  Pour tout cela, ce morceau et l’album sont de grandes réussites. Bowie peut faire écouter de la pop aux plus extrémistes des fans d’électronique de l’époque et de l’électronique aux lads qui ne jurent que par le rock et la britpop.
 
Dossier de presse US de l'album
 

  Et l’album est à l’avenant de la petite merveille initiale. En effet, qu’on parle de la géniale « Looking For Satellites », midtempo entre Eno, Doors hallucinés, électronique et guitare démentielle, ou de «Battle For Britain (The Letter)», chanson plus rock et plus classique de Bowie sur un beat assez jungle aussi, on se retrouve avec des morceaux d’une qualité rarement égalée, et uniques sur le plan sonore. Encore une fois le mariage de la pop et de l’électronique de la composition à la mise en son est une vraie merveille. Et les idées d’arrangement son merveilleuses, comme le piano free à la fin de « Battle… ».

  « Seven Years In Tibet », downtempo redoutable, fait penser à un croisement entre Nine Inch Nails et ce que Damon Albarn fera cinq à dix ans plus tard avec Blur, en solo ou avec ses projets Gorillaz et world. Ces claviers, ce chant mélancolique, ce mariage de musiques traditionnelles, de pop de rock et d’électronique…  Encore un morceau parfait.
 
La tenue de la mythique pochette
 

  « Dead Man Walking » est, elle, partagée entre couplets franchement électroniques, refrains rock, avec ce piano free qui survole l’ensemble. C’est un excellent morceau, et même si il me touche moins que les quatre premiers, il dégage une énergie folle, avec ce beat irrésistible et ces chœurs diaboliques.

  « Telling Lies » est plus difficile d’accès, plus décousue en apparence et constituée d’un mur de son assez difficile à appréhender au début, et on peut considérer qu’avec « The Last Thing You Should Do », un peu dans la même veine avec un côté crooner pop en plus, elle fait partie de la partie la plus expérimentale de l’album. Moins attachantes car moins pop mais très intéressantes par leur aspect plus radical, ces chansons sont cependant plus bancales (on a du mal à suivre les morceaux, étant « composés » d’une façon moins classique). Mais ils constituent une excellente transition avant le très Nine Inch Nails « I’m Afraid Of Americans », très indus ainsi que sa suite « Law (Earthling On Fire) », assez inclassable entre indus, Bowie période Eno et rock vicieux.
 
Earthling en live
 
  Cet album possède une cohérence inattaquable (du son aux thématiques britanniques visible de la pochette l’album aux titres des chansons aux styles musicaux), de grands morceaux, un parti pris expérimental réussi de main de maître grâce à des compositions pop ayant complètement assimilé des décennies de musiques électroniques, world,…. Bref, on peut parler franchement de chef-d’œuvre. Bowie s’est trouvé une nouvelle incarnation pour ces années 90-2000, celle d’un musicien qui jongle habilement entre mainstream et underground, conscient de son héritage mais avec encore l’envie d’en découdre. Sa présence sur la scène pop, entre fantôme inévitable mais inaccessible et retours fracassants, sera à l’image de ce disque. Toujours singulière, toujours un peu en marge mais attirant toujours la lumière.

Fans de Bowie ou non, écoutez cet album qu’on ne cite pas assez souvent !
 
Verso de pochette & Tracklisting
 
Merci pour votre lecture et pour vos commentaires !
 
Alex