J'ai mis un peu de temps à rentrer dans celui-là. Comme les deux précédents en fait. Car Animal Collective est un groupe qui s'apprivoise, qui n'est jamais dompté, avec lequel chaque disque est une première fois. Et même si depuis Centipede Hz (2012) et encore plus avec ce Painting With, ils semblent désormais creuser leur sillon et explorer d'autres variations de leur(s) son(s), plutôt que de défricher de nouvelles contrées inexplorées, ce disque se mérite. Et demande ce que l'époque a tendance à refuser si on ne s'y astreint pas de toutes nos forces : du temps.
Car Animal Collective écrit un genre de pop songs déviantes très spécial, ils composent des tubes qui n'en deviennent qu'après la 5e écoute. Beaucoup sont d'ailleurs passés à côté du précédent à cause de ça (le nombre d'écoutes pour rentrer dedans était plus élevé encore que par le passé). Moi c'est celui-là qui a failli me perdre. Mais les tubes sont là, et on ne peut s'empêcher de croire une fois de plus que si Brian Wilson avait 20 ou 30 ans aujourd'hui (et avait gobé quelques acides), c'est ce qu'il composerait.
Ca commence fort en beachboyseries avec "Floridada" et "Hocus Pocus", deux morceaux ensoleillés qui les voient retrouver l'emphase enfantine et béate de Merriweather Post Pavilion (2009). Cet émerveillement de tous les instants, les yeux grands ouverts et les pupilles dilatées à observer cette jungle sonore qui se dévoile petit à petit. Comme si le groupe pouvait l'arrêter ce fichu temps, voire le remonter et entraîner l'auditeur en enfance, à nouveau. Avec des rappels de la période acoustique du groupe, "Vertical" confirme tout ça. Un excellent début d'album, immaculé.
Une grosse basse liquide à la Centipede Hz retentit avant "Lying In The Grass", morceau baroque pop à la fois psyché et rythmique reposant sur des breaks de boîte à rythme et un chant à la fois mélodique et éminemment rythmique lui aussi. Tout cela, magnifié par un saxo divin.
En vérité, ce qui m'avait bloqué aux premières écoutes ce sont les montagnes russes un poil étouffantes de "The Burglars", et "Natural Selection", qui montrent un groupe qui assure un peu le minimum syndical (sans que ce soit honteux du tout, selon les écoutes on peut apprécier énormément ou être un peu irrité par ces morceaux), et part un peu en pilotage automatique. Ils pêchent par leur gestion un peu trop linéaire du rythme, et ne laissent pas à la musique assez de temps pour respirer, ce qui donne un sentiment d'asphyxie à l'écoute voire un vilain mal de crâne si on n'est pas d'humeur.
Mais "Bagels In Kiev" sauve un peu le tout, car même si elle est montée sur le même rythme tachycarde, sa mélodie est plus forte le groupe laisse à la chanson davantage d'espace pour se déployer.
La fin du disque est elle aussi divisée en deux : encore en pilotage automatique avec "On Delay" et "Summing The Wretch", elle possède aussi un trio immaculée : "Spiling Guts", "Golden Gal", et "Recycling", trois autres tubes obliques de toute beauté.
Bref, l'album est simple, rapide (morceaux courts, tempos effrénés , et direct, et c'est un bon point. Cependant, un petit quartet de morceaux (soit un tiers du disque), est un peu en dessous du reste (qui est de très mais alors très très haute volée). Pas assez pour bouder notre plaisir donc. Les Animal Collective, loin d'être blasés, s'amusent encore, s'émerveillent et ont gardé leur âme d'enfant, et c'est nous qui en profitons, petits veinards que nous sommes, à l'écoute de ce bijou pop. Personnellement, ça fait mon bonheur, qu'ils continuent comme cela, en solo ou ensemble, ils ne me déçoivent jamais, tant que je leur laisse le temps de me convaincre.
Pour écouter c'est par ici : Spotify.
Merci pour votre lecture et vos commentaire
Alexandre
Arf, j'ai pas été convaincu par ce disque. Comme par le précédent d'ailleurs. Merriweather est leur dernier vrai bon disque à mon sens.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup Centipede Hz, j'étais déçu au début mais apèrs réécoute y'a que de bonnes chansons avec un écrin sonore osé (surproduit mais volontairement), et ce qui est peut-être leur meilleure chanson : "Rosie Oh".
Supprimer"Painting With" m'a demandé du temps aussi, comme je le dis là y'a 4 morceaux en dessous, mais sur 12 au total ça ne me gêche pas l'album ! :)
Quel délire. Comme tu disais on sent qu'ils se font plaisir et isl arrivent à le partager. Un joyeux bouillon d'influence allant des Beach Boys ++ ( je vois totalement ce que tu veux dire à ce sujet sur Brian Wilson ), à Of Montreal pour l'orgie de la production, aux Beatles bien sûr pour la pop mélodique, mais aussi Yellow Magic Orchestra dans le style régressif et la production électronique ( quoi que moins fournie chez ce dernier ).
RépondreSupprimerJ'ai un peu serré les fesses à l’approche du duo The Burglars et Natural Selection mais effectivement ilss'écoutent très bien( il faut dire que je suis en vacances et donc d'humeur à tout écouter ! ), même si ils constituent surement les deux morceaux les plus faibles de l'album. Surtout Natural Selection qui manque un peu de profondeur avec son rythme technoïde monolithique.
Pour ce qui est de la fin du disque j'ai beaucoup aimé Summing the Wretch, qui certes ne part pas dans tous les sens mais fourmille de petites fantaisies comme dans un cabinet de curiosité.
J'ai énormément aimé le morceau d'ouverture et de fermeture. Le premier pour ses chœurs à la Beatch Boys énergisé aux amphétamines ( et pour le jeu de mot pourri du nom aussi ! ). Le second pour ses allures orientalisantes bancales ( très Yellow Magic Orchestra encore une fois ).
Il faudrait que je le réécoute plusieurs fois comme tu le préconises avant de me faire un avis plus affiné.
Content que tu aies aimé ;)
Supprimer