BabX, c'est l'auteur-compositeur-interprète et compositeur de génie qui m'a conquis en 2013 avec Drones Personnels, son 3e disque déjà, un album sensible, puissant et touchant, d'un raffinement inédit. Mais j'avais déjà entendu sa patte derrière certaines des meilleures chansons de Camélia Jordana ou Julien Doré. Sur l'album de 2013, on entendait beaucoup de Bashung, de Christophe, de Manset, de tout ce qui s'est fait de mieux en pop française en fait. J'étais passé complètement à côté de Cristal Automatique 1 (2015), autre bon album, beaucoup plus sombre et violent, empruntant au post-punk ou aux musiques de film, à la valse, et à la pop pré-Elvis marquée par le jazz, avec un axe rock indé lo-fi (façon Alister), aux thèmes poétiques sombres proches dans l'esprit des Fleurs du Mal, d'ailleurs les morceaux ont des titres évocateurs quant aux origines du projet, celui-ci mettant en musique leurs textes : "Arthur Rimbaud", "Charles Baudelaire", "Jean Genet"...
Et si j'évoque ces albums, c'est que Ascensions est un mélange harmonieux des deux, de l'écriture ciselée, douce et profonde de Drones, et de la puissance sombre de Cristal. Et ce dans une optique jazz parfois préfigurée dans ces albums, notamment dans ce dernier. Le mariage entre une chanson française de haute volée et un jazz sobre et intègre fait des étincelles : les deux premières parties d'"Omaya", ode à une figure de la résistance face à l'OEI, rivalisent de beauté : poésie sèche, accords austères, liquides et froids, batterie pleine de poussière et de mémoire, avant le premier zénith poétique et musical du disque : la partie 3 d'"Omaya", à la beauté saisissante, immédiate, glaçante, paralysante et obsédante. Un sommet de chanson française. Digne du Barbara le plus hanté, le plus habité, et du Bashung bluesy, marécageux et roots des dernières années.
Un "Psaume" païen vocoderisé moquant le Dieu Argent plus loin, on tombe sur le deuxième paroxysme de la beauté froide du disque, "L'homme de Tripoli", où la voix irréelle de BabX évoque un mélange de Christophe, Michel Berger, François & The Atlas Mountains et Manset, issue d'un vieux vinyle qui grésille et produite par l'ingé son de Cigarettes After Sex. Et la musique, obsédante, blanche, souligne la beauté macabre, ironique, empathique avec les victimes et sans pitié avec les puissants irresponsables du texte, délivré avec une diction implacable et transcendé par un refrain aérien. Là encore, c'est indépassable.
Le blues francophone de BabX illumine la fin de disque, avec un enchaînement plus apaisé entre "Le Déserteur" et "Alpiniste", expérimental et pop façon Petit Fantôme avec toujours ce jazz nocturne et carnassier, encore plus noir que le chef-d'oeuvre méconnu de Raphaël, Super Welter. Et le disque se clôt par deux collaborations. Tout d'abord, "Tango" avec Mujahin Hajana au chant, superbe morceau façon Trenet ou Gainsbourg période "La Javanaise", avec un jazz aussi libre que rassembleur dû au merveilleux groupe et Supersonic, qui tient quand même son nom d'un album de Sun Ra. Puis une reprise de la "Trilogie Omaya" avec rien de moins que le légendaire Archie Shepp au saxophone.
Bref, un chef-d'oeuvre absolu, un des meilleurs albums de l'année, voire le meilleur, sans aucune hésitation. Qui touche des sujets graves, profonds, et importants, et les traite via le prisme de l'art avec grâce et une implacable rigueur. Et que vous vous devez d'écouter, par exemple ici.
Et si j'évoque ces albums, c'est que Ascensions est un mélange harmonieux des deux, de l'écriture ciselée, douce et profonde de Drones, et de la puissance sombre de Cristal. Et ce dans une optique jazz parfois préfigurée dans ces albums, notamment dans ce dernier. Le mariage entre une chanson française de haute volée et un jazz sobre et intègre fait des étincelles : les deux premières parties d'"Omaya", ode à une figure de la résistance face à l'OEI, rivalisent de beauté : poésie sèche, accords austères, liquides et froids, batterie pleine de poussière et de mémoire, avant le premier zénith poétique et musical du disque : la partie 3 d'"Omaya", à la beauté saisissante, immédiate, glaçante, paralysante et obsédante. Un sommet de chanson française. Digne du Barbara le plus hanté, le plus habité, et du Bashung bluesy, marécageux et roots des dernières années.
Un "Psaume" païen vocoderisé moquant le Dieu Argent plus loin, on tombe sur le deuxième paroxysme de la beauté froide du disque, "L'homme de Tripoli", où la voix irréelle de BabX évoque un mélange de Christophe, Michel Berger, François & The Atlas Mountains et Manset, issue d'un vieux vinyle qui grésille et produite par l'ingé son de Cigarettes After Sex. Et la musique, obsédante, blanche, souligne la beauté macabre, ironique, empathique avec les victimes et sans pitié avec les puissants irresponsables du texte, délivré avec une diction implacable et transcendé par un refrain aérien. Là encore, c'est indépassable.
Le blues francophone de BabX illumine la fin de disque, avec un enchaînement plus apaisé entre "Le Déserteur" et "Alpiniste", expérimental et pop façon Petit Fantôme avec toujours ce jazz nocturne et carnassier, encore plus noir que le chef-d'oeuvre méconnu de Raphaël, Super Welter. Et le disque se clôt par deux collaborations. Tout d'abord, "Tango" avec Mujahin Hajana au chant, superbe morceau façon Trenet ou Gainsbourg période "La Javanaise", avec un jazz aussi libre que rassembleur dû au merveilleux groupe et Supersonic, qui tient quand même son nom d'un album de Sun Ra. Puis une reprise de la "Trilogie Omaya" avec rien de moins que le légendaire Archie Shepp au saxophone.
Bref, un chef-d'oeuvre absolu, un des meilleurs albums de l'année, voire le meilleur, sans aucune hésitation. Qui touche des sujets graves, profonds, et importants, et les traite via le prisme de l'art avec grâce et une implacable rigueur. Et que vous vous devez d'écouter, par exemple ici.
alex
Oui, je maintiens tout ! ;)
RépondreSupprimerOuh là..ce disque m'a bien abimé la tète.. je m'attendais vraiment pas à ça. Le contexte, l'interprétation, c'est une grosse oeuvre qu'on écoute pas comme ça à la légère, c'est ce que j'ai fait la première fois. La 2 ème écoute fut "religieuse".
RépondreSupprimerC'est le genre de disque qui requiert cette écoute totale en effet !
Supprimeraussi j'aime bien toute tes références..et j'ai oublié de te dire que c'est un superbe billet ;D
SupprimerMerci beaucoup ça fait toujours très plaisir
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