Groupe sacré dans le cœur de tout bon collégien amateur de rock dans les années 2000 qui se respecte, un nouveau Strokes demeure un événement pour tous les jeunes adultes que nous sommes devenus. Trois ans après un Comedown Machine arrivé par surprise et lynché par la critique, les Strokes ne s'avouent pas vaincus et rappliquent une nouvelle fois avec ce petit EP de trois titres originaux et un remix à sortir le 3 juin 2016 mais déjà disponible depuis le 26 mai à l'écoute digitale. Dix ans après First Impressions of Earth c'est aussi l'occasion de se questionner sur l'évolution de ce groupe emblématique du renouveau rock du début 00's.
Cette fois encore, aucune campagne marketing, aucune publicité pour annoncer ce Strokes, arrivant à un moment où personne ne l'attendait et là où certains pensaient voir ( enfin ) disparaître pour de bon le groupe qu'ils avaient adulé, puis détesté depuis Angles ( 2011 ), mais surtout le très controversé Comedown Machine ( 2013 ). Il a ainsi été bon train de spéculer sur une formation disloquée par l'ego surdimensionné d'un Casablancas aux pleins pouvoirs, d'une reformation aux motivations pécuniaires ; voyant en Comedown Machine le funeste cercueil d'une groupe ayant perdu son âme créatrice.
Julian Casablancas ( chant/guitare ), Nick Valensi ( guitare ), Albert Hammond Jr ( guitare ), Fabrizio Moretti ( batterie ) et Nikolai Fraiture ( guitare basse ) s'étaient alors éloignés de leur cocktail de rock 70's pour emprunter les chemins plus pop d'une production 80's, tout en gardant une part primordiale au chant désinvolte de Casablancas et aux guitares incisives de Valensi et Moretti. Le rendu y était certes moins électrique et spontané que par le passé, mais le groupe conservait son esprit rock, sans se laisser appâter par la facilité de schémas de composition déjà bien usés. Perdant de leur énergie brute, ils proposaient des morceaux plus posés, plus matures peut être, malgré des envolés vocales se faisant parfois caricaturales, comme sur Chances.
Vous l'aurez donc compris, je suis un grand amateur de Comedown Machine qui se pose comme une suite logique à un Angles qui annonçait déjà une production plus travaillée et moins spontanée que lors des premiers disques. Possédant d'ailleurs une plus grande homogénéité et intégrité que son prédécesseur, probablement lié à des conditions d'enregistrement plus propices, Casablancas n'étant pas en tournée pendant le travail en studio.
Voici donc leur deuxième EP après The Modern Age de 2001. On pourrait penser à la fin d'une agonie qui n'en fini pas depuis leur break de 2007, mais que nenni ! Il s'agit bien d'une reconstruction méthodique du groupe. Le quintet nous propose trois titres d'une facture digne de leurs plus grand titres et faisant le résumé condensé de toute leur discographie. En témoigne le modeste titre "Future Present Past" décrivant peut être dans l'ordre les trois titres originaux de l'album.
Commençant par un "Drag Queen" à l'introduction digne de Joy Division, le disque nous prend d’emblée par surprise ( quoi que non sans rappeler celle de "Two Kinds of Happiness" sur Angles), à se demander si on écoute bien du Strokes, avant que la nonchalante voix de Casablancas viennent au galop donner se cachet propre au groupe, tout en voguant sur un style résolument Post-Punk. L'énergie n'est pas ménagée et dès le premier titre on ressent ainsi une certaine spontanéité retrouvée dans la composition et un équilibre dans la formation.
S'en suit le très bon "OBLIVIUS" qui nous ramène dans leur style déjà adopté sur Angles et Comedown Machine, avant que le refrain nous fasse plonger dans la nostalgie de l'album First Impressions of Earth dans une envolée vocale.
Puis vient le sublime "Threat of Joy" rappelant lui le cachet de l'album Room on Fire avec ses morceaux plus posés. C'est résolument leur morceau rappelant le plus leur première période et mon titre préféré.
Le court EP se finit enfin par un remix très 80's d'"OBLIVIUS" par le batteur du groupe, Fabrizio Moretti, qui bien que moins touchant, montre le chemin de la réconciliation entre les deux périodes du groupe que l'on espère à nouveau réuni pour une longue période.
A la fin de son écoute, l'EP respire la renaissance pour ce groupe bien malmené depuis 10 ans. Nous faisant espérer dans l'enthousiasme de ce très bon 4 titres la sortie de nouveaux chefs d'oeuvre dans leur discographie, mais aussi l'unité dans la formation !
C'est donc avec une nostalgie inconditionnellement subjective que j'ai abordé ce nouvel opus et je dois bien avouer que j'étais déjà conquis avant même de l'avoir écouté. Ce qui n'aurait d'ailleurs pas été forcement le cas si la sortie avait été annoncée de longue date, donnant le temps à l’appréhension et au doute de s'installer. Espérons donc de nouvelles surprises de leur part très bientôt eux qui avaient annoncé lors de la sortie de Angles vouloir sortir des albums à intervalle plus régulier.
A écouter sur Spotify ICI.
ETIENNE
Comme l'a bien expliqué Etienne, les carrières solo respectives ont permis aux membre des Strokes de pouvoir s'exprimer artistiquement, et cela a considérablement déminé le terrain et ouvert de nouvelles pistes au groupe. Après deux albums mal-aimés mais plutôt très réussis à la réécoute (la plupart des gens, dont moi, étaient indisposés à entendre de la pop 80's bubblegum venant de ce groupe, et puis à l'écoute ils semblaient si peu investis dessus...), cet EP essaie en effet de réaliser l'exercice de la synthèse et de l'ouverture sur une suite novatrice.
Le premier titre, "Drag Queen", est en effet ultra cold wave, les guitares, la basse et le rythme ne trompent pas. Casablancas a retrouvé avec joie le gimmick du micro saturé, aussi. C'est très sympa, c'est un peu déjà entendu mais le morceau est très dense, il s'autorise à durer un peu plus que la moyenne et il y a mille choses à écouter. Et puis le rythme impose une transe assez prenante. Bon départ !
"OBLIVIUS", le second morceau, a été très bien décrit par Etienne, le rythme de batterie tout en break est typique de First Impressions Of Earth (et le refrain également, bien vu là encore Etienne), le côté pop des sorties solo de Casablancas et des deux derniers albums, et les guitares mi-glam (elles ont parfois l'éclat et le côté démonstratif, brillant et paillettes d'un Queen ou autre monstre sacré du genre), mi-africanisantes des croisements hardcore-wold de Tyranny (Julian Casablancas & The Voidz, sous influences du funk turc). Là encore, c'est dense, y'a beaucoup à écouter et c'est très bon.
"Threat Of Joy", plus épurée instrumentalement, rappelle les morceaux plus en émotion des deux premiers albums. C'est réussi aussi, avec le chant de Julian entre Iggy Pop et Lou Reed. Et ça confirme la théorie d'Etienne, c'est le "Past" ce morceau là. Et le remix final est sympa, un peu boursouflé ceci dit, il supportera mal la réécoute.
Bref, un bon petit EP qui montre un groupe plus investi que sur les précédents, et qui nous permet de réévaluer ces derniers à la hausse. C'est donc un groupe en bonne forme auquel on a affaire, cela restant à confirmer sur un format plus long.
PS : désolé pour les couleurs mais c'est pas voulu, la mise en page de blogger est buguée et capricieuse c'est assez insupportable
PS : désolé pour les couleurs mais c'est pas voulu, la mise en page de blogger est buguée et capricieuse c'est assez insupportable
Alex
Vous trouvez pas que le pont d'Oblivus, ça fait très Daft Punk ?
RépondreSupprimerAh si carrément !
SupprimerCasablancas n'est plus tout à fait le même depuis son premier album solo de toutes façons, il a cette même obsession pour l'électronique vintage70's et surtout 80's qui fait très Daft !
Tu as aimé l'EP ?