Ce M:FANS n'est pas un album comme les autres. Bon, déjà c'est un album de John Cale (rien que ça, ça veut dire beaucoup). Et ensuite c'est une version réarrangée de son album Music For A New Society de 1982. Mais tellement réarrangée, remixée et triturée qu'il a une vie propre et un vrai intérêt.
Après un "Prelude" sans intérêt et un peu agaçant à mon goût (surtout au fil des réécoutes de l'album, je finis même par le zapper), on rentre dans le dur. Avec un émouvant "If You Were Still Around", dévastatrice ballade industrielle, durant laquelle le chant de Cale nous tire toutes les larmes du corps, dès le début. "Taking Your Life In Your Hands" continue sur la même superbe lancée, un beat industriel, des choeurs pop (et une voix filtrée dont on jurerait appartenir à Damon Albarn dans le fond du mix), et cette voix trafiquée qui convoque tant d'émotions... Quand le beat se fait plus lourd, que les choeurs glam à la Queen / Sparks démarrent, puis que l'orgue la rejoint sur un rythme martial, ce chant lead dévaste tout. Le temps d'un "Mama, Mama / I Left School Today", et les frissons dans la colonne repartent de plus belle. La production, claire et dense, électronique et vivante, est impeccable.
Puis vient le tube "Thoughtless Kind", dont l'intro addictive semble sortir tout droit du Plastic Beach de Gorillaz, et le chant autotuné happe tout de suite l'auditeur. Grosse réussite. "Sanctus (Sanities Mix)" est ensuite un intermède avec de bons moments mais inégal sur l'ensemble selon moi. "Broken Bird" creuse le filon de la ballade sur le fil à merveille, c'est une merveilleuse chanson, et "Chinese Envoy", plus funky (comme les Talking Heads et Eno ont pu l'être), emporte et convainc également.
"Changes Made", sorte de rock garage industriel est moins bonne, magré un refrain qui reste en tête. "Library of Force" est un autre intermède qu'on trouvera passionnant ou irritant selon les écoutes. "Close Watch" est une chanson électronique et pop à la production majestueuse, aux magnifiques voix trafiquées et qui plus est, mélodiquement impeccable. Grosse réussite donc. "If You Were Still Around (Choir Reprise)" combine le côté électro/funk et la ballade, dans un mode plus gospel (et avec échos dub), d'une très belle façon. Enfin, "Back To The End" conclue ce disque sur un dernier soupçon d'émotion.
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Bref, John Cale est loin d'avoir perdu la main. En se replongeant dans son oeuvre passée et en se jetant à corps perdu dans les sons les plus modernes, il évite l'écueil de la redite et propose avec un album revisité plus de nouveauté que certains autres monstres sacrés du rock avec des albums composés uniquement de nouvelles compositions... L'écoute s'avère passionnante et poignante, je ne peux donc que vous recommander d'aller vérifier par vous même ici ou là.
Merci pour votre lecture et vos commentaires !
Alexandre
Déroutant mais tellement bien raconté, un poil prosélyte mais c'est ce que j'aime... " Puis vient le tube "Thoughtless Kind"" Heu, oui, le tube. J'aime bien le "Changes Made" et j'approuve les comparaisons avec Eno/Byrne. On se demande même si ils lui doivent pas un peu au discret Cale. Ensuite je suis moins sensible à son timbre mais pourtant je l'aime cette voix mais j'ai du mal à y trouver de l'émotion. Souvenir de Velvet peut-être? Merci, belle chronique
RépondreSupprimerJe suis toujours prosélyte car généralement si je parle d'un truc c'est que j'aime et que je veux donner envie d'écouter. En revanche, j'ai en général des avis quand même nuancés, et je le précise (ici par exemple, il y a des moments que je trouve foireux ou longuets, 3-4 chansons que j'annonce clairement comme franchement de trop). Ca peut arriver que je parle de trucs que j'aime pas mais c'est pas trop la ligne éditoriale du blog, je préfère valoriser que démolir, parce que j'ai pas le temps de faire les deux et que l'un me paraît plus constructif que l'autre tant qu'à faire.
SupprimerMais oui tous nos articles sont subjectifs, et même si on arrive avec Etienne à prendre de la distance et du recul sur nos goûts, on reste des passionnés de musique voulant partager nos coups de cœur, donc forcément parfois on s'emporte mais c'est pour la bonne cause ;)
Ils lui doivent sûrement. Eno a été très marqué par le Velvet il me semble. Et Byrne est un type brillant, donc sûrement aussi. Et ils ont probablement suivi sa carrière solo. En tous cas c'est le même calibre d'artiste, immensément influent mais toujours un peu dans l'ombre par rapport à d'autres moins brillants mais plus racoleurs.
J'ai eu du mal avec sa voix au départ, mais "Paris 1919" m'a retourné pour ça, alors maintenant c'est l'inverse, il pourrait chanter le bottin que j'y trouverais probablement mon compte !
La magie des "déclics" en musique...
Merci à toi pour ton passage !
Et j'aurais terriblement aimé que "Thoughtless Kind" eut été un tube... Dans un monde parfait, ç'aurait été le cas ! Il me rappelle tout le bien que je pense de Plastic Beach, de Gorillaz (Albarn encore...)
SupprimerJe suis sûr le cul. Cet album m'a pris de bout en bout, que ce soit l'original ou la nouvelle production, enjambant les titres plus faibles dans un émotion rare pour ma part surtout sur le doublet Chinese Envoy - Thoughtless Kind de l'original, dont la voix de John Cale m'est très touchante.
RépondreSupprimerEt pourtant je n'y connaissais rien de John Cale, mis à part son antériorité chez le Velvet. Une belle découverte donc. Il faut d'ailleurs souligner le cran de se genre d'entreprise visant à faire peau neuve à un album d'anthologie. Chapeau ! ( surtout à son âge ).
P.s. : découvrant les deux version en même temps, je préfère tout de même l'original
L'originale est meilleure, mais pour ce genre de relecture c'est génial (d'autres nous auraient ressorti une version avec une guitare sèche ou un orchestre de vieux morceaux, pas Cale).
SupprimerSi tu aimes fouilles un peu sa discographie solo, elle est passionnante ! Je sais pas si ils en ont à la médiathèque, à part le double best of, mais sinon si je repasse dans le coin je te ferai écouter ça chez moi ;)