Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 3 février 2017

Philippe Katerine - 8e Ciel (2002)


  Cette semaine, la pop française est à l'honneur avec un classique du genre par jour jusqu'à dimanche. Des disques qui nous tiennent particulièrement à cœur et que nous considérons comme des classiques indépassables dans leurs genres respectifs.

L'avis d'Alex

  Il est rare d'entendre des influences psychédéliques intégrées de façon intelligente à une chanson française de qualité. Mais ici, le dosage folie - beauté - aspect ludique est maîtrisé avec un talent exceptionnel. Prenez par exemple "8ème Ciel", la chanson. Elle est à la fois rythmés, mélodique, richement arrangée, et le texte un peu dada mais pas trop est d'une beauté émouvante, soulignée par le chant impeccable de Katerine. Pas de doute, on appelle ça un classique. Et attendez encore la suite "Où je vais la nuit" est sûrement une des plus belles chansons pop en français (et tout court par la même occasion). Ce chant passé par la bossa, ces arpèges, ce texte.... Pfiou, c'est assez indépassable.

  Mais même mis à part ces deux immenses classiques, on a de quoi se mettre sous la dent : "Les Grands Restaurants" qui démarre funky et finit onirique, presque bossa. "Des Etoiles" a été fondue depuis les mêmes lingots d'or pur que les trois chansons qui la précèdent. "Cervelle de Singe" et ses multiples parties qui s'enchevêtrent est un monument, entre Gainsbourg période l'Homme à la Tête de Chou, psyché façon fête foraine et pop-folk champêtre.... Bref. Tout est mémorable. Le groove nonchalant et jazzy de "Inutile", l'électro-pop du "Jardin Métallique" et la très belle "Mort à La Poésie"... Malheureusement, le diptyque "Lorsque je joue à la poupée" et "Derrière la porte", au concept amorphe, est un peu gênant.

  Cependant, rien de grave : l'électro-pop bossa et inquiétante de "Sainte Vierge" et "Le Soleil Suffit" et celle, plus chaloupée, de "Bonjour", rattrapent le coup. Et puis on a un autre monument de pop song avec "Elle a Vu" et une très bonne "Wallis et Futuna". 

  Au final, un grand, un très grand disque de pop française, ambitieuse et qui a les moyens de ses ambitions. Des mélodies mémorables, des textes immortels, un son parfait et un chant sublime, il y a tout là-dedans, et Katerine est un très, très grand.

L'avis d'Etienne 

     Sorti en 2002, 8ème ciel marque le dernier album "sérieux" avant le virage "humoristique" initié par le fameux Robot Après Tout qui, en 2007, le fera connaître du grand public grâce à son Louxor J'adore. Ton qu'il gardera jusqu'à la parution de Le Film en 2016, où il renoue avec une écriture plus posée. 8ème ciel est donc, à bien des égards, un album charnière dans la discographie de Katerine qui y expérimente une production beaucoup plus riche en styles que le Mes Mauvaises Fréquentations de 1996 et globalement plus lisse et accessible au grand public que Les Créatures de 1999, dessinant ainsi le chemin au populaire Robot Après Tout et aux autres albums qui suivront. Mais bien plus que sa musique, c'est la poésie onirique de Katerine qui brille dans cet album foisonnant d'oxymores et d'hyperboles, créant une fresque surréaliste et jobarde que nous compte la voix imparfaite et attachante de l'artiste. 

"Et c'était beau comme en rêve
C'était beau à mourir
C'était beau à vomir
Des couleuvres par milliers"
           Au Jardin Métallique

"la Sainte Vierge 
juste devant 
juste devant moi 
qui me tendais les mains 
belle comme un île grecque 
ronde comme un pastèque"
           Sainte Vierge 




     Cette poésie culmine sur Où je vais la nuit, probablement la plus belle chanson d'amour francophone à mon sens ( oui rien que ça ! ), fabuleuse ballade romantique et fantasmagorique.

"Si tu savais où je vais la nuit
Je nage dans tes yeux comme en Océanie
Je marche dans tes cheveux sans trouver mon chemin
J'escalade tes seins avec l'aide des dieux"
           Où je Vais la nuit

Un album malheureusement inégal en qualité, mais qui gagne à se laisser découvrir chanson par chanson, comme autant de rêves et d'ambiances.



A écouter ici.


Alexandre & Etienne


8 commentaires:

  1. J'ai du mal à accrocher à ce bonhomme !

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  2. T'as pensé quoi du dernier ? :)
    (La chance de l'avoir vu!)

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  3. Adoré même, il est vraiment superbe

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  4. Vu sur scène en 2007-2008 environ, mais si j'avais apprécié ce concert, j'ai toujours un peu de mal à prendre Katerine au sérieux, y compris sur ce disque qui contient néanmoins ses bons moments.

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    1. Le côté second degré cache pas mal de chose chez lui, depuis ses débuts en fils illégitime de Gainsbourg drogué à la bossa à sa période fanfaron, c'est ce décalage fond/forme qui me plaît chez lui aussi, mais je comprends que ça plaise pas autant à tout le monde.

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