J'aimerais vous emmener, via ce blog, et cela fait un moment que j'en rêve, dans un univers que j'adore, la DEEP-HOUSE. Je profite donc de la mise en ligne toute récente sur youtube d'un somptueux EP sorti il y a maintenant plus d'un an pour vous faire découvrir, redécouvrir ou nourrir votre passion pour ce genre singulier.
Tout d'abord ce que j'aime dans la deep-house c'est la simplicité : la base de tout morceau qui se respect c'est une boucle rythmique : ce peut être un sample ou une boite à rythme le plus souvent, constitué d'une grosse caisse et de kicks. Puis par dessus se dépose en fines lamelles successives une boucle de guitare basse en infra basses inspirée de la disco ou du funk. L'intro, toujours en boucle, dure alors plusieurs minutes, augmentant progressivement en intensité, par de subtiles variantes de production. Le but c'est d'être imprégné, imbibé, de rentrer en transe, pour que chaque nouvelle variation se vive comme un tremblement de terre, savourant chaque instrument, chaque sonorité. Puis vient une boucle de synthé parfois mélodique, mais cela reste très simple : la montée continue irrémédiablement. S'ajoute ensuite un sample de voix, arrivant juste au moment où il fallait, ni avant, ni après et repartant aussi subitement qu'il est arrivé. Cette voix, dont on ne saurait dire si elle chantée ou parlée, est parcourue et instrumentalisée par des retouches sonores diverses, l’éloignant de sa fonction habituelle. Il n'est d'ailleurs pas permis de parler de chanson ici, ou bien par abus de langage, mais bien de morceau, de titre, de track ... Tout est ainsi réuni, nous sommes au firmament ! Et le morceau dure à n'en plus finir, on ne voudrait pas qu'il s'arrête, qu'il essouffle, mais heureusement une nouvelle variation nous fait découvrir un niveau supérieur. Puis progressivement la descente s'opère et nous atterrissons dans notre fauteuil, de salon, de voiture, de train, de bureau, mais une seule obsession demeure, celle de remettre, encore, encore et encore le morceau.
Finalement cette simplicité et cette presque neutralité nous permettent de nous faire voyager en stimulant notre imagination, comme une page quasiment blanche où tout reste à écrire. On se rapproche de l'ambient music, mais avec le rythme en plus. Et c'est cette même simplicité qui lui permet de s'adapter à toute situation, à toute personne, et d'amplifier toutes nos émotions. Ainsi sur cette musique nous pouvons tout faire : danser, pleurer, s'exalter, se détendre, ...
Et malgré cette si précieuse simplicité, des artistes créent tous les jours de nouveau morceaux et ce depuis les 90's.
Pour cet EP, format roi dans le monde de la House music, la deep-house se décline en son versant minimaliste et nous provient du Japon avec le DJ So Inagawa, du nom d'un clan de yakuza, où il est signé sur label tokyoïte Cabaret Recording, constitué depuis 2013 par ce même artiste et son ami Dj Masda ( non non pas de pub pour une marque de voiture, ne vous inquiétez pas ). Le nom de l'EP porte lui le nom du morceau de la face A et single, c'est une tradition. Évidement le trois titres n'est disponible que sur format vinyle, c'est là aussi une tradition ( dans le genre tradition il y a aussi les photos de mannequins en bikini, mais pas un trace ici.; dommage diront certains ... ). Il faut dire que les artistes vivent de leurs Dj sets et leurs performances lives, plus que de leurs ventes. C'est peut être un moyen pour eux d'échapper à la corruption des chiffres et de rester underground à l'image du genre.
La première piste et single c'est Logo Queen ( hommage aux drag queen emblématiques du mouvement house ? ). Il est ultra 90's et très typé Détroit House dans son caractère ténébreux, tout en restant groovy, la passe y étant pour beaucoup.
Le deuxième morceau, Scann Runner, est plus ambiant et grâce à ses rythmes et instruments, il m'évoque une musique simili africaine. Mais les rythmes n'en démordent pas et nous restons captivés par ce qui se déroule dans nos oreilles.
Selfless State, le troisième titre, est lui plus dynamique, plus chill, plus cristallin et pour ma part me donne une banane d'enfer à la sortie de l'écoute de cet EP et m'oblige à relancer la machine une nouvelle fois.
Pour écouter :
J'espère avoir pu vous transmettre un peu de ma passion pour ce genre via ce somptueux EP. N'hésitez pas à lâcher un petit comm' :) Ou partager un morceau deep house de chevet !
Etienne
Oui, ça ne s'est pas arrêté à la fin des 90's. Ce n'est d'ailleurs pas avec les productions électro exubérantes du moment que l'intérêt pour ce genre risque de tomber. Et de toutes façons, c'est bien connu, rien ne se perd tout se transforme !
RépondreSupprimerPour le son de boites à rythme il est vrai qu'il peut paraître assez particulier. Il vient en faite des boites à rythmes fabriquées dans les années 80 ( les plus fameuses restent à mes yeux les Roland TR 606, TR707, TR 808 ) et qui au départ voulaient mimer le son de batteries. Evidemment ce n'était pas si évident et c'est cette reproduction "lo-fi" qui a finalement été recherchée et travaillé au détriment d'une reproduction fidèle. L'abus des boîtes à rythme vient aussi de sa capacité à pouvoir faire parti d'un studio "maison", dont l'article d'Alexandre sur Mac Cartney II montre un des précurseurs.
Merci pour ton message !
Je suis assez inculte en matiere de techno et de l'ele ctro. Et je sais que pourtant, c'est ici que ça se passe bien plus que dans le rock.
RépondreSupprimerMais les deux mondes se cotoient de plus en plus et leq frontieres sont poreuses... Pourtant l'intégrisme reste de mise chez beaucoup de rockers. Il n'y a qu'à lire Rock et Folk...
Pourtant, il y a quelques vraies barrieres. D'abord, le format: l'electro s''est d'abord le maxi ou EP. Ensuite, il y a la culture du DJ set comme tu l'évvoques (donc des pistes de dance ). Enfin il y a la difficulté de suivre ces mouvances avec des repères durables. Un artiste y développe quelques fulgurances disparates ppuis est remplacé par un autre. Exterieurement, je trouve très dur de rester à la pointe et de suivre. Et également d'acquérir une vraie culture musicale quand on y baigne pas.
On a vraiment besoin de passeurs comme toi. Et comme on parle souvent, de quelques morceux par artiste, de mix différenrs (autre diffèrence crucial et qui apparente ce genre au jazz avec ses variations incessantes d'un même morceau.
Moi j'aurais vraiment besoin de compil voire d'anthologies serieuses pour plonger dans cet univers inconnu qui pourtant m'a souvent bien plus surpris et passionné, par voix détournées, que le rock depuis 15 à 20 ans quand je lui laissait une chance.
Pour moi, cette révèlation date du Blue Lines de Massive Attack. Seulement, au lieu d'y plonger, l'ai surtout exploré les musiques passées que chercher à rester à la page.
Tout ça pour te dire que ton article m'a interessée. Et convaincue.
Vous avez tous les deux une belle passion et un vrai talent pour nous la partager avec un vrai sens pédagogique.
Donc merci à vous deux et continuez!!!
Ton commentaire est ultra pertinent, tu as bien fait d'évoquer le format et le côté éphémère de pas mal d'artistes du genre.
SupprimerLaurent Garnier a évoqué ce que tu dis en ces termes "Pour moi la musique techno est un prolongement du jazz". Variations autour d'un thème, instrumentation au cœur du morceau, variations subtiles de l'arrangement, recherche sonore, longueur des morceaux, etc...
Je vais voir ce qu'on peut faire, un genre de beginner's guide, si ça t'intéresse. Nous ne sommes pas des spécialistes mais on a deux trois trucs à partager sur le sujet de l'électro au sens large.
Et merci pour tes encouragements à chaque fois, ça fait plaisir :)