Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

dimanche 5 juillet 2020

Benjamin Biolay - Grand Prix (2020)


  Le premier single, "Comment Est Ta Peine" donne le ton de ce Grand Prix. Biolay prend de l'ampleur depuis La Superbe, et la presse comme le grand public ont fini, à force de disques pop et personnels et de tournées bien remplies, par comprendre l'artiste et l'accepter comme la grande figure de notre paysage musical national qu'il est. Cette chanson, d'abord, est très accessible, accrocheuse voire tubesque. Populaire. Radiophonique. Ensuite, elle applique le credo "orchestre à la papa sur beat électro" qu'a théorisé ce fan de XTC, avec un mariage électro-rock pas si étrange pour un fan de la pop music anglaise en général et de sa scène pop-rock Madchester influencée par la house en particulier. Le tout sonne également "variété chic" à la Julien Doré ou Juliette Armanet, sorte de pop néo-80's de magazine, aux accents funky (on pense aussi à la French Touch et au Random Access Memories des Daft Punk).  

Benjamin Biolay - Comment Est Ta Peine (Clip, 2020)

  Et cette orientation est bien présente sur le reste du disque. Comme "Visage Pâle" et sa guitare insistante -un peu trop répétitive- assez typique de l'époque... Mais je chipote, le reste (texte, mélodie vocale, arrangements...) est brillant. Mention spéciale aux gimmicks (et au solo final) de synthés. Il y a quelques facilités inhérentes au style qui affadissent un peu les morceaux tels que "Comme une Voiture Volée", au refrain certes mémorable mais qui sonne un peu comme du BB Brunes période synthés (en étant un peu taquin). C'est quasi inintéressant sur "Grand Prix", très plate, et "Papillon Noir" peu inspiré, qui fait tourner en boucle une idée semi-intéressante façon Clara Luciani (j'ai rien contre elle c'est presque sympa, mais ses morceaux sont vraiment redondants, et trop scolaires : c'est vraiment ce que je reproche aussi à ce morceau de Biolay, il traine et boucle jusqu'à l’écœurement). Bon, et pour mentionner "Vendredi 12", il l'a déjà faite en mieux cette chanson façon Bashung aux cordes pincées, un peu jazzy, c'est pas nul mais pas mémorable du tout. 

Benjamin Biolay - Visage Pâle (2020)

  Le côté rock français (Saez, Noir Désir) d'"Idéogrammes" m'a fait un peu bondir à la première écoute, j'y entends un mélange de trucs discutables (le riff principal, bien gras) et de trucs géniaux (ce refrain qu'on voudrait reprendre en choeur dans une salle de concert ou un pub, ces cloches originales, ces cordes majestueuses, ce final rock orchestral ample et prenant). Au final, plutôt un bon morceau même s'il réveille chez moi quelques traumatismes musicaux (non désolé mais à mon humble avis, "un homme pressé" et "jeune et con" c'est naze, vous ne me ferez pas changer d'avis). C'est marrant, "Ma Route" me fait penser à du Renaud dans la diction en début de morceau, et au final le morceau se révèle très sympathique.

  Bon, là vous devez vous dire que je déteste l'album à ce stade de la chronique. Certes, j'ai évoqué 3-4 morceaux pas passionnants, mais l'ensemble de ce que j'ai cité jusqu'à présent s'écoute tout de même très bien et il y a quelques morceaux vraiment très bons ("Comment est ta peine ?", "Visage Pâle", "Ma Route") et d'autres qui ont fini par être très attachants ("Comme une Voiture Volée", "Idéogrammes"), les autres étant loin d'être affreux et contenant de belles idées. Mais vous auriez surtout tort de penser ça, car toute la fin de l'album est absolument parfaite.

Benjamin Biolay - Où est passée la tendresse ? (Live France Inter, 2020)

  Ca commence par un "Virtual Safety Car" quasi instrumental, aux influences French Touch et Julian Casablancas, ça enchaîne sur la funky "Où est Passée La Tendresse", la très chanson française "La roue tourne", sorte de suite lointaine à "Ton héritage", toutes très réussies : touchantes, dansantes, élégantes, mélodiques, ce sont de grandes chansons. Et puis il y a les deux dernières, deux de mes petits coups de cœur, "Souviens-toi l'été dernier", disco-funk sensuel à l'autotune séduisante (ça lui va très bien à Biolay), et "Interlagos (Saudade)" qui me prend à la gorge avec son riff bossa doux-amer, le chant féminin du refrain qui troue le coeur, et sa rythmique moderne hyper efficace. C'est mélancolique, sexy, ensoleillé, comme un "L'Anamour" moderne, comme un crooner produit par Polo & Pan ou Lewis Ofman. C'est magnifique. 

Benjamin Biolay - Souviens-toi l'été dernier (2020)

  Bref, à la manière de Volver, c'est un disque populaire, un peu inégal mais globalement moderne, accessible et pop, qui tire un peu dans plusieurs directions en même temps, qui offre quelques explorations bienvenues, quelques mélodies instantanément classiques, quelques textes bien sentis, et l'interprétation de Biolay, qui gagne en épaisseur et en charisme à chaque sortie. Un bel album, donc, dont les couleurs estivales font du bien en ce moment.

Benjamin Biolay - Interlagos (Saudade) (2020)

Mes morceaux préférés : Souviens-toi l'été dernier, Interlagos (Saudade), Où Est Passée La Tendresse, Visage Pâle, Comment Est Ta Peine, La roue tourne

Ecouter sur Spotify ou Deezer

Alex



8 commentaires:

  1. Malheureusement, loin de prendre de l'ampleur, Biolay s'effondre artistement depuis La Superbe et cet album bien que moins mauvais que Volver ne déroge pas à la tendance... de gracieux, audacieux, personnel, il est devenu racoleur et artisan à grosses ficelles.

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    1. Je sais pas, c'est un peu court je trouve. Déjà ça omet que Palermo Hollywood est pas si loin derrière La Superbe, et que sur Volver y'a des trucs incroyables comme "Volver" justement, qui pourrait concourir pour ma part au titre de "ma chanson préférée de Biolay". Ici c'est pareil, il y a des fulgurances.
      Finalement les morceaux rock de celui ci c'est à l'aspect New wave de La Superbe qu'ils renvoient d'abord.
      Bref, plutôt que de tout jeter, je trouve qu'en écoutant attentivement et en faisant son tri personnel c'est plutot personnel et c'est dommage de s'arrêter à une opinion style "racoleur et creux"... On ne va pas lui demander de réinventer la pop tous les 2 ans non plus, c'est normal d'avoir des albums plus "pop", plus "directs" (c'est pas si facile à faire en plus, c'est vraiment une démarche, plutôt réussie ici, et pas un "mode par défaut" d'écriture / de composition).
      Bref, ça reste mon avis subjectif mais c'est un bon album qui vaut le coup de s'y attarder, qui mérite sa chance.

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  2. Ah ah .. mon parti sur Biolay est pris depuis un bail, juste après Kennedy. Je n'ai eu aucun mal à emmancher celui là, du premier coup, tranquille.. un disque d'été..ça tombe bien ;D

    ah oui mais nan.. "Un homme pressé"..merdouille, le tempo, le rythme, la balance, une tuerie :D

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    1. Ouais voilà, c'est vraiment bien tombé comme disque : ok quelques facilité (et encore c'est juste pour emmerder que je dis ça, ça reste bien foutu même au plus bas) mais y'a quand même des hauts bien hauts et un ensemble qui colle à la saison et qui reste dans les oreilles

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    2. en fait j'ai entendu aussi qq "facilités".. dans les paroles .. "comme la rosée sur les feuilles.." je ne sais plus où encore, il annonce qu'il écrit des trucs bateaux .. je pense que c'est complètement voulu pour aller dans la lignée d'un disque pop estival, paroles easy sur des airs qui collent.. il parait qu'il est plus difficile d'écrire des choses légères, gaies et excellentes, plutôt que complexes, tristes et cérébrales. Là pas trop à cogiter, direct en bagnole à fond. "Song book" par exemple s'écoute en huis clos, m^me pas besoin de voir le temps qu'il fait, avec un bon whisky :D

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    3. Oui voilà, c'est en partie une direction artistique choisie plutôt qu'une paresse. Ça se défend d'autant plus que le disque sonne très propre, très produit, très bien fini

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  3. Moi je n'y trouve que du beau et du bon, un grand disque d'été ❤

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    1. Plutôt d'accord avec toi malgré mes petites chipoteries ;)

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