Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

lundi 14 juillet 2014

Frankie Valli & The Four Seasons - Can't Take My Eyes Off You Live 1967

 
  Je ne vais pas faire dans l'originalité, mais comme un certain nombre d'entre vous (pas tant que ça apparemment vu le peu de programmations...), je suis allé voir le Jersey Boys de Clint Eastwood au cinéma la semaine dernière. Je ne vais pas vous faire la chronique détaillée du film ici, sachez juste que je l'ai énormément apprécié, qu'il m'a ému comme aucun film ne l'avait fait depuis un certain temps maintenant. Alors oui, il y a des petits défauts, certains choix scénaristiques ou de mise en scène peuvent être discutés (mais c'est tout le temps le cas non ?), et de manière générale je me suis fait la même réflexion qu'à chaque film que j'ai vu récemment, c'est-à-dire "Il manque une heure, une heure et demie à ce film".
 
  A ce propos, je ne sais pas si ce sont les codes de Hollywood (la masse a du mal à ingurgiter un film de plus de 2h30, sauf si c'est un Peter Jackson, au moins un qui arrive à s'imposer sur ce point-là), ou l'effet des séries qui développent de plus en plus des narrations ambitieuses et ce sur un temps beaucoup plus long, mais le constat est là. Je trouve la plupart des films un peu bâclés. Généralement la mise en place est bonne, et puis au milieu ou aux trois quarts du film, tout se précipite et des évènements ou situations qui auraient mérité d'être développés se retrouvent bouclés en 20 minutes avant le dénouement. Mais c'est hors-sujet.
 
  Donc bref, j'ai adoré Jersey Boys, pour tout un tas de raisons. Et avant tout pour la musique sur laquelle se base le film. C'est à dire celle des Four Seasons. Pour être plus précis, celle de Bob Gaudio, souvent cosignée par le producteur Bob Crewe en tant que parolier, et incarnée par Frankie Valli, le charismatique chanteur lead du groupe. Cette musique, directe, accessible, pop, sans détours, sans embrouilles, peut être résumée ainsi : une mélodie qui tue, un chanteur phénoménal, un groupe impeccable, des arrangements ciselés et des chœurs divins. Un peu les mêmes ingrédients qui m'ont fait adorer la pop baroque/psyché/sunshine des sixties triomphantes, et qui font tout le sel de cette pop américaine de très grande classe. Un peu dans la lignée de ce que Sinatra a fait dans ses grands jours (son sommet Watertown a d'ailleurs été en partie composé par Gaudio), avec des chœurs divins (pensez Beach Boys), et un Frankie Valli hallucinant vocalement, entre falsetto haut perché et chant plus grave et rugueux, comme un croisement entre le Sinatra crooner et une version blanche de shouters rythm'n'blues à la James Brown. Fascinant.
 
  Je pourrais vous parler de nombreuses chansons issues de cette formule magique, mais celle qui m'obsède le plus en ce moment, que j'écoute au moins quinze fois par jour dans trois ou quatre versions différentes, que j'ai en tête toute la journée et que je chantonne au travail, c'est celle-ci. Can't Take My Eyes Off You.  Qui apparaît dans une scène-clé particulièrement émouvante du film, d'ailleurs. Et que vous connaissez sûrement dans une autre version (au hasard, Gloria Gaynor, disco). Mais oubliez tout ça, et mettez ce live pour une émission de télé, de 67.

  La chanson d'amour parfaite non ? Si vous n'avez pas les yeux qui brillent, c'est que vous êtes probablement atteint d'un degré assez élevé d'insensibilité (le même test fonctionne avec I am the Cosmos de Chris Bell). A la fin d'une telle chanson, personnellement, je ne peux que sourire bêtement, les yeux un peu humides, claquer des doigts éventuellement. Avoir envie de déambuler seul sous la lumière des lampadaires à Nantes. Appeler un proche, lui envoyer un message d'amour. Aller dans un bar et offrir un verre à qui j'y rencontrerais. Ressentir ce mélange de bonheur béat et de mélancolie lucide qui fait les grands moments de l'existence.
 
Allez, filez m'écouter ça. Et appuyez sur repeat s'il vous plaît.
Et puis si vous êtes sages on parlera de Sherry, ou de Watertown...
 
 
 
Alexandre
 
 

6 commentaires:

  1. Vraiment génial. Je ne connaissais pas du tout, mais la variété d'intensités qu'il propose en 2 minutes est assez remarquable, tout comme sa sublime voix.
    Sinon je ne savais même aps qu'un nouveau Clint Eastwood sortait, et étant donné que comme beaucoup de monde c'est un acteur et un réalisateur que je tient en très haute estime, je risque de le voir un de ces jours :)

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    1. Le morceau original est plus long, t'as 2 minutes de plus ;) Il ne passe déjà plus beaucoup malheureusement, au ciné c'est sans doute raté mais tu auras l'occasion de le voir autrement !
      Clint ne joue pas dans celui-là, il réalise "juste".
      Content que ça te plaise !

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  2. Je sors pratiquement du film (vu hier soir) et je te rejoins en tout point, même les points discutables par moi en général - s'adresser aux spectateurs - passent trèe bien ici, sinon comment repérer Joe Pesci, Hein?
    Et ce titre! Déjà embarqué par la version dans "Voyage au bout de l'enfer" (Avec Christopher Walken, déjà, hum, vrai hasard, là, je crois).
    Je regrette juste l'ajout de saxo dans la version jouée dans le film, cela donnait un drôle de décalage??!!
    Je savais que la période "The Genuine Imitation Life Gazette" serait absente du film, mais elle me manque d'autant plus, qu'avec maintenant le film de Eastwood, j'aurai bien aimé la vivre, comment ce groupe de chanson a pu délibérément se lancer dans une aventure à la sgt pepper?
    Bon, avec ma Dame en sortant du film, nous nous disions que le "Vieux" Eastwood (84 ans cette année!!) en avait sous le capot, un vrai film juvénile.
    Quand je repense au générique de fin ... c'est bien simple, ce film nous a mis dans un tel état de "Feel Good" que nous avons changé nos plans, mangé dans un restaurant Italien, flâné dans Paris (22°), rencontré un Canadien devant un magasin Rochebobois pour l'entendre nous parler de son salon de 30m2, bu un Irish Café etc... July 2014, ho what a night!!
    (Bon, sur mon blog, je dois moi aussi trouver un angle d'attaque pour parler du film et des 4 garçons)
    A suivre et merci

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    1. Oui, de manière générale les emprunts à la narration façon comédie musicale (dont s'inspire le film mais je pense ne rien t'apprendre), qui me répugnent en général, sont tout bonnement géniaux ici. Comme quoi en ciné comme en musique, on peut absolument tout faire, tant que c'est bien employé. Comme les acteurs qui s'adressent au public en effet.

      Oui, j'ai regretté l'absence de cette période aussi, surtout qu'il y avait "la place" scénaristiquement... C'est ce que je dis quand je parle de l'heure et demie de film en plus qu'il aurait largement pu tourner. Mais bon, Eastwood ou pas, il y a des enjeux financiers derrière.

      Tout à fait, je trouvais qu'il prenait un coup de mou en tant que réalisateur depuis Gran Torino, mais là, bim, retour aux sommets, et avec la fraîcheur d'un jeunot en effet. Hallucinant comme ce film est vif, pétillant, émouvant.

      Et c'est ce que j'écris à la fin aussi, j'étais en feel good total de même.... Et c'est finalement plutôt rare à la fin d'un film, pour moi qui suis peu émotif au cinéma.

      Et puis si on tresse des lauriers à Eastwood, n'oublions pas le casting impeccable.

      Merci beaucoup pour ton retour, ça me fait très plaisir ;)

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  3. Je reviens ajouter, histoire de partager les lauriers, que ce film est probablement inspiré de la comédie musicale Broadwayienne du même nom, elle doit avoir apporté une partie de la qualité de l'oeuvre, I suppose

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    1. J'étais au courant, j'en ai parlé dans ma réponse à ton précédent commentaire. Sans doute oui, je me méfie de Broadway en général, j'ai sans doute tort sur ce coup. D'autant que l'angle mafia-New Jersey assez intéressant en vient d'après ce que j'ai compris.

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