Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes
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vendredi 1 mai 2020

Tony Allen...

Tony Allen - Wolf Eats Wolf (Clip, 2017)

  Bon, c'est pas une année facile pour les mélomanes. Malheureusement, Tony Allen, sans conteste un des plus grands batteurs et musiciens tout court de tous les temps, nous a quittés. Il a exploré et défriché de nombreux espaces sonores nouveaux, depuis ses débuts de pionnier de l'Afrobeat aux côtés de Fela Kuti à son album jazz de cette année avec Hugh Masekela, en passant par ses albums solo essentiels et ses collaborations électro (Jeff Mills) ou pop décisives avec Damon Albarn ou Sébastien Tellier.

Tony Allen & Hugh Masekela - Robbers, Thugs & Muggers (2020)

Fela Kuti - Water No Get Enemy (1975)

Tony Allen & Jeff Mills - The Seed (2018)

Tony Allen & Damon Albarn - Go Back (2014)

The Good The Bad & The Queen - The Truce Of Twilight (2019)

Sébastien Tellier - La Ritournelle (2004)

Tony Allen - Eparapo (2002)


alex


dimanche 5 avril 2020

Tony Allen & Hugh Masekela - Rejoice (2020)


  Lorsque le génial batteur Tony Allen, qui a contribué à inventer l'afrobeat, un des genres musicaux les plus fertiles et influents du siècle dernier, sort un album, c'est toujours un événement. Alors, lorsqu'il en concocte un avec le trompettiste Hugh Masekela, papa du jazz sud-africain, l'excitation était à son comble. Et les promesses sont au rendez-vous.

  Le jazz se fait funky, groovy ("Robbers, Thugs & Muggers (O'Galajani)", "Never (Lagos Never Gonna Be The Same)", "We've Landed"),  conquérant, à la fois fièrement africain et d'une richesse sans bornes dans ses influences, et la complémentarité des deux hommes est évidente et servie par un line-up à la hauteur ("Agbada Bougou", où la trompette perce le mix et se faufile entre les percussions implacables d'Allen).

Tony Allen & Hugh Masekela - We've Landed (Clip, 2020)

  Le tranchant bop, proto-free, est bien là, et l'on sent l'influence de Miles Davis en creux ("Coconut Jam", "Slow Bones"). Ces instants son agréablement contrebalancés par des morceaux plus funky ou plus cool ("Jabulani (Rejoice, Here Comes Tony)"), et on est agréablement surpris par les arrangements, qui se permettent des claviers voire des synthé basse bien sentis ("Obama Shuffle Strut Blues").

  Rejoice est donc bien le feu d'artifice afro-jazz promis. Malheureusement, entre temps, une sombre nouvelle a entaché notre joie. Masekela est décédé, cet album sera donc son dernier... 

Mes morceaux préférés : Robbers, Thugs & Muggers (O'Galajani), Agbada Bougou, Coconut Jam, Obama Shuffle Blues

Ecouter sur Deezer ou Spotify

Alex


dimanche 1 septembre 2019

Burna Boy - African Giant (2019)


  Burna Boy est nigérian, c'est une star, et la tête de proue de ce qu'il appelle l'afro-fusion, genre pas si éloigné que ça de l'Afrobeats (avec un s), qui mêle  des éléments hip-hop et rnb, souvent assez modernes (trap, son "à la Toronto"...), avec des musiques dont le pays s'est fait le champion, notamment l'Afrobeat (au singulier, lui-même croisement de traditions musicales africaines, de jazz, de funk, de soul...) et avec divers éléments musicaux empruntés à la diaspora africaine dans le monde (notamment du reggae, du dancehall...), et plus encore (électronique, high life, musiques latines...). 

  Actif depuis 2010, c'est déjà son 4e album (hors mixtapes et EPs), et sa renommée commence à exploser dans le monde (j'ai même entendu l'album dans un bar), notamment aux USA grâce à quelques collaborations et placements bien vus (notamment sur la BO alternative du remake du Roi Lion, sur laquelle Beyoncé a invité beaucoup d'artistes africains). Et tout ça s'entend : l'album est impeccablement produit, réalisé avec beaucoup de maturité et une direction artistique unique et de caractère. 

Burna Boy - Anybody (Clip, 2019)

  Les morceaux sont tous très accessibles, et finement produits et interprétés. Entre funk et lounge, la douce mélopée "African Giant" caresse l'auditeur, et fait la transition avec la mélodique "Anybody", à l'irrésistible ambiance funky assaisonnée de smooth jazz 80's (superbe saxo). De manière générale, les élements électoniques, programmés ou synthétiques, sont parfaitement intégrés à d'autres plus acoustiques, comme la guitare de la douce "Wetin Man Go Do", le tout étant produit avec beaucoup de soin, et le contraste entre cette production froide, un peu clinique, et la chaleur de la musique est très intéressant ("Gbona"). 

  En tous cas, beaucoup de morceaux sont mémorables, du rnb délicat de "Dangote" et "Gum Body" (avec Jorja Smith) à la pop funky de "Collateral Damage" et "Pull Up", jusqu'à des morceaux plus sombres comme "Killin Dem". On notera en revanche quelques incursions radiophoniques un peu plus faciles et banales qui rallongent un peu inutilement l'album ("Omo", "Secret", "Different", "On the Low") même si certaines sont génériques mais sympathiques ("Destiny", "Show and Tell" avec Future). Le juste équilibre entre qualité et potentiel radio est d'ailleurs atteignable, en témoignent "Spiritual" et "This Side" avec YG.

Burna Boy - Dangote (Clip, 2019)

  Petite ombre au tableau : les meilleurs morceaux sont presque tous au début du disque, et l'ensemble souffre d'une maladie assez commune avec la streaming, une longueur interminable (19 titres quand même).

  Malgré tout, c'est un bon album, qui porte haut les couleurs de l'afro-fusion, et met en valeur l'effervescence musicale africaine que les médias occidentaux ont pas mal de mal à nous faire parvenir. Il contient quelques classiques immédiats, un son unique et personnel, a été travaillé avec beaucoup de soin, et c'est déjà beaucoup.

Mes morceaux préférés : African Giant, Anybody, Wetin Man Go Do, Dangote

Ecouter sur Deezer ou Spotify

Alex


vendredi 7 décembre 2018

The Good The Bad & The Queen - Merrie Land (2018)


  Pour rappel, The Good The Bad & The Queen c'est Damon Albarn (Blur, Gorillaz...), Paul Simonon (bassiste des Clash), Simon Tong (de The Verve), et le batteur Tony Allen (légende de l'Afrobeat ayant joué avec Fela Kuti, mais aussi Sébastien Tellier et beaucoup d'autres). Et ce disque, Merrie Land, c'est la réponse de ce groupe très british, et en particulier d'Albarn, au Brexit. C'est donc selon son auteur la suite grise et désabusée du coloré et exubérant Parklife (1994) de Blur

The Good the Bad & the Queen - Merrie Land (Clip, 2018)

  Du british, il y en a. On se croirait presque chez Baxter Dury sur le single "Merrie Land" avec ce chanté-parlé traînant, ces touches électro-pop ponctuées de cordes élégantes, cette petite mélodie presque enfantine, et ce groove nonchalant. Mais on est bien sur une des compositions les plus délicates et prenantes du sieur Albarn, somptueuse nursery rhymes (comptines anglaises) d'une authenticité bouleversante, qui annonce la merveille qu'est l'album. Dans le même genre, la  malicieuse comptine post-Syd Barret "Gun To The Head" évoque "The Fool On The Hill" ou "I'm The Walrus" des Beatles, autres grands anglais. Plus loin, "Lady Boston" répondra à ce morceau avec un son tout aussi populaire et facétieux. 

The Good the Bad & the Queen - Gun To The Head (Clip, 2018)

  Le son rétro ("Drifters & Trawlers" est très 60's), très classieux et impeccablement produit du disque ("Nineteen Seventeen") sert à merveille des morceaux qui ont tout pour plaire : des arrangements somptueux comme dans une BO de James Bond (ou dans le dernier Arctic Monkeys : surtout sur cette dernière et sur "The Poison Tree"), un groove impeccable presque soul/funk voire jazz assuré par le dieu vivant Allen et par la basse ronde de Simonon (excellence rythmique plutôt rare en pop anglaise davantage portée sur la mélodie), et les meilleures compositions d'Albarn depuis un bail, au moins depuis le très beau Everyday Robots (2014), auquel la délicate "Ribbons" jouée à la guitare non électrifiée, fait penser. Un ska de ville fantôme sur "The Great Fire" rappelle les influences variées qui ont bercées la plupart des musiciens, et montre bien que le meilleur du "glorieux" passé anglais doit pas mal à la richesse culturelle venue d'ailleurs.

The Good the Bad & the Queen - Nineteen Seconds (Clip, 2018)

  A la première écoute, on a l'impression que le groupe joue la même chanson à chaque piste. Mais ce n'est pas péjoratif, et ce pour plusieurs raisons. D'abord parce que cette chanson est bonne. Ensuite parce ce que ce n'est absolument pas le cas après une écoute approfondie. Et enfin parce que cette cohérence dans l'instrumentation, les tempos et même dans le phrasé monotone d'Albarn ajoute à la cohérence thématique et esthétique du disque. 

  Albarn ne peut cependant pas s'empêcher de faire du Albarn et de partir un poil dans tous les sens de temps en temps, avec le vaudeville british sans queue ni tête "The Last Man To Leave" et surtout la géniale "The Truce of Twilight" qui a le cul entre deux chaises : cet album et Plastic Beach (2010) de Gorillaz. Ce titre, comme "Ribbons" ou "The Poison Tree", donnent l'impression d'avoir déjà été entendus dans d'autres oeuvres de l'anglais, leur familiarité immédiate avec le style du songwriter et leur évidence pop leur donnant un côté réconfortant et intemporel.

The Good the Bad & the Queen - Ribbons (Clip, 2018)

  On peut donc parler de réussite totale, pour un disque éminemment british, condensé du meilleur de ce dont Damon Albarn est capable, entouré d'une équipe de tueurs. La perfection pop, en somme. Après autant d'années et de disques aussi différents, c'est un exploit. 

Mes morceaux préférés : Ribbons, The Truce of Twilight, The Great Fire, Drifter & Trawlers, Nineteen Seventeen, Merrie Land, Gun To The Head, the Poison Tree

A écouter par exemple sur Spotify ou Deezer

Alex