Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

mardi 28 août 2018

Thee Oh Sees - Smote Reverser (2018)


  On ne compte plus les sorties ni les grands albums pour Thee Oh Sees, le groupe phare du génial et prolifique John Dwyer. Mais une chose est sûre, ce Smote Reverser fait partie de mes oeuvres préférées du groupe mythique. Sachant réinterpréter la mythologie rock à sa sauce, le groupe utilise une science du rythme et du son venue tout droit du krautrock de Can pour osciller entre mélodie mystérieuse et sensible et explosions rock, le tout sur un groove funky hypnotisant (la magnifique "Sentient Oona", un très grand morceau rock). On pense à un croisement entre Syd Barrett et T.Rex joué par King Gizzard sur la très accrocheuse "C", nourrie à une soul sudiste d'une chaleur marécageuse. Les pop songs nocturnes sont en effet un point fort de ce disque et du groupe en général, surtout lorsqu'elles sont assaisonnées de soli de guitare blues-rock comme sur la superbe "Moon Bog".

Thee Oh Sees - C (2018)

  Les carillons de la guitare psyché de "Last Piece" émulent la fin des 60's, entre Byrds, Velvet et Who, en ajoutant à ce son une gravité propre au rock des années 90 avant de partir en explosion néo-prog quelque part entre le Genesis des débuts et Yes. Le rock psychédélique et plombé de "Enrique El Cobrador" évoque aussi bien les Black Angels que le groove électro-rock de son autre projet sous le nom Damaged Bug pour les mélodies vocales froides et obsédantes (ainsi que pour les synthés, comme sur la très belle "Beat Quest" aux arrangements presque Gainsbourgiens avant de virer prog)

  L'album fait également très bon usage d'un son rock californien décadent, nourri de cavalcades rythmiques funk, d'orgue acide et de guitares scintillantes (cf l'impressionante démonstration "Overthrown" aux accélérations punk presque hardcore, et le plus subtil "Nail House Needle Boys" au groove bluesy), façon BO de la série Californication. Le côté hard rock est parfois esquissé, et entre deux cavalcades de guitare façon King Crimson, on se prend à penser au MC5 ou à Black Sabbath, ainsi qu'à des groupes plus récents comme les urgents Lords of Altamont ("Abysmal Urn"), et les envolées façon Hawkwind ou Camel de "Flies Bump Against the Glass" nous feraient presque classer ce disque au rayon rock progressif (ainsi que sa pochette, quoiqu'elle aurait fait bonne figure sur un disque métal).

Thee Oh Sees - Overthrown (2018)

  Le krautrock expérimental et funky de Can est également l'influence principale de la longue jam "Anthemic Aggressor", un poil démonstrative au long de ces 12'13" mais jamais à court d'idées. 

  C'est donc encore une éclatante réussite artistique pour Dwyer, un autre très, très bon album qui fait honneur à une discographie gargantuesque et qualitativement impressionnante. Les influences venues du garage, du hard et du psychédélisme se mêlent à merveille à une pop-folk nocturne volontiers accompagnée de touches électroniques et glam rock, assaisonnée de soul, de blues et de funk, dans un mélange rendu cohérent par une approche inclusive des différents genres musicaux venue du rock progressif et du krautrock, les deux genres qui forment la matrice de cet album. A écouter absolument.


Alex


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