Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

lundi 31 décembre 2018

Deux EPs 2018 : Meditation Tunnel - Glittering Jewel EP & Kim Petras - Turn Off The Light Vol.1


Meditation Tunnel - Glittering Jewel

 Luke Jenner, génie derrière The Rapture, a pris un long break (magnifiquement bien documenté dans cette interview chez Noisey, que je vous recommande), et revient avec un projet solo plus électronique, sous le nom Meditation Tunnel. Et si sa musique est toujours tourmentée et mélancolique (cf le morceau-titre "Glittering Jewel", constamment sur le fil), la rage y est davantage contenue, en sourdine, et on entend un début d'apaisement chez cet écorché vif ("Fire Fly", groovy et plus calme, presque méditatif). 

Meditation Tunnel - Glittering Jewel (2018)

  Un remix très correct de cette dernière et un "Silent Son" plus musclé terminent ce bel EP qui promet de jolies choses pour la suite.

Mes morceaux préférés : Glittering Jewel, Fire Fly

Ecouter sur Spotify ou Deezer




Kim Petras - Turn Off The Lights Vol.1

  L'allemande Kim Petras n'est pas une pop star comme les autres. La qualité de sa musique et l'intensité de son interprétation ont déjà accouché de plusieurs tubes certes très sucrés mais des kilomètres au dessus de la concurrence mainstream ("Hillside Boys", "I Don't Want It At All", "Heart To Break") à rapprocher du meilleur de la synthpop bubblegum des 80's, du rnb coquin et sale des années 2000, et du crossover de tout ça avec la culture indé du millième degré (Charli XCX avec qui elle a déjà collaboré, et qu'on verrait bien en feat sur "Turn Off The Light", mais aussi PC Music, Sophie...). 

Kim Petras - Close You Eyes (2018)

  Elle se permet ici de sortir un EP d'Halloween très, très influencé par la French Touch des années 2000-2010, avec beaucoup de passages instrumentaux, preuve de son audace s'il en fallait encore une. Une intro cinématographique très cool ("omen") vient faire de ce disque un plus digne successeur à l'ambiance horror pop de Thriller que n'importe quel clip de Gaga en costume. Et pour le côté French Touch, jugez plutôt : "Close Your Eyes", ce tube, sonne comme les morceaux de The Weeknd produit par Daft Punk, "TRANSylvania" est un putain de banger qui claque fort comme un vieux Justice ou SebastiAn, avec arpèges rétro-futuristes, basse énorme et solo de "guitare" synthétique. Le même genre de grosses basses drive "Tell Me It's A Nightmare", comme si Britney avait choisi de sortir un album chez Ed Banger en 2009. 

Kim Petras - TRANSylvania (2018)

  Et sur la technoïde et rèche (et génialissime) "i don't wanna die..." c'est carrément à Gesaffelstein qu'on pense, tellement ça claque fort. Dans le même genre, la techno industrielle et métallique de "In The Next Life / Boo! Bitch !" est un petit délice. 

  C'était culotté de sortir un EP concept revisitant les films d'horreurs avec une ambiance musicale qui a déjà pris un peu de bouteille, mais c'est tellement bien foutu que ça fonctionne à merveille et que ça confirme tout le bien que je pense de Kim Petras.

Kim Petras - i don't wanna die... (2018)

Mes morceaux préférés : Close Your Eyes, TRANSylvania, i don't wanne die...

A écouter sur Spotify ou Deezer 

Alex




samedi 29 décembre 2018

Earl Sweatshirt - Some Rap Songs (2018)


  Earl Sweatshirt, génie issu du collectif Odd Future, revient deux ans après un incroyable I Don’t Like Shit, I Don’t Go Outside avec ce très concis Some Rap Songs. Dans la lignée musicale de son protégé MIKE, il détourne des samples funk, gospel, soul, les répète jusqu’à l’hypnose, les assaisonne d’électronique et pose son flow désabusé sur ces prods impeccables (« Shattered Dreams »).

  Il y a un petit côté New York old school, presque Wu-Tang, assez lo-fi, sur des morceaux comme les plus classiques « Cold Summers », « The Bends » et l’euphorisant « Ontheway ! ». La déconstruction est parfois poussée un peu plus loin (« Red Water », « The Mint », « Loosie », « Eclipse »), et ces expérimentations sont à la fois excitantes et plaisantes, ce qui est un petit exploit, le paroxysme de cette démarche étant le chef-d’œuvre total « Nowhere2go », à la fois surprenant et émouvant, inventant presque un monde à lui tout seul. Autre grosse réussite, « Riot ! » flippe un sample génial pour un résultat là encore assez grisant.


Earl Sweatshirt - Nowhere2go (2018)

  Entre tradition et modernité, des titres comme « December 24 » ou « Azucar » et « Veins » dans lesquels on entend la proximité artistique avec Tyler, The Creator font mouche. Ces morceaux peuvent parfois donner le tournis, comme le très déstructuré « Peanut » ou « Playing Possum » sur lequel interviennent ses parents, et dans l’ensemble l’écoute de l’album est assez exigeante avec l’aditeur, particulièrement si son oreille n’est pas habituée à autant de déconstruction dans les rythmes, le sampling ou même les flows.


Earl Sweatshirt - The Mint (ft Navy Blue, 2018)

  Néanmoins, ce disque est une incontestable réussite, bardé de morceaux passionnants et assez uniques, qui confirme le statut bien à part d’Earl Sweatshirt dans le monde du rap et plus largement de la musique à la fois populaire et artistiquement pointue.

Mes morceaux préférés : Nowhere2go, Riot!, Ontheway!, Shattered Dreams

Ecouter sur Deezer ou Spotify

Alex


jeudi 27 décembre 2018

Zackey Force Funk - Bodyrock Shotgun (2018)


  Le californien Zackey Force Funk propose un électro-funk descendant directement de George Clinton, Bootsy Collins, Zapp & Roger et Delegation, avec une évidente proximité avec d’autres artistes qui les admirent également comme Dr Dre et surtout Dâm-Funk.

  Et ce disque est un enchaînement sans interruptions de bombinettes funk. Comment ne pas se déhancher sur des morceaux aussi groovy et frais que « Bodyrock Shotgun », « Sail On » ou « El Mero Mero (Remix) » ? Comment ne pas adorer le funk électronique de « Glass Dick Lovin’ » ou les néo-Prince « Satis-Fakshun » et « Money Weighs A Ton » à la première écoute ? Les sons utilisés, volontairement datés mais percutants (comme chez le Calvin Harris cuvée 2007 de I Created Disco), font également le charme de ce disque (« D.O.A .»).


Zackey Force Funk - Bodyrock Shotgun (Clip, 2018)

  Lorsque le chant se fait plus suave, sexy (« Part Time Lover », « Party Fire »), on pense également au meilleur du rnb sensuel et sombre qui aurait rencontré le génie synthétique de 7 Days of Funk, le projet commun de Snoop « Snoopzilla » Dogg et Dâm-Funk. Sur « Last Prayers », on pense même à un croisement avec les prods de Timbaland pour Justin Timberlake, époque FutureSex/LoveSounds. Le côté à la fois contemplatif, presque planant, de l’électronique nocturne de « Sound Advice » ajoute une touche retrowave très sympathique. Et puis tout ça finit en beauté avec un très vicieux « Get The Gun », psychédélique, fun, incisif et créatif.


Zackey Force Funk - D.O.A (Clip, 2018)

  Bodyrock Shotgun est donc un magnifique exemple de création à partir d’un style musical très marqué. Zackey Force Funk arrive à apposer sa patte sur un genre dans lequel tout a déjà été fait, et le fait en apportant sur la table des morceaux inattaquables au groove irrésistible et aux arrangements malins. Une belle performance !

Mes morceaux préférés : Bodyrock Shotgun, Glass Dick Lovin', Part Time Lover, Sound Advice

Ecouter sur Deezer, SpotifySoundcloud ou Bandcamp

Alex

mardi 25 décembre 2018

Ice Cube - Everythang's Corrupt (2018)


  La pochette, sans concession comme à l’époque bénie des premiers albums post-NWA d’Ice Cube, donne le ton : pas de prisonniers, et on fait ça comme à l’époque sans prendre en compte les modes. L’intro tabasse, et débouche sur un furieux « Arrest The President » au texte acéré, porté par une voix ample (vocalement aussi les rappeurs peuvent bien vieillir) sur un beat à la construction old school mais au son mine de rien pas si daté (quelque part entre le piano martelé de Mike WiLL Made-It sur « Humble » de Kendrick Lamar et la fanfare post-dubstep de Hudson Mohawke pour lui-même ou Kanye West, cf « Blood OnThe Leaves »). Ca claque, ça fait du bien, ça challenge l’establishment, c’est tout ce qu’on attendait d’un album de Cube en 2018.


Ice Cube - Arrest The President (2018)

  La même chose se produit sur la violente « Chase Down The Bully », sorte de vieille prod de Dre boosté à l’électronique, avec la même tendance que les vieux Cube à créer des sons inédits en dégradant énormément les samples (cf les guitares de The Predator). « Bag Dope » se permet même une instru épique façon dirty south qu’on aurait davantage imaginée chez Juicy J, Jeezy ou même Lil Wayne, mais que Cube maîtrise à merveille avec un flow prenant en compte les avancées des 20 dernières années dans le domaine. Bon, « Fire Water » se perd un peu en exagération dans le même style, mais ça reste correct. Quelques tics de production estampillés années 2000 sur ces morceaux comme sur « Still in The Kitchen » ou « Everythang’s Corrupt » désarçonnent un peu mais sont plutôt bien utilisés.


Ice Cube - That New Funkadelic (Clip, 2018)

  Les morceaux plus doux sont également très réussis : « Don’t Bring Me No Bag » et son électronique datée à la limite du kitsch fonctionne quand même. « On Them Pills » est pas mal également, mais souffre davantage d’une prod un peu vieillotte. Et puis on a de vraies réussites indiscutables, « Street Shed Tears » qui sonne pour le coup assez old school, est très belle, et débouche sur une partie du disque plus funky assez impeccable : « Ain’t Got No Haters » est une merveille de hip-hop funky, marquant et subtil à la fois, « Can You Dig It » avec ses accents rock, dirty south et funk rappelle quelques bonnes idées du Compton de Dre, et « That New Funkadelic » porte à merveille son titre puisque c’est une tuerie de G-Funk qui ne cache pas son admiration pour George Clinton et Bootsy Collins.

  « One For The Money » et son ambiance théâtrale réussit malgré un rythme down-tempo à envoyer du lourd,  « Non Believers » sonne comme un vieux Timbaland, ce qui est un compliment, et le final « Good Cop Bad Cop » sonne comme un mélange entre ce dernier et un vieux sample de James Brown ; tout cela concourt à donner une fin d’album plutôt solide.


Ice Cube - Good Cop Bad Cop (Clip, 2018)

  Everythang’s Corrupt n’est donc pas le meilleur album de Cube, il n’est pas parfait, mais c’est franchement bien plus que ce qu’on était en mesure de lui demander vu tout ce qu’il a accompli depuis les 80’s, et c’est la magnifique preuve que le rap peut garder son tranchant en vieillissant. Sans featurings, sans autotune, avec une prod volontairement "à l'ancienne", contenant un sacré paquet de morceaux qu’on a immédiatement envie de réécouter, il se rangera sans honte dans une discographie exceptionnelle, et sortira souvent de l’étagère. Une belle réussite.

Mes morceaux préférés : Arrest The President, Chase Down The Bully, That New Funkadelic, Ain’t Got No Haters

Ecouter sur Deezer ou Spotify

Alex

dimanche 23 décembre 2018

Foxwarren - Foxwarren (2018)


  Après l’élégant The Party (2016), Andy Shauf a pu se consacrer au groupe Foxwarren, formé avec trois musiciens fanas de The Band et Paul Simon, et c’est de ces sessions qu’est issu ce premier disque éponyme.

  Sous un aspect plus folk (« I’ll be Alright ») et classic rock (« To Be »), on reconnaît bien la patte de songwriter de Shauf, avec de merveilleuses pop songs d’une pureté inégalable, emplies d’une mélancolie profonde (« Lost In A Dream », aussi douloureusement belle et triste que le 3e album de Big Star).

  Quelques autres influences viennent enrichir ce disque, un peu de krautrock (« Everything Apart »), électronique à la limite de l’ambient (« Lost On You », qui finit presque en classique contemporain), voire même quelques touches de country (« Sunset Canyon ») ou de blues-rock (« Fall Into A Dream », également influencée par les drones psyché de la fin des 60’s) dans un soft rock très appréciable.

Foxwarren - To Be (Clip, 2018)

  Les morceaux plus apaisés sont tout aussi beaux, comme la joyeuse « Your Small Town » ou « In Another Life », qui sonne comme du Tobias Jesso Jr, en encore plus délicat si c'est possible. L’album se conclut de belle façon par « Give It A Chance », très classieux morceau de pop stellaire. Dommage cependant que la fin de l’album soit exclusivement instrumentale, tant le timbre et la diction de Shauf font partie intégrante de la magie de sa musique. Mais ceci dit, miser sur de l’instrumental en 2018 est tellement couillu commercialement parlant que je ne peux qu’admirer que les Foxwarren soient allés au bout de leur choix artistique.

  Ce projet parallèle est donc une belle aventure musicale qui confirme tout le bien qu’on pense d’Andy Shauf. On espère pouvoir encore longtemps entendre des merveilles comme ça de sa part !

Ma chanson préférée : Lost In A Dream

Ecouter sur Deezer ou Spotify

Alex



vendredi 21 décembre 2018

Sunni Colon – Satin Psicodelic (2018)



  Artiste californien, Sunni Colon a été classé un peu tôt sous l’étiquette fourre-tout d’alt-rnb, pour rnb alternatif. En réalité, comme on peut l’entendre sur ce disque, on peut aussi bien parler de pop psychédélique, voire baroque, de rock, de soul, de synthpop et de funk à propos de sa musique.

  Derrière des mélodies imparables, portées par un chant clair d’une douceur totale, se nichent un assemblage délicat d’arrangements variés : synthés, bois, guitares, basse, machines… (« Technicolor », un vrai petit tube estival). Mêlant l’élégance des crooners romantiques de l’après-disco, la créativité des maîtres du P-Funk, l’ampleur sonore du néo-psychédélisme (« Guava »), sa musique se rapproche de ce qui se fait de mieux en ce moment dans le genre : Tame Impala, Frank Ocean, Thundercat, Blood Orange, les frères Jai et AK Paul, Nao, Steve Lacy de The Internet…. On pense d’ailleurs fortement au récent album Hive Mind de ces derniers sur « Baby I Don’t Mind », puisque Sunni Colon arrive à en tutoyer les sommets nu-soul, en digne héritier de Badu et D’Angelo

Sunni Colon - Baby I Don't Mind (2018)

  Ce drôle de mélange de funk, de rnb, et de folk indé fait également les beaux jours de la très belle « Summer Blu » à la rythmique presque brésilienne sur les bords. C’est tellement beau et dense qu’on se croirait chez Tyler, the Creator ou Kali Uchis. On retrouve tout ça, avec quelques touches jazz et bluesy et une ambiance cotonneuse, sur la très belle « Satin PSICODELIC » qui porte à merveille son nom.

  Quelque part entre du rock indé, du smooth jazz et Anderson .Paak, « Mornin Dew » poursuit l’exercice de séduction, et finit en apothéose Pop avec un grand P : ampleur orchestrale soutenu par une synthpop joueuse, de quoi ravir les amateurs de la pop alambiquée mais mélodique de la fin des 60’s.
Mais pour moi le joyau de cet album c’est « Strands of the Future », qui commence très funky et finit sur un climax de rock psychédélique obsédant et libérateur. Une vraie petite merveille que ce morceau.

Sunni Colon - Strands Of The Future (2018)

  Un des plus beaux albums de pop-psyché-rnb-funk-rock-ce que vous voulez de l’année, et même de ces dernières années. Par son langage musical qui transcende les styles pour servir des mélodies impeccables, portées par une voix de satin, cet album est indispensable.

Mes morceaux préférés : Strands of the Future, Mornin Dew, Technicolor, Baby I Don't Mind

Ecouter sur Deezer ou Spotify ou Youtube

Alex




mercredi 19 décembre 2018

Playboi Carti - Die Lit (2018)



  Deux choses très intéressantes rendent ce disque vital. Premièrement, l’énergie punk de Playboi Carti, qui caractérise le Soundcloud rap dans son ensemble : amateurisme total assumé, aucune peur de la répétition, tout est fait au charisme «don’t give a fuck», et ça marche : les concerts sont complets, les foules très jeunes pogotent, suent et hurlent avec l’artiste (à l'imgae de le pochette pleine d'énergie). Mais le deuxième atout, c’est la production novatrice de Pi’erre Bourne, présent ici sur 15 des 17 titres. Avec des synthés qui doivent davantage à l’électro-pop psychédélique de MGMT et aux BO des vieux Zelda qu’à la production hip-hop, ses beats extravagants à la structure éclatée mais pop font des merveilles. A vrai dire, Carti n’a pas grand-chose à faire tant les prods sont déjà excellentes, et il est davantage utilisé comme un instrument de plus que comme le centre de l’attention ici. Ad-libbant plus qu’il ne rappe, il est cependant tout à fait à l’aise sur ces beats peu orthodoxes sur lesquels beaucoup se casseraient les dents, et le duo producteur/rappeur fonctionne ici à merveille.

  Les morceaux les plus oniriques (« Long Time », « Lean 4 Real », « Right Now », « FlatBed Freestyle ») sont aussi réussis que les gros bangers (« RIP », qui tabasse sévère en faisant du surplace,  « Pull Up », « RIP Fredo »), et l’entre deux est bien négocié (« Old money », « Love Hurts », « Home (KOD ) », « Foreign », « TOP »). 

Playboi Carti - R.I.P (Clip, 2018)

  Les invités (Skepta, Travis Scott, Lil Uzi Vert, Bryson Tiller, Chief Keef, Gunna, Young Nudy, Red Coldhearted, Bourne lui-même) apportent une diversité vocale bienvenue tout en étant tous tout à fait à leur place ici, mention particulière à Nicki Minaj qui sonne particulièrement à l’aise sur ces prods, au point qu’on aimerait bien entendre un projet d’elle entièrement produit par Bourne. Sa collaboration sur « Poke It Out » fait partie des grosses réussites plus pop de l’album, avec « Mileage », possédant elle aussi un gimmick synthétique entêtant, « Shoota », et la magnifique « Fell In Luv » qui fait pesner aux plus belles prods du classique Barter 6 de Young Thug

Playboi Carti & Nicki Minaj - Poke It Out (2018)

  On part même parfois presque sur de la trap'n'b (« No Time », « Middle Of the Summer ») tant la douceur pop du son enrobe ces morceaux aux prods envoûtantes.

Playboi Carti & Young Thug - Choppa Won't Miss (2018)

  Belle synthèse de tout ça, « Choppa Won’t Miss » sonne comme un concours de l’ad-lib la plus pétée, entre Carti et Young Thug justement, sur une musique proche de la BO d’Ocarina Of Time sous marijuana. C’est à la fois ludique, hypnotique, fun et mélancolique.

  L’album dans son ensemble est donc une sacrée réussite, et le duo Carti/Bourne prouve qu’il est à la pointe de ce qui se fait de plus fun, obsédant et cool dans la trap, versant psychédélique et pop. Un petit bijou WTF à découvrir absolument.

Mes morceaux préférés : Long Time, RIP, Poke It Out, Mileage, Fell In Luv, Choppa Won’t Miss, Lean 4 Real, Foreign

Ecouter sur Deezer ou Spotify

Alex


samedi 15 décembre 2018

Space Afrika – Somewhere Decent To Live (2018)



  Il est délicat de parler d’un disque comme celui-ci. Parce que l’électronique planante, proche de l’ambient, du duo anglais Space Afrika, se contemple et se vit, en immersion, plus qu’elle ne se décrit. Sur « Uwëm/Creation », de longues nappes de synthés soutenus par une pulsation presque cardiaque précèdent une house froide mais réconfortante, à la fois grandiose et intimiste, à la fois introspective et évoquant la grandiloquence de films de SF. L’impression de cocon sonore, de grands espaces en 3D, est à la fois facteur de réconfort et de déstabilisation, c’est cette ambivalence qui forme la puissance évocatrice du groupe, qu’il mette en place une deep house revisitée (« Curve ») ou une électronique organique très cinématographique (« Dred », entre BO d’Alien, psychédélisme DIY façon Ras G et irruption de facteurs aléatoires comme chez Autechre).

  On a sans cesse l’impression que cette musique va décoller, car elle reste en tension, en progression, mais ici pas de gros drops ; plutôt des évolutions fluides et élégantes de ces beats en suspension (« Sd/TI »). Le tout reste cependant accessible car tangible en plus d’être cérébral : les vagues sonores de « U+00b1 » semblent provenir des pites inversées d’un banger French Touch, le tout saupoudré de grésillements qu’on associe à l’IDM. Dans ces morceaux, il y a également un peu de la réinterprétation lente, mélancolique et planante de la musique années 80 qui, depuis la BO de Drive à celle de Stranger Things, en passant par la vaporwave, infuse la culture pop (ce qui est audible sur « Gwabh » également).

  On aurait également bien du mal à circonscrire les influences de ce disque, tant sur une seule piste (« Bly », « Oread ») tout y passe : post-punk, néo-dub, house 80’s, electronica 90’s-2000’s, ainsi que le mélange de tout ça popularisé par quelques champions du crossover électronique/pop (Factory Floor, Jamie xx, Four Tet, Etienne de Crécy, le label DFA…).

  C’est donc un album qui, s’il est difficile à décrire, est facile à estimer et à aimer. Relativement accessible car sensoriel, tangible, il est un petit monument d’ambient, hors du temps et des modes, bouleversant et intellectuellement satisfaisant.

A écouter sur Youtube, Spotify, Deezer ou Bandcamp

Alex

dimanche 9 décembre 2018

Patrick Paige II - Letters of Irrelevance (2018)


  Bassiste de The Internet, qui ont sorti un superbe album cette année également, Patrick Paige II évolue dans un univers musical proche de la nu-soul modernisée de son groupe, mais aussi du rnb cérébral de Blood Orange, du hip-hop délicatement teinté de soul, de pop et de psychédélisme de Tyler, The Creator ou du jazz-funk de Thundercat. On pense d'ailleurs très fortement à ce dernier sur "On My Mind / Charge it to the Game", en collaboration avec Syd (chanteuse de The Internet) et Kari Faux.

Patrick Paige II - On My Mind / Charge It to the Game (Clip, 2018)

  Ce disque théorise un mélange entre boom bap chill et smooth jazz, parfaitement assaisonné de vocaux rnb à la D'Angelo ("Voodo", d'ailleurs nommée comme le chef-d'oeuvre de ce dernier). On pense également à l'exubérance symphonique mêlée d'électronique de Tyler The Creator et à la folie rock de Jannelle Monaé sur "Heart and Soul (Interlude)", de même que l'interlude "Voicemail" et ses 808s vintages rappellent autant Tyler que Pharell Williams

Patrick Paige II - Voodo (2018)

  La force de Paige, c'est son habileté à mêler son rnb composite à des instincts jazz, donnant une ampleur et une profondeur immédiate à ces chansons aux ambiances nocturnes et mélancoliques, donnant naissance au passage à des beautés comme "Red Knife" (avec Daisy). Mais même s'il est plutôt contemplatif, ce disque sait également faire monter les bpm et hocher la tête, en témoigne "The Party Song (Do My Dance)" avec ForteBowie, morceau au groove californien irrésistible, ou "Get It With My Niggas" avec Sareal et G Perico. Sur ces morceaux comme sur "The Last Letter" et "Ode To Inebriation", on ressent également un certain classicisme hip-hop très élégant. 

Patrick Paige II - Red Knife (2018)

  Letters of Irrelevance est donc un autre petit bijou issu de la formidable discographie de The Internet, ses membres ayant tous brillé en solo ces deux dernières années. Un très bon alliage de funk, de jazz, de rnb, de hip-hop, de pop et parfois de rock, imposant immédiatement son ambiance nocturne, pensive et nostalgique, dans laquelle on s'engouffre à la première écoute. 

Mes morceaux préférés : The Last Letter, Voodoo, Heart & Soul (interlude), Voicemail, Red Knife

A écouter sur Deezer ou Spotify

Alex



  

samedi 8 décembre 2018

Boosie Badazz - Boosie Blues Café (2018)


  Très bon rappeur, avec un style unique et une oreille musicale affûtée qui lui vaut l'admiration de ses pairs (dont Young Thug), Boosie Badazz a cherché sur ce disque à sortir de sa zone de confort. En effet, le natif de Bâton Rouge, Louisiane, a sorti un album de blues-rap avec ce Boosie Blues Café.

Boosie Badazz - Boosie Blues Café (2018, en entier)

  Si le projet peut surprendre au départ, en entendant les instrumentaux blues minimalistes et organiques, la voix acide de Boosie (on pense à Sky Saxon du groupe de garage 60's The Seeds) et son chanté-rappé très adapté au projet, on se rend rapidement compte de la cohérence de l'album. Qu'il soit dans un blues minimaliste ("Too Good For You", "Where I'm From"), dans un boogie blues-rock ("I'm On My Way"), Boosie fait des étincelles et interagit avec naturel et classe avec le groupe. Et surtout, il utilise sa science des hooks rap pour faire rentrer des gimmicks dans irrésistibles dans nos crânes ("Miss Money"), et apporte une vraie fraîcheur musicale en gardant l'esprit d'épure des prods rap sur des morceaux blues ("Trouble").

Boosie Badazz - Trouble (2018)

  Traversant les époques, et mélangeant les styles, il arrive à un résultat assez unique musicalement avec des titres comme "Devil in My Bedroom" (avec le soulman Big Pokey Bear), entre  blues, rap, garage rock de train fantôme, glam rock théâtral, nu-soul influencée par Parliament/Funkadelic et ambiance voodoo. Il rend également hommage à ses racines (Louisiane) avec des instrus blues certes, mais aussi zydeco sur "I Know How To Have a Good Time"

Boosie Badazz - Devil In My Bedroom (2018)

  Avec quelques détours, folk ("That's Mama"), soul de crooner ("Confused", "Worth It"), rnb à la Marvin Gaye période Midnight Love (1982) sur "Love Yo Family" (et "Rap Star Heaven"), ou une version minimaliste et modernisée de ce son popularisée par Pharrell Williams ("Soul Snatcher"), Boosie rend hommage à la Great Black Music dans son ensemble, et varie admirablement le ton. Les claviers et programmations parfois vraiment datés et kitsch ("Clean Up Man") apportent un petit charme du "fait maison" si on n'a pas de mal avec les pouet pouets, et sur des prods plus électro-funk, comme "Let's Talk About It", ils font des merveille. 

Boosie Badazz - Let's Talk About It (2018)

   En ne se contentant pas de rapper du de vieux blues, mais en fusionnant également les styles, il invente au passage des formes musicales fascinantes, comme sur "Problem" qu'on aurait bien du mal à catégoriser, entre son chant garage rock acide, ses programmations rnb 80's, et son rap sudiste. Encore plus inclassable, "Boosie Blues Café" part d'une electronica 90's-2000's, style easy listening, pour aller dans une direction musicale assez inédite, agréable et intéressante.

  Loin du simple exercice de style, ce disque est une expérimentation ultra-réussie, qui dépasse toutes les attentes qu'on pourrait en avoir, et donne à écouter un artiste à la créativité débridée livrer un disque à la fois profond, émouvant, fun et réellement original, ce qui fait plus que plaisir. La culture musicale de Boosie lui permet de fondre les styles les uns dans les autres avec un naturel désarmant, et donne un résultat accessible pouvant donner envie aux fans de rap et de blues d'approfondir l'autre style musical. Une belle porte ouverte, et une invitation à oser exemplaire. 

Mes morceaux préférés : Too Good For You, Where I'm From, I'm On My Way, Miss Money, Trouble, I Know How To Have A Good Time

Ecouter sur Spotify ou Deezer ou Youtube

Alex


  


vendredi 7 décembre 2018

The Good The Bad & The Queen - Merrie Land (2018)


  Pour rappel, The Good The Bad & The Queen c'est Damon Albarn (Blur, Gorillaz...), Paul Simonon (bassiste des Clash), Simon Tong (de The Verve), et le batteur Tony Allen (légende de l'Afrobeat ayant joué avec Fela Kuti, mais aussi Sébastien Tellier et beaucoup d'autres). Et ce disque, Merrie Land, c'est la réponse de ce groupe très british, et en particulier d'Albarn, au Brexit. C'est donc selon son auteur la suite grise et désabusée du coloré et exubérant Parklife (1994) de Blur

The Good the Bad & the Queen - Merrie Land (Clip, 2018)

  Du british, il y en a. On se croirait presque chez Baxter Dury sur le single "Merrie Land" avec ce chanté-parlé traînant, ces touches électro-pop ponctuées de cordes élégantes, cette petite mélodie presque enfantine, et ce groove nonchalant. Mais on est bien sur une des compositions les plus délicates et prenantes du sieur Albarn, somptueuse nursery rhymes (comptines anglaises) d'une authenticité bouleversante, qui annonce la merveille qu'est l'album. Dans le même genre, la  malicieuse comptine post-Syd Barret "Gun To The Head" évoque "The Fool On The Hill" ou "I'm The Walrus" des Beatles, autres grands anglais. Plus loin, "Lady Boston" répondra à ce morceau avec un son tout aussi populaire et facétieux. 

The Good the Bad & the Queen - Gun To The Head (Clip, 2018)

  Le son rétro ("Drifters & Trawlers" est très 60's), très classieux et impeccablement produit du disque ("Nineteen Seventeen") sert à merveille des morceaux qui ont tout pour plaire : des arrangements somptueux comme dans une BO de James Bond (ou dans le dernier Arctic Monkeys : surtout sur cette dernière et sur "The Poison Tree"), un groove impeccable presque soul/funk voire jazz assuré par le dieu vivant Allen et par la basse ronde de Simonon (excellence rythmique plutôt rare en pop anglaise davantage portée sur la mélodie), et les meilleures compositions d'Albarn depuis un bail, au moins depuis le très beau Everyday Robots (2014), auquel la délicate "Ribbons" jouée à la guitare non électrifiée, fait penser. Un ska de ville fantôme sur "The Great Fire" rappelle les influences variées qui ont bercées la plupart des musiciens, et montre bien que le meilleur du "glorieux" passé anglais doit pas mal à la richesse culturelle venue d'ailleurs.

The Good the Bad & the Queen - Nineteen Seconds (Clip, 2018)

  A la première écoute, on a l'impression que le groupe joue la même chanson à chaque piste. Mais ce n'est pas péjoratif, et ce pour plusieurs raisons. D'abord parce que cette chanson est bonne. Ensuite parce ce que ce n'est absolument pas le cas après une écoute approfondie. Et enfin parce que cette cohérence dans l'instrumentation, les tempos et même dans le phrasé monotone d'Albarn ajoute à la cohérence thématique et esthétique du disque. 

  Albarn ne peut cependant pas s'empêcher de faire du Albarn et de partir un poil dans tous les sens de temps en temps, avec le vaudeville british sans queue ni tête "The Last Man To Leave" et surtout la géniale "The Truce of Twilight" qui a le cul entre deux chaises : cet album et Plastic Beach (2010) de Gorillaz. Ce titre, comme "Ribbons" ou "The Poison Tree", donnent l'impression d'avoir déjà été entendus dans d'autres oeuvres de l'anglais, leur familiarité immédiate avec le style du songwriter et leur évidence pop leur donnant un côté réconfortant et intemporel.

The Good the Bad & the Queen - Ribbons (Clip, 2018)

  On peut donc parler de réussite totale, pour un disque éminemment british, condensé du meilleur de ce dont Damon Albarn est capable, entouré d'une équipe de tueurs. La perfection pop, en somme. Après autant d'années et de disques aussi différents, c'est un exploit. 

Mes morceaux préférés : Ribbons, The Truce of Twilight, The Great Fire, Drifter & Trawlers, Nineteen Seventeen, Merrie Land, Gun To The Head, the Poison Tree

A écouter par exemple sur Spotify ou Deezer

Alex


jeudi 6 décembre 2018

JID - DiCaprio 2 (2018)


  A ne pas confondre avec la majorité du rap sorti de Soundcloud ces dernières années, le jeune JID a certes la rage de ses pairs, mais musicalement est plus proche des ambitions d'un Kendrick Lamar, son timbre de voix se situant pile entre celui de ce dernier et celui d'Anderson.Paak. Capable de sonner comme un hybride entre ces deux légendes de la West Coast et Lil Wayne sur une prod cinématographique évoquant des images de rue déserte et d'Egypte en carton-pâte ("Slick Talk").

  Ses flows surdoués, agiles et presques aussi rapides que ceux d'un Eminem savent également s'adapter avec fluidité au style de ses invités, que ce soit avec un A$AP Ferg en forme sur "Westbrook", ou un J Cole qui essaie de rattraper son jeune protégé (et y arrive presque, respect) sur le banger hyperactif "Off Deez". Il sait varier son intention en fonction du beat et de l'émotion à véhiculer, et ça donne des résultats prenants ("Just Da Other Day"), même si on pense quand même très très souvent à Lamar ("Despacito Too", "Hasta Luego").

JID - Off Deez (2018)

  Le choix des instrus ne fait pas dans la facilité, avec quelques passages bruitistes/bordéliques mais une prime à la simplicité, avec peu d'éléments en même temps ("151 Rum"), aboutissant cependant parfois à un sentiment de déconstruction qui perd un poil l'auditeur (les interludes parlés fatiguent, et les flow hyper-rapide peut lasser à force). Malgré cette simplicité, les instrus sont variées ("Workin Out" et son jazz de club, "Tiiied" et ses cordes, "Skrawberries" et son beat old school, "Mounted Up" et son minimalisme électronique). En parlant old school, JID mettra tout le monde d'accord avec l'impeccable "Hot Box" en unissant ses talents avec ceux de Method Man et Joey Bada$$ sur une prod intemporelle. 

  Tout le disque n'est pas parfait, mais on a un bon petit paquet de bangers là dedans, et une évidence qui s'impose assez vite : JID est un diamant brut qui est amené à faire de très, très grandes choses. A suivre absolument. En attendant, on se remet cette petite tuerie. 

Mes morceaux préférés : Off Deez, Slick Talk, Westbrook, Just Da Other Day, Hot Box

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex


mercredi 5 décembre 2018

Projet Marina - Echos (2018)


  Projet Marina a tout pour plaire. D'abord ils sont Nantais, et c'est cool parce que finalement je ne connais pas tant que ça de groupes nantais qui me passionnent, et que j'aurais peut-être l'occasion de les voir en live. Mais surtout parce qu'ils ont tout pour eux : une musique puissante et radicale, dans un genre post punk / indus / gothique froid et menaçant, mais avec un côté vicieusement accrocheur dans les mélodies, les rythmiques et les sons, comme les meilleurs Suicide, Cure, Nine Inch Nails, Depeche Mode, et bénéficient d'une production relativement clean moins facile à gérer dans le genre qu'un brouillard lo-fi, mais qui est totalement à leur avantage ici.

Projet Marina - Rage (2018)

  Le premier morceau, "Rage", est mon préféré du projet : beat implacable passant par milles variations, tension qui monte sans se résoudre, prod lancinante et hypnotisante, texte intense et ambigu délivré avec une rage qu'on sent poindre derrière une diction contrôlée, aussi sexuel qu'inquiétant, délivré par un , aussi mal, et une conclusion virtuose. Un peu comme si Paradis s'était mis à faire de l'indus après un bad trip, mais en mieux. L'alliance de chanté-parlé en français et de rock n'a rien à envier à des chouchous de la critique comme les Limiñanas, Etienne DahoBertrand Belin ou La Femme, et arrive tellement bien à égaler (au moins) leur niveau qu'on a l'impression d'entendre un album financé par une grosse maison de disque plutôt qu'une sortie indé (c'est dit ici dans un sens positif). 

  Malgré ce coup d'éclat inaugural, le disque est loin d'être l'oeuvre d'une seule chanson. "Nu Disco" à elle seule ferait d'ailleurs mentir cette phrase, tant elle arrive dans un genre plus synthpop à atteindre à nouveau des sommets Pop sans la moindre concession (on est plus proche des hymnes déviants de Grauzone, Odonis Odonis en plus récent ou des débuts de New Order que d'une new wave tubesque). Et là encore, la construction méticuleuse du morceau (presque kraut) est parfaite. Finalement, je l'aime sans doute autant que "Rage", ça m'apprendra à écrire trop vite. 

Projet Marina - Nu-Disco (2018)

  Qu'on soit dans un drone anxiogène prenant ("Lou Andreas", toxique comme un Bashung sous coke ou un Daniel Darc période Seppuku, période Play Blessures, accompagné par un Velvet Undergound qui se serait mis aux synthés) une coldwave upbeat implacable ("La Louve", ayant le bonheur de me rappeller le premier EP de La Femme, le meilleur de mes chouchous Sealings et le plus sombre de The Drums et de son leader Jonny Pierce en solo), ou dans une divagation psychédélique synthétique belle comme du MGMT (3e album), du Suicide (2e album) ou du Flavien Berger en plus costaud, sur "La Brûlure", on atteint à chaque fois la perfection. 

  Le morceau de bravoure "Comme si", entre indus à la construction patiente (Odonis Odonis là encore, un soupçon de LCD Soundsystem, un peu d'Arnaud Rebotini), acid house dantesque, échos dub bienvenus, et prog synthétique et planant, est une pièce épique et introspective à la fois, comme on n'en rencontre plus tellement depuis la fin des années 70-80 (et c'est bien dommage quand on entend des merveilles comme cette track). On pense qu'"Echo" va suivre le même chemin, mais le groupe a le bon goût de surprendre en accompagnant son électronique contemplative et cinématographique aux basses lourdes par un rock psychotique, avant de finir en apothéose par une origie sonore au rythme qui tabasse sur "Guider ses Pas", à l'esprit presque aussi garage (et psyché) que Thee Oh Sees (on n'est pas si loin du génial projet parallèle Damaged Bug de John Dwyer).

Projet Marina - Guider Ses Pas (Clip, 2018)

  Cet album est un chef-d'oeuvre, il n'existe pas d'autres mots, et ce groupe est une découverte totale (merci à la radio Prun' pour ça, comme quoi il existe encore des radios passionnantes, n'en déplaise aux passéistes), qui s'avère être essentielle. J'ai beaucoup apprécié leurs précédents projets, à côté desquels j'étais évidemment passé, et ils sont également très bons, si vous avez aimé celui-ci je vous encourage à aller sur leur Bandcamp les écouter (lien ci-dessous). Mais ce LP est une véritable consécration artistique sur lequel les Projet Marina se sont dépassés, et qui mérite largement sa place parmi les meilleurs albums de l'année.

Mes morceaux préférés : Rage, Nu-Disco, Comme Si


Alex