J'ai perdu le compte, mais depuis que j'ai commencé à écouter les Oh Sees, il y a tout pile dix ans, j'ai bien écouté au moins 15 albums du groupe de John Dywer sous une forme ou une autre (Thee Oh Sees, OCS, Oh Sees, voire le projet parallèle Damaged Bug qui a pas mal changé le son du groupe au point d'avoir du mal à distinguer les deux maintenant). Et le truc incroyable, c'est que je n'ai jamais été déçu, et que parmi ces disques il y en a bien 7 ou 8 qui figurent parmi mes préférés de la décennie. Ces dernières années, le groupe s'étant déjà essayé à pas mal de styles et d'approches, on commence à être moins surpris, et à moins attendre les sorties du groupe. Mais alors que je m'attendais à écouter un album sympa mais sans surprise, j'ai été happé par ce dernier disque.
Oh Sees - The Daily Heavy (Clip, 2019)
Vraie transe entre krautrock, funk cosmique, rock progressif, psyché, garage, il vous prend dès l'intro (la montée en pression de "The Daily Heavy" est un monument du genre, on se croirait sur Fun House des Stooges rejoué par Can) et ne vous lache plus jusqu'à la fin. Les batteries, sans répit, martèles, cognent, roulent, et portent des riffs rock irrésistibles ("Face Stabber"). Quelques autres morceaux de bravoure, tels "Scutum & Scorpius" de plus de 14min et "Henchlock" (plus de 21min au compteur), parsèment le disque, tandis qu'à l'inverse des morceaux ultra courts à l'esprit punk ("Heartworm", "Gholü") essaient de faire le plus de bruit, le plus vite possible.
Oh Sees - Snickersnee (2019)
Les morceaux plus chantés apportent un petit répit dans cette transe, en ajoutant une fantaisie prog ("Fu Xi"), funky ("Psy-Ops Dispatch") ou un côté plus pop psyché, plus posé ("The Experimenter" et la géniale "Snickersnee" qu'on croirait composée et interprétée par un supergroupe improbable constitué d'Ariel Pink, Keith Richards et Tony Allen). Le disque est assez varié stylistiquement : il y a un côté jazz dans le prog agressif, malicieux et funky de "Together Tomorrow", le glam vicieux de "Poisoned Stones", et l'OVNI "Captain Loosley" est un genre d'électronique ambient planante qui tranche magnifiquement avec le reste du disque.
L'album est dense, ça fait beaucoup à ingérer en un coup, c'est tout de même un double album d'une heure vingt environ. Mais c'est un triomphe total, en termes de son, de groove (cette section rythmique IN-CROY-ABLE), de riffs, c'est un mastodonte. Le line-up n'a rien à envier aux combos légendaires du rock, tant leur alchimie fait de ces morceaux tirant sur la jam des léviathans de précision et d'efficacité. Une bien belle surprise.
Mes morceaux préférés : The Daily Heavy, Face Stabber, Snickersnee, Together Tomorrow, Poisoned Stones
Alex
Entièrement d'accord avec toi, d'ailleurs je dis la même chose sur mon blog (quelle synchronisation!).
RépondreSupprimerc'est vraiment rare un groupe qui arrive à être aussi constant dans la qualité tout en se renouvelant et en étant aussi productif... un des albums de l'année!
Haha c'est marrant cette coïncidence ! Je suis toujours étonné par leur pertinence des année après leurs débuts
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