Logique du calendrier, après Bibio, c'est à l'auteur d'un autre grand disque de 2016 de sortir son nouvel album. Drugdealer, qui délivre ici un classic rock à la papa, avec un twist un peu barré quand même, avait en effet offert un magnifique The End Of Comedy que j'avais adoré. J'avais donc hâte d'écouter ce nouvel opus, nommé Raw Honey, d'autant plus que la pop de studio du single "Fools" m'avait enchanté, mais on en reparlera.
Le disque commence avec un bel instrumental de pop baroque façon BO de film italien, "You've Got To Be Kidding", avant de balancer le premier coup de génie : "Honey" et son ambiance teeeeelllement George Harrison (ce songwriting, ces arrangements, cette GUITARE !). C'est un immense compliment d'être comparé au quiet Beatle, surtout qu'ici on a une chanson solide à tous points de vue, magnifiquement interprétée par l'excellente Weyes Blood, qui avait déjà prêté sa voix sur le précédent LP de Drugdealer. Comment suivre un tel morceau, une telle réussite ? Ben avec un autre morceau ultra-Beatles tant qu'à faire ! Et ça donne "Lonely", plus McCartney dans son style, avec la participation de Harley & The Hummingbirds. Autre gros carton. Et tant qu'à faire, autant continuer sur la lancée avec un autre titre dans le style des 4 de Liverpool (cette fois-ci c'est Lennon) : "Lost In My Dream", très beau titre également, avec un joli ajout de cuivres façon Broadway. Voici donc la chanson Ringo et... non en fait il n'a pas fait de morceau "à la Ringo Starr", désolé.
Drugdealer - Fools (Clip, 2019)
Dans tous les cas, ces morceaux sont produits avec un soin, une patience, une délicatesse, un talent et un amour du son palpables, c'est un délice total pour les oreilles du début à la fin, c'est de la grande Pop de studio. Et c'est là qu'on va reparler de "Fools", le merveilleux single de dad rock, avec saxo, petit côté américain entre The Band et les Doobie Brothers, et des choeurs à la Crosby Stills Nash & Young. Ce morceau est une masterclass de production pop-rock à l'ancienne, avec un son rond et chaud, et c'est surtout une chanson extrêmement bien composée et interprétée. Le côté pastiche est absolument transcendé et balayé d'un revers de main devant tant de talent.
La grande ballade au piano martelé et aux cordes bien présentes est là aussi (qui a dit Harry Nilsson ?), et c'est la belle "If You Don't Know Now, You Never Will". Elle est suivie d'une aussi belle ballade, "Wild Motion", chantée par Doogie Poole et sa voix rauque de crooner, sur une prod 70's là encore très Harrison. Et puis l'album finit en fanfare, avec "London Nightmare", sorte de morceau des Bee Gees période Odessa, mixée avec l'ambition sonore d'Abbey Road, puis la bien nommée et très cinématographique "Ending on a Hi Note".
Loin d'être une simple redite du passé, ce disque en est une relecture bien vivante et passionnée, un genre de passage de torche. On sent derrière chaque morceau l'envie de reprendre un flambeau, de prouver qu'on peut encore créer un classique dans un genre musical désuet et maintes fois surexploité. On entend la sueur couler le long des fronts, les prises de tête, les sourires lorsqu'un morceau se débloque, tout ça transpire de partout, remplit le disque d'une joie douce, simple et belle. C'est très enthousiasmant, je suis réellement émerveillé par le talent et la passion de tous les musiciens exceptionnels qui ont participé à ce Raw Honey.
Mes morceaux préférés : Fools, Honey, Lonely, If You Don't Know Now You Never Will
Alex
Une fois n'est pas coutume, j'ai d'abord pas mal écouté et ensuite venu lire ton ressenti. Bien vu, pas grand chose à ajouter dans ta présentation.
RépondreSupprimerMais mon ressenti, toutes les voix ne se valent pas, chacun peut avoir ses préférences, pas de doute, moi c'est "Wild Motion" en premier,"Honey" pas loin. Je pense que c'est un peu ce qui m'a éloigné d'un attachement total, c'est mon défaut, je suis très sensible au chant, ce panel me donnerait l'impression que ce sont des essais et qu'il faut choisir. C'est perso, j'en suis conscient, mais je ne dois pas être le seul. Pas nombreux les groupes à plusieurs voix qui se sont détachés: Eagles avec une belles variations de timbres, comme les CSN ou les Bee Gees qui nous ont aussi habitué aux harmonies d'ensemble, ce qui rend les individualités différentes, comme sortant parfois pour revenir aux harmonies.
Je m'emporte, je m'emporte, mais c'est que ton papier est tellement juste (dangereux?) sur les comparaisons.
Je conclus: Hé! Les dealer, où vous optez pour une personnalité vocale ou vous faites davantage d'harmonie à plusieurs voix, c'est si beau (Simon & Garfunkel?)
En fait le compositeur principal essaie de jouer et chanter au maximum, mais le truc c'est que parfois il sent ses limitations techniques et fait appel à un pote qui fera mieux le taff que lui sur un instrument ou sur la voix, parfois il est ambitieux en compo mais incapable de suivre pour l'exécution.
SupprimerEt je trouve que c'est une démarche intéressante. On est un peu dans un entre deux mais ça a le mérite d'apporter de la variété et c'est plutôt appréciable d'entendre tout ce beau monde tâtonner pour trouver un équilibre