Après un décevant Oxnard, blockbuster funk/hip-hop n'ayant pas les moyens de ses ambitions, le talentueux Anderson .Paak revient à plus de retenue avec ce magnifique Ventura. Les deux albums ont été enregistrés en même temps, et co-produits par Dr Dre, mais alors que le premier a été sans cesse retouché par les deux compères comme une véritable expérience scientifique de création d'un classique funk en studio, Ventura était la petite porte dérobée de .Paak, son espace de liberté et de spontanéité, sa soupape de décompression si on veut. Et ça lui réussit à merveille, puisqu'associée à l'exigence d'excellence sonore et musicale de ces sessions, il en ressort un excellent disque de soul-funk, frais, profond, groovy et tendre à la fois.
La délicate "Come Home" donne le ton : funk 70's, sensuel et riche, traversé de breaks de batterie, de flûtes traversières, d'éclairs de piano ou de cuivres, et bercé par une guitare rythmique tranquille et une section rythmique impeccable. Et surtout, .Paak s'y fait crooner funk délicat, empruntant même les influences jazz vocal inhérentes au genre. Pour une fois cependant, l'intervention d'André 3000, souvent génial par ailleurs, n'apporte pas beaucoup au morceau, qui avec ses choeurs et son ambition rappelle Isaac Hayes.
Anderson .Paak & Smokey Robinson - Make It Better (Clip, 2019)
On continue en terrain funky et orchestral avec "Make It Better", dans la plus pure tradition du style (on pense à la classe tranquille de Curtis Mayfield), la continuité historique étant assurée par la participation de Smokey Robinson. Mais même au sein de ces morceaux traditionalistes, on entend de petites touches plus contemporaines, un break hip-hop par exemple, un son plus récent. "Winner's Circle" arrive particulièrement bien à fusionner funk jazzy à l'ancienne et hip-hop.
Egalement un peu plus modernes dans leur relecture du funk, "Reachin' 2 Much", "Good Heels" font partie de ces excellents croisements électro-funk discoïde / nu-soul cosmique dont .Paak a le secret. Avec à chaque fois une femme de talent en featuring, respectivement Lalah Hathaway et Jazmine Sullivan. Quelques chansons plus loin, les très Neptunes "King James" et "Twilight" (celle-ci étant co-produite par Pharrell), ainsi que "Yada Yada" brillent également dans le même style.
La géniale Brandy aide à propulser "Jet Black" au rang de tube rnb à l'ancienne. Tandis que "Chosen One" sonne comme du Beyoncé expérimental, ce qui est déconcertant mais qui passe plutôt bien dans le contexte de l'album. C'est un autre duo, cette fois-ci posthume, avec le regretté Nate Dogg, sur "What Can We Do ?" qui clôture l'album en beauté.
Mes morceaux préférés : Come Home, Winner's Circle, Make It Better, Jet Black, Good Heels
Alex
Je me fais la vidéo et je suis embalanchanté!! Faut que je me le trouve.
RépondreSupprimerEn streaming dans le pire des cas ? Tiens moi au courant de ton avis !
SupprimerEt si t'aimes bien écoute "Malibu" son meilleur a ce jour (suivi de "Venice")
SupprimerOh et regarde son "Tiny desk concert" sur NPR, c'est un excellent batteur qui sait aussi chanter en jouant, ce qui est une belle prouesse (crois moi, déjà les 2 séparés c'est pas évident)
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