Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes
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vendredi 26 juin 2020

LA Priest - Gene (2020)


  Avec les Late Of The Pier, sous le nom Soft Hair en duo avec Connan Mockasin, ou en solo avec Inji, son album de 2015, Sam Dust alias LA Priest est un des rares artistes qui arrive à me toucher à chaque fois qu'il fait un truc depuis 10-15 ans, avec un petit truc en plus, un renouveau, tout en gardant sa patte électro-rock de weirdo magnifique. Ce dernier album, Gene, bricolé en grande partie sur des machines qu'il a lui même construites, continue sur cette lancée magnifique. 

LA Priest - Rubber Sky (Clip, 2020)

  Les guitares, noyées dans le chorus et quelques autres effets aquatiques, sont toujours en avant, appuyées par des basses bien rondes, des beats mécaniques, quelques synthés et bidouillages programmés bien sentis, et par cette voix qui est de plus en plus assurée et tente des choses avec ou sans effets pour l'habiller et la triturer. Le début de l'album est génial, avec "Beginning" comme mise en bouche pour installer l'ambiance et groover d'entrée de jeu, avant l'électro-rock funky et tubesque de "Rubber Sky", sorte de rêve humide de tout auditeur de Radio Nova (et de votre serviteur, par la même occasion), entre Prince, Metronomy, Sly Stone, dub et acid house revisitée façon dance-punk/nu-rave. Alors quand vient le single "What Moves", on est déjà cueillis, et sa pop-funk chaloupé et doucement psychédélique nous termine. 

LA Priest - What Moves (Clip, 2020)

  Il y a quelque chose de très intimiste, vivant, organique, isolé, presque champêtre ou bucolique dans cette musique. Les grésillements, la saturation, les choix de mixage, tout rend la prod pourtant en partie électronique plus vivante que la plupart de celles des groupes à guitare poussés par les grandes majors. C'est un disque de printemps/été, à la manière de quelques McCartney solo(RAM, McCartney III), ça s'entend très bien sur des titres comme le délicat interlude "Peace Lily", mais aussi sur la déchirante "Open My Eyes"

  Le style unique de LA Priest est une sorte de synthèse bluffante entre des centaines de styles musicaux différents. Comment classer un morceau comme "Sudden Thing", avec un peu de soul, de jazz, des notes de blues psychédélique, de l'électronique... C'est hors du temps, c'est grandiose. 

  Plus identifiables, "Kissing of the Weeds" fait usage des machines (et du chant) avec une gourmandise et un style qui rappelle Thom Yorke, tandis que "What Do You See" commence franchement reggae avant de partir en complainte rock futuriste et de retourner à la case départ avec un clavier cheap.

LA Priest - Live From The Shed (2020)

  Il n'y a pas d'album de LA Priest sans divagation électronique déconstruite, absurde, surréaliste et jouissive à la Mr Oizo sous acides, ici c'est "Monochrome" qui remplit à merveille ce rôle, suivie par le diptyque final "Black Smoke"/"Ain't No Love Affair".

  Bref, vous l'aurez compris j'en attendais beaucoup et je n'ai pas été déçu. En plus de ça, les versions live de ces morceaux sont vraiment folles, et mon admiration pour Sam Dust atteint des sommets en ce moment.

A écouter absolument, sur Spotify ou Deezer par exemple

Alex

mardi 18 février 2020

Shopping - All Or Nothing (2020)


  Les britanniques Shopping avaient sortis avec leur précédent long format un de nos albums préférés de l'année 2018, autant dire qu'on attendait celui-là de pied ferme.

  Et il n'y a pas de quoi être déçu. D'entrée de jeu aussi accrocheur (les mémorables "All Or Nothing", "Trust In Us"), avec une orientation plus pop et synthétique ("For Your Pleasure", "Lies"), tout en gardant le tranchant post-punk qui les caractérise ("No Apologies") et leur sens du groove déviant ("Follow Me", "Body Clock") faisant penser aux géniaux Gang Of Four dont on a reparlé récemment ("Initiative", "About You"), ou aux B-52s dans le jeu de questions-réponses du chant ("Expert Advice") cet album convainc dès la première écoute et séduit aux suivantes.

Shopping - Initiative (Clip, 2020)

  C'est un album assez parfait dans son genre, immédiatement accrocheur tout en restant incisif, élargissant la palette du groupe tout en restant fidèle à son identité sonore... Un superbe disque.

Mes morceaux préférés : All Or Nothing, Initiative, For Your Pleasure, About You

Ecouter sur Spotify, Deezer ou Bandcamp 

Alex


dimanche 16 février 2020

Gang Of Four - Entertainment! (1979)


  Malheureusement, les morts de grands artistes sont trop fréquentes pour qu'on arrive à rendre hommage à tous les musiciens qui nous ont marqués. Cependant, le malheureux décès d'Andy Gill, membre fondateur des Gang Of Four, m'a poussé à accélérer un peu l'écriture de cette chronique qui était en suspens depuis quelques temps. Parce qu'étant amateur de punk, et plus encore de ce qui en a découlé dans la musique populaire, j'ai forcément été happé par ce groupe inclassable, riche de milles influences, tranchant et dansant, radical dans son discours (de gauche, évidemment, vous avez vu la pochette ?), et en particulier par ce disque, qui est probablement un des albums qui revient le plus sur ma platine et dans mon casque ces dernières années.

Gang Of Four - Ether (1979)

  Si ce long format en particulier est celui qui marque, c'est d'abord parce qu'il a la force de frappe musicale des premiers jets. Premier album, plein de rage, d'énergie, d'envie, c'est une suite d'uppercuts rock, de rythmes et de riffs qui claquent, avec presque rien autour, si ce n'est le chant, souvent scandé, régulièrement en question-réponse, et la basse, primordiale, monumentale. Et c'est ensuite, parce que beaucoup était déjà là. Vous n'avez qu'à écouter quelques secondes du premier morceau, le classique incendiaire "Ether", et tout est là. Du rock des années 2000 du Sunshine Underground, Interpol, Strokes, Franz Ferdinand, Arctic Monkeys, The Rapture et cie, en passant par le post-punk des 2010s (Shopping, OMNI, Ought...), les néo-punks minimalistes anglais de Sleaford Mods (voire Baxter Dury), et par des trucs qu'on aime un peu moins par ici mais qui ont à leur tour été très influents (Red Hot Chili Peppers), tout le monde doit un peu à cette formule gagnante riff/basse/beat/chant version Gang Of Four, et tout le monde leur a piqué une idée. Cette manière que la basse a de partir vers des détours jazz ne vous rappelle pas les très actuels Guerilla Toss ? Ce mélange des genres ne vous fait pas penser à Gorillaz lorsqu'il se rapproche du reggae/dub ou LCD Soundsystem lorsqu'il fait danser le punk ? On pourrait continuer longtemps comme ça.

Gang Of Four - Not Great Men (1979)

  Parce que comme le disait le NME, le groupe "semblait avoir compris que le disco s'était produit", et qu'il apportait de la vie dans son punk en y embarquant du funk, des éléments reggae, dub, noise, disco donc, mais aussi presque jazz, il était déjà post-punk dans l'esprit, et ne se contentant pas de détruire l'ordre établi, il tentait de reconstruire derrière. Faire danser sur du punk, sur un texte clairement à gauche, et rendre ça fun, c'est un exploit mais c'est possible ("Natural's Not In It"). Cet esprit punk, presque insurrectionnel ("Guns Before Butter") associé à l'irrésistible attrait de la syncope funk fait des étincelles à chaque morceau, et les classiques s’amoncellent, tous meilleurs que le précédent ("Not Great Men", pas si loin de Devo ou Talking Heads, en plus tranchant). Sur ce dernier comme sur "Damaged Goods", il y a dans la musique un vice, un truc naturellement sexuel, qui vient du fond des âges, du début du rock'n'roll, et d'encore avant, un truc décadent, éternellement jeune, rebelle, transpirant, physique, irrésistible. 

  D'ailleurs, on sent les racines pub-rock du punk sur "I Found That Essence Rare", comme une relecture énergique du rockabilly 50's dans sa composition, ce qui rapproche les GoF d'un autre grand groupe qui a su faire danser et pogoter sur une musique punkoïde à la fois groovy et acérée, les immenses Dr Feelgood. Il y a également un côté très anglais dans "5.45", qu'on peut raccrocher à la glorieuse épopée du rock anglais. 

Gang Of Four - Damaged Goods (1979)

  Le groupe s'aventure lors de courtes incursions (permettant de garder l'accessibilité pop-rock de leur musique tout en en élargissant le champ) sur des terrains limite noisy, atonaux et polyrythmiques ("Glass", "Contract", "Love Like Anthrax"...) et lorgnent parfois vers le dub lors de choix de production bien sentis, par petites touches salutaires (la géniale "At Home He's A Tourist", qui y ajoute une basse et un pied discoïdes pas si loin de Blondie). D'ailleurs, la production, minimaliste comme je l'évoquais, laisse bien la place à chaque instrument, qui se distingue nettement, et est d'ailleurs très claire et propre, ce qui est un choix relativement osé pour du punk, et qui contribue à la fois à l'impact de ces morceaux et leur donne un côté intemporel ("Return the Gift" aurait pu figurer sur les premiers Rapture sans problème). 

  Ce disque est un grand classique, un joyau, un album assez parfait dans son genre, unique, créatif, fondateur. Un chef-d'oeuvre.


Alex


vendredi 5 avril 2019

Sleaford Mods - Eton Alive (2019)


  Les deux anglais reviennent avec un putain d'album qui claque. Dès le début, "Into The Payzone" et "Kebab Spider" sont deux putain de bangers, le premier avec une basse post-punk menaçante, le deuxième une électronique pas si éloignée de Mr Oizo (retrouvée également sur "Negative Script"). Plus aérée mais pas moins implacable, "Policy Cream" a un petit côté ska façon The Specials dans son esprit revendicatif, sa chaloupe rythmique et son alternance entre chanté et scandé, qui aboutit à un quasi hymne qu'on a envie de chanter avec eux. 

  La même recette, encore et encore, un poil plus punk ("Subtraction", "Discourse"), post-punk façon Joy Division ("O.B.C.T"), dance-punk ("When You Come Up To Me", "Firewall") voire nu-rave ("Flipside"), mais il en faut un sacré talent pour ne pas lasser quand on fait dans le minimalisme, surtout avec un chant aussi marqué que chez les Sleaford Mods

  D'ailleurs, c'est probablement une bonne introduction au groupe, l'ensemble étant assez divers et accessible, et en même temps je pense que pour un connaisseur du groupe, c'est également un bon album. 
Que je vous recommande donc.

Mes morceaux préférés : Into The Payzone, Kebab Spider, Policy Cream, Negative Script, When You Come Up To Me, Flipside

Ecouter sur Spotify ou Deezer

Alex