Si vous suivez un peu ce blog, vous connaissez mon goût pour la pop qui joue avec l'électronique, ou l'électronique qui essaie de se la jouer pop, en tous cas pour ces moments rares et beaux où les deux genres se rencontrent, se frictionnent et donnent des étincelles, utilisant les infinies possibilités des machines pour agrémenter de textures riches, et ainsi rendre uniques et inimitables, de grandes pop songs. Rose Gold, de l'artiste américaine Kitty, est un de ces rares moments.
On atteint en effet une forme d'apesanteur irréelle dès l'intro, "Counting All the Starfish", une douce rêverie psychédélique et expérimentale, hors du temps et de l'espace, qui pourrait durer une éternité. Le beat profond et les synthés épars de "Disconnect" partent de cette vibe aquatique et psyché pour aller vers une électro-pop dansante, portée par une ligne vocale mémorable. On pense à beaucoup de belles choses plus ou moins récentes (Grimes, Jessy Lanza, Junior Boys, Crystal Castles...), mais ce projet a une identité propre, aussi forte que difficile à définir. Et ce morceau est un tube, ou devrait en être un. Autre morceau que tout le monde aurait dû passer en boucle tout l'été, le très club et parfait "Mami", house un peu French Touch, un peu Grimes.
Kitty - Disconnect (Clip, 2019)
Dans le même genre, "Sweat" et "Look Demure" font également mouche, jouant le clair obscur, entre électro accrocheuse presque EDM à la prod épurée, pop chatoyante, rnb sensuel, et IDM mélancolique. Les influences plus hip-hop et rnb qui traversent l'album sont particulièrement mises en avant dans "Strange Magic", entre Madonna, Nelly Furtado, et MIA, citant les Spice Girls avec l'aplomb des Pussycat Dolls. Ainsi que sur la funky "Florida" en collaboration avec son compagnon Sam Ray.
Un pas de plus vers la pop, "B.O.M.B. (Peter)" n'est pas si loin de groupes que j'adore comme Niki & The Dove, Radiation City ou Asteroids Galaxy Tour. La synthèse parfaite de ces démarches se trouvant sans doute sur "Medicine", glorieuse synthpop néo-80's avec Ricky Eat Acid.
Kitty - Mami (Clip, 2019)
Quelques instants contemplatifs parcourent l'album, comme "Kitty's Farm", délicieux interlude instrumental qui rappelle que Kitty a composé quelques BO de jeux vidéos, ou "Don't Panic Interlude", qui porte bien son nom, et rappelle avec beauté l'intro tout en y injectant une dose de pop indé et de trip-hop 90-2000. "The Window", avec son groupe American Pleasure Club, est une ballade mélancolique de pop-rock indé majoritairement acoustique, et c'est une beauté totale.
Bref, ça sonne cliché, mais ce disque est un voyage. Installez-vous bien, écoutez-le sans rien faire d'autre, dans le noir, avec un bon son, et vous me remercierez. Cet album est riche, fourmille de détails, et se révèle au fur et à mesure des écoutes. Et à mon humble avis, c'est une des meilleures choses qui soient arrivées à la pop cette année, voire cette décennie.
Alex
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