Aujourd'hui, on va s'écouter le dernier album des britanniques Mount Kimbie, Love What Survives, sorti cette année (en 2017 donc).
Mount Kimbie - Four Years And One Day (Clip, 2017)
Le disque commence comme du post-punk électronique biberonné au kraut, avec "Four Years And One Day" avec néanmoins une production moderne qu'on pourrait approcher de celle de Jamie xx pour sa clarté, avant un final plus Joy Division et un poil bruitiste. Le paysage urbain post-industriel est mis en place avec brio, et sa prod épurée à la ligne rythmique entêtante, entre électro 90's quasi trip-hop, new wave gothique et jazz, permet au flow évocateur du crooner punk et prolo british King Krule d'emporter "Blue Train Lines" vers des sommets d'intensité et d'émotion. Le morceau est tellement évocateur, urgent et tellement dans son époque qu'il pourrait être un véritable hymne générationnel dans un monde parfait où les 12-35 écouteraient tous King Krule.
Mount Kimbie & King Krule - Blue Train Lines (Clip, 2017)
Puis la merveilleuse "Audition" prolonge l'esprit de l'album avec ses synthés baveux, acides et rêches, sa rythmique martiale mais avec un esprit jazz, sa chaloupe funk et son esprit punk. Et clôt admirablement la première partie de cet album très bien séquencé puisqu'elle fait également le lien avec la suite.
Mount Kimbie & Micachu - Marilyn (Clip, 2017)
En effet, "Marilyn", avec Micachu, ouvre les horizons du disque avec de douces influences africaines contrastant avec la rythmique sèche du morceau et se permet même de petits arrangements jazz. Cette ouverture d'esprit, mêlant presque de l'afrobeat, du traditionnel, du jazz et de la pop 80's, montre bien un aspect intéressant de la musique d'aujourd'hui qui fait sa richesse : sa culture bien moins restreinte qu'elle ne l'était au temps de l'âge d'or d'un rock qui malgré ses qualités était souvent auto-référencé et tournait en rond à partir des années 80-90 pour son versant mainstream. Cette beauté métissée se poursuit sur "SP12 Beat" et "You Look Certain (I'm Not So Sure)" qui mêle une pop post-punk (le chant de Andrea Balency), des synthés glacés et un rock post-Eno.
Cette fois-ci c'est le quasi solo de claviers "Poison" qui va servir de transition pour annoncer la suite de ce disque séquencé comme un très bon mix. Avec "We Go Home Together", c'est un autre compatriote british des Mount Kimbie qui dévoile une pop-soul post-dubstep : James Blake. Qui est d'ailleurs un poil plus nasillard et malicieux qu'à son habitude, ce qui est plutôt une bonne surprise car il commence à tourner en rond en solo. Avec, là encore, un superbe clip à la clé.
Mount Kimbie & James Blake - We Go Home Together (Clip, 2017)
Le rythme repart avec un "Delta" absolument fabuleux dans son genre, un parfait single qui a vraiment aiguisé ma curiosité pour ce disque.
Mount Kimbie - Delta (Clip, 2017)
L'album se clôt par "T.A.M.E.D" qui sonne comme entre un Gorillaz psychédélique reprenant Baxter Dury et produit par SBTRKT au sommet de la période Wonder Where We Land, puis par la deuxième collaboration du disque avec James Blake, "How We Got By", conclusion sombre et jazzy comme il faut.
Pour faire court, ce disque est très bon, très très bon même. Il prolonge toute l'histoire du rock et de l'électronique british en y ajoutant une page passionnante. Prenant, ce disque vous happe comme pouvait le faire Burial, et fait vraiment avancer l'art avec une démarche globale tant en termes de visuels que de collaborations pertinentes. A écouter absolument par ici par exemple.
Et si vous voulez les voir en live je vous propose d'écouter ça ci-dessous :
Alex
J'ai bien aimé ce disque, qui fait planer en même temps qu'il est agressif. Un bon mélange, qui me convient tout à fait. Enfin, à mes humeurs du moment, j'entends. Jolie chronique !
RépondreSupprimerMerci ! J'ai vraiment adoré aussi,je le trouve vraiment beau et intègre, ça fait un plaisir fou ce genre de disques. Comme un rayon de soleil en plein hiver.
SupprimerJ'avais pensé en faire un plus gros papier en en parlant avec d'autres disques qui me font ressentir les mêmes choses mais finalement je me suis fait happer par celui là.
L'année a été bonne en sorties très personnelles comme ce disque.