Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes
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dimanche 25 novembre 2018

Vaudou Game - Otodi (2018)


   Peter Solo, leader de Vaudou Game, a cherché à rendre hommage à ses idoles musicales sur ce disque, sur lequel on entend un savant mélange de décharges rythmiques façon James Brown et de groove façon Fela Kuti, via une autre légende, son oncle Roger Damawuzan, "le James Brown de Lomé", vétéran du funk togolais ayant par le passé chanté avec Les As Du Bénin (et avec Vaudou Game également), et présent ici sur deux titres (la fantastique "Not Guilty", la géniale "Something Is Wrong"). 

  Le groove liquide et chaud de l'afrofunk d'"Anniversaire" a un feeling digne des meilleurs vinyles que vous pourriez digger, et "Tata Fatiguée" est un tube absolu, avec une guitare épique qui mériterait à elle seule une scène dans un Tarantino. Mais l'album est très varié, avec la disco-funk orchestrale de "La Chose", comme un classique de Barry White ou Isaac Hayes en plus dansant, "Grasse Mat" comme du Shaft en plus vénère, ou "Pas La Peine" dont les choeurs et les synthés évoquent le disco-funk de Francis Bebey, William Onyeabor ou Amadou & Mariam. Plus loin, "Lucie" vire vers la rumba congolaise, "Soleil Capricieux" calme le jeu tout en restant funk, et "Bassa Bassa" apporte quelques saveurs caribéennes dans le mix. 

Vaudou Game - Tata Fatiguée (Clip, 2018)

  La pression ne redescend pas longtemps, et avec des titres funk à la basse implacable comme "Sens Interdit" ou aux guitares acérées comme "Roberto", la tension reste à son comble tout au long du disque, pour redescendre seulement sur le psychédélique et bluesy "Tassi", comme un écho lointain au Dr John des bayous voodoo de The Night Tripper

  Otodi est une formidable détonation, probablement le meilleur disque funk de l'année, et tout depuis les compositions jusqu'à l'interprétation nerveuse en passant par le son impeccable transpire l'amour de la musique et donne à cet album des allures de classique intemporel.

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex



  

mercredi 14 février 2018

Wildflower - Wildflower (2017)


  Wildflower est un trio de jazz anglais formé par Idris Rahman (saxophone, flûtes), Leon Brichard (basse, contrebasse), et Tom Skinner (batterie). Sur cet album, Wildflower, sorti en 2017, le groupe délivre free jazz organique, aéré et spirituel, inspiré selon leurs propres dires par Pharoah Sanders, Alice Coltrane, Yusef Lateef et Sun Ra ainsi que par le jazz modal et diverses musiques traditionnelles asiatiques et africaines (Gnawa, Bengali folk).

  Ma petite préférée, "Flute Song" ouvre le bal. Un morceau aéré, délié, au beat espacé allant crescendo en intensité, à la basse insistante mais souple, et à la flûte obsédante, jouant avec les gammes de l'Asie et de l'Afrique de la plus belle des manières. Une belle illustration du côté cosmique et spirituel qui guide leur musique. Rahman retrouve  son saxophone sur "Where The Earth Meets The Sky", avec une structure équivalente : tandis qu'il égrène ses mélodies célestes et leurs variations free, la batterie marque le beat en s'autorisant quelques fantaisies tandis que la basse garde le cap. 


  De façon intéressante, "Long Way Home" est plus agressive, plus sauvage, plus rythmée, presque jazz-rock, teintée de blues et de psychédélisme sombre. Et au final, très intense. Encore un excellent morceau. Le rythme redescend un peu, mais pas la tension, sur l’intrigante, menaçante et mystérieuse "Other Worlds", dont les explorations sonores divaguent entre jazz New-Yorkais, John Coltrane période Sun Ship et musiques du Moyen-Orient. C'est donc avec étonnement que l'on accueille le morceau suivant, "Hogol", au beat africain et à la mélodie quelque part entre Fela Kuti, Duke Elligton et l'afro-pop des 70's-80's (William Onyeabor, Francis Bebey) qui a inspiré tout un pan de l'art-rock américain et européen contemporains (Talking Heads, Tom Tom Club...). Avec bien sûr, de pertinentes sorties de routes free magnifiquement appuyées par un groove syncopé. L'alchimie et la virtuosité du saxo et de la batterie sont vraiment le gros, gros point fort de ce merveilleux morceau, qui reste accessible malgré sa complexité grâce à l'oreille affûtée des musiciens.

  Une belle reprise de l'intro sur la très pure "Flute Song (Outro)", et nous voilà déjà sortis de ce voyage prenant mais bien trop court. Vous aurez compris que je tiens ce disque en très haute estime, et si je suis déçu de ne pas être tombé dessus à sa sortie l'an dernier, je suis heureux d'avoir fini par l'écouter et je ne peux que vous encourager à faire de même, car c'est vraiment un grand disque de jazz et un grand disque tout court.

mercredi 1 février 2017

François & The Atlas Moutains - Piano Ombre (2014)


  Cette semaine, la pop française est à l'honneur avec un classique du genre par jour jusqu'à dimanche. Des disques qui nous tiennent particulièrement à cœur et que nous considérons comme des classiques indépassables dans leurs genres respectifs.

L'avis d'Alex :

  Avant ce disque, ce groupe était déjà excellent et assez incontournable. Mais cet énorme chef-d'oeuvre (n'ayons pas peur des mots) les a fait passer au niveau du dessus, clairement, c'est un des meilleurs disques de l'époque. Connaissez-vous beaucoup de disques qui commencent aussi fort que celui-ci ? "Bois" est une pièce impressionnante, qui mêle sampling organique, électronique viscérale digne d'Animal Collective, et poésie surréaliste, à des guitares indie rock et un final free jazz. C'est une vraie leçon. A peine remis, on est cueillis par un des singles de la décennie, "La Vérité" et son électro-pop tubesque et raffinée aux oreilles tournées vers l'Afrique, et un côté crooner jazz sur le pont. C'est pop, accessible, bien écrit, joué avec un vrai sens du groove, subtil et intelligent. Ce qui est rare. Y'a même un court et bon solo de guitare à la fin !

  Et ce n'est pas fini. La pop indé est à nouveau au rendez-vous sur "The Way To The Forest", une chanson qui vaut sans problèmes les réussites des contemporains les plus habiles comme Arcade Fire, Beach House, Grizzly Bear ou Animal Collective. Et là on enchaîne avec "La Fille Aux Cheveux de Soie", soit une des plus belles chansons françaises de tous les temps, avec "La Nuit Je Mens", "Où Je Vais La Nuit", "Bien Avant""Initials BB" et "Les Paradis Perdus". Rien à dire sur cette chanson, sa perfection (n'ayons toujours pas peur des mots) parle d'elle-même. Combien d'albums ont un quartet inaugural aussi réussi ? 

  Mais le plus dingue, c'est que la suite est au niveau. L'électro-pop curieuse de "Summer Of A Heart" et "Réveil Inconnu" est impeccable. "La Vie Dure" extrêmement bien écrite et aux accents dub et psyché, est vraiment mémorable. "Piano Ombre" touche, en rappelant habilement "Bois". Tout juste "Fancy Foresight", "Bien Sûr", "Sleepwalker's Town" et "Bus Rouge" me touchent moins et me semblent plus molles, mais j'aurais bien du mal à leur trouver d'autres défauts, c'est juste une question de goût je pense.

  Au final, ce Piano Ombre est un disque magistral, un des meilleurs disques francophones et pop, au moins de l'époque si ce n'est tout court. 
A (re)découvrir absolument ici.


Alexandre

L'avis d'Etienne :

     Acclamé par la presse, l'album n'est pas passé inaperçu en 2014, c'est le moins qu'on puisse dire. Pour le clin d'oeil il était dans le top d'Alexandre, n'hésitez pas à y faire un petit tour ! De ce disque, on a beaucoup entendu "La Vérité". En réalité, c'est l'arbre qui cache la forêt, car cet album est une fôret tropicale, foisonnante de tubes et de pépites. Sa richesse et son homogénéité qualitative y sont tout bonnement hors du commun. Même les titres plus discrets sont parfois les plus remarquables, je pense bien sûr à La Fille Aux Cheveux de Soie qui est probablement une des chansons francophone qui me touche le plus.

     J'en profite pour vous recommander chaudement l'écoute de la version deluxe ici présentée, offrant de magnifiques remix par des artistes en pointe de la musique électronique française/belge tels Isaac Delusion, Petite Noir, Paume ou Toys.


Etienne