Nous y voilà. Je vais vous présenter les 30 disques de 2013 que j'ai le plus apprécié. Encore une fois, ceci reste assez subjectif, et si votre chouchou n'est pas dedans, c'est probablement parce que je n'ai pas eu le temps d'écouter son disque. Je compte sur vous pour me donner en commentaires d'éventuels oublis, et ainsi découvrir de jolies choses !
Au passage, une liste de certains disques que j'ai beaucoup aimés, et certains que je n'ai pas trop eu le temps d'approfondir, mais qui m'ont fait forte impression, est disponible ici, en complément de ce top :
J'espère que vous aussi trouverez de quoi vous satisfaire. Si vous arrivez à dénicher ne serait-ce qu'un seul album ici qui vous plaise, et à côté duquel vous seriez passés à côté sans moi, eh bien je considèrerai ma mission comme accomplie. Bien sûr, la discussion est ouverte, n'hésitez pas à me donner votre avis sur mon top en lui même, tant que c'est respectueux j'accepte toutes les critiques (ou les louanges aussi) avec grand plaisir. Enjoy !
TOP 10
1
Kanye West – Yeezus
Pour celui-ci, je n'ai pas eu trop d'hésitation. C'est très clairement l'album que j'ai le plus écouté cette année, et celui qui m'a le plus marqué, et de loin. C'est son album "punk". Il est dérangeant, et prend l'auditeur à rebrousse-poil. On peut citer la démarche plus minimaliste, la quasi-absence de promo, et une équipe plus resserrée autour de Kanye West, pour appuyer ce que je viens de dire.
Cet album est un bloc de rage, plus ou moins retenue, plus ou moins justifiée (il traite aussi bien de vrais sujets comme les formes modernes de racisme, la situation actuelle de Chicago, que de son impatience quand son croissant ou son massage tardent à arriver...). D'où une ambiance sombre, sale, urbaine, industrielle, souvent sexuelle aussi. Cet album est comme son auteur une somme de paradoxes inexplicables, et c'est précisément ce qui le rend passionnant. Prenez le premier titre de l'album "On Sight", produit entre autres par les Daft Punk (au passage bien plus inspirés sur ce titre ultra-rêche que sur leur trop souvent mou et passéiste RAM), tout électronque et d'une aggressivité folle, et le dernier titre "Bound 2", soulful, joyeux et charmeur à l'écoute (et véritable OVNI sur ce disque tant il détonne par rapport à l'ambiance noire du reste des titres).
Musicalement, on
y retrouve des ambiances de cette frange plus sombre du hip hop :
références musicales à Death Grips, à la drill music de Chicago, à la trap music, et la bass music, mais aussi des échos de
la Chicago House, de la musique industrielle, et même certains de Jamaïque, via des samples ou interventions vocales ragga-dancehall. L'ambiance
dark de l'album est notamment assurée par quelques producteurs bien de chez
nous : Daft Punk, Brodinski, et Gesaffelstein. Et confirmée dans son approche minimaliste par le grand manitou Rick Rubin.
Et puis dedans, y'a Justin Vernon utilisé comme un chanteur rnb, c'est pas génial comme idée ça ?
Enfin bref, un album sombre, puissant, passionnant, intentionnellement provoquant, dérangeant. Qui divise autant que son créateur mégalomaniaque, chez qui on peine désormais à distinguer l'homme, l'artiste et le personnage public qu'il s'est créé. Ce qui est sûr pour ma part sûr, c'est que je trouve ça proprement génial, et que West est devenu en une demi-douzaine d'albums quasi-légendaires pour la plupart, un des artistes pop les passionnants à suivre. Et LA superstar géniale et capricieuse qu'il manquait à notre siècle (vu que Prince est en semi-retraite). L'album devrait avoir un petit frère Yeezus 2, issu en partie des mêmes sessions, à l'été 2014. J'ai hâte d'écouter ce que ça va donner.
"Yeezy season approaching..."
2
La Femme
– Psycho Tropical Berlin
Le coup de pied dans les couilles de la pop française de l'année, rien de moins. Une musique originale, un vrai foutoir post-punk, new-wave, psyché, chanson française, électronique, surf, pop, rock,.... Ecoutez le tube "Sur La Planche", pour vous en faire une petite idée. Et des textes en français qui sonnent comme rarement ils ont sonné. Le chant, francophone, passe aussi bien que si c'était de l'anglais, naturellement, sans forcer, et là encore de manière très personnelle. Vraiment, au niveau de la mise en musique de la langue, ils se posent en dignes héritiers de ceux qui ont réussi à faire sonner un français parfois trop rigide pour la pop : Gainsbourg notamment, et toute la vague des jeunes gens modernes auxquels ils s'identifient. Malgré des textes plus volontiers absurdes voire surréalistes, probablement à certaines occasions sous influence de l'écritre automatique (cf. la gainsbourgienne et magnifique "Hyspoline").
Et de fait, La Femme, si elle poursuit dans cette voie, pourrait s'annoncer comme un des groupes français les plus intéressants depuis Jacno & Cie. Une tension permanente, la fougue de la jeunesse, une rage de vivre, uen ambition et une envie débordantes qui se ressentent dans la musique, à la fois en studio et en concert. Ils ont d'ores et déjà la chanson que Daho essaie d'écrire et composer depuis ses débuts (sans succès, désolé pour lui) : "Nous Etions Deux". Un album qui enchaîne les titres pop réussis, accrocheurs, tout en tensions, exigeants, toujours intéressants, et ne tombant jamais dans la facilité. Et puis c'est le meilleur groupe live de France, mon concert de l'année (et meilleur de toute ma courte vie pour le moment), c'était avec ces tarés cette année. En un mot : Passionnant. Mon disque français de 2013, et de loin.
"Welcome America, fuyez cette femme, Welcome America, fuyez La Femme !"
3
Janelle
Monae – The Electric Lady
Un régal de soul-pop d'une maîtrise totale. Une interprétation parfaite, des compositions impressionnantes, des arrangements ambitieux, de bonnes vibrations, un charisme fou. L'album de la confirmation pour la digne héritière de Prince et Stevie Wonder. De la qualité, accessible, ambitieuse, inventive. Et puis des tubes qui s'enchaînent le long d'un album très homogène et terme de qualité, et cohérent du début à la fin. Que demande le peuple ?
"No, No The Booty Don't Lie"
4
The
Flaming Lips – The Terror
La bande à Wayne Coyne évoluait depuis plusieurs projets vers le foutoir le plus total, et malgré une qualité qui était toujours là (même si déclinante petit à petit depuis Yoshimi et At War With The Mystics), je commençais à me poser de sérieuses questions sur le groupe. Doutes tous balayés par ce superbe album, sorti cette année. The Terror est parcouru de grosses basses aussi grasses que psychotiques, comme sur Embryonic, mais ici les drones et boucles psyché - industrielles se font par magie à la fois plus oppressantes, plus posées, plus en tension, plus planantes (parfois), et plus belles. Un album souvent dérangeant, souvent intiguant, toujours passionnant, et beau du début à la fin.
PS : Je cherche désespérément les 2 chansons bonus. Anybody ?...
"Look... The Sun Is Rising"
5
Arcade
Fire – Reflektor
Que faire quand on est un des plus grands groupes de pop de son époque, et qu'on a évolué en moins de dix ans d'un groupe indé canadien improbable à groupe planétaire faisant partie des plus gros vendeurs de la planète, sans avoir craché sur son intégrité (chapeau) ? Réponse : il faut toujours évoluer. Rester toujours en mouvement, marche ou crève. Comment faire ? On regarde ce qu'on a fait de plus original et de réussi récemment. Sur The Suburbs, entre les morceaux de pop-rock héroïques typiques du groupe, la chanson disco blondiesque "The Sprawl II" a étonné et conquis à peu près tous ceux qui l'ont entendue. Pourquoi pas partir dans cette direction ? Oui, très bien.
Voilà en gros le raisonnement qu'ont dû suivre les membres d'Arcade Fire à la suite de la tournée de The Suburbs. Influencés par leurs concerts dans le Haïti cher à Régine, où ils se sont sentis comme des imposteurs avec leur musique pour blanc-becs, ils veulent faire de la musique non seulement pour l'esprit, mais aussi pour le corps désormais. Pour cela, ils convoquent en gros le grand manitou disco-punk James Murphy, les fantômes de la musique jamaïcaine, des rythmes vaudous, l'esprit chercheur et ouvert des Talking Heads, une mini-apparition vocale de Bowie, et le groove synthético-sexy de Moroder.
Et ça fonctionne. Avec une coloration eighties, les morceaux géniaux pleuvent. Mes deux préférés sont de vraies orgies dance-rock, "Reflektor" et "Afterlife", construits selon le même schéma en crescendo, voire en montagnes russes (James Murphy vous disais-je). Mais tout l'album est de haute tenue, avec des moments étonnants : l'intro génialissime du presque garage "Normal Person", et le dub eighties "Flashbulb Eyes". Un seul bémol pour moi : "Joan Of Arc", malgré quelques bonnes idées, et souvent très ridicules. Mais quand on prend de tels risques, il est normal de parfois se vautrer. Réinvention réussie ! Le parallèle que certains ont fait avec le Kid A de Radiohead est intéressant, en beaucoup moins radical cependant. Impressionnant.
"Do You Like Rock'n'roll Music ?.... 'Cause I Don't Knoooow If I Do..."
6
Hypnolove
– Ghost Carnival
Cocorico ! Un autre album français dans le top10. On reste dans un registre dance rock, avec un cocktail électro-rock psychotique difficilement descriptible, on peut y entendre du psyché, de la French Touch version Cassius, de la synthpop eighties, du rock psychotique serpentant, des effets presque dub sur des rythmiques techno, une ambiance fête foraine parfois. C'est impossible à retranscrire correctement en mots, pour moi. Je n'ai qu'une chose à dire : allez écouter cet album singulier, intelligent, sexy, et très, très beau.
"We want it simple, classic, beautiful"
7
Nick
Cave & The Bad Seeds – Push The Sky Away
Un disque d'une classe folle. Posé, apaisé, mais toujours avec un charisme fou, des montées de tension. On abandonne les guitare nerveuses, la plupart du temps, pour des boucles plus discrètes, comme sur le magnifique et presque dub "We No Who U R". Un album d'une beauté incroyable, et un des meilleurs de son auteur qui en a pourtant un sacré paquet de très très grands, et qui vieillit-mature avec une élégance rarement égalée. Respect.
"And We Breeze.... It In.... There Is No Need To Forgive"
8
Crocodiles
– Crimes Of Passion
Puisque la pop anglaise est quelque peu morose en ce moment, il faut bien que les américains s'y collent un peu pour compenser, avec par exemple le Long Slow Dance de The Fresh And Onlys, groupe de San Francisco, ou les disques de Crocodiles, également californiens. D'ailleurs, le dernier Crocodiles, "Endless Flowers", était une pure merveille. Celui-ci fait aussi bien, voire mieux, et de façon nettement moins sombre, plus lumineuse que par le passé. A l'ordre du jour : textes ambigus, mélodies qui tuent, grosse production, et références classes (Primal Scream, Jesus & Mary Chain, The Smiths, beaucoup de glam, le post-punk, le shoegaze, et la pop anglaise des eighties et des nineties, mais avec un côté très venimeux et presque dangereux plus américain, et cette ambiguïté sexuelle très glam).
D'ailleurs, côté production, si The Drums ont déclaré que leur groupe n'aurait sans doute pas de raison d'être sans la reverb, je pense que par extension on peut considérer que pour Crocodiles l'univers entier n'aurait aucun sens sans elle, tellement il y en a partout. Mais encore une fois, c'est divinement bien fait, et bientôt vous ne pourrez plus vous passer des hymnes "I Like It In The Dark", à la Primal Scream, "She Splits Me Up" (le tube énorme, quasiment l'équivalent du "There She Goes" des Las pour l'album), et le garage "Cockroach" notamment.
"She Splits Me Up, Yeah She Splits Me Up !"
9
Thee Oh
Sees – Floating Coffin
Alors qu'ils ont récemment annoncé une pause pour le groupe (cette semaine-même), on ne peut que croiser les doigts en espérant qu'elle ne soit pas définitive, tant ce dernier album en date est excellent. Presque voire aussi bon que leur meilleur opus : Carrion Crawler / The Dream. Du rock qui tache, mais tout en nuance, avec un son bien crade comme il faut, divinement interprété avec les tripes.
"And The Dream / Upon My Lips / Is Gettin' Thinner / With Each Day"
10
Vampire
Weekend – Modern Vampires of the City
Encore une réinvention réussie. Un disque classe, délicat, relativement sombre, rempli de grands morceaux, et à la production audacieuse. On passe vraiment par un peu de tout : de la musique irlandaise presque psyché ("Worship You", "Obvious Bicycle"), à un rockabilly électropop complètement dingue ("Diane Young"), aux ballades ("Hannah Hunt"), à du presque-dub ("Ya Hey"), à du presque indus ("Hudson"), et de l'inclassable gospel-pop de chambre ("Young Lion"). Génial, et addictif !
"Wisdom's A Gift But You'd Trade It For Youth"
TOP 20
11
Franz
Ferdinand – Right Thoughts, Right Words, Right Action
Retour gagnant pour les Ecossais, un album dansant, festif, aventureux, pop, accrocheur, et toujours rempli de ce second degré si caractéristique. Au final, un disque classe à ranger, avec leurs trois autres grandes réussites, très près de la platine. Parce qu'ils y retourneront souvent.
"Oh Come Home / Practically All / Is Nearly Forgiven / Oh ! Right Thoughts, Right Wooords, Right Action / And Almost Everything / Could Fe Forgotten"
12
Foxygen
– We are the 21st Century Ambassadors of Peace And Magic
Moins fou que l'EP précédent, de 2012, ce qui est un peu dommage, cet album est de très très haute tenue. Bien écrit, bien composé, rempli d'idées lumineuses, et là encore très second degré (les paroles de "San Francisco"). De la très grande œuvre de la part de ces orfèvres pop.
"I left my love in San Francisco / That's Okay, I was bored anyway / I left my love in the room / That's okay, I was born in LA"
13
Adam
Green & Binki Shapiro – Adam Green & Binki Shapiro
Un disque de duos génial. On entend évidemment du Lee Hazlewood / Nancy Sinatra, du Gainsbourg / Bardot, du Johnny Cash / June Carter, du Pete Yorn / Scarlett Johansson, ou même du Velvet Underground / Nico. Mais c'est tellement beau, et ces deux-là sont tellement talentueux qu'on oublie tout ça très très vite, et qu'on se fait happer par la splendeur de ce disque. Deux voix magnifiques, des compositions à tomber, des arrangements aux petits oignons, des textes sur la déception amoureuse. Que demander de plus ? Personnellement, je suis au paradis. Je le recommande très vivement à tous ceux qui aiment les chansons pop bien faites, et sublimement interprétées. De haute volée !
"Don't Assume I'm Just Boring / But Morning A Love That's Not For Me / She Used To Stray Like A Bull In My Maze / Just To Make Me Feel Good"
14
Unknown
Mortal Orchestra – II
Ce disque serait facilement dans mon top5 si toutes les chansons étaient du niveau des trois premières "From The Sun", "Swim And Sleep (Like A Shark)", et "So Good At Being In Trouble" (mon tube de l'été personnel). Commencer un album par trois claques comme celles-ci, ça n'est pas donné à grand monde. Le reste du disque est moins pop, moins écrit et plutôt dans une veine rock psyché et funky, réussie mais évidemment moins que les trois merveilles du début.
"Isolation / Can Put A Gun In Your Hand / It can / put a Gun In Your Hand / It Can / Put A Gun In Your Hand / If You Need To / You Can Get Away From The Sun"
15
Jacco
Gardner – Cabinet Of Curiosities
Un petit prodige néerlandais signe un album de pop sixties à tendance psyché d'une classe folle et avec une maîtrise totale. On y entend surtout Syd Barrett, the Left Banke, Phil Spector, the Zombies, mais aussi les Beatles, les Beach Boys, Nick Drake. C'est très très beau, même si un chouia passéiste. Mais à ce tarif là, on ne va pas se priver d'un tel petit bijou.
"When we are to meet again /This feeling's just the same / Every time your presence seems enough to change my name"
16
Factory
Floor – Factory Floor
A l'écoute, il est vite très clair qu'on a là une signature DFA, sans même avoir vu le dos de la pochette. Un disque étonnant, tout en arpeggiators de synthés, où tous les éléments semblent en lutte permanente pour s'imposer au morceau, aussi bien les boucles de synthé, que les rythmes et les éléments organiques. Une voix entre un fantôme de soulwoman, une prêtresse postpunk et Kim Gordon impose même à la boîte à rythme son bon vouloir dans une chanson, par ses "Stop !" intermittents. On retrouve musicalement des traces des collègues de DFA : LCD Soundcystem, The Juan Maclean, et The Rapture (mais en bien moins rock), ainsi que quelques obsessions des gens de ce label : le label Factory, New Order, le postpunk, la disco, Moroder, Kraftwerk, l'acid house, la Chicago House, la techno de Detroit, le premier Daft Punk... En gros : on prend la disco la plus froide qu'ait produite Moroder, on la réduit jusqu'à l'os, au minimum : quelques boucles synthétiques, un bon beat toujours changeant, des voix fantomatiques, et le tour est joué. Fascinant, hypnotique, sensuel. La classe, version dancefloor.
"Did You Feel Like You Were.... Going To..... Fall Back"
17
Petit
Fantôme – Stave
Un disque passionnant, à part, génial. L'auteur est totalement habité, et vit littéralement ses compositions devant nos oreilles émerveillées. Un Christophe électronique 2013, tout en sensibilité. Et musicalement, ça remet en question pas mal de choses produites depuis un sacré moment. Quelle claque ! Ses compositions pop, teintées d'électroniques, sont parmi les plus élégantes qu'on a entendues depuis longtemps, dans un style très personnel. Très très bien, un futur grand de chez nous. Total Respect.
"Suis-je un homme sans courage ? / Suis-je un homme sans horizon ? / Un garçon dans la force de l'âge / A qui on dit : deviens bon"
18
Babyshambles
– Sequel To The Prequel
Un retour assez inattendu, et pourtant de très bonne teneur. J'aurais plus parié sur les Arctic Monkeys à vrai dire, et bien je me suis lourdement trompé. Ce disque est une vraie réussite du début à la fin, même les bonus sont bons. Dans un genre qui certes ne renouvelle rien, entre folk-pop et country-rock, et la petite incartade reggae-dub classique, mais qui est ici exécuté avec tellement d'amour et d'envie que l'on passe un excellent moment à écouter ce disque. Pas de gros tubes à en extraire comme pour le Arctic Monkeys, mais un album autrement plus consistant, réussi du début à la fin. Jolie résurrection, très jolie même !
Amusant : comment composer une chanson ? Prenez "Maybelline" par exemple. Et bien pour la faire, vous prenez une bonne chanson "I Want You", de Bob Dylan, vous enlevez quelques notes à la fin de la mélodie, et vous priez pour éviter le procès.
"All these heartfelt songs and mélodies / My melancholy baby /Are guests that never left my memory / My melancholy girl / Momma said hold your head up high / At the sequel to the prequel tonight"
19
Jonathan
Rado – Law And Order
Un gars de Foxygen (décidément), s'échappe une fois l'album de son groupe sorti, le temps de publier un album solo. Qu'est ce qu'il en ressort ? Un grand album et la confirmation que ce type, en plus d'être prolifique, est génial. Un grand melting pot de plein de choses, qui vont (entre autres) du garage en mode psychopathe, au duo en mode Johnny Cash - Lee Hazlewood (encore) sur "Hand In Mine" la magnifique, au générique de série télé eighties joué de façon (encore) très psychotique : "Pot Of Gold". Album fourre-tout déglingué et génial !
"Put You Hand In Mine / It Will Entice You / Put Your Hand In Mine / And Do Me A Trick"
20
Fuzz –
Fuzz
Du rock heavy à souhait, entre Sabbath et King Crimson, par 3 petit génies de San Francisco dont Ty Segall aux fûts et au chant et Charlie Moothart à la guitare. Pas bourrin de façon gratuite, on sent que les gars sont bien des esthètes, et savent doser tous les éléments de façon parfaite. C'est grandiose du début à la fin, et très impressionnant. Ces gars sont des grands.
"Isolation ! Isolation ! Isolation !"
TOP 30
21
Ras G –
Back On The Planet
Du hiphop expérimental, qui ne ressemble même plus à du hiphop à force. Majoritairement instrumental, il fraye entre plusieurs genres mais sans jamais s'identifier à un seul : psyché, kraut, électronique, avant-garde, musique contemporaine, free-jazz, hip-hop, ambient, dub, indus,.... Cet album est un monde à lui tout seul. Fascinant, incroyablement bon et inspiré du début à la fin. Comme une sensation de rêve éveillé. A écouter le soir, tard, seul pour démultiplier l'expérience. Les amateurs de musique aventureuse et de qualité seront aux anges. Majestueux !
"For All The People Around The World, This Is The DJ"
22
Boards
Of Canada – Tomorrow’s Harvest
Encore un très grand retour. En quelques mots : électronique, planant, froid, Kraftwerk, immersif, intense, de très grande qualité. Un très très bon album à écouter absolument !
"Einz, zwei, drei, vier, fünf, sechs, sieben, acht, neun..."
23
The
Knife – Shaking The Habitual
Electropop version punk. Un excellent album, très intéressant, à la croisée de nombreux chemins : punk, world music, synthpop, et plus encore... Un trip totalement barré et totalement réussi. J'aime être pris à rebrousse-poil, cette année, décidemment.
"For all the guys and the senores / Tell them another sad story"
24
The
Flaming Lips – Peace Sword EP
Décidemment, ils sont très en forme cette année. Après avoir publié le grand The Terror, ils nous offrent ce magnifique EP. Plus pop et apaisé, plus rythmé aussi. Mais toujours mélancolique. Musicalement, c'est très Yoshimi / At War With The Mystics, en plus lo-fi, et en plus psychotique (Flaming Lips récents quoi). L'EP est vraiment magnifique, on est aux anges quand on écoute une telle beauté. La confirmation de leur talent éclatant, et de leur grande forme en ce moment.
"Open Your Heart To Me / I'll Drain The Sun Of Its Light / Open Your Heart And See"
25
My
Bloody Valentine – mbv
Retour encore, gagnant encore. Ils reviennent de loin ! Une des plus grandes arlésiennes de l'histoire du rock, enfin révélée. Et le résultat ? Lumineux, souvent brillant. Je ne m'attendais vraiment pas à ce que cet album soit si réussi. J'espère juste qu'ils mettront moins de temps la prochaine fois.
"Into the night we all come back to / Into the heart it's getting hard /Only tomorrow, the love comes easy"
26
Jackson
& His Computer Band – Glow
J'ai été un peu déçu au début, et puis il m'a totalement conquis. On pourrait presque encore parler de retour (2013 année des comebacks ?), puisque son précédent, le génial Smash, date quand même de 2005. De "Glow", presque animalcollectivesque, chanson pop dérangée de par son accumulation de couches musicales et de références, à la fin de l'album, on est vraiment transportés dans un monde à part. C'est très beau.
"Let Let Leeeet Glow / Come To Meeeee / Let Let Let Let Let Blow"
27
Eleanor
Friedberger – Personal Record
Un très joli disque de pop californienne, ensoleillée. C'est très bien composé, joué, et sa voix me touche beaucoup. Il y a tellement de morceaux qui te restent dans la tête dans cet album... Je ne connaissais pas avant, depuis je suis fan. Je crois avoir lu qu'elle s'était échappée de son groupe pour composer celui-ci. C'était une lumineuse idée !
"That was when I knew / That was when I knew / I was wrong, wrong, wrong all along"
28
MGMT –
MGMT
Une des déceptions de l'année. Je trouve l'album vraiment très bon, mais il aurait pu être encore bien meilleur, si le groupe ne s'imposait pas tant de limites. Ils renient leurs très bons débuts électropop, et s'acharnent à cacher toute trace de mélodie, ou tout ce qui se rapporte à de la pop (beurk, c'est trop facile la pop). Et même en faisant ça, ils arrivent à nous pondre des morceaux très intéressants. Mais diable, quand j'entends des trucs comme "Alien Days", ou la géniale "Plenty Of Girls In The Sea", je me dis que si tout l'album avait tout simplement été composé de chansons pop comme ça, il serait tout en haut du classement.
"There's Plenty Of Girls In The Sea / And Plenty Of Those Are Not Women"
29
Blludd Relations - Blludd Relations LP
Un étonnant album de synthpop, faisant parfois penser à du Metronomy des débuts, et donc très anglais dans l'esprit. Il est très maîtrisé du début à la fin, et totalement original. Ca claque !
"They only want you / They only need you"
30
Volcano Choir – Repave
Et pour finir, des nouvelles de Justin Vernon. Non, pas de Bon Iver cette année, mais ce disque, le deuxième issu de sa collaboration avec le groupe Collection of Colonies of Bees (post-rock), sous le nom de Volcano Choir. Ce disque est vraiment beau, souvent intense, jamais chiant (contrairement à ce que l'étiquette groupe de post-rock véhicule souvent, et parfois à raison). Les compositions sont toujours de la grande œuvre (Vernon quoi), et la production se rapproche plutôt de celle du second Bon Iver. En tous les cas, une œuvre très aboutie, qui confirme le talent de Justin Vernon. Qui était d'ailleurs déjà présent dans ce top, étant utilisé comme un chanteur rnb en tant que guest sur le Yeezus de Kanye West (c'est assez étonnant et totalement réussi). Et très belle pochette !
"Give it another fortnight / Eye to eye the culprit / Just rid the fucking pulpit /
I ain’t giving you another full ride / Underneath the combine / Said it didn’t bump you right / Habitual falling right?"
ALEXANDRE