Cette semaine, la pop française est à l'honneur avec un classique du genre par jour jusqu'à dimanche. Des disques qui nous tiennent particulièrement à cœur et que nous considérons comme des classiques indépassables dans leurs genres respectifs.
Je disgresse quelque peu de la thématique portant sur la pop, en vous proposant ce qui est probablement le plus remarquable album de funk français. Oeuvre d'Alain Mion, unique compositeur de ce magnifique chef d'oeuvre qu'il enregistra en 1975, avec sa toute nouvelle formation Cortex, fondée un an plus tôt.
Troupeau bleu c'est d'abord une culture jazz, funk et soul, celle d'Alain Mion, pianiste jazz de formation, dont les influences vont de Les McCann à Ray Charles dont il est fervant passionné, utilisant le fameux et chaleureux son d'un Fender Rhodes. C'est aussi celle des années 70 où le décloisement musicale est en plein essort grâce à des Miles Davis et des Herbie Hancock. Mais c'est aussi des rythmes entre funk et jazz, proches du jeu de Six Hooper des Crusaders, impulsé par Alain Gandolit. Mu par cette dynamique musicale états-unienne, qui a du mal à se propager en France, se rassemble ainsi le duo fondateur de Cortex.
Viendra alors se greffer saxo alto, basse et percussion dans un projet initialement instrumental, chose que l'on entend très bien en deuxième partie d'album, notamment sur les magnifiques Huit octobre 1971 et Chanson d'un jour d'hivers). Sur ces titres viendra alors se greffer le chant de Mireille Dalbray et Lilian Davis. Ainsi, au lieu de choisir un chant soul, le génie sera de préférer un style pop 60's, réutilisant des caractéristiques vocales propres à la bossa nova, tel qu'Elis Regina, Astrud Gilberto ou la musiques de Sergio Mendes, tout en l'adaptant à la langue française, créait un style inédit et quasi surréaliste, à l'instar de cette pochette et du titre de l'album. Culminant sur les titres La Rue pour le versant funk, L'Enfant Samba pour l'inspiration brésilienne et Troupeau Bleu ainsi que Automne, reprise d'un chant scout, Colchique dans les prés, pour la pop.
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Alain Mion |
Contraint par un budget serré, l'enregistrement doit alors se dérouler en seulement deux jours intensifs de juillet 1975. Comme toujours, rien ne se passe comme prévu, le bassiste quitte le groupe quelques jours avant d'aller en studio pour suivre sa femme en Asie, il sera alors remplacé au pied levé par un nouveau bassiste, Jean Grevet, tandis que Lilian Davis part en tournée avec Claude François, laissant Mireille Dalbray seule au chant. C'est pourtant dans ce contexte, propice à l'improvisation, qu'accouchera le sublime chef d'oeuvre que je vous laisse le soin de (re)découvrir.
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En Bonus, un très bon petit reportage sur l'utilisation de la musique de Cortex dans le hip-hop, notamment américains. On y découvre un Alain Mion quelque peu vieille école.
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En Bonus, un très bon petit reportage sur l'utilisation de la musique de Cortex dans le hip-hop, notamment américains. On y découvre un Alain Mion quelque peu vieille école.
Etienne
Sources :
- Alain Mion pour Redbull Academy (janvier 2017)
- Alain Mion pour Fonkadelica (juin 2006)
- http://www.alainmion.com/