Avec les Late Of The Pier, sous le nom Soft Hair en duo avec Connan Mockasin, ou en solo avec Inji, son album de 2015, Sam Dust alias LA Priest est un des rares artistes qui arrive à me toucher à chaque fois qu'il fait un truc depuis 10-15 ans, avec un petit truc en plus, un renouveau, tout en gardant sa patte électro-rock de weirdo magnifique. Ce dernier album, Gene, bricolé en grande partie sur des machines qu'il a lui même construites, continue sur cette lancée magnifique.
LA Priest - Rubber Sky (Clip, 2020)
Les guitares, noyées dans le chorus et quelques autres effets aquatiques, sont toujours en avant, appuyées par des basses bien rondes, des beats mécaniques, quelques synthés et bidouillages programmés bien sentis, et par cette voix qui est de plus en plus assurée et tente des choses avec ou sans effets pour l'habiller et la triturer. Le début de l'album est génial, avec "Beginning" comme mise en bouche pour installer l'ambiance et groover d'entrée de jeu, avant l'électro-rock funky et tubesque de "Rubber Sky", sorte de rêve humide de tout auditeur de Radio Nova (et de votre serviteur, par la même occasion), entre Prince, Metronomy, Sly Stone, dub et acid house revisitée façon dance-punk/nu-rave. Alors quand vient le single "What Moves", on est déjà cueillis, et sa pop-funk chaloupé et doucement psychédélique nous termine.
LA Priest - What Moves (Clip, 2020)
Il y a quelque chose de très intimiste, vivant, organique, isolé, presque champêtre ou bucolique dans cette musique. Les grésillements, la saturation, les choix de mixage, tout rend la prod pourtant en partie électronique plus vivante que la plupart de celles des groupes à guitare poussés par les grandes majors. C'est un disque de printemps/été, à la manière de quelques McCartney solo(RAM, McCartney I & II), ça s'entend très bien sur des titres comme le délicat interlude "Peace Lily", mais aussi sur la déchirante "Open My Eyes".
Le style unique de LA Priest est une sorte de synthèse bluffante entre des centaines de styles musicaux différents. Comment classer un morceau comme "Sudden Thing", avec un peu de soul, de jazz, des notes de blues psychédélique, de l'électronique... C'est hors du temps, c'est grandiose.
Plus identifiables, "Kissing of the Weeds" fait usage des machines (et du chant) avec une gourmandise et un style qui rappelle Thom Yorke, tandis que "What Do You See" commence franchement reggae avant de partir en complainte rock futuriste et de retourner à la case départ avec un clavier cheap.
LA Priest - Live From The Shed (2020)
Il n'y a pas d'album de LA Priest sans divagation électronique déconstruite, absurde, surréaliste et jouissive à la Mr Oizo sous acides, ici c'est "Monochrome" qui remplit à merveille ce rôle, suivie par le diptyque final "Black Smoke"/"Ain't No Love Affair".
Bref, vous l'aurez compris j'en attendais beaucoup et je n'ai pas été déçu. En plus de ça, les versions live de ces morceaux sont vraiment folles, et mon admiration pour Sam Dust atteint des sommets en ce moment.
Alex
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