Je ne suis pas un grand connaisseur de David Berman, poète et musicien américain, unique membre permanent des mythiques Silver Jews, groupe culte de rock indé, que j'apprécie beaucoup mais dont je suis loin de maîtriser toute la discographie. Toujours est il que ce talentueux écrivain, grand sensible, apparemment charmant dans la vie, rongé par une dépression tenace depuis des décennies, s'est donné la mort cette année, ce qui est tragique. Juste avant cela, il avait livré cet album avec un nouveau groupe monté autour de lui, les Purple Mountains, et avait même prévu une tournée qui l'enthousiasmait, lui qui était pourtant de son propre aveu terrifié par la scène, s'y sentant illégitime.
Purple Mountains - All My Happiness Is Gone (Clip, 2019)
Et ce disque, putain quel beau disque. Entre rock indé et americana (mélange de folk, rock, country, et autres traditions musicales ricaines, cf "That's Just The Way I Feel" ou "She's Making Friends, I'm Turning Stranger"), impeccablement produit, dynamique, mélodique, la musique sublime les superbes textes désabusés, plein d'humour, d'esprit, de sensibilité et de mélancolie de Berman, et leur offre un écrin réconfortant assez contradictoire, les mettant en valeur de façon étrange et obsédante ("All My Happiness Is Gone", "Maybe I'm The Only One For Me"). Ce mélange des genres, ni totalement pop-rock indé, ni totalement folk, country, blues ou mariachi, est parfaitement en place sur "Margaritas at the Mall".
On pense parfois à Woods ou Kevin Morby tant l'ensemble est riche et inspiré musicalement, arrangé avec profondeur et minutie ("Darkness and Cold"), tandis que les morceaux les plus lents évoquent davantage Bob Dylan et Leonard Cohen ("Snow Is Falling in Manhattan"), ou Johnny Cash et Richard Hawley ("Nights That Won't Happen"). Au détour d'un solo de guitare, un morceau prend toute son ampleur ("I Loved Being My Mother's Son"). Plus loin, c'est une tournure de phrase, ou une ambiance un peu plus 90's, un peu indé, qui rappelle avec nostalgie ses débuts avec Pavement, d'autant plus que Malkmus a lui aussi pris le chemin des grands espace américains avec ses Jicks ("Storyline Fever").
Purple Mountains - Darkness and Cold (Clip, 2019)
Dans tous les cas, ce disque est une beauté. Triste, pleine d'injustice, d'un goût amer d'énorme gâchis. Mais une belle fin pour un grand artiste, qui aura pu toucher un peu plus de gens que d'habitude avec ce chef-d'oeuvre final.
Mes morceaux préférés : All My Happiness Is Gone, Margaritas At The Mall, Darkness and Cold
Alex
Merdouille, c'est lui dans Purple Mountains !!! ce disque est stocké, prévu, et je me demande si j'aurai reconnu Berman à la première écoute. J'ai eu ma grosse période Silver Jews.. ça fait un bail. J'ai vu que Neal Casal avait fait la même chose y'a qq jours...
RépondreSupprimerJe vais écouter ce disque .. Thx
Fonce ! :)
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