Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes
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lundi 13 mai 2019

Orville Peck - Pony (2019)


  Sur une suggestion Twitter, je file écouter ce disque, Pony, de Orville Peck (un inconnu pour moi) au pif, ne connaissant pas l'artiste. Et je tombe sur le premier morceau, "Dead of Night", qui démarre un peu Johnny Cash, un peu Chris Isaak, un peu Depeche Mode façon blues-rock, avec une production impeccable, très Phil Spector, et un côté fantasmagorique venu de chez Roy Orbison, cette ambiance à la Twin Peaks que n'aurait pas reniée Lana Del Rey. Et là le refrain déboule, avec cette voix 80's à la Talk Talk, et je suis conquis. Putain, quel morceau. Ah et, ayant vu le clip après coup, apparemment il cultive le look masqué et joue sur ce côté mystérieux, mais ça je ne l'ai vu qu'après écoute.

Orville Peck - Dead Of Night (Clip, 2019)

  On continue sur cette très bonne lancée avec "Winds Change", plus Cash/Orbison, avec toujours ce chant expressif, puissant. Quelques échos post-punk viennent nourrir la plus pop "Turn To Hate", également impeccable, tandis que c'est plutôt aux Cure des débuts, aux Jesus & Mary Chain et surtout à Sonic Youth qu'on pensera en écoutant la très bonne "Buffalo Run".

  Je suis un peu moins emballé par la suite, je trouve les morceaux "Queen of the Rodeo", "Roses Are Falling" (très Elvis période pop), et "Hope To Die" (aussi gothique que son titre) un peu moins percutants même si très aimables, et "Kansas (Remembers Me Now)" un peu vite expédiée alors qu'il y avait beaucoup de promesses dans ces chœurs intriguants. Une petit interlude expérimental à la Scott Walker"Old River" est planqué au milieu de ces titres. Un cran au-dessus, "Big Sky" a beaucoup de style, tandis que la très Johnny Cash "Take You Back (The Iron Hoof Cattle Call)" sonne comme un générique de western, et c'est plutôt cool. L'album finit sur une touche très élégante avec "Nothing Fades Like the Light", qui prouve toute la puissance et la subtilité de l'interprétation du chant d'Orville Peck puisqu'on croirait entendre un des morceaux les plus tendres de Presley.

Orville Peck - Turn To Hate (Clip, 2019)

  Finalement, le seul défaut de ce disque c'est d'avoir commencé tellement fort qu'il était difficile de tenir les promesses d'un tel enchaînement de morceaux géniaux. En dehors de ça, c'est une superbe surprise, et certains de ces morceaux risquent de passer en boucle chez moi, grand amateur de crooners country/rock à la Presley, Cash, Orbison & co. Je recommande donc chaudement, et merci internet pour la découverte.

Mes morceaux préférés : Dead Of Night, Winds Change, Turn To Hate

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex


mardi 4 septembre 2018

Frankie Laine - Rawhide (Chanson, 1958)


  Après "Fool's Rush In" (1940), parlons d'un autre vieux classique et de ses reprises, mais ce coup-ci on en prend un légèrement moins connu. Générique d'une série western, "Rawhide" de Frankie Laine (1958) a le charme désuet du genre : des vocaux clairs, des tics de production marrants (cette percu façon fouet pleine de reverb, ces cris à la limite du "yee-ha", ces chœurs irréels...), et surtout une mélodie qui se sifflote aisément, le tout sur un rythme country-pop daté mais charmant. Et surtout, cette chanson fête ses 60 ans aujourd'hui, ce qui n'est pas rien. 

  Ci-dessous, le générique de la série, une reprise par Los Corayos (supergroupe formé de Manu Chao et son frère, Alain Wampas, Schultz, Hadji-Lazzaro...) et par les Blues Brothers :

Rawhide Opening Theme

La reprise de Los Corayos en live (1988)

La reprise des Blues Brothers (1980)

Alex



mercredi 22 mars 2017

Joe Meek & The Blue Men - I Hear A New World (1960)


  Cette semaine, les débuts de la musique électronique sont à l'honneur sur La Pop d'Alexandre & Etienne, avec un album par jour présenté jusqu'à dimanche dans le cadre de notre deuxième édition de La Semaine De La Pop.

  Joe Meek était un producteur fou. Mais génial. Le fameux "Telstar", tube électro-pop de 1962 (!) par les Tornadoes, c'était lui. Incapable de jouer d'un instrument, il avait ses symphonies pour western électro-rock en tête, sifflait chaque partie à ses musiciens qui s'exécutaient, et bidouillait les sons dans tous les sens en utilisant le studio comme un instrument à part entière 15 ans avant tout le monde (overdubs, reverb, compression, jeu sur les bandes et j'en passe). C'est un peu le Brian Eno du rock instrumental à la Shadows. Autant dire qu'on l'adore sur LPAE, on a d'ailleurs évoqué ce disque lors d'un jeu interblogs (ici) dans lequel il fallait parler d'un disque répondant au thème "Une Musique d'Une Autre Planète Ou Presque"

  Les autres planètes, il en est question sur ce disque. Meek, obsédé par la conquête de l'espace (on est un an après le lancement de Sputnik), se demande à quoi pourrait ressembler une musique de l'espace. Et se lance dans cet ambitieux projet solo. Mais ce fou du son, n'étant pas musicien comme je l'ai dit, a besoin d'une base, d'une matière sonore à triturer. Ce sera donc le groupe de skiffle The Blue Men de Rod Freeman et... des sons de la vie de tous les jours, de l'eau dans un évier, des bouteilles... Et les passe, piste par piste, dans sa moulinette magique de filtres, d'échos, de reverb (un peu comme un précurseur de la dub) pour créer cette musique de science fiction aussi comique qu'intrigante, et belle.

  Le morceau le plus connu est le plus "conventionnel" dans sa construction et son chant, l'ouverture "I Hear A New World", connue car reprise de belle façon notamment par les géniaux Television Personalities, ou They Might Be Giants. Ce morceau est une pépite : mélodique, doté d'un chant et de paroles obsédants et mélancoliques et d'une rythmique hypnotisante au son psychédélique (avant l'heure), il s'impose comme un classique intemporel de la pop.

  Le côté western / rock instrumental des early 60's s'entend sur "Orbit Around The Moon", mais remixé avec un orgue spatial au son clinique, des bruits étranges et des bleeps de satellite. La pop de saloon de "Disc Dance Of The Globbots" est quand à elle gavée de reverb pour y insérer un aspect à la fois nostalgique et moderne. Et ça fonctionne à merveille. Le même traitement est imposé au piano honky tonk et à la steel guitar de "The Bublight", ce qui transforme ce qui aurait pu être un morceau country-pop classique en un déchirant monument d'électro-pop mélancolique et futuriste qui arracherait presque des larmes à toute personne sensible. 

  Et "Dribcots Space Boat" est presque un morceau de saloon revu façon musique concrète, la revisite est aussi étonnante que magistrale. Idem pour la musique de western de "Magnetic Field", du moins dans sa conclusion, car toute sa première partie est en fait une longue plage d'ambient sombre et prenante. Comme l'intro de "Valley Of No Return", dans laquelle Meek joue habilement (sur la seconde partie du morceau) de la saturation et de la dissonance qu'elle induit. 

  De longs passages électroniques se font aussi entendre, notamment le solennel "Glob Waterfall", très musique de film, ou le début d'"Entry Of The Globbots", qui introduit les "voix d'extraterrestres" présentes sur plusieurs morceaux du disque (en fait des voix pitchées dans les aigus). L'effet est forcément comique (cf "March Of The Dribcots" qui n'a rien à envier au "Chapi Chapo" de De Roubaix pour le côté régressif et ludique cachant un vrai trésor électro-pop). 

  D'autres morceaux, également dans une veine électro-pop, impressionnent : "Love Dance Of The Saroos" et son psychédélisme aquatique et saturé préfigure les hippies avec plus de 7 ans d'avance et la coldwave avec 16 ans d'avance. Un groupe la sortirait aujourd'hui (La Femme ?), on n'aurait rien à y redire tant elle sonne hors du temps et toujours pertinente. De même, "Valley Of The Saroos" aurait pu être sur un disque récent des Flaming Lips et tout le monde aurait trouvé le morceau génial voire novateur dans son genre. C'est là qu'on mesure tout le génie de Meek : avec des moyens rudimentaires et beaucoup de bricolage, il a réussi non seulement à créer une oeuvre sans égale à l'époque, mais carrément indémodable. Ça aurait pu très vite sonner daté et fatigant, mais c'était sans compter sur son goût très sûr concernant "ses" sons, et son évidence mélodique.

  Vraiment, l'oeuvre est bluffante, touchante, elle force le respect pour sa vision totale et pionnière autant qu'elle émeut par ses mélodies poignantes et sa production très personnelle, indépendamment de toute conception historique. 

  Joe Meek était un grand, un authentique génie même, et son destin tragique nous a sans doute privé d'un sacré paquet de classiques. Mais, parmi son oeuvre foisonnante de producteur, qu'il nous a heureusement léguée, cet album prend une place toute particulière car il concrétise la vision très personnelle d'un homme d'exception sur la musique électronique. Et demeure plus que jamais un disque fondateur et influent. Et c'est pourquoi il a toute sa place cette semaine sur LPAE.


Alex


dimanche 24 novembre 2013

GRAND JEU / PART 4 / 24-11-2013


24 - LIFE ON MARS?
Une musique d'une autre planète ou presque.
 
Le choix d'Alexandre

JOE MEEK & THE BLUE MEN - I HEAR A NEW WORLD (1960)
 
 
 
  Ce disque est très inspiré par l'obsession du génial Joe Meek pour la conquête spatiale. Ses recherches sonores en tant que producteur, tendant vers une forme de pop mi-western américain, mi-proto-électronique, sont célèbres (cf le fameux "Telstar" des Tornadoes : https://www.youtube.com/watch?v=ryrEPzsx1gQ )
 
  Ici, il raconte un voyage dans l'espace totalement kitsch, ponctué par des rencontres avec les créatures locales. Parfois, cela fait des merveilles. Je pense à la chanson-titre "I Hear A New World", entre autres : https://www.youtube.com/watch?v=pehihWNMgMY assez étrange, fragile, et pour ma part, magique. Une beauté intrigante.
 
  Tout comme d'autres réussites plus instrumentales, moins pop, par exemple "Dance Of The Saroos" : http://www.youtube.com/watch?v=6ZOSum8M8kM . En général, tout l'album est vraiment réussi.
 
  Cependant, certains passages sont assez datés, voire ratés, comme quand il laisse les aliens chanter, ça peut être irritant (il pitche juste les voix vers les aigus, en fait). Heureusement, ça arrive assez rarement, et ça passe pas trop mal la plupart du temps. Ca dépend de vous, et des conditions d'écoutes.
 
  Ce disque n'en reste pas moins un jalon dans l'histoire de la pop et de l'électronique, qu'il vous faut écouter au moins pour l'aspect historique. Il est probable que les plus aventureux d'entre vous y trouvent leur compte. Un disque qui expérimente des sonorités électroniques, tout en restant assez pop et accessible, et tout cela 14 ans avant le Autobahn de Kraftwerk, ça vaut le détour non ?
 
Allez donc faire un petit tour dans l'espace avec Joe Meek :
 
 
ALEXANDRE
 
 
Le choix d'Etienne :
 
BLLUDD RELATIONS - BLLUDD RELATIONS LP (2013)
 
 
 
  Blludd Relations LP du groupe éponyme est un OVNI auditif, en témoigne le graphisme de l'album. Ses synthés d'un mauvais goût purement anglais et ses sonorités complètements loufoques se mélangent dans un album époustouflant. On ne peut s'empêcher de voir les premiers albums de Metronomy !
Album en écoute ici sur Bandcamp :
 
ETIENNE