Pour commencer l'année sur LPAE, je vous propose un album de post-punk noizy bien badant, signé sur l'excellent label londonien Fuzz Club records, spécialisé dans toutes ces musiques obscures et déviantes, enfants du punk et enrobées d'un "neo-psychédélisme" fumeux. NONN, c'est le nouveau projet solo du suédois Christian Eldefors, qui officie aussi dans un style plus rock n'roll chez The Orange Vival, toujours signé chez Fuzz Club.
Walls, premier des 10 titres mais surtout première des compositions dans le processus de son projet solo, ouvre magnifiquement l'album. Il pose dès lors les jalons d'un univers sombre et mécanique qui constitue le cachet de NONN. Ce sont d'abord ces synthés emplis d'écho qui marquent, faisant raisonner des influences coldwave et lugubres à la Suicide. Un univers froid qui puise son inspiration dans la solitude des froids hivers suédois, contexte de composition de NONN. C'est aussi cette basse qui sonne comme la glas, dans des ambiances proches du noizy et de l' "indus".
Vient ensuite Lost et ses guitares à la The Cure, où dans une énergie mélancolique et des rythmes mécaniques, les riffs de la Stratocaster et de la basse semblent s'animer tels des fantômes. Les drums machines accentuent alors d'autant cette atmosphère industrielle. Le chant fait aussi son apparition, nonchalant et désinvolte, quelque peu effacé et en demi-teinte. Avec ce morceau c'est comme si Christian Eldefors tirait le plus sombre de Joy Division, pour l'assaisonner à la sauce New Order, dans un production 90's grung.
Christian Eldefors |
Sur Stay, la dynamique s'accélère, les drums se font automatiques, la basse lourde et la guitare vrombissante. De la simplicité de l'orchestration et de la composition, le suédois tire une énergie brute et animale, allant à l'essentiel de la magie qui fait le post-punk.
Gone emboîte le pas, dans une approche noizy où les bruits sourds se répètent dans un décor sombre et inquiétant, parfait warm-up vers Cold qui continue à mettre en avant une musique synthétique, qui n'est pas sans rappeler la vague Trip-Hop qui a secouée l'angleterre des 90's.
Des sonorités 90's bien vite rattrapées par le terreau 80's de cet album, avec Need qui prouve les liens non équivoques de NONN avec le shoegazing et son chef de file My Bloody Valentine. Le morceau est sombrement excellent et rend parfaitement honneurs à ces groupes tels Bauhaus ou Cocteau Twins. De ces derniers, comment ne pas citer l'anthologique Blind Dumb Deaf , chef d'oeuvre du genre.
On accélère légèrement le bpm sur le morceau suivant, avec le single Hills, où la basse prend tout son essor pour impulser un post-punk nihiliste et décadent. Dans la gravité et la tristesse de l'ambiance, vient alors percer cette guitares claire et pure, à la manière des Smiths, dotée d'une composition des plus simples et efficaces. Là encore la voix semble se fondre dans l'écho, nourrissant le lugubre de l'univers musical de NONN.
Le lugubre monte encore d'un cran sur Time ou les battements mécaniques nous hypnotisent et les effets sonores créez un psychédélisme sinistre, entre écho et fuzz à foison. Cette ambiance continue sur le très dérangé Fear, qui poursuit notre funèbre voyage. En plus énervé, on peut aussi penser à des artistes comme Thee Oh Sees, qui ont réussi à mélanger au punk un néo-psychédélisme inquiétant. Wait clos alors en simplicité l'album dans un marasme synthétique.
En somme, rien de nouveau dans la musique de NONN , qui fait écho à beaucoup d'influences 80's et d'autres artistes voguant aujourd'hui encore sur cette vague post-punk, à l'instar de A Place To Bury Strangers. Cependant, la sincérité et l'instantanéité de cette musique lui donne un caractère singulier dans ce genre déjà bien usé. Elle n'y est aucunement poussive et est animée d'une énergie authentique, rappelant le meilleur du shoegazing anglais.
Pour écouter et se procurer l'album, ça se passe sur Bandcamp.Pour aller plus loin, je vous recommande l'interview de Christian Eldefors sur The Seventh Hex.
Etienne
Wah super découverte merci ! Effectivement post punk gothique avec un chouia d'électronique, entre The Cure et Jour Division mais avec d'autres parfums en plus. Dans le genre je trouve le Sealings de 2016 (dans mon top de l'époque) assez indépassable également, en un peu plus rock et plus industriel.
RépondreSupprimerContent que ça t'ai plu ! Ça fait très longtemps que je suis les sorties de ce label et que je voulais les mettre zn valeur, c'est maintenant chose faite :) je vais écouter Sealing, ça ne me rappel absolument rien !
SupprimerJe découvre, méga pépite ! :)
RépondreSupprimersigné Lucas
SupprimerMerci Lucas ! Heureux que tu aies apprécié ;)
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