J'ai adoré For Emma, Forever Ago (2008), le premier album entre folk et pop indé d'un Justin Vernon au cœur brisé sous le nom de Bon Iver (il a sorti pas mal de choses avant, que je n'ai pas pris le temps d'écouter). J'ai ensuite trouvé dans l'EP Blood Bank (2009) à la fois un digne prolongement de ce chef-d'oeuvre inaugural, et à la fois une porte ouverte vers une infinité d'expérimentations excitantes avec le gospel autotuné de "Woods", qui ouvrira à elle seule les portes du hip-hop et de la pop électronique à Vernon, collaborant par la suite avec tout le monde de Kanye West à James Blake en passant par Swamp Dogg. Outre ces collabs, il a entre temps produit des albums pour de nombreux artistes et groupes, et sorti certains projets parallèles sous les noms Gayngs, Volcano Choir ou Big Red Machines.
Entre folk, pop indé, et soft-rock, le très printanier et lumineux Bon Iver, Bon Iver (2011) donnait une ampleur convenant autant aux grands espaces américains qu'au stades à la musique de Bon Iver, tout en poursuivant les expérimentations pop ("Beth/Rest"). Une éternité plus tard, 22, A Million (2016) appuyait sur avance rapide pour synthétiser toutes ces tentatives électroniques et pop, mûries par les innombrables collaborations et projets parallèles évoqués, et proposait une reconstruction complète de sa musique, dans une démarche proche de celle du Kid A de Radiohead, sonnant comme personne d'autre (à part peut-être les Flaming Lips), et avec le même succès.
Autant dire que cet album, sorti 3 semaines avant la date annoncée, était attendu avec beaucoup de questions. Que faire après avoir fait la révolution ? Reconstruire ? Mais que faire si rien n'avait été détruit, que tout n'était qu'une évolution logique ? Si peu de temps après la dernière réinvention ? Vernon a décidé de s'entourer de collaborateurs, et de continuer dans la même direction. L'album, cryptiquement nommé i,i, sonne donc comme un énorme bilan, une belle synthèse, de toute la discographie de Bon Iver. Et c'est très beau.
J'avais un peu peur que ce soit le disque de l'autosuffisance, le disque qui commencerait à tourner en rond. Mais la fluidité et l'évidence avec laquelle Vernon et ses collaborateurs mélangent les différents styles et sons au service de ses chansons, tels des remixes de remixes de chanson folk, sont une preuve de maturité artistique indéniable et donnent des résultats bluffants sur la longueur d'un album. Car si peu de chansons se détachent, c'est parce qu'on a bien affaire à une oeuvre qui est davantage que la somme de ses parties. Ici, chaque morceau gagne en profondeur encadré par ses voisins de tracklist.
Il y a mille choses à entendre : du folk, de la pop, du rock indé, du soft-rock, de l'électronique expérimentale, de l'autotune, du jazz, des voix triturées, découpées, hachurées, du classique contemporain parfois très abstrait, du gospel... Difficile de décrire précisément une chanson en particulier tant elles prennent des détours, se nourrissent d'influences contradictoires et pourtant harmonieuses au final.
Tout ce que je peux faire c'est vous inviter à écouter l'album pour vous faire votre propre avis. Alors certes, je pense que c'est l'album de Bon Iver que j'aimerais le moins personnellement, en tous cas pour le moment, parce qu'il manque probablement un peu de la tension qui animait les précédents, c'est le lot de cet album apaisé et ensoleillé. Mais s'il est en dernière place de mon classement personnel, c'est uniquement parce que ses autres LP sont absolument parfaits, mais en lui-même, il est très bon. Et si je me fie à internet je suis en minorité à avoir cet avis. Donc foncez l'écouter quand même, il vaut le coup.
Mes morceaux préférés : Holyfields,, Hey Ma, U (Man Like), Naeem, Jelmore, Sh'Diah
Ecouter sur Deezer, Spotify ou Youtube
Bon Iver - Jelmore (Clip, 2019)
Entre folk, pop indé, et soft-rock, le très printanier et lumineux Bon Iver, Bon Iver (2011) donnait une ampleur convenant autant aux grands espaces américains qu'au stades à la musique de Bon Iver, tout en poursuivant les expérimentations pop ("Beth/Rest"). Une éternité plus tard, 22, A Million (2016) appuyait sur avance rapide pour synthétiser toutes ces tentatives électroniques et pop, mûries par les innombrables collaborations et projets parallèles évoqués, et proposait une reconstruction complète de sa musique, dans une démarche proche de celle du Kid A de Radiohead, sonnant comme personne d'autre (à part peut-être les Flaming Lips), et avec le même succès.
Autant dire que cet album, sorti 3 semaines avant la date annoncée, était attendu avec beaucoup de questions. Que faire après avoir fait la révolution ? Reconstruire ? Mais que faire si rien n'avait été détruit, que tout n'était qu'une évolution logique ? Si peu de temps après la dernière réinvention ? Vernon a décidé de s'entourer de collaborateurs, et de continuer dans la même direction. L'album, cryptiquement nommé i,i, sonne donc comme un énorme bilan, une belle synthèse, de toute la discographie de Bon Iver. Et c'est très beau.
Bon Iver - Hey Ma (Clip, 2019)
J'avais un peu peur que ce soit le disque de l'autosuffisance, le disque qui commencerait à tourner en rond. Mais la fluidité et l'évidence avec laquelle Vernon et ses collaborateurs mélangent les différents styles et sons au service de ses chansons, tels des remixes de remixes de chanson folk, sont une preuve de maturité artistique indéniable et donnent des résultats bluffants sur la longueur d'un album. Car si peu de chansons se détachent, c'est parce qu'on a bien affaire à une oeuvre qui est davantage que la somme de ses parties. Ici, chaque morceau gagne en profondeur encadré par ses voisins de tracklist.
Il y a mille choses à entendre : du folk, de la pop, du rock indé, du soft-rock, de l'électronique expérimentale, de l'autotune, du jazz, des voix triturées, découpées, hachurées, du classique contemporain parfois très abstrait, du gospel... Difficile de décrire précisément une chanson en particulier tant elles prennent des détours, se nourrissent d'influences contradictoires et pourtant harmonieuses au final.
Bon Iver - Naeem (Clip, 2019)
Tout ce que je peux faire c'est vous inviter à écouter l'album pour vous faire votre propre avis. Alors certes, je pense que c'est l'album de Bon Iver que j'aimerais le moins personnellement, en tous cas pour le moment, parce qu'il manque probablement un peu de la tension qui animait les précédents, c'est le lot de cet album apaisé et ensoleillé. Mais s'il est en dernière place de mon classement personnel, c'est uniquement parce que ses autres LP sont absolument parfaits, mais en lui-même, il est très bon. Et si je me fie à internet je suis en minorité à avoir cet avis. Donc foncez l'écouter quand même, il vaut le coup.
Mes morceaux préférés : Holyfields,, Hey Ma, U (Man Like), Naeem, Jelmore, Sh'Diah
Ecouter sur Deezer, Spotify ou Youtube
Alex
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