La chronique d'Alexandre :
Le dernier Metronomy est enfin sorti, et dès le titre la couleur est annoncée, Summer '08 sera nostalgique de cette période qui a vu le groupe s'envoler vers les sommets avec le désormais classique Nights Out. Et ça se ressent dès le premier morceau, « Back Together », qui introduit l’album par un synthé très vintage, avant de virer totalement
électro-rock façon 2008 justement, entre The Rapture et Franz Ferdinand, mais
avec l’identité Metronomy. Ce morceau résume bien l’album, car il sonne comme
ce que Mount faisait entre son 1er album sous le nom de Metronomy et
le chef-d’œuvre Nights Out, ce qui est à la fois plaisant car c’est bien fait
et confortable et frustrant car on l’a déjà entendu et en mieux.
Cependant, la
deuxième moitié du morceau est sublimée par un lumineux disco hédoniste, avec
un petit clin d’œil à un autre hit électropop de 2008, « Divine » de
Sébastien Tellier. Tout l’album sera de cet acabit, un mélange à la fois plaisant
et frustrant de morceaux qui auraient pu sortir il y a 8 ans, mais magnifiés
par quelques éclats de génie.
La suivante, « Miami
Logic », semble un mélange entre les sons du morceau « Nights
Out », de la rythmique de « Heartbreaker », et des excentricités
vocales de « Holiday » en plus soft, pour un résultat là encore très
plaisant mais un peu décevant si on n’arrive pas à oublier les morceaux
précédents. « Old Skool » est un peu différente, sa disco rythmée par
les cowbells et une basse encore une fois mémorable, et son pont en scratch,
semble déjà plus inédite chez Metronomy.
C’est encore un beat très disco
qui ouvre « 16 Beat », qui va pourtant très vite virer plus new wave
et sombre, pour un résultat réussi. De même que « Hang Me Out To
Dry », très électro-pop, une bonne pop song en duo avec Robyn, évoque le français Breakbot (surtout son excellent dernier album sorti cette année). « Mick
Slow » rappelle quant à elle encore pas mal de morceaux de Nights Out mais
son ambiance solitaire et mélancolique transcende les comparaisons. « My
House » avec son orgue poursuit cette ambiance nocturne en rappelant
davantage Love Letters par son orchestration plus pop, et introduit pour la
nouveauté un petit grattement de guiro.
Love Letters et The English
Riviera sont encore conviés sur la suivante, « Night Owl », sans doute
ma favorite de l’album, un genre de soft rock dépressif, solitaire et
noctambule qui poursuit vraiment l’ambiance installée par les derniers titres
et révèle tout l’intérêt de cet album conçu seul par Mount. « Love’s Not
An Obstacle » et « Summer Jam » (qui rappelle Tellier aussi)
cloturent l’album sur la même touche, avec cependant moins de panache.
Bref, ce disque se savoure comme
un plaisir simple, solitaire, et de nuit de préférence. Il vaut aussi mieux
oublier les grandeurs passées du groupe pour pouvoir pleinement l’apprécier.
Mais une fois cette barrière mentale passée, reste un bon album qui s’apprécie
en tant que tel. Ce qui pose l'intéressante question de la façon dont nous abordons une oeuvre, musicale ou non.
Tenons nous compte de nos pré-requis culturels en général et sur l'oeuvre de l'artiste en particulier ? Intellectualisons nous tout et comparons nous tout ou laissons nous une place à l'appréciation pure et simple, "sensuelle" ou "sensorielle" de l'oeuvre, sans penser plus loin. Est on dans le désir et l'attente de quelque chose de grand, de bouleversant artistiquement et peut-être d'inaccessible ou alors dans la simple jouissance épicurienne d'une oeuvre qui a de quoi procurer un certain plaisir brut ? Vous répondrez (ou pas) à tout ça en écoutant cet album.
Alexandre
La chronique d'Etienne :
Tenons nous compte de nos pré-requis culturels en général et sur l'oeuvre de l'artiste en particulier ? Intellectualisons nous tout et comparons nous tout ou laissons nous une place à l'appréciation pure et simple, "sensuelle" ou "sensorielle" de l'oeuvre, sans penser plus loin. Est on dans le désir et l'attente de quelque chose de grand, de bouleversant artistiquement et peut-être d'inaccessible ou alors dans la simple jouissance épicurienne d'une oeuvre qui a de quoi procurer un certain plaisir brut ? Vous répondrez (ou pas) à tout ça en écoutant cet album.
Nouvel et cinquième opus du groupe anglais originaire de Totnes, Summer 08 est... MERDE, F*** les articles objectifs : Metronomy for ever ! Mon groupe fétiche par dessus tous !
Voilà un album qui me serait certainement passé inaperçu, si il n'avait pas la signature "Metronomy", au vu de ses compositions mélodiques simplistes, ses ambiances sans grande originalité et d'une production manquant d'ambition, laissant ce goût d'inachevé dans l'oreille. Rien de brillant. Pas de hits. Un album que l'on pourrait qualifier de nietzchéen.
Un album nietzchéen, non dans le sens tragique du terme comme le serait le mythe de Sisyphe, mais plutôt comme une représentation de l'Eternel retour du même, cher à Nietzsche, dans le mesure où il marquerait la fin d'un cycle qui reviendrait à son origine, celui de l'album qui l'a vu naître aux yeux de tous, Nights Out, auquel le titre Summer 08 fait référence à l'été suivant la sortie de cet album, en 2008. C'est le retour à une composition plus spontanée, moins stéréotypée, moins parfaite, plus simple. Tant dans les paroles beaucoup plus naïves et détachées, que par la production plus électronique, répétitive, aux airs de "dance music" dans les rythmes et la construction des morceaux.
Il y rejoint Nights Out à bien des égards, à ceci près que Joseph Mount y est ici omniprésent et que la folie douce a été remplacée par la mélancolie d'un album beaucoup plus intimiste, personnel et poignant. Un album solo quasiment, teinté d'un nostalgie portée par des influences très 80's, dont le titre fait là aussi certainement référence et notamment visibles sur "16 Beat".
Il y rejoint Nights Out à bien des égards, à ceci près que Joseph Mount y est ici omniprésent et que la folie douce a été remplacée par la mélancolie d'un album beaucoup plus intimiste, personnel et poignant. Un album solo quasiment, teinté d'un nostalgie portée par des influences très 80's, dont le titre fait là aussi certainement référence et notamment visibles sur "16 Beat".
« Que dirais-tu si un jour, si une nuit , un démon se glissait jusque dans ta solitude la plus reculée et te dise : « Cette vie telle que tu l’as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d’innombrables fois ; et il n’y aura rien de nouveau en elle, si ce n’est que chaque douleur et chaque plaisir, chaque pensée et chaque gémissement et tout ce qu’il y a d’indiciblement petit et grand dans ta vie devront revenir pour toi, et le tout dans le même ordre et la même succession […]. L’éternel sablier de l’existence ne cesse d’être renversé à nouveau – et toi avec lui, ô grain de poussière de la poussière ! »
-Nietzsche -
Et par ce même processus, cet album se réécoute en boucle, se laissant aimer à l'infini. On y découvre des titres fabuleux tel "Mick Slow", des synthés magiques, comme sur "Night Owl", qui à l'instar de son titre évoque leur album Nights Out et les "pouet-pouet" de "Radio Ladio". On y découvre aussi des références, notamment à Sexuality, de Sébastien Tellier, avec "Summer Jam", ou "Back Together" évoquant "Divine", mais aussi à Prince sur "Miami Logic".
Un album qui ne relève pas du génie mais d'un artiste hors-pair qui trace son chemin, aimant à revivre sa discographie à l'image de l'Eternel retour.
Etienne
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