Burna Boy est nigérian, c'est une star, et la tête de proue de ce qu'il appelle l'afro-fusion, genre pas si éloigné que ça de l'Afrobeats (avec un s), qui mêle des éléments hip-hop et rnb, souvent assez modernes (trap, son "à la Toronto"...), avec des musiques dont le pays s'est fait le champion, notamment l'Afrobeat (au singulier, lui-même croisement de traditions musicales africaines, de jazz, de funk, de soul...) et avec divers éléments musicaux empruntés à la diaspora africaine dans le monde (notamment du reggae, du dancehall...), et plus encore (électronique, high life, musiques latines...).
Actif depuis 2010, c'est déjà son 4e album (hors mixtapes et EPs), et sa renommée commence à exploser dans le monde (j'ai même entendu l'album dans un bar), notamment aux USA grâce à quelques collaborations et placements bien vus (notamment sur la BO alternative du remake du Roi Lion, sur laquelle Beyoncé a invité beaucoup d'artistes africains). Et tout ça s'entend : l'album est impeccablement produit, réalisé avec beaucoup de maturité et une direction artistique unique et de caractère.
Burna Boy - Anybody (Clip, 2019)
Les morceaux sont tous très accessibles, et finement produits et interprétés. Entre funk et lounge, la douce mélopée "African Giant" caresse l'auditeur, et fait la transition avec la mélodique "Anybody", à l'irrésistible ambiance funky assaisonnée de smooth jazz 80's (superbe saxo). De manière générale, les élements électoniques, programmés ou synthétiques, sont parfaitement intégrés à d'autres plus acoustiques, comme la guitare de la douce "Wetin Man Go Do", le tout étant produit avec beaucoup de soin, et le contraste entre cette production froide, un peu clinique, et la chaleur de la musique est très intéressant ("Gbona").
En tous cas, beaucoup de morceaux sont mémorables, du rnb délicat de "Dangote" et "Gum Body" (avec Jorja Smith) à la pop funky de "Collateral Damage" et "Pull Up", jusqu'à des morceaux plus sombres comme "Killin Dem". On notera en revanche quelques incursions radiophoniques un peu plus faciles et banales qui rallongent un peu inutilement l'album ("Omo", "Secret", "Different", "On the Low") même si certaines sont génériques mais sympathiques ("Destiny", "Show and Tell" avec Future). Le juste équilibre entre qualité et potentiel radio est d'ailleurs atteignable, en témoignent "Spiritual" et "This Side" avec YG.
Burna Boy - Dangote (Clip, 2019)
Petite ombre au tableau : les meilleurs morceaux sont presque tous au début du disque, et l'ensemble souffre d'une maladie assez commune avec la streaming, une longueur interminable (19 titres quand même).
Malgré tout, c'est un bon album, qui porte haut les couleurs de l'afro-fusion, et met en valeur l'effervescence musicale africaine que les médias occidentaux ont pas mal de mal à nous faire parvenir. Il contient quelques classiques immédiats, un son unique et personnel, a été travaillé avec beaucoup de soin, et c'est déjà beaucoup.
Mes morceaux préférés : African Giant, Anybody, Wetin Man Go Do, Dangote
Alex
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