Bibio m'avait subjugué en 2016 avec A Mineral Love, un album délicat mettant autant en lumière ses talents de songwriter et de producteur, entre folk champêtre, pop solaire, et électronique funky. Après un détour ambient réussi (Phantom Brickworks), il revient avec ce magnifique Ribbons. Qui se place dans la continuité directe de son prédécesseur, enchaînant d'emblée un bel instrumental folk pastoral ("Beret Girl") et un magnifique morceau ("The Art Of Living") entre Simon & Garfunkel et électro-pop aux accents prog. Ce morceau possède des arrangements délicats lui conférant un son dense malgré sa salutaire simplicité pop (on entend notamment un saxo et des vents), rappellant l'ambitieuse période prog-folk du Bon Iver du deuxième album.
Bibio - Curls (Clip, 2019)
Puis Bibio enchaîne sans prévenir sur une soul-funk sensuelle à l'ancienne, limite rnb, avec "Before", très beau morceau qui ne détonne pas du reste grâce à une cohérence sonore certaine (les claviers) et surtout un esprit pop unique n'ayant pas peur de mêler la simplicité d'éléments lo-fi (ce son de cassette pétée...) et la variété de studio. Le reste du disque est à l'avenant, rempli de beaux morceaux de pop folk (le merveilleux "Curls", qui doit aussi pas mal à Simon & Garfunkel et aux Fleet Foxes, mais aussi la jolie "Quarters", "Watch The Flies" et "Ode To A Nuthatch", teintées de country comme chez Whitney mais également de musiques traditionnelles), avec à chaque fois une mélodie immaculée, des arrangements inventifs et des voix cristallines.
Bibio - Erdaydidder-Erdiddar (2019)
L'utilisation d'éléments trad, voire médiévaux, comme sur "Erdaydidder-Erdiddar", sur laquelle on imagine bien une danse traditionnelle, est une riche idée qui se marie bien à la musique de Bibio, d'une part parce que d'illustres anciens et quelques contemporains ont déjà tenté des choses dans cet esprit là (Jethro Tull et quelques acolytes proggeux, les jams guitaristiques du Grateful Dead, et plus proche de nous Fleet Foxes et les King Gizzard de Paper Mâché / Dream Balloon), et d'autre part parce que le sous-texte contemplatif et naturaliste de l'album accompagne magnifiquement l'ensemble ("Frankincense And Coal", "Patchouli May", "Valley Wulf", "Under A Lone Ash").
Bibio - Old Graffiti (2019)
Cette délicatesse pop chantée par une voix haut perchée et traversée de fulgurances mélodiques, mise en son avec une excellence constante, fait presque penser à une version mélancolique et moins immédiatement pop de Tame Impala (tout l'enchaînement "It's Your Bones" - "You Couldn't Even Hear The Birds Singing" - "Pretty Ribbons & Lovely Flowers", cette dernière étant mi-Bon Iver mi-Radiohead dans son approche expérimentale). Ces morceaux, ainsi que la pop-soul chaloupée de "Old Graffiti", apportent un peu de relief et de lustre pop au disque, le redynamisant entre deux passages plus contemplatifs ou instrumentaux, ajoutant voix, beat et/ou synthés.
Vous l'aurez compris, c'est un très beau disque, très posé et mature, empli d'instrumentaux folks printaniers et boisés, mais également traversé de rayons de soleil pop.
Mes morceaux préférés : Beret Girl, The Art Of Living, Before, Ribbons, Old Graffiti, Erdaydidder-Erdiddar, It's Your Bones, Pretty Ribons & Lovely Flowers
Alex
Je me souviens d'un commentaire fait chez toi qui regrettait une voix agréable mais... je sais pas comment dire aujourd'hui, peut-être trop réverbérée et pas assez vertébrée (je suis content de moi pour le coup ;-) ) ? "Old Graffiti" emporte le morceau si on veut bouger un peu. Mais si il pouvait chanter davantage charnel, ce serait mon bonheur égoïste à moi. Pareil pour "Before" qui aurait bien plus décollé.
RépondreSupprimerPar contre... quand pas de chant. "Patchouli May" superbe
J'aime beaucoup moi ce genre de chant, alors je m'en plains pas ;) j'en aurais même pris un peu plus même si l'instrumental lui va très bien
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