Depuis Midnight Snack, Peter Sagar, l'ancien guitariste et claviériste de Mac DeMarco m'avait tapé dans l'oreille avec la musique qu'il publie sous le nom de Homeshake. A l'origine très marquée par la figure tutélaire, il a réussi à donner une direction très personnelle à son projet en s'appuyant sur une esthétique bricolée authentique, radicale et minimaliste et des influences insoupçonnées : la soul et le rnb moderne.
La soul on l'entend dès l'introduction, "Hello Welcome", au jeu de guitare aussi chaleureux et sensuel que du Stax 70's. Mais avec un twist : une production minimaliste et moderne au son assez froid. Un petit skit de voix façon BBC Workshop, et on enchaîne avec le rnb de "Call Me Up" qui joue sur la même dynamique : rythmes et claviers soul, mais prod moderne, électronique et froide. Pareil pour la voix, résolument blanche malgré les accents rnb. Le mélange fonctionne à merveille, d'autant plus que c'est bien composé. C'est bricolé à la maison et ça s'entend : la piste est simplement inversée pour la conclusion, procédé astucieux bien connu des producteurs amateurs. L'ensemble adhère à une vraie esthétique grâce à une exigence de tous les instants : les éléments sont peu nombreux, chaque instrument est pile là où il faut, le morceau est court et va à l'essentiel.
Les influences se diversifient sur "Not U", qui sonne comme une instru de trap ralentie, comme congelée, additionnée d'un clavier lead quasi G-Funk mais qui sonne bien trop froid pour pouvoir prétendre provenir de chez Dre. Le chant se fait râpeux et approximatif sur les couplets, et fausset sur les très mélodiques (et mélancoliques) refrains. L'ensemble est encore une fois d'une précision et d'une perfection soufflantes.
Et là démarre la meilleure chanson de 2017 pour le moment : "Every Single Thing" qui résume en 2'35" de pop stellaire ce que j'expliquais ci-dessus : ce disque est le mariage heureux du meilleur du rnb moderne, de l'électro bricoleuse et ludique et de l'indie lo-fi. Un peu comme les récents LA Priest ou Soft Hair, en moins glam et plus minimaliste dans l'approche (comparez "Lady's In Trouble With The Law" ou "Occasion" de LA Priest à "TV Volume" de cet abum et vous entendrez ce que je veux dire). Un chef d'oeuvre de pop song, une leçon du genre. Et c'est loin d'être le seul exemple ici, la lumineuse (et paradoxalement assez dark aussi) "Khmlwugh" est presque aussi bonne dans son genre, "So She" et "Serious" ne sont pas loin derrière.
On a un aperçu de ce mariage sur "Getting Down Pt II (He's Cooling Down)", ou le mariage heureux de la guitare slacker de Mac DeMarco, de la vieille soul, du rnb sombre des années 90-2000 (cf "This Way" également, en mode Bee Gees dépressifs), de celui plus drogué des années 10, et des Beach Boys de Pet Sounds en mode lo-fi. Sur ce morceau, et sur "Wrapping Up", on se rendra également compte que Sagar n'a pas une grande voix mais que c'est tant mieux, car il se révèle en revanche être un bon chanteur dans le sens où il fait passer les émotions à merveille.
Le mec a eu raison de chanter lui-même plutôt que d'embaucher quelqu'un : il y a une personnalité hyper forte qui se dégage de chaque seconde de chaque piste de cet album, et sa voix apporte de la profondeur et un vrai supplément d'âme à l'ensemble. Le morceau "Timing" est l'exemple même de ce que j'avance, ce chant un peu faux fera fuir les plus timorés, alors qu'il est pile ce qu'il faut pour servir ce magnifique morceau, qui fonctionne bien mieux ainsi que si on y avait catapulté des cadors comme Aretha Franklin ou Al Green, car personne ne peut chanter les chansons ultra personnelles et fragiles d'Homeshake (cf "Fresh Air") mieux que le mec qui les a écrites et qui les vit au quotidien.
Vous l'aurez compris, pour le moment ce disque c'est de très très loin mon album de 2017, et il contient quelques unes des chansons qui m'ont le plus touché pour le moment. Un vrai grand disque, d'une perfection totale et d'une exigence de chaque instant malgré un côté branleur à la première écoute, qui est à la fois moderne, personnel et émouvant. Il n'y a rien à demander de plus, c'est pour moi un classique instantané dont même les maigres défauts se révèlent être d'immense qualités à la réécoute.
Bref : une merveille.
A écouter ABSOLUMENT ici ou ici !
Les influences se diversifient sur "Not U", qui sonne comme une instru de trap ralentie, comme congelée, additionnée d'un clavier lead quasi G-Funk mais qui sonne bien trop froid pour pouvoir prétendre provenir de chez Dre. Le chant se fait râpeux et approximatif sur les couplets, et fausset sur les très mélodiques (et mélancoliques) refrains. L'ensemble est encore une fois d'une précision et d'une perfection soufflantes.
Et là démarre la meilleure chanson de 2017 pour le moment : "Every Single Thing" qui résume en 2'35" de pop stellaire ce que j'expliquais ci-dessus : ce disque est le mariage heureux du meilleur du rnb moderne, de l'électro bricoleuse et ludique et de l'indie lo-fi. Un peu comme les récents LA Priest ou Soft Hair, en moins glam et plus minimaliste dans l'approche (comparez "Lady's In Trouble With The Law" ou "Occasion" de LA Priest à "TV Volume" de cet abum et vous entendrez ce que je veux dire). Un chef d'oeuvre de pop song, une leçon du genre. Et c'est loin d'être le seul exemple ici, la lumineuse (et paradoxalement assez dark aussi) "Khmlwugh" est presque aussi bonne dans son genre, "So She" et "Serious" ne sont pas loin derrière.
On a un aperçu de ce mariage sur "Getting Down Pt II (He's Cooling Down)", ou le mariage heureux de la guitare slacker de Mac DeMarco, de la vieille soul, du rnb sombre des années 90-2000 (cf "This Way" également, en mode Bee Gees dépressifs), de celui plus drogué des années 10, et des Beach Boys de Pet Sounds en mode lo-fi. Sur ce morceau, et sur "Wrapping Up", on se rendra également compte que Sagar n'a pas une grande voix mais que c'est tant mieux, car il se révèle en revanche être un bon chanteur dans le sens où il fait passer les émotions à merveille.
Le mec a eu raison de chanter lui-même plutôt que d'embaucher quelqu'un : il y a une personnalité hyper forte qui se dégage de chaque seconde de chaque piste de cet album, et sa voix apporte de la profondeur et un vrai supplément d'âme à l'ensemble. Le morceau "Timing" est l'exemple même de ce que j'avance, ce chant un peu faux fera fuir les plus timorés, alors qu'il est pile ce qu'il faut pour servir ce magnifique morceau, qui fonctionne bien mieux ainsi que si on y avait catapulté des cadors comme Aretha Franklin ou Al Green, car personne ne peut chanter les chansons ultra personnelles et fragiles d'Homeshake (cf "Fresh Air") mieux que le mec qui les a écrites et qui les vit au quotidien.
Vous l'aurez compris, pour le moment ce disque c'est de très très loin mon album de 2017, et il contient quelques unes des chansons qui m'ont le plus touché pour le moment. Un vrai grand disque, d'une perfection totale et d'une exigence de chaque instant malgré un côté branleur à la première écoute, qui est à la fois moderne, personnel et émouvant. Il n'y a rien à demander de plus, c'est pour moi un classique instantané dont même les maigres défauts se révèlent être d'immense qualités à la réécoute.
Bref : une merveille.
A écouter ABSOLUMENT ici ou ici !
Alex
Je suis sous le charme ! Midnight Snak m'avait beaucoup plus, mais celui-ci j'en suis fou. Cette soul/rnb classieuse et épurée aux accents 80's me plait au plus au moint. Every Single Thing est une pure merveille en effet. Très Soft Hair comme tu le fais remarquer.
RépondreSupprimerContent que tu aimes ;)
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