Dans les années 2000, on a eu d'énormes succès forts mérités, notamment pour Norah Jones dans un style jazz/pop et Amy Winehouse dans une soul référencée mais couillue et vivante. Les suiveuses sont arrivées, à grand renfort de comm', pour un résultat parfois très bon (Duffy), parfois désarmant d'insipidité comme l'agaçante Adèle. Et bien en 2016, on a Izzy Bizzu, une jeune chanteuse britannique dont la fraîcheur et le talent inouï enverraient dans un monde idéal la soupasse des chanteuses de supermarché aux oubliettes de l'histoire et les bouteraient hors des ondes radiophoniques et des chaînes de clip.
Que ce soit dans un style de ballade soul tire-larme à la production impeccable comme "Diamond", ou dans un style funk sur "Skinny", on n'a rien à redire, c'est du très très bon. Et puis on a le tube "White Tiger", où un piano funky quasiment house (rappelant Breakbot) sert de tapis de velours rythmique (avec quelques claquements de main) aux vocalises virtuoses de la chanteuse, avant que le beat discoïde n'emporte tout sur son passage.
Pour la suite du disque, après ce trio incroyable de départ, on a de bons morceaux, pas aussi géniaux que les premiers mais très très corrects, comme les funk de "Naïve Soul" et "I Know", et "Give Me Love" façon soul-rock.
Retour des tubes potentiels à la pelle, avec le très accrocheur "Adam & Eve" entre funk avec cordes philly et cuivres 70s, et surf-rock. Le chant d'Izzy est toujours délicat, et quand il est mis en valeur comme sur "Gorgeous" ou l'excellente soul moderne de "Lost Paradise" c'est un plaisir. Les ballades "Glorious", "Mad Behaviour" et "What Makes You Happy" sont des régals de délicatesse et de puissance soul.
Et quand elle chasse sur des terres plus pop, c'est moins inspiré, mais ça suffit pour déloger Lorde de son pré carré sur "Circles" et ringardiser Lily Allen sur "Fly With Your Eyes Closed". L'électro lui convient pas mal du tout sur "Someone That Loves You", de même que le piano voix sur "Trees And Fire", et le reggae sur "Hello Crazy" (qu'on entend régulièrement en filigrane dans tout l'album mais qui s'exprime pleinement ici), même si ces morceaux ne sont pas non plus ses meilleurs.
Bref, ce A Moment Of Madness n'est peut-être pas le Back To Black de 2016, mais c'est certainement un très bon album de soul/funk conquérante qui n'a pas peur de la pop et qui veut en découdre, et c'est déjà superbe. Comme l'excellent Nao de cette année, ce disque est le fruit d'une très jeune artiste qui a voulu tout donner sur un long format. Avec davantage de concision dans le choix des morceaux et une production plus charismatique et moins générique, Izzy Bizzu saura à n'en pas douter donner à ce bon disque des successeurs qui le surpasseront et nous éblouiront. Affaire à suivre donc !
En attendant écoutez cet album ici, et revenez nous en dire des nouvelles !
Alex
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