Les aventures musicales de deux potes

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dimanche 6 août 2017

Lewis Ofman - Yo Bene EP (2017)



  Lewis Ofman est un jeune musicien français, et Yo Bene est son premier EP, sorti cette année en indépendant. Nous avons déjà parlé du génial single "L'Amour au Super U", issu de cet EP, qui nous allons le voir est un très, très bon cru.

  Il est introduit par la très belle "Plaisir", qui égrène une suite d'accords digne des morceaux les plus sophistiqués de la pop sixties (Curt Boettcher, Todd Rundgren, The Zombies...) et de leurs descendants modernes (Jacco Gardner, Dorian Pimpernel...). Mais joué sur un clavier à l'esprit très vaporwave, comme entendu au travers de l'enceinte froide d'un supermaché (impression amplifiée par le sample de voix inaugural et par la pochette évocatrice), rapprochant ainsi la démarche d'artistes pop comme Homeshake et MacDemarco, ce qui est confirmé par l'emploi une guitare sensible et mélodique. Et la touche française, c'est cette pointe d'électro French Touch, façon Tellier, qui habille la deuxième moitié du morceau. Et qu'on retrouve dans "L'Amour Au Super U", magnifique pop song néo-eighties dont nous n'allons pas reparler ici, pour cela je vous renvoie vers mon précédent article

  Après ce superbe début suit "Flash", avec toujours ce groove particulier dû au synthé basse, mais sur un versant encore plus funky accentué par des nappes house, un jeu sur les sons et textures de cowbell rappelant Jacques, et une panoplie de claviers addictifs et dingues : un synthé voix complètement fou à rapprocher de Soft Hair ou Mr Oizo, un synthé tubesque sonnant presque comme un cuivre, un autre comme un orgue, un sample de voix qui dit "yeah!" ou bien est-ce un chèvre ?... Tous ces instruments ont le charme de l'approximation, comme le mellotron en son temps, dont l'intérêt n'était pas tant la reproduction parfaite du son d'un orchestre que le son propre un peu fantomatique et fantasmatique créé par la distance entre le son du clavier lui-même et le son qu'il tentait de reproduire. Ce qui fait ce sel, c'est l'idée d'un son, la vision d'un son rêvé, palpable mais pas tout à fait tangible, qui donne toute la force et la personnalité à l'ensemble.

  "Le Métro Et Le Bus" est la première chanson dans laquelle on entend la voix de Lewis, si on excepte les discrets choeurs de "L'Amour Au Super U". Cette chanson sensible et émouvante est la version 2017, post-chillwave et post-French Touch de la pop fragile, délicate et gracieuse du troisième Velvet Underground, rien que ça. 

  L'album se conclut sur le sautillant et funky instrumental-titre, "Yo Bene", qui est à la fois doux et entraînant, et sur le magnifique "Kythira", qui rappelle l'ambiance sunshine pop revisitée de "Plaisir", mais avec un côté encore plus synthétique, mélancolique, plus 70s-80s que 60s, et aussi avec davantage de références aux musiques de films. 

  Bref, vous l'aurez compris, nous avons été emballés par ce superbe EP, un des meilleurs de l'année, qui permet d'ores et déjà de classer Lewis Ofman comme un incontournable d'une scène pop française et internationale excitante, novatrice et sensible, créant une musique profonde et moderne, qui sait en tirant le meilleur du passé et en le triturant à l'instinct des émotions du présent créer une musique futuriste et belle.


Alex


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